HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 170-179

  Paragraphes 170-179

[170] Ἐπειδὴ τοίνυν ὡμολόγησ' Φίλιππος τοὺς λοιποὺς λύσεσθαι, συγκαλέσας ἐγὼ τούτους οἷς αὐτὸς ἔχρησα τἀργύριον, καὶ τὰ πεπραγμέν' ὑπομνήσας, ἵνα μὴ δοκοῖεν ἔλαττον ἔχειν ἐπειχθέντες μηδ' ἐκ τῶν ἰδίων λελυτρῶσθαι πένητες ἄνθρωποι, τῶν ἄλλων ὑπὸ τοῦ Φιλίππου προσδοκωμένων ἀφεθήσεσθαι, ἔδωκα δωρειὰν τὰ λύτρα. Καὶ ὅτι ταῦτ' ἀληθῆ λέγω, λέγε ταύτας τὰς μαρτυρίας. Μαρτυρίαι. (171) Ὅσα μὲν τοίνυν ἀφῆκα χρήματα καὶ δωρειὰν ἔδωκα τοῖς ἀτυχήσασι τῶν πολιτῶν, ταῦτ' ἔστιν. Ὅταν δ' οὗτος αὐτίκα δὴ λέγῃ πρὸς ὑμᾶς « τί δήποθ', ὡς φῄς, Δημόσθενες, ἀπὸ τοῦ συνειπεῖν ἐμὲ Φιλοκράτει γνοὺς οὐδὲν ἡμᾶς ὑγιὲς πράττοντας, τὴν μετὰ ταῦτα πρεσβείαν τὴν ἐπὶ τοὺς ὅρκους συνεπρέσβευσας πάλιν καὶ οὐκ ἐξωμόσω; » Ταῦτα μέμνησθε, ὅτι τούτοις ὡμολογήκειν οὓς ἐλυσάμην καὶ κομιεῖν λύτρα καὶ σώσειν εἰς δύναμιν. (172) Δεινὸν οὖν ψεύσασθαι καὶ προέσθαι δυστυχοῦντας ἀνθρώπους πολίτας· ἰδίᾳ δ', ἐξομοσάμενον, οὐ πάνυ καλὸν οὐδ' ἀσφαλὲς ἦν ἐκεῖσε πλανᾶσθαι· ἐπεὶ εἰ μὴ διὰ τὸ τούτους βούλεσθαι σῶσαι, ἐξώλης ἀπολοίμην καὶ προώλης, εἰ προσλαβών γ' ἂν ἀργύριον πάνυ πολὺ μετὰ τούτων ἐπρέσβευσα. Σημεῖον δέ· ἐπὶ γὰρ τὴν τρίτην πρεσβείαν δίς με χειροτονησάντων ὑμῶν δὶς ἐξωμοσάμην. Καὶ παρὰ ταύτην τὴν ἀποδημίαν πάντα τἀναντί' ἔπραττον. (173) Ὣν μὲν τοίνυν αὐτοκράτωρ ἦν ἐγὼ κατὰ τὴν πρεσβείαν, τοῦτον ἔσχε τὸν τρόπον ὑμῖν· δ' οὗτοι πλείους ὄντες ἐνίκων, ἅπαντ' ἀπόλωλεν. Καίτοι καὶ τἄλλ' ἂν ἅπαντ' ἀκολούθως τούτοις ἐπέπρακτο, εἴ τις ἐπείθετό μοι. Οὐ γὰρ ἔγωγ' οὕτως ἄθλιος οὐδ' ἄφρων ὥστε χρήματα μὲν διδόναι, λαμβάνοντας ὁρῶν ἑτέρους, ὑπὲρ τῆς πρὸς ὑμᾶς φιλοτιμίας, δ' ἄνευ μὲν δαπάνης οἷά τ' ἦν πραχθῆναι, πολλῷ δὲ μείζονας εἶχεν ὠφελείας πάσῃ τῇ πόλει, ταῦτ' οὐκ ἐβουλόμην γίγνεσθαι. Καὶ σφόδρα γ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι· ἀλλ' οἶμαι περιῆσαν οὗτοί μου. (174) Φέρε δή, τί τούτῳ πέπρακται παρὰ ταῦτα καὶ τί τῷ Φιλοκράτει θεάσασθε· παρ' ἄλληλα γὰρ ἔσται φανερώτερα. Πρῶτον μὲν τοίνυν Φωκέας ἐκσπόνδους καὶ Ἁλέας ἀπέφηναν καὶ Κερσοβλέπτην παρὰ τὸ ψήφισμα καὶ τὰ πρὸς ὑμᾶς εἰρημένα· εἶτα τὸ ψήφισμ' ἐπεχείρησαν κινεῖν καὶ μεταίρειν, ἐφ' πρεσβεύοντες ἥκομεν· εἶτα Καρδιανοὺς Φιλίππῳ συμμάχους ἐνέγραψαν καὶ τὴν μὲν γραφεῖσαν ἐπιστολὴν ὑπ' ἐμοῦ πρὸς ὑμᾶς ἀπεψηφίσαντο μὴ πέμπειν, αὐτοὶ δ' οὐδ' ὁτιοῦν ὑγιὲς γράψαντες ἔπεμψαν. (175) Εἶθ' γενναῖος οὑτοσὶ ἐμὲ μὲν τὸν δῆμον ἔφη τὸν ὑμέτερον καταλύσειν ἐπηγγέλθαι Φιλίππῳ, ὅτι ταῦτ' ἐπέπληττον, οὐ μόνον αἰσχρὰ νομίζων ἀλλὰ καὶ δεδιὼς μὴ συμπαραπόλωμαι διὰ τούτους, αὐτὸς δ' ἰδίᾳ πάντα τὸν χρόνον ἐντυγχάνων οὐδ' ὁτιοῦν ἐπαύσατο Φιλίππῳ. Καὶ τὰ μὲν ἄλλα σιωπῶ, Δερκύλος δ' αὐτὸν ἐν Φεραῖς τὴν νύκτ' ἐφύλαττεν, οὐκ ἐγώ, τὸν παῖδ' ἔχων τὸν ἐμὸν τουτονί, καὶ λαβὼν ἐξιόντ' ἐκ τῆς Φιλίππου σκηνῆς ἐμοὶ τὸν παῖδ' ἐκέλευσεν ἀπαγγέλλειν καὶ αὐτὸν μεμνῆσθαι, καὶ τὸ τελευταῖον βδελυρὸς καὶ ἀναιδὴς οὑτοσὶ νύκτα καὶ ἡμέραν ἀπιόντων ἡμῶν ἀπελείφθη παρὰ Φιλίππῳ. (176) Καὶ ταῦθ' ὅτι ἀληθῆ λέγω, πρῶτον μὲν αὐτὸς ἐγὼ συγγραψάμενος καὶ καταστήσας ἐμαυτὸν ὑπεύθυνον μαρτυρήσω, εἶτα τῶν ἄλλων πρέσβεων ἕκαστον καλῶ, καὶ δυοῖν θάτερον, μαρτυρεῖν ἐξόμνυσθαι ἀναγκάσω. Ἂν δ' ἐξομνύωσιν, ἐπιορκοῦντας ἐξελέγξω παρ' ὑμῖν φανερῶς. Μαρτυρία. (177) Οἵοις μὲν τοίνυν κακοῖς καὶ πράγμασι τὴν ἀποδημίαν πᾶσαν συνειχόμην ἑοράκατε. Τί γὰρ αὐτοὺς οἴεσθ' ἐκεῖ ποιεῖν ἐγγὺς ὄντας τοῦ διδόντος, ὅθ' ὑμῶν ὁρώντων, τῶν καὶ τιμῆσαι κυρίων ὄντων καὶ τοὐναντίον κολάσαι, τοιαῦτα ποιοῦσιν; Συλλογίσασθαι δὴ βούλομαι τὰ κατηγορημέν' ἀπ' ἀρχῆς, ἵν' ὅσ' ὑμῖν ὑπεσχόμην ἀρχόμενος τοῦ λόγου δείξω πεποιηκώς. Ἐπέδειξ' οὐδὲν ἀληθὲς ἀπηγγελκότα, ἀλλὰ φενακίσανθ' ὑμᾶς, μάρτυσι τοῖς γεγενημένοις αὐτοῖς, οὐ λόγοις χρώμενος. (178) Ἐπέδειξ' αἴτιον γεγενημένον τοῦ μὴ 'θέλειν ὑμᾶς ἀκούειν ἐμοῦ τἀληθῆ ταῖς ὑποσχέσεσιν καὶ τοῖς ἐπαγγέλμασι τοῖς τούτου καταληφθέντας τότε, πάντα τἀναντία συμβουλεύσαντ' ἔδει, καὶ τῇ μὲν τῶν συμμάχων ἀντειπόντ' εἰρήνῃ, τῇ δὲ Φιλοκράτους συνηγορήσαντα, τοὺς χρόνους κατατρίψαντα, ἵνα μηδ' εἰ βούλοισθε δύναισθ' ἐξελθεῖν εἰς Φωκέας, καὶ ἄλλ' ἐπὶ τῆς ἀποδημίας πολλὰ καὶ δείν' εἰργασμένον, προδεδωκότα πάντα, πεπρακότα, δῶρ' ἔχοντα, οὐδὲν ἐλλελοιπότα μοχθηρίας. Οὐκοῦν ταῦθ' ὑπεσχόμην ἐν ἀρχῇ, ταῦτ' ἐπέδειξα. (179) Ὁρᾶτε τοίνυν τὰ μετὰ ταῦτα· ἁπλοῦς γάρ ἐσθ' μέλλων λόγος οὑτοσὶ πρὸς ὑμᾶς ἤδη. Ὀμωμόκατε ψηφιεῖσθαι κατὰ τοὺς νόμους καὶ τὰ ψηφίσματα τὰ τοῦ δήμου καὶ τῆς βουλῆς τῶν πεντακοσίων· φαίνεται δ' οὗτος πάντα τἀναντία τοῖς νόμοις, τοῖς ψηφίσμασι, τοῖς δικαίοις πεπρεσβευκώς· οὐκοῦν ἑαλωκέναι προσήκει παρά γε νοῦν ἔχουσι δικασταῖς. Εἰ γὰρ ἄλλο μηδὲν ἠδίκει, δύο τῶν πεπραγμένων ἔσθ' ἱκάν' αὐτὸν ἀποκτεῖναι· οὐ γὰρ μόνον Φωκέας, ἀλλὰ καὶ Θρᾴκην προδέδωκε Φιλίππῳ. [170] Mais, lorsque Philippe fut convenu de renvoyer le reste des prisonniers, rassemblant ceux à qui j'avais prêté, je leur rappelai ce qui s'était passé entre nous; et, pour que des citoyens pauvres, rachetés à leurs dépens, n'eussent pas à se repentir de leur précipitation, tandis que leurs compagnons s'attendaient à être affranchis par le prince, je leur fis présent de leurs rançons. — Lis les dépositions qui le prouvent. Lecture des Dépositions. (171) Telles sont les sommes dont j'ai fait remis; et présent à des citoyens malheureux. Lors donc qu'Eschine me dira dans sa défense : « Pourquoi, ô Démosthène ! toi, à qui mes paroles en faveur de la motion de Philocrate ont révélé, dis-tu, toutes nos manœuvres, as-tu encore rempli avec nous l'ambassade des serments? pourquoi ne l'as-tu pas refusée? » rappelez-vous que j'avais promis aux prisonniers que j'ai rachetés de revenir avec les rançons, de me vouer tout entier à leur délivrance. (172) Quel crime de manquer à une telle parole, d'abandonner d'infortunés compatriotes! Quelle inconvenance, quelle témérité d'errer, démissionnaire et sans titre, en pays ennemi! N'eût été pour les rendre à la patrie, que je meure dans l'exil et avant le temps, si, à quelque prix que ce fût, je fusse parti avec de tels collègues! Voici ma preuve : élu deux fois pour la troisième mission, j'ai deux fois refusé ; et, dans le second voyage, ma conduite a été en tout l'opposé de la leur. (173) Ainsi, les opérations qui, dans cette ambassade, dépendaient de moi seul, ont pris pour vous une tournure favorable ; mais, chaque fois que le nombre a prévalu, vous avez succombé. Cependant, tout aurait également prospéré si j'avais été cru; et moi qui, pour mériter votre estime, donnais de l'or, tandis que je voyais d'autres en recevoir, n'aurais- je point, à moins d'être un misérable fou, préféré le double avantage de ne rien dépenser, et d'être beaucoup plus utile à la République entière? Oui, Athéniens, oui, je l'aurais préféré; mais, croyez-moi, il fallait céder au nombre. (174) A ma conduite opposez celle d'Eschine et de Philocrate : la lumière jaillira de ce parallèle. D'abord, ils ont exclu du traité la Phocide, les Aliens et Kersobleptès, au mépris de votre décret, au mépris des promesses que vous aviez reçues. I!s ont ensuite entrepris d'ébranler, de fausser la décision qui fixait notre mandat. Ce n'est pas tout : ils ont inscrit, dans le traité, les Cardiens comme alliés de Philippe, décidé que ma lettre au Peuple Athénien ne partirait pas, envoyé des messages qui ne contenaient pas une vérité. Et, après cela, parce que je stigmatisais leur conduite, où je voyais non seulement de l'opprobre, mais le danger d'être entraîné dans leur perte, (175) ce loyal citoyen ose dire que j'avais promis à Philippe de détruire votre démocratie, lui qui, pendant le cours de l'ambassade, n'a cessé d'avoir avec Philippe de secrètes entrevues ! Je ne citerai qu'un fait. Une nuit (je n'y étais pas), Dercylos prenant avec lui mon propre esclave, observait Eschine dans la ville de Phères; il le surprit sortant de l'habitation du monarque, recommanda à l'esclave de me l'annoncer et de s'en souvenir lui-même. Enfin, à notre départ, cet imprudent, ce pervers eut avec Philippe un tête à tête d'un jour et d'une nuit. (176) Pour établir ce que j'avance, j'en présenterai d'abord le témoignage écrit, et sous ma propre responsabilité ; ensuite j'interpellerai chacun de mes collègues, et le réduirai à l'alternative ou d'attester le fait, ou de jurer qu'il l'ignore. S'ils protestent devant vous, je mettrai à nu leur parjure. Lecture de la Déposition. (177) Vous avez vu quelles peines, quelles tracasseries m'ont poursuivi durant tout notre voyage. Imaginez, en effet, ce qu'ils ont fait en Macédoine près du distributeur de largesses, puisque ici, devant vous-mêmes, qui pouvez punir aussi bien que récompenser, ils agissent comme vous voyez. Je vais rassembler tous les griefs produits jusqu'à présent; on verra que j'ai rempli tout ce que promettait le commencement de ce discours. J'ai démontré, non par des mots, mais par le témoignage des faits, que le rapport d'Eschine n'était qu'un long mensonge et qu'il vous a joués. (178) J'ai démontré que, par l'illusion de ses annonces et de ses promesses empressées, il a fermé vos oreilles aux vérités que je vous offrais ; qu'il ne vous a conseillés que pour votre ruine ; qu'il a traversé le projet de paix qui embrassait les alliés, et secondé celui de Philocrate; qu'il a perdu assez de temps pour que vous ne pussiez marcher au secours des Phocidiens, quand même vous l'auriez voulu; que, dans le cours de l'ambassade, il s'est livré à cent autres coupables manœuvres, livrant tout, vendant tout, recevant de l'or, épuisant toutes les perfidies. Voilà ce que mes premières paroles avaient annoncé, voilà ce que j'ai démontré. (179) Ce qui me reste à dire est fort simple : le voici. Vous avez juré de prononcer d'après les lois, d'après les décrets du Peuple et du Conseil des Cinq-Cents : lois, décrets, droits de la patrie, Eschine est convaincu d'avoir tout violé dans son ambassade: pour être conséquent, le tribunal doit donc le condamner.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 22/01/2009