[4,15] Διεῖλε δὲ καὶ τὴν χώραν ἅπασαν, ὡς μὲν
Φάβιός φησιν, εἰς μοίρας ἕξ τε καὶ εἴκοσιν, ἃς καὶ
αὐτὰς καλεῖ φυλὰς καὶ τὰς ἀστικὰς προστιθεὶς αὐταῖς
τέτταρας· ὡς δὲ Οὐεννώνιος ἱστόρηκεν, εἰς μίαν τε
καὶ τριάκοντα, ὥστε σὺν ταῖς κατὰ πόλιν οὔσαις ἐκπεπληρῶσθαι
τὰς ἔτι καὶ εἰς ἡμᾶς ὑπαρχούσας τριάκοντα
καὶ πέντε φυλάς· Κάτων μέντοι τούτων ἀμφοτέρων
ἀξιοπιστότερος ὢν τριάκοντα φυλὰς ἐπὶ Τυλλίου
τὰς πάσας γενέσθαι λέγει καὶ οὐ χωρίζει τῶν μοιρῶν
τὸν ἀριθμόν. διελὼν δ´ οὖν ὁ Τύλλιος εἰς ὁπόσας
δήποτε μοίρας τὴν γῆν κατὰ τοὺς ὀρεινοὺς καὶ πολὺ τὸ
ἀσφαλὲς τοῖς γεωργοῖς παρέχειν δυνησομένους ὄχθους
κρησφύγετα κατεσκεύασεν, Ἑλληνικοῖς ὀνόμασιν αὐτὰ
καλῶν Πάγους, ἔνθα συνέφευγον ἐκ τῶν ἀγρῶν ἅπαντες,
ὁπότε γένοιτο πολεμίων ἔφοδος, καὶ τὰ πολλὰ
διενυκτέρευον ἐνταῦθα. ἄρχοντες δὲ καὶ τούτων ἦσαν,
οἷς ἐπιμελὲς ἐγίνετο τά τ´ ὀνόματα τῶν γεωργῶν εἰδέναι
τῶν συντελούντων εἰς τὸν αὐτὸν πάγον, καὶ
τὰς κτήσεις, ἐν αἷς ὁ βίος αὐτῶν ἦν· καὶ ὁπότε χρεία
γένοιτο ἐπὶ τὰ ὅπλα τοὺς χωρίτας καλεῖν ἢ χρημάτων
εἰσφορὰς κατ´ ἄνδρα ἐκλέγειν, οὗτοι τά τε σώματα
συνῆγον καὶ τὰ χρήματα εἰσέπραττον. ἵνα δὲ καὶ τούτων
ἡ πληθὺς μὴ δυσεύρετος, ἀλλ´ εὐλόγιστος ᾖ καὶ
φανερά, βωμοὺς ἐκέλευσεν αὐτοῖς ἱδρύσασθαι θεῶν
ἐπισκόπων τε καὶ φυλάκων τοῦ πάγου, οὓς ἔταξε θυσίαις
κοιναῖς γεραίρειν καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἅμα
συνερχομένους, ἑορτήν τινα καὶ ταύτην ἐν τοῖς πάνυ
τιμίαν καταστησάμενος, τὰ καλούμενα Παγανάλια· καὶ
νόμους ὑπὲρ τῶν ἱερῶν τούτων, οὓς ἔτι διὰ φυλακῆς
ἔχουσι Ῥωμαῖοι, συνέγραψεν. εἰς δὲ τὴν θυσίαν ταύτην
καὶ τὴν σύνοδον ἅπαντας ἐκέλευσε τοὺς ὁμοπάγους
κατὰ κεφαλὴν ὡρισμένον νόμισμά τι συνεισφέρειν,
ἕτερον μέν τι τοὺς ἄνδρας, ἕτερον δέ τι τὰς γυναῖκας,
ἄλλο δέ τι τοὺς ἀνήβους. ἐξ οὗ συναριθμηθέντος
ὑπὸ τῶν ἐφεστηκότων τοῖς ἱεροῖς φανερὸς ὁ τῶν ἀνθρώπων
ἀριθμὸς ἐγίνετο κατὰ γένη τε καὶ καθ´ ἡλικίας.
ὡς δὲ Πείσων Λεύκιος ἐν τῇ πρώτῃ τῶν ἐνιαυσίων
ἀναγραφῶν ἱστορεῖ, βουλόμενος καὶ τῶν ἐν ἄστει
διατριβόντων τὸ πλῆθος εἰδέναι, τῶν τε γεννωμένων
καὶ τῶν ἀπογινομένων καὶ τῶν εἰς ἄνδρας ἐγγραφομένων,
ἔταξεν ὅσον ἔδει νόμισμα καταφέρειν ὑπὲρ
ἑκάστου τοὺς προσήκοντας, εἰς μὲν τὸν τῆς Εἰλειθυίας
θησαυρόν, ἣν Ῥωμαῖοι καλοῦσιν Ἥραν φωσφόρον, ὑπὲρ
τῶν γεννωμένων· εἰς δὲ τὸν τῆς Ἀφροδίτης τῆς ἐν
ἄλσει καθιδρυμένης, ἣν προσαγορεύουσι Λιβιτίνην,
ὑπὲρ τῶν ἀπογινομένων· εἰς δὲ τὸν τῆς Νεότητος,
ὑπὲρ τῶν εἰς ἄνδρας ἀρχομένων συντελεῖν· ἐξ ὧν
ἤμελλε διαγνώσεσθαι καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτόν, ὅσοι τε
οἱ σύμπαντες ἦσαν καὶ τίνες ἐξ αὐτῶν τὴν στρατεύσιμον
ἡλικίαν εἶχον. ταῦτα καταστησάμενος ἐκέλευσεν
ἅπαντας Ῥωμαίους ἀπογράφεσθαί τε καὶ τιμᾶσθαι τὰς
οὐσίας πρὸς ἀργύριον ὀμόσαντας τὸν νόμιμον ὅρκον,
ἦ μὲν τἀληθῆ καὶ ἀπὸ παντὸς τοῦ βελτίστου τετιμῆσθαι,
πατέρων τε ὧν εἰσι γράφοντας καὶ ἡλικίαν ἣν
ἔχουσι δηλοῦντας γυναῖκάς τε καὶ παῖδας ὀνομάζοντας
καὶ ἐν τίνι κατοικοῦσιν ἕκαστοι τῆς πόλεως φυλῇ
ἢ πάγῳ τῆς χώρας προστιθέντας· τῷ δὲ μὴ τιμησαμένῳ
τιμωρίαν ὥρισε τῆς τ´ οὐσίας στέρεσθαι καὶ
αὐτὸν μαστιγωθέντα πραθῆναι· καὶ μέχρι πολλοῦ διέμεινε
παρὰ Ῥωμαίοις οὗτος ὁ νόμος.
| [4,15] VI. TULLIUS partagea aussi, comme le rapporte Fabius, tout le
territoire de Rome en vingt-six parties, que cet historien appelle Tribus; de
sorte que, selon le même auteur, ces vint-six tribus jointes aux quatre de
la ville faisaient le nombre de trente. Caton nous assure qu'il y en avait
autant dès le règne de Tullius. Mais Vénonius qui me paraît plus digne de
foi, dit qu'elles étaient au nombre de trente et une sans déterminer
néanmoins combien elles avoient de terres.
{variante : selon l'historien Venonius (il partagea le pays) en trente et
une tribus; de sorte que (ces 31 tribus) avec celles de la ville (qui étaient au
nombre que quatre) faisaient les 35 tribus qui subsistent encore de notre
temps. Pour ce qui est de Caton, qui paraît plus digne de fois qu'eux
(Fabius et Vénonius), il ne fixe point le nombre des tribus. Il dit seulement
qu'elles furent toutes ainsi partagées du temps de Tullius}.
VII. QUOIQU'IL en soit, après avoir divisé les terres, et n'importe en
combien de parties, Tullius fit faire des retraites pour les paysans sur les
montagnes et sur les hauteurs dont la situation avantageuse pouvait leur
servir de rempart contre les insultes de l'ennemi. Il les appela Pagos, mot
Grec qui signifie village, bourg ou canton. Les gens de la campagne s'y
retiraient lorsqu'il y avait quelque incursion à craindre, souvent même ils y
passaient toute la nuit. Dans ces bourgs il établit des chefs ou syndics.
Ceux-ci étaient chargés de tenir registre des paysans qui y demeuraient,
et des revenus dont ils tiraient leur subsistance. Toutes les fois qu'il
s'agissait de lever des milices ou des taxes par tête, c'était aux syndics
d'enrôler les soldats et de faire payer la capitation.
VIII. MAIS pour savoir plus facilement le nombre des paysans, il
ordonna qu'on érigerait des autels aux dieux tutélaires de chaque village,
et que tous les ans on s'assemblerait pour leur offrir des sacrifices publics
dans un certain jour dont il fît une fête des plus solennelles, qu'il nomma
"Paganalia", c'est-à-dire fêtes des villages. Il fit aussi des lois pour régler
ces sacrifices, les Romains les observent encore aujourd'hui. Tous les
paysans d'un même village étaient obligés de se trouver à l'assemblée,
d'assister aux sacrifices, d'y porter chacun une certaine pièce de
monnaie, les hommes une pièce de telle façon, les femmes une autre, et
les enfants en donnaient d'une autre espèce. Ceux qui présidaient aux
sacrifices comptaient ces pièces, et par ce moyen on connaissait le
nombre des habitants de chaque bourg suivant le sexe et l'âge.
IX. Au rapport de Lucius Pison dans son premier livre des annales,
afin qu'on eût un registre exact de tous les habitants de Rome, non
seulement des enfants nouveau-nés et des citoyens qui venaient de
mourir, mais encore de ceux qui commençaient à entrer dans l'âge viril,
Tullius ordonna que leur parenté donnerait pour chacun une pièce de
monnaie d'un certain prix, que celle qui marquerait les enfants nouveau-nés,
on la porterait au trésor d'Ilithye, que les Romains appellent Junon
Lucine, c'est-à-dire Junon qui donne la lumière, que celle qu'on offrait
pour les morts serait mise dans le trésor du bois sacré de Vénus que les
Romains nomment Libitine ; que celle enfin qui marquerait ceux qui
prenaient la robe virile, serait portée au trésor de la jeunesse. Par ce
moyen il pouvait savoir chaque année le nombre de tous ses sujets, et il
distinguait facilement ceux qui étaient en âge de porter les armes.
X. APRES avoir fait ces règlements, il voulut avoir les noms de tous
les Romains avec la déclaration de leurs biens et du prix auquel on
pourrait les estimer. Mais afin qu'il n'y eut point de fraude, il les obligea à
faire serment selon les lois, qu'ils les avaient estimés suivant la vérité et
dans la bonne foi. Il leur ordonna en même temps de spécifier dans ladite
déclaration leur âge, le nom de leurs pères, de leurs femmes, de leurs
enfants, et le quartier de Rome ou le village où ils faisaient leur domicile,
le tout à peine de confiscation de leurs biens, d'être fouettés
ignominieusement vendus à l'encan comme des esclaves. Cette loi a été
longtemps en vigueur chez les Romains.
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