[60] Τῷ τοῦτο δῆλον; τῇ τετράδι φθίνοντος ἠκκλησιάζετε μὲν τόθ'
ὑμεῖς ἐν Πειραιεῖ περὶ τῶν ἐν τοῖς νεωρίοις, ἧκε δὲ Δερκύλος ἐκ Χαλκίδος
καὶ ἀπήγγελλεν ὑμῖν ὅτι πάντα τὰ πράγματ' ἐγκεχείρικε Θηβαίοις ὁ Φίλιππος,
καὶ πέμπτην εἶναι ταύτην ἡμέραν (ἐλογίζετ') ἀφ' οὗ γεγόνασιν αἱ σπονδαί.
Ὀγδόη τοίνυν, ἑβδόμη, ἕκτη, πέμπτη, τετράς· αὐτὸ συμβαίνει εἰς ταύτην
εἶναι πέμπτην. Οὐκοῦν τοῖς χρόνοις, οἷς ἀπήγγελλον, οἷς ἔγραφον, πᾶσιν
ἐξελέγχονται συνηγωνισμένοι Φιλίππῳ καὶ συναίτιοι γεγονότες τοῦ τῶν Φωκέων
ὀλέθρου.
(61) Ἔτι τοίνυν τὸ μηδεμίαν τῶν πόλεων τῶν ἐν Φωκεῦσιν ἁλῶναι πολιορκίᾳ
μηδ' ἐκ προσβολῆς κατὰ κράτος, ἀλλ' ἐκ τοῦ σπείσασθαι πάντας ἄρδην
ἀπολέσθαι, μέγιστόν ἐστι σημεῖον τοῦ διὰ τούτους πεισθέντας αὐτοὺς ὡς ὑπὸ
τοῦ Φιλίππου σωθήσονται ταῦτα παθεῖν· οὐ γὰρ ἐκεῖνόν γ' ἠγνόουν. Φέρε δή
μοι καὶ τὴν συμμαχίαν τὴν τῶν Φωκέων καὶ τὰ δόγμαθ' ὑφ' ὧν καθεῖλον αὐτῶν
τὰ τείχη, ἵν' εἰδῆθ' οἵων ὑπαρχόντων αὐτοῖς παρ' ὑμῶν οἵων ἔτυχον διὰ
τούτους τοὺς θεοῖς ἐχθρούς. Λέγε.
Συμμαχία Φωκέων καὶ Ἀθηναίων
(62) Ἃ μὲν τοίνυν ὑπῆρχε παρ' ὑμῶν αὐτοῖς, ταῦτ' ἐστί, φιλία, συμμαχία,
βοήθεια· ὧν δ' ἔτυχον διὰ τοῦτον τὸν βοηθῆσαι κωλύσαντα ὑμᾶς, ἀκούσατε.
Λέγε.
Ὁμολογία Φιλίππου καὶ Φωκέων.
Ἀκούετ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι. « Ὁμολογία Φιλίππου καὶ Φωκέων, » φησίν, οὐχὶ
Θηβαίων καὶ Φωκέων, οὐδὲ Θετταλῶν καὶ Φωκέων, οὐδὲ Λοκρῶν, οὐδ' ἄλλου τῶν
παρόντων οὐδενός· καὶ πάλιν « παραδοῦναι δὲ τὰς πόλεις Φωκέας, » φησί, «
Φιλίππῳ, » οὐχὶ Θηβαίοις οὐδὲ Θετταλοῖς οὐδ' ἄλλῳ οὐδενί. (63) Διὰ τί; Ὅτι
Φίλιππος ἀπηγγέλλετο πρὸς ὑμᾶς ὑπὸ τούτου ἐπὶ τῇ τῶν Φωκέων σωτηρίᾳ
παρεληλυθέναι. Τούτῳ δὴ πάντ' ἐπίστευον, καὶ πρὸς τοῦτον πάντ' ἐσκόπουν,
πρὸς τοῦτον ἐποιοῦντο τὴν εἰρήνην. Λέγε δὴ τἀπίλοιπα. Καὶ σκοπεῖτε τί
πιστεύσαντες τί ἔπασχον. Ἆρά γ' ὅμοι' ἢ παραπλήσι' οἷς οὗτος ἀπήγγελλεν;
Λέγε.
Δόγματα Ἀμφικτυόνων.
(64) Τούτων, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δεινότερ' οὐ γέγονεν οὐδὲ μείζω πράγματ'
ἐφ' ἡμῶν ἐν τοῖς Ἕλλησιν, οἶμαι δ' οὐδ' ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ. Τηλικούτων
μέντοι καὶ τοιούτων πραγμάτων κύριος εἷς ἀνὴρ (Φίλιππος) γέγονεν διὰ
τούτους, οὔσης τῆς Ἀθηναίων πόλεως, ᾗ προεστάναι τῶν Ἑλλήνων πάτριον καὶ
μηδὲν τοιοῦτον περιορᾶν γιγνόμενον. Ὃν μὲν τοίνυν τρόπον οἱ ταλαίπωροι
Φωκεῖς ἀπολώλασιν, οὐ μόνον ἐκ τῶν δογμάτων τούτων ἔστιν ἰδεῖν, (65) ἀλλὰ
καὶ ἐκ τῶν ἔργων ἃ πέπρακται, θέαμα δεινόν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ
ἐλεινόν· ὅτε γὰρ νῦν ἐπορευόμεθ' εἰς Δελφούς, ἐξ ἀνάγκης ἦν ὁρᾶν ἡμῖν
πάντα ταῦτα, οἰκίας κατεσκαμμένας, τείχη περιῃρημένα, χώραν ἔρημον τῶν ἐν
ἡλικίᾳ, γύναια δὲ καὶ παιδάρι' ὀλίγα καὶ πρεσβύτας ἀνθρώπους οἰκτρούς·
οὐδ' ἂν εἷς δύναιτ' ἐφικέσθαι τῷ λόγῳ τῶν ἐκεῖ κακῶν νῦν ὄντων. Ἀλλὰ μὴν
ὅτι τὴν ἐναντίαν ποτὲ Θηβαίοις ψῆφον ἔθενθ' οὗτοι περὶ ἡμῶν ὑπὲρ
ἀνδραποδισμοῦ προτεθεῖσαν, ὑμῶν ἔγωγ' ἀκούω πάντων. (66) Τίν' ἂν οὖν
οἴεσθ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς προγόνους ὑμῶν, εἰ λάβοιεν αἴσθησιν, ψῆφον
ἢ γνώμην θέσθαι περὶ τῶν αἰτίων τοῦ τούτων ὀλέθρου; Ἐγὼ μὲν γὰρ οἶμαι κἂν
καταλεύσαντας αὐτοὺς ταῖς ἑαυτῶν χερσὶν καθαροὺς ἔσεσθαι νομίζειν. Πῶς γὰρ
οὐκ αἰσχρόν, μᾶλλον δ' εἴ τις ἔστιν ὑπερβολὴ τούτου, τοὺς σεσωκότας ἡμᾶς
τότε καὶ τὴν σῴζουσαν περὶ ἡμῶν ψῆφον θεμένους, τούτους τῶν ἐναντίων
τετυχηκέναι διὰ τούτους, καὶ περιῶφθαι τοιαῦτα πεπονθότας οἷ' οὐδένες
ἄλλοι τῶν Ἑλλήνων; Τίς οὖν ὁ τούτων αἴτιος; Τίς ὁ ταῦτα φενακίσας; Οὐχ
οὗτος;
(67) Πολλὰ τοίνυν ἄν τις, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Φίλιππον εὐδαιμονίσας τῆς
τύχης εἰκότως, τοῦτο μάλιστ' ἂν εὐδαιμονίσειεν ἁπάντων, ὃ μὰ τοὺς θεοὺς
καὶ τὰς θεὰς οὐκ ἔχω λέγειν ἔγωγ' ἄλλον ὅστις ηὐτύχηκεν ἐφ' ἡμῶν. Τὸ μὲν
γὰρ πόλεις μεγάλας εἰληφέναι καὶ χώραν πολλὴν ὑφ' ἑαυτῷ πεποιῆσθαι καὶ
πάντα τὰ τοιαῦτα ζηλωτὰ μέν ἐστιν, οἶμαι, καὶ λαμπρά· πῶς γὰρ οὔ; Ἔχοι δ'
ἄν τις εἰπεῖν πεπραγμένα καὶ ἑτέροις πολλοῖς. (68) Ἀλλ' ἐκεῖν' ἴδιον καὶ
οὐδενὶ τῶν πάντων ἄλλῳ γεγονὸς εὐτύχημα. Τὸ ποῖον; Τὸ ἐπειδὴ πονηρῶν
ἀνθρώπων εἰς τὰ πράγματ' αὐτῷ ἐδέησεν, πονηροτέρους εὑρεῖν ἢ ἐβούλετο. Πῶς
γὰρ οὐχ οὗτοι τοιοῦτοι δικαίως ὑποληφθεῖεν ἄν, οἵ γε, ἃ ὑπὲρ αὑτοῦ
Φίλιππος τηλικούτων ὄντων αὐτῷ τῶν διαφόρων οὐκ ἐτόλμα ψεύσασθαι, οὐδ'
ἔγραψεν οὔτ' εἰς ἐπιστολὴν οὐδεμίαν, οὔτε πρεσβευτὴς οὐδεὶς εἶπε τῶν παρ'
ἐκείνου, ἐπὶ ταῦτα μισθώσαντες ἑαυτοὺς ὑμᾶς ἐξηπάτων; (69) Καὶ ὁ μὲν
Ἀντίπατρος καὶ ὁ Παρμενίων, δεσπότῃ διακονοῦντες καὶ οὐ μέλλοντες ὑμῖν
μετὰ ταῦτ' ἐντεύξεσθαι, ὅμως τοῦθ' εὕροντο, μὴ δι' αὐτῶν ὑμᾶς
ἐξαπατηθῆναι· οἱ δέ, Ἀθηναῖοι, τῆς ἐλευθερωτάτης πόλεως, πρέσβεις
ταχθέντες ὑμᾶς, οἷς ἀπαντῶντας ἐμβλέπειν, οἷς συζῆν ἀνάγκη τὸν λοιπὸν βίον
καὶ ἐν οἷς εὐθύνας ἔμελλον δώσειν τῶν πεπραγμένων, τούτους ἐξαπατᾶν
ὑπέστησαν. Πῶς ἂν ἄνθρωποι κακίους ἢ μᾶλλον ἀπονενοημένοι τούτων γένοιντο;
| [60] Comment le prouver? Le 4 de la
troisième décade, vous étiez assemblés au Pirée, au sujet des arsenaux de
marine. Dercylos vint de Chalcis vous annoncer que Philippe avait tout
livré aux Thébains. Il y avait, d'après son calcul, cinq jours que
l'accord était conclu. Comptons : huit, sept, six, cinq, quatre. Voilà
précisément cinq jours. Ainsi, la date du rapport, la date du décret, tout
démontre invinciblement qu'ils secondèrent Philippe, qu'ils furent ses
complices dans la catastrophe de la Phocide.
(61) Il y a plus : la prise de toutes leurs villes sans siège, sans
assaut, leur entière destruction en vertu du traité, sont la plus
forte preuve que les Phocidiens n'ont éprouvé ce triste sort que pour
avoir cru vos députés, qui leur montraient Philippe comme un sauveur. Ce
prince, d'ailleurs, leur était assez connu. — Prends notre traité
d'alliance avec les Phocidiens, et la décision qui autorisa Philippe à
raser leurs remparts. On va voir ce qu'ils pouvaient attendre de vous, et
ce qu'ils ont souffert, grâce à ces ennemis des Dieux. — Lis.
Lecture du Traité d'alliance d'Athènes avec la Phocide.
(62) Voilà ce que vous deviez à la Phocide : amitié, alliance, protection,
armée. Écoutez maintenant ses malheurs, ouvrage de, cet homme qui vous a
empêchés de la secourir.
Lecture de la Convention de Philippe avec les Phocidiens.
Vous entendez, Athéniens : Convention des Phocidiens avec Philippe. On ne
dit pas, avec Thèbes, avec la Thessalie, avec la Locride, avec aucun autre
peuple. Les Phocidiens, est-il dit encore, livreront leurs villes... à
qui? aux Thébains? aux Thessaliens? à quelque autre nation? non, mais à
Philippe. (63) Pourquoi? parce que c'est Philippe qui, dans le rapport
d'Eschine à ses concitoyens, avait franchi le passage pour les protéger.
Aussi, tous avaient foi en Philippe; c'est vers lui que se tournaient tous
leurs regards; c'est avec lui qu'ils faisaient la paix. Que l'on continue
la lecture; et vous, Athéniens, comparez leurs espérances avec leur sort.
Est-il tel, ou à peu près tel que l'accusé l'annonçait? — Lis.
Décision des Amphictyons.
(64) Jamais, ô Athéniens! il n'y eut de nos jours, parmi les
Hellènes, ni peut-être dans les âges précédents, d'événements plus graves,
plus cruels, ces faits cependant, avec leur caractère et leur portée, un
seul homme, Philippe, en est devenu le moteur suprême, grâce à ces
perfides ; et il y avait encore une Athènes, protectrice héréditaire de la
Grèce, et opposée, par tradition, à de pareilles tyrannies ! La
connaissance de la catastrophe des infortunés Phocidiens résulte non
seulement de cette décision, (65) mais surtout des événements qui l'ont
suivie. Spectacle affreux et déchirant, ô Athéniens! que celui dont nos
yeux furent témoins, malgré nous, en allant dernièrement à Delphes : des
maisons renversées, des remparts détruits, des campagnes privées de leurs
jeunes hommes, quelques pauvres femmes, quelques faibles enfants, de
misérables vieillards! Non, aucun langage ne pourrait égaler les calamités
qui pèsent sur ces contrées. Toutefois, je vous entends dire à tous que
jadis, sur la question de réduire les Athéniens en esclavage, le vote
de la Phocide fut opposé à celui de Thèbes. (66) Si donc vos ancêtres
revenaient à la vie, quelles seraient, ô Athéniens! leur opinion et leur
sentence sur les meurtriers de la Phocide ?Ah! je n'en doute point : après
les avoir lapidés de leurs propres mains, ils croiraient ces mains pures
encore. N'est-il pas honteux, en effet, ou plutôt n'est-ce pas le comble
de la honte, qu'un peuple, qui alors nous sauva par un suffrage
protecteur, ait rencontré un sort tout différent, grâce à nos députes, et
subisse, sous nos yeux, des douleurs que ne connurent jamais les autres
Hellènes? Qui donc est la cause de ces maux? quel fut l'artisan de ces
impostures? N'est-ce pas Eschine?
(67) Que de motifs, ô Athéniens! d'appeler Philippe heureux ! heureux
surtout d'un avantage dont je ne trouve pas d'autre exemple (j'en atteste
tous les Dieux !) parmi les hautes fortunes de notre siècle. Avoir pris de
grandes villes, avoir soumis à son sceptre de vastes contrées, s'être
signalé par mille succès, ce sont là des prospérités brillantes et dignes
d'envie : qui en doute? Mais combien d'autres on pourrait citer qui en ont
joui! (68) Il est un bonheur qui lui fut propre, et qu'il n'a partagé avec
personne. Quel bonheur? sa politique avait besoin de s'aider d'hommes
pervers, et la perversité de ceux qu'il a trouvés a passé ses souhaits.
Peut-on, à ces traits, ne pas reconnaître nos députés? Les mensonges que
Philippe, ayant à débattre de si grands intérêts, n'osait ni vous
présenter pour lui-même, ni écrire dans une seule de ses lettres, ni
communiquer par aucune ambassade, ces hommes, pour un salaire, en ont
séduit votre crédulité! (69) Serviteurs d'un despote, Antipater et
Parménion, que vous ne deviez plus revoir, ont bien compris que leur
mandat n'était pas de vous tromper; et des ambassadeurs d'Athènes, la plus
libre des républiques, des Athéniens qui devaient inévitablement se
retrouver face à face avec vous, passer près de vous le reste de leurs
jours, subir une enquête devant vous, ont eu l'audace de vous abuser! Où
trouver des hommes plus pervers, de plus forcenés coupables?
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