HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 70-79

  Paragraphes 70-79

[70] Ἵνα τοίνυν εἰδῆθ' ὅτι καὶ κατάρατός ἐστιν ὑφ' ὑμῶν, καὶ οὐδ' ὅσιον ὑμῖν οὐδ' εὐσεβές ἐστι τοιαῦτ' ἐψευσμένον αὐτὸν ἀφεῖναι, λέγε τὴν ἀρὰν καὶ ἀνάγνωθι λαβὼν τὴν ἐκ τοῦ νόμου ταυτηνί. Ἀρά. Ταῦθ' ὑπὲρ ὑμῶν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καθ' ἑκάστην τὴν ἐκκλησίαν κῆρυξ εὔχεται νόμῳ προστεταγμένα, καὶ ὅταν βουλὴ καθῆται, παρ' ἐκείνῃ πάλιν. Καὶ ταῦτ' οὐκ ἔνεστιν εἰπεῖν τούτῳ ὡς οὐκ εὖ ᾔδει· ὑπογραμματεύων γὰρ ὑμῖν καὶ ὑπηρετῶν τῇ βουλῇ αὐτὸς ἐξηγεῖτο τὸν νόμον τοῦτον τῷ κήρυκι. (71) Πῶς οὖν οὐκ ἄτοπον καὶ ὑπερφυὲς ἂν πεποιηκότες ὑμεῖς εἴητε, εἰ προστάττετε, μᾶλλον δ' ἀξιοῦτε ποιεῖν ὑπὲρ ὑμῶν τοὺς θεούς, ταῦτ' αὐτοὶ κύριοι γεγενημένοι τήμερον μὴ ποιήσαιτε, ἀλλ' ὃν ἐκείνοις εὔχεσθ' ἐξώλη ποιεῖν αὐτὸν καὶ γένος καὶ οἰκίαν, τοῦτον ἀφείητ' αὐτοί; Μηδαμῶς· ὃς γὰρ ἂν ὑμᾶς λάθῃ, τοῦτον ἀφίετε τοῖς θεοῖς κολάζειν· ὃν δ' ἂν αὐτοὶ λάβητε, μηκέτ' ἐκείνοις περὶ τούτου προστάττετε. (72) Εἰς τοίνυν τοῦτ' ἀναιδείας καὶ τόλμης αὐτὸν ἥξειν ἀκούω, ὥστε πάντων τῶν πεπραγμένων ἐκστάντα, ὧν ἀπήγγειλεν, ὧν ὑπέσχετο, ὧν πεφενάκικε τὴν πόλιν, ὥσπερ ἐν ἄλλοις τισὶ κρινόμενον καὶ οὐκ ἐν ὑμῖν τοῖς ἅπαντ' εἰδόσι, πρῶτον μὲν Λακεδαιμονίων, εἶτα Φωκέων, εἶθ' Ἡγησίππου κατηγορήσειν. Ἔστι δὲ ταῦτα γέλως, μᾶλλον δ' ἀναισχυντία δεινή. (73) Ὅσα γὰρ νῦν ἐρεῖ περὶ τῶν Φωκέων τῶν Λακεδαιμονίων τοῦ Ἡγησίππου, ὡς Πρόξενον οὐχ ὑπεδέξαντο, ὡς ἀσεβεῖς εἰσίν, ὡς-- τι ἂν δήποτ' αὐτῶν κατηγορῇ, πάντα δήπου ταῦτα πρὸ τοῦ τοὺς πρέσβεις τούτους δεῦρ' ἥκειν ἐπέπρακτο, καὶ οὐκ ἦν ἐμποδὼν τῷ τοὺς Φωκέας σῴζεσθαι, ὡς τίς φησιν; (74) Αἰσχίνης αὐτὸς οὑτοσί. Οὐ γὰρ ὡς εἰ μὴ διὰ Λακεδαιμονίους, οὐδ' ὡς εἰ μὴ Πρόξενον οὐχ ὑπεδέξαντο, οὐδ' ὡς εἰ μὴ δι' Ἡγήσιππον, οὐδ' ὡς εἰ μὴ διὰ τὸ καὶ τὸ ἐσώθησαν ἂν οἱ Φωκεῖς, οὐχ οὕτω τότ' ἀπήγγειλεν, ἀλλὰ πάντα ταῦθ' ὑπερβὰς διαρρήδην ἥκειν πεπεικὼς ἔφη Φίλιππον Φωκέας σῴζειν, τὴν Βοιωτίαν οἰκίζειν, ὑμῖν τὰ πράγματ' οἰκεῖα ποιεῖν· ταῦτα πεπράξεσθαι δυοῖν τριῶν ἡμερῶν· διὰ ταῦτα χρήμαθ' ἑαυτῷ τοὺς Θηβαίους ἐπικεκηρυχέναι. (75) Μὴ τοίνυν πρὸ τοῦ τοῦτον ἀπαγγεῖλαι ταῦτ' ἐπέπρακτ' Λακεδαιμονίοις Φωκεῦσιν ἀκούετε μηδ' ἀνέχεσθε, μηδὲ κατηγορεῖν ἐᾶτε Φωκέων ὡς πονηροί. Οὐδὲ γὰρ Λακεδαιμονίους διὰ τὴν ἀρετὴν αὐτῶν ποτ' ἐσώσατε, οὐδὲ τοὺς καταράτους Εὐβοέας τουτουσί, οὐδ' ἄλλους πολλούς, ἀλλ' ὅτι συμφέρον ἦν σῶς εἶναι τῇ πόλει, ὥσπερ Φωκέας νυνί. Καὶ τί τῶν Φωκέων τῶν Λακεδαιμονίων ὑμῶν ἄλλου τινὸς ἀνθρώπων μετὰ τοὺς παρὰ τούτου λόγους ἐξαμαρτόντος οὐκ ἀπέβη τὰ πρὸς ὑμᾶς ὑπὸ τούτου τότε ῥηθέντα; Τοῦτ' ἐρωτᾶτε· οὐ γὰρ ἕξει δεῖξαι. (76) Πέντε γὰρ ἡμέραι γεγόνασι μόναι, ἐν αἷς οὗτος ἀπήγγειλε τὰ ψευδῆ, ὑμεῖς ἐπιστεύσατε, οἱ Φωκεῖς ἐπύθοντο, ἐνέδωκαν ἑαυτούς, ἀπώλοντο. Ὅθεν οἶμαι καὶ δῆλόν ἐστι σαφῶς, ὅτι πᾶσ' ἀπάτη καὶ τέχνη συνεσκευάσθη τοῦ περὶ Φωκέας ὀλέθρου. Ὃν μὲν γὰρ χρόνον οὐχ οἷός τ' ἦν ἐλθεῖν Φίλιππος διὰ τὴν εἰρήνην, ἀλλ' ἦν ἐν παρασκευῇ, τοὺς Λακεδαιμονίους μετεπέμπετο, πάντα τὰ πράγμαθ' ὑποσχόμενος πράξειν ἐκείνοις, ἵνα μὴ δι' ὑμῶν αὐτοὺς οἱ Φωκεῖς ὑποποιήσωνται. (77) Ἐπειδὴ δ' ἧκεν εἰς Πύλας, οἱ Λακεδαιμόνιοι δ' αἰσθόμενοι τὴν ἐνέδραν ὑπεχώρησαν, τοῦτον αὖ προκαθῆκεν ἐξαπατᾶν ὑμᾶς, ἵνα μὴ πάλιν, ὑμῶν αἰσθομένων ὅτι Θηβαίοις τὰ πράγματα πράττει, εἰς χρόνους καὶ πόλεμον καὶ τριβὴν ἐμπέσῃ, τῶν μὲν Φωκέων ἀμυνομένων, ὑμῶν δὲ βοηθούντων, ἀλλ' ἀκονιτεὶ πάνθ' ὑφ' ἑαυτῷ ποιήσηται· ὅπερ καὶ γέγονεν. Μὴ οὖν ὅτι καὶ Λακεδαιμονίους καὶ Φωκέας ἐξηπάτησε Φίλιππος, διὰ ταῦθ' ὧν ὑμᾶς οὗτος ἐξηπάτησε μὴ δότω δίκην· οὐ γὰρ δίκαιον. (78) Ἂν τοίνυν ἀντὶ Φωκέων καὶ Πυλῶν καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἀπολωλότων Χερρόνησος ὡς περίεστι τῇ πόλει λέγῃ, πρὸς Διὸς καὶ θεῶν μὴ ἀποδέξησθ', ἄνδρες δικασταί, μηδ' ὑπομείνητε, πρὸς οἷς ἐκ τῆς πρεσβείας ἠδίκησθε, καὶ ἐκ τῆς ἀπολογίας ὄνειδος προσκατασκευασθῆναι τῇ πόλει, ὡς ἄρ' ὑμεῖς τῶν ἰδίων τι κτημάτων ὑπεξαιρούμενοι τὴν τῶν συμμάχων σωτηρίαν προήκασθε. Οὐ γὰρ ἐποιήσατε τοῦτο, ἀλλ' ἤδη τῆς εἰρήνης γεγονυίας καὶ τῆς Χερρονήσου σῴας οὔσης τέτταρας μῆνας ὅλους ἐσῴζονθ' οἱ Φωκεῖς τοὺς ὕστερον, δὲ τούτου ψευδολογία μετὰ ταῦθ' ὕστερον αὐτοὺς ἀπώλεσεν, ἐξαπατήσασ' ὑμᾶς. (79) Εἶτα καὶ νῦν ἐν μείζονι κινδύνῳ τὴν Χερρόνησον οὖσαν εὑρήσετ' τότε. Πότερον γὰρ εὐπορώτερον ἂν δίκην ἔδωκε Φίλιππος ἐξαμαρτὼν εἰς αὐτὴν πρὶν τούτων τι τῆς πόλεως προλαβεῖν, νυνί; Ἐγὼ μὲν οἶμαι, τότε πολλῷ. Τίς οὖν ταύτης περιουσία, τῶν φόβων ἀφῃρημένων καὶ τῶν κινδύνων τῶν τοῦ βουληθέντος ἂν αὐτὴν ἀδικῆσαι; [70] Mais, pour vous prouver qu'Eschine a encouru l'imprécation, et qu'après toutes ses perfidies vous ne pouvez l'absoudre sans crime et sans impiété, qu'on lise l'imprécation même, dictée par la loi. Lecture de l'Imprécation. Telle est, ô Athéniens! l'imprécation formulée dans la loi, et que prononce le héraut dans chacune de vos assemblées, dans chaque séance du Conseil. Impossible à Eschine de dire qu'il ne l'a pas bien connue : sous-greffier de votre tribunal, officier subalterne du Conseil, il la dictait lui- même au héraut. (71) Étrange inconséquence, si, aujourd'hui que vous le pouvez, vous n'exécutiez point vous-mêmes la punition dont vous chargez les Dieux, ou plutôt que vous leur demandez! Quoi ! le coupable dont vous priez le ciel d'exterminer la maison, la personne et la race, vous l'acquitteriez! Non, non, Athéniens : abandonnez à la justice divine les perfidies ignorées ; mais, pour les trahisons flagrantes, ne lui commettez jamais le soin de les poursuivre. (72) J'apprends qu'Eschine, par un excès d'impudence et d'audace, doit faire abstraction de tous les crimes de ses rapports, de ses promesses, de ses impostures publiques; et que, comme s'il paraissait devant d'autres juges, et non devant vous qui savez tout, il accusera d'abord les Lacédémoniens, puis les Phocidiens, puis Hégésippe. C'est une dérision, que dis-je? une révoltante effronterie. (73) Qu'il charge Lacédémone, Hégésippe et la Phocide ; qu'il dise que cette contrée n'a pas reçu Proxénos ; qu'il l'appelle sacrilège, qu'il l'accable de reproches : qu'importe ? tout cela s'était fait avant le retour de la députation, tout cela ne rendait pas le salut de la Phocide impossible. Qui nous l'assure? (74) Eschine lui-même : car il ne disait point dans son rapport : Sans l'obstacle apporté par Lacédémone, sans le refus d'accueillir Proxénos, sans l'opposition d'Hégésippe, sans tel ou tel autre empêchement, les Phocidiens seraient sauvés. Pas un mot là-dessus; mais il disait en termes précis : Je reviens après avoir persuadé à Philippe de protéger la Phocide, de rétablir les villes béotiennes, d'assurer votre prépondérance politique; tout sera fait dans deux ou trois jours; et voilà pourquoi les Thébains ont mis ma tête à prix. (75) Fermez donc l'oreille a tout ce qu'avaient fait et Sparte et la Phocide avant qu'il eût présenté ces rapports; ne permettez pas qu'il s'étende sur la perversité des Phocidiens. Certes, ce n'est pas pour leur vertu que vous sauvâtes jadis les Lacédémoniens, plus récemment les Eubéens maudits, et tant d'autres : c'est parce que leur salut importait à la République, comme de nos jours celui des Phocidiens. Enfin, quelle faute a commise, depuis les discours de l'accusé, ou la Phocide, ou Sparte, ou Athènes, ou tout autre peuple, pour empêcher l'exécution de ce qu'il vous avait annoncé? Faites-lui cette question; il ne pourra répondre. (76) Dans l'espace de cinq jours, il a donné des explications mensongères; vous y avez cru, la Phocide les a connues, elle s'est livrée, elle a péri. Preuve éclatante, je pense, que le but de toutes ces insidieuses manœuvres était la ruine de cette nation. Dans le temps où Philippe, ne pouvant se mettre en marche à cause de la paix récente, fait ses dispositions, il appelle les Lacédémoniens, leur promettant de tout faire pour eux, de peur que la Phocide ne se les attache par votre entremise. (77) Mais, lorsqu'il est arrivé aux Thermopyles, et que les Lacédémoniens, découvrant le guet-apens, se sont retirés, alors il aposte Eschine pour vous tromper, dans la crainte qu'Athènes ne s'aperçoive qu'il agit pour Thèbes, que la Phocide, aidée de vos armes, ne le repousse, et que, rejeté dans les longueurs d'une guerre qui consumera son temps, il ne puisse tout soumettre, comme il est arrivé, sans tirer l'épée. Eh bien ! parce que Philippe a trompé Lacédémone et la Phocide, pardonnerez-vous à l'accusé de vous avoir trompés vous-mêmes? Non; il y aurait injustice. (78) S'il dit que, pour ample dédommagement de la Phocide, des Thermopyles et de vos autres pertes, il vous reste la Chersonèse, par Jupiter et tous les Dieux, ne l'écoutez pas, ô juges! et ne souffrez point que, non content des coups que vous a portés son ambassade, il attire sur Athènes, par son apologie, l'infâme reproche d'avoir sacrifié ses alliés pour dégager une faible portion de ses domaines. Non, vous ne l'avez point fait. La paix était conclue, la Chersonèse nous était assurée quatre mois entiers, avant la ruine des Phocidiens. C'est Eschine qui plus tard, oui, plus tard, les a perdus en vous abusant par ses impostures. (79) D'ailleurs, vous allez le reconnaître, la Chersonèse est aujourd'hui plus en danger qu'elle n'était alors. Car, si Philippe l'attaquait, serait-il plus aisé de le réprimer maintenant, qu'avant qu'il nous eût ravi une partie de nos avantages? Non il s'en faut de beaucoup. Où est-elle donc cette riche indemnité, puisqu'il est délivré de toute crainte et de tout péril, celui qui voudrait opprimer cette contrée?


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Dernière mise à jour : 22/01/2009