[4,10] Τοιαῦτα λέγοντος αὐτοῦ πολὺς ἔπαινος ἐκ τῆς
ἐκκλησίας ἐγένετο τῶν μέν, ὅτι πιστὸς ἦν καὶ δίκαιος
περὶ τοὺς εὐεργέτας, ἐπαινούντων, τῶν δ´, ὅτι φιλάνθρωπος
καὶ μεγαλόψυχος εἰς τοὺς ἀπόρους, τῶν δ´,
ὡς μέτριος καὶ δημοτικὸς πρὸς τοὺς ταπεινοτέρους,
ἁπάντων δ´, ὅτι νόμιμος καὶ δίκαιος ἄρχων, ἀγαπώντων
τε καὶ τεθαυμακότων. διαλυθείσης δὲ τῆς ἐκκλησίας
ταῖς ἑξῆς ἡμέραις ἀπογράφεσθαι κελεύσας τοὺς
ὑποχρέους, ὅσοι τὴν πίστιν ἀδύνατοι ἦσαν φυλάττειν,
τίσιν ὀφείλουσι καὶ πόσον ἕκαστος, ἐπειδὴ τὰς ἀπογραφὰς
ἔλαβε, τραπέζας θεὶς ἐν ἀγορᾷ πάντων ὁρώντων
ἀπηρίθμει τοῖς δανεισταῖς τὰ χρέα. ταῦτα διαπραξάμενος
ἐξέθηκεν ἐν φανερῷ διάταγμα βασιλικόν,
ἐκχωρεῖν τῆς δημοσίας γῆς τοὺς καρπουμένους τε καὶ
ἰδίᾳ κατέχοντας αὐτὴν ἐν ὡρισμένῳ τινὶ χρόνῳ, καὶ
τοὺς οὐδένα κλῆρον ἔχοντας τῶν πολιτῶν πρὸς ἑαυτὸν
ἀπογράφεσθαι· νόμους τε συνέγραφεν οὓς μὲν ἐκ
τῶν ἀρχαίων καὶ παρημελημένων ἀνανεούμενος, οὓς
Ῥωμύλος τ´ εἰσηγήσατο καὶ Νόμας Πομπίλιος, οὓς δ´
αὐτὸς καθιστάμενος. ταῦτα δ´ αὐτοῦ πολιτευομένου
χαλεπῶς ἔφερον οἱ πατρίκιοι καταλυομένην τὴν δυναστείαν
τῆς βουλῆς ὁρῶντες καὶ λογισμοὺς οὐκέτι τοὺς
αὐτούς, ἀλλ´ ἐναντίους τοῖς προτέροις ἐλάμβανον. ἐν
ἀρχαῖς μὲν γὰρ ὥρμησαν ἀφελέσθαι τὴν παράνομον
αὐτοῦ δυναστείαν ἀποδείξαντες μεσοβασιλεῖς καὶ δι´
ἐκείνων ἑλέσθαι τὸν κατὰ νόμους ἕξοντα τὴν ἀρχήν·
τότε δὲ στέργειν ἐπὶ τοῖς παροῦσιν ᾤοντο δεῖν
καὶ μηδὲν πολυπραγμονεῖν. εἰσῄει γὰρ αὐτοῖς λογισμός,
ὅτι τῆς μὲν βουλῆς, ὃν αὐτὴ προῃρεῖτο, παραγούσης
ἐπὶ τὰ πράγματα ὁ δῆμος ἐναντιώσεται τὴν
ψῆφον ἀναλαβών· ἐὰν δ´ ἐπὶ τῷ δήμῳ ποιήσωσι τὴν
τοῦ βασιλέως προαίρεσιν, ἅπασαι τὸν Τύλλιον ψηφοφορήσουσιν
αἱ φρᾶτραι, καὶ περιέσται τῷ ἀνδρὶ τὸ
δοκεῖν κατὰ νόμους ἄρχειν. ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς ἄμεινον
εἶναι κλέπτοντα τὴν ἀρχὴν τὸν ἄνδρα καὶ παρακρουόμενον
τοὺς πολίτας μᾶλλον ἢ πείσαντα καὶ φανερῶς
λαβόντα κατέχειν. ἀλλ´ οὐδὲν αὐτοῖς ἐγένετο προὔργου
τῶν λελογισμένων· οὕτω κατεστρατήγησεν αὐτοὺς ὁ
Τύλλιος καὶ κατέσχε τὴν βασιλείαν ἀκόντων ἐκείνων.
κατασκευάσας γὰρ ἐκ πολλοῦ φήμας λέγεσθαι κατὰ
{τὴν} πόλιν ὡς ἐπιβουλευόντων αὐτῷ τῶν πατρικίων
προῆλθεν εἰς τὴν ἀγορὰν ἐσθῆτα πιναρὰν περιβεβλημένος
καὶ κατηφὴς συνούσης αὐτῷ καὶ τῆς μητρὸς
Ὀκρισίας καὶ τῆς Ταρκυνίου γυναικὸς Τανακυλίδος
καὶ τῆς συγγενείας τῆς βασιλικῆς ὅλης. ὄχλου δὲ συνδραμόντος
πολλοῦ πρὸς τὸ παράδοξον τῆς ὄψεως ἐκκλησίαν
συγκαλέσας προῆλθεν ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ διεξῆλθε τοιοῦτόν τινα λόγον.
| [4,10] VII. CE discours plut extrêmement à toute l'assemblée, et pendant
qu'il parlait encore, on entendait de toutes parts un bruit confus, mêlé
d'applaudissements. Ceux-ci louaient sa fidélité et sa reconnaissance
envers ses bienfaiteurs ; ceux-là les manières obligeantes et sa grandeur
d'âme à l'égard des pauvres; d'autres admiraient son affabilité et
l'affection paternelle qu'il témoignait aux plus petits ; en un mot tout le
monde était agréablement surpris de voir un prince qui faisait paraître tant
d'amour pour la justice et tant de zèle pour l'exacte observation des lois.
VIII. LORSQU'IL eut congédié l'assemblée, les jours suivants il
ordonna à tous ceux qui étaient endettés et que le mauvais état de leurs
affaires avait rendus insolvables, de lui donner leurs noms avec un état de
leurs dettes. Dès qu'il eut la liste, il fit mettre des tables ou bureaux dans
la place publique, et en présence de tout le peuple il compta aux
créanciers l'argent qui leur était dû. Ensuite, il publia un édit pour obliger
tous ceux qui de leur autorité particulière s'étaient emparés des terres du
public et qui en percevaient les fruits, à les rendre dans un certain temps ;
et par le même édit il était ordonné aux citoyens qui ne possédaient aucun
héritage, de lui apporter leurs noms. Il fît aussi une collection des lois,
dont la plupart n'étaient que les anciennes lois de Romulus et de Numa
Pompilius qu'il remit en vigueur après qu'on les eût négligées pendant
longtemps, et il y en ajouta quelques autres toutes nouvelles qu'il avait
faites lui-même.
IX. CETTE manière de gouverner déplaisait fort aux patriciens qui
voyaient que l'autorité du sénat s'affaiblissait de jour en jour. Ainsi ils
changèrent bientôt de dessein et prirent un parti tout contraire à leurs
premières résolutions. D'abord ils avaient fait plusieurs efforts pour
dépouiller Tulllius de l'autorité souveraine donc il s'était emparé contre les
lois, et leur premier dessein était de créer des magistrats pour gouverner
pendant l'interrègne, et pour élire, quand on le jugerait à propos, un autre
roi selon les lois. Mais quand Tullius eut affermi sa puissance, ils crurent
que le meilleur parti était de se contenter du gouvernement présent, sans
faire aucun éclat. Car ils voyaient bien que si le sénat élisait par lui-même
un roi, le peuple ne manquerait pas de s'y opposer en refusant les
suffrages, et que d'un autre côté, s'ils permettaient au peuple de faire
l'élection, Tullius ayant pour lui toutes les voix {des tribus} deviendrait
légitime possesseur de la couronne. Ils aimèrent donc mieux lui laisser le
gouvernement, quoiqu'il s'en fût emparé par fraude et par des menées
secrètes, sans le consentement des citoyens. Mais tous leurs projets
furent inutiles, ils eurent beau dissimuler, ils n'y gagnèrent rien. Tullius les
joua si adroitement qu'il retint malgré eux l'autorité dont il était revêtu.
Longtemps avant que les adversaires eussent dressé toutes leurs
batteries, il eut la précaution de faire courir le bruit par toute la ville que
les patriciens lui en voulaient; et après avoir prévenu les esprits en sa
faveur, il se présenta dans la place publique avec un habit mal propre, le
visage abattu de tristesse, accompagné d'Ocrisia sa mère, de Tanaquil
femme de Tarquin, et de toute la famille royale. Une foule de peuple
accourut à un spectacle si extraordinaire ; Tullius assembla tous les
citoyens et étant monté sur son tribunal il parla à peu près en ces termes.
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