HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 180-189

  Paragraphes 180-189

[180] Καίτοι δύο χρησιμωτέρους τόπους τῆς οἰκουμένης οὐδ' ἂν εἷς ἐπιδείξαι τῇ πόλει, κατὰ μὲν γῆν Πυλῶν, ἐκ θαλάττης δὲ τοῦ Ἑλλησπόντου· συναμφότερ' οὗτοι πεπράκασιν αἰσχρῶς καὶ καθ' ὑμῶν ἐγκεχειρίκασι Φιλίππῳ. Τοῦτο τοίνυν αὐτὸ ἄνευ τῶν ἄλλων ἡλίκον ἔστ' ἀδίκημα, τὸ Θρᾴκην καὶ τὰ τείχη προέσθαι, μυρί' ἂν εἴη λέγειν, καὶ ὅσοι διὰ ταῦτ' ἀπολώλασι παρ' ὑμῖν, οἱ δὲ χρήματα πάμπολλ' ὠφλήκασιν, οὐ χαλεπὸν δεῖξαι, Ἐργόφιλος, Κηφισόδοτος, Τιμόμαχος, τὸ παλαιόν ποτ' Ἐργοκλῆς, Διονύσιος, ἄλλοι, οὓς ὀλίγου δέω σύμπαντας εἰπεῖν ἐλάττω τὴν πόλιν βεβλαφέναι τούτου. (181) Ἀλλ' ἔτι γὰρ τότ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐκ λογισμοῦ τὰ δείν' ἐφυλάττεσθ' ὑμεῖς καὶ προεωρᾶσθε· νῦν δ' τι ἂν μὴ καθ' ἡμέραν ὑμᾶς ἐνοχλῇ καὶ παρὸν λυπῇ, παρορᾶτε, εἶτα τὴν ἄλλως ἐνταῦθα ψηφίζεσθε, « ἀποδοῦναι δὲ καὶ Κερσοβλέπτῃ Φίλιππον τοὺς ὅρκους, » « μὴ μετέχειν δὲ τῶν ἐν Ἀμφικτύοσιν, » « ἐπανορθώσασθαι δὲ τὴν εἰρήνην. » Καίτοι τούτων οὐδενὸς ἂν τῶν ψηφισμάτων ἔδει, εἰ πλεῖν οὗτος ἤθελεν καὶ τὰ προσήκοντα ποιεῖν· νῦν δ' μὲν ἦν πλεύσασι σῶσαι, βαδίζειν κελεύων ἀπολώλεκεν, δ' εἰποῦσι τἀληθῆ, ψευδόμενος. (182) Ἀγανακτήσει τοίνυν αὐτίκα δὴ μάλα, ὡς ἐγὼ πυνθάνομαι, εἰ μόνος τῶν ἐν τῷ δήμῳ λεγόντων λόγων εὐθύνας ὑφέξει. Ἐγὼ δ' ὅτι μὲν πάντες ἂν εἰκότως ὧν λέγουσι δίκην ὑπέχοιεν, εἴπερ ἐπ' ἀργυρίῳ τι λέγοιεν, παραλείψω, ἀλλ' ἐκεῖνο λέγω· εἰ μὲν Αἰσχίνης ἰδιώτης ὢν ἀπελήρησέ τι καὶ διήμαρτε, μὴ σφόδρ' ἀκριβολογήσησθε, ἐάσατε, συγγνώμην ἔχετε· εἰ δὲ πρεσβευτὴς ὢν ἐπὶ χρήμασιν ἐπίτηδες ἐξηπάτηκεν ὑμᾶς, μὴ ἀφῆτε, μηδ' ἀνάσχησθ' ὡς οὐ δεῖ δίκην ὧν εἶπεν ὑποσχεῖν. (183) Τίνος γὰρ ἄλλου δεῖ δίκην παρὰ πρέσβεων λόγων λαμβάνειν; Εἰσὶ γὰρ οἱ πρέσβεις οὐ τριήρων οὐδὲ τόπων οὐδ' ὁπλιτῶν οὐδ' ἀκροπόλεων κύριοι ̔οὐδεὶς γὰρ πρέσβεσι ταῦτ' ἐγχειρίζεἰ, ἀλλὰ λόγων καὶ χρόνων. Τοὺς μὲν τοίνυν χρόνους εἰ μὲν μὴ προανεῖλε τῆς πόλεως, οὐκ ἀδικεῖ, εἰ δ' ἀνεῖλεν, ἠδίκηκε· τοὺς δὲ λόγους εἰ μὲν ἀληθεῖς ἀπήγγελκεν συμφέροντας, ἀποφευγέτω, εἰ δὲ καὶ ψευδεῖς καὶ μισθοῦ καὶ ἀσυμφόρους, ἁλισκέσθω. (184) Οὐδὲν γὰρ ἔσθ' τι μεῖζον ἂν ὑμᾶς ἀδικήσειέ τις ψευδῆ λέγων. Οἷς γάρ ἐστ' ἐν λόγοις πολιτεία, πῶς, ἂν οὗτοι μὴ ἀληθεῖς ὦσιν, ἀσφαλῶς ἔστι πολιτεύεσθαι; Ἂν δὲ δὴ καὶ πρὸς τοῖς ἐχθροῖς συμφέρει δῶρά τις λαμβάνων λέγῃ, πῶς οὐχὶ καὶ κινδυνεύσετε; Οὐδέ γε τοὺς χρόνους ἴσον ἔστ' ἀδίκημ' ὀλιγαρχίας τυράννου παρελέσθαι καὶ ὑμῶν· οὐδ' ὀλίγου δεῖ. (185) Ἐν ἐκείναις μὲν γάρ, οἶμαι, ταῖς πολιτείαις πάντ' ἐξ ἐπιτάγματος ὀξέως γίγνεται· ὑμῖν δὲ πρῶτον μὲν τὴν βουλὴν ἀκοῦσαι περὶ πάντων καὶ προβουλεῦσαι δεῖ, καὶ τοῦθ' ὅταν κήρυξι καὶ πρεσβείαις προγεγραμμένον, οὐκ ἀεί· εἶτ' ἐκκλησίαν ποιῆσαι, καὶ ταύτην ὅταν ἐκ τῶν νόμων καθήκῃ. Εἶτα κρατῆσαι καὶ περιγενέσθαι δεῖ τοὺς τὰ βέλτιστα λέγοντας τῶν δι' ἄγνοιαν διὰ μοχθηρίαν ἀντιλεγόντων. (186) Ἐφ' ἅπασι δὲ τούτοις, ἐπειδὰν καὶ δεδογμένον καὶ συμφέρον ἤδη φαίνηται, χρόνον δεῖ δοθῆναι τῇ τῶν πολλῶν ἀδυναμίᾳ, ἐν καὶ ποριοῦνται ταῦθ' ὧν ἂν δέωνται, ὅπως τὰ δόξαντα καὶ δυνηθῶσι ποιῆσαι. δὴ τοὺς χρόνους τούτους ἀναιρῶν τῆς οἵα παρ' ἡμῖν ἐστι πολιτείας, οὐ χρόνους ἀνῄρηκεν οὗτος, οὔ, ἀλλὰ τὰ πράγμαθ' ἁπλῶς ἀφῄρηται. (187) Ἔστι τοίνυν τις πρόχειρος λόγος πᾶσι τοῖς ἐξαπατᾶν ὑμᾶς βουλομένοις, « οἱ ταράττοντες τὴν πόλιν, οἱ διακωλύοντες Φίλιππον εὖ ποιῆσαι τὴν πόλιν. » Πρὸς οὓς ἐγὼ λόγον μὲν οὐδέν' ἐρῶ, τὰς δ' ἐπιστολὰς ὑμῖν ἀναγνώσομαι τὰς τοῦ Φιλίππου, καὶ τοὺς καιροὺς ἐφ' ὧν ἕκαστ' ἐξηπάτησθ' ὑπομνήσω, ἵν' εἰδῆθ' ὅτι τὸ ψυχρὸν τοῦτ' ὄνομα, τὸ « ἄχρι κόρου, » παρελήλυθ' ἐκεῖνος φενακίζων ὑμᾶς. Ἐπιστολαί. Φιλίππου. (188) Οὕτω τοίνυν αἰσχρὰ καὶ πολλὰ καὶ πάντα καθ' ὑμῶν πεπρεσβευκὼς περιιὼν λέγει, « τί δ' ἂν εἴποις περὶ Δημοσθένους, ὃς τῶν συμπρέσβεων κατηγορεῖ; » Νὴ Δί', εἴτε βούλομαί γ' εἴτε μή, παρ' ὅλην μὲν τὴν ἀποδημίαν ὑπὸ σοῦ τοιαῦτ' ἐπιβεβουλευμένος, δυοῖν δ' αἱρέσεως οὔσης μοι νυνί, τοιούτων ὄντων τῶν πεπραγμένων δοκεῖν κοινωνεῖν ὑμῖν, κατηγορεῖν. (189) Ἐγὼ δ' οὐδὲ συμπεπρεσβευκέναι φημί σοι, πρεσβεύειν μέντοι σὲ μὲν πολλὰ καὶ δεινά, ἐμαυτὸν δ' ὑπὲρ τουτωνὶ τὰ βέλτιστα. Ἀλλὰ Φιλοκράτης σοι συμπεπρέσβευκε, κἀκείνῳ σύ, καὶ Φρύνων· ὑμεῖς γὰρ ταὔτ' ἐπράττετε, καὶ ταὐτὰ πᾶσιν ὑμῖν ἤρεσκεν. « Ποῦ δ' ἅλες; Ποῦ τράπεζα; Ποῦ σπονδαί; » Ταῦτα γὰρ τραγῳδεῖ περιιών, ὥσπερ οὐχὶ τοὺς ἀδικοῦντας τούτων ὄντας προδότας, ἀλλὰ τοὺς τὰ δίκαια ποιοῦντας. [180] Fût-il innocent sur tout le reste, il existe deux faits pour lesquels il mérite la mort. Ce n'est pas seulement la Phocide, c'est encore la Thrace qu'il a livrée à Philippe. Est-il au monde deux postes plus utiles à Athènes que les Thermopyles sur terre, et l'Hellespont sur mer? Par un infâme marché, les députés les ont vendus l'un et l'autre; ils en ont armé Philippe contre vous. Quel crime surtout, même considéré seul, quel crime que l'abandon de la Thrace et de ses forteresses! On pourrait citer mille exemples de citoyens qu'une telle forfaiture a menés à la mort ; et, pour ceux qui ont subi de fortes amendes, il n'est pas difficile d'en citer : Ergophile, Céphisodote, Timomaque; plus anciennement, Ergoclès, Denys et d'autres, qu'on peut dire avoir moins nui tous ensemble à l'État que l'accusé. (181) C'est qu'alors, ô Athéniens! la réflexion vous faisait prévoir et prévenir les disgrâces; mais maintenant, le chagrin, l'outrage qui datent de la veille vous laissent indifférents. De là, l'impuissance de vos décrets : Philippe laissera Kersobleptès prêter serment au traité ; Philippe n'aura pas rang parmi les Amphictyons; les stipulations de la paix seront amendées. Décrets dont pas un n'eût été nécessaire, si cet homme eût voulu s'embarquer et faire son devoir. Loin de là, on pouvait sauver vos domaines par une navigation : et il a prescrit la route de terre ; par des rapports véridiques : et il a menti. (182) Il va s'indigner, j'en suis prévenu, d'être le seul des orateurs qu'on oblige à rendre compte de ses paroles. Je n'examinerai point s'il ne serait pas juste de rechercher, pour ses paroles, quiconque en a fait marchandise; mais je dis : Si Eschine, simple orateur, s'est égaré dans ses raisonnements, pas de sévérité, pas de minutieux examen, mais liberté, mais indulgence. Si, au contraire, député d'Athènes, il s'est fait payer exprès pour vous tromper, point de grâce, point de concession à cette prétention de ne pas répondre de ses discours. (183) Eh! sur quoi porterait donc la responsabilité d'un ambassadeur? Ce dont il dispose, ce ne sont ni vaisseaux, ni places, ni soldats, ni citadelles, puisqu'on ne les remet pas dans ses mains; c'est le temps, ce sont les paroles. Le temps ! si Eschine ne l'a point fait perdre traîtreusement à la République, il est innocent; il est coupable, s'il l'a dissipé. Les paroles! grâce, si, dans les rapports, les siennes ont été véridiques et salutaires; mais, si elles furent mensongères, vénales, pernicieuses, condamnation! (184) car le plus grand tort qu'on puisse vous faire, c'est de vous déguiser la vérité. Où sera, en effet, le point d'appui d'un gouvernement fondé sur la parole, si cette parole n'est pas sincère? Que si de plus elle est payée, si elle plaide la cause de l'ennemi, comment n'y aurait-il pas péril? Pour les instants, les enlever à un État aristocratique, à une monarchie, les enlever à votre République, n'est pas crime également funeste; il y a même ici une différence énorme. (185) Dans ces gouvernements, je vois tout s'exécuter vivement par un édit. Chez vous, dans chaque affaire, une première formalité exige que le Conseil, rapport entendu, prépare un décret ; et il ne se réunit extraordinairement que pour répondre à un messager, à une ambassade. Il faut ensuite qu'il assemble le Peuple, et seulement le jour fixé par la loi. Là, les orateurs habiles et dévoués ont à triompher d'une opposition ignorante ou perfide. (186) Ce n'est pas tout : lorsque le parti le plus utile s'est fait jour, lorsqu'il y a décision, il faut attendre que la foule peu aisée se soit mise en mesure d'acquitter les charges nouvellement décrétées. Ainsi, faire perdre le temps à un gouvernement tel que le nôtre, ce n'est pas lui dérober des moments, non, c'est lui enlever toute faculté d'agir. (187) Tous ceux qui veulent vous donner le change ont toujours ces mots à la bouche : On trouble la République; on entrave la bienveillance de Philippe pour la Nation. Pour toute réponse, faisons lire les lettres de Philippe, et rappelons chacune des circonstances ou vous fûtes trompés : vous verrez que ce titre rebattu et fastidieux de bienfaiteur n'est plus, pour ce prince. qu'un charlatanisme usé. Lecture des Lettres de Philippe. (188) Et le député si honteusement, si complètement prévaricateur va partout criant : « Que dites-vous de Démosthène, qui accuse ses collègues? « Oui, par Jupiter! bon gré, malgré, je t'accuse, après les pièges perfides que tu as dressés devant tous mes pas; je t'accuse, placé dans l'alternative de paraître complice des attentats de l'ambassade, ou de les dénoncer. (189) Mais moi, ton collègue! non, non. Ta mission a été une mission de crimes; la mienne, une mission de dévouement à la patrie. Ton collègue, Eschine, c'était Philocrate ; les collègues de Philocrate, c'était toi, c'était Phrynon : même conduite, mêmes vues vous unissaient tous. « Où sont nos tables, nos repas, nos communes libations? » s'écriera tous lieux ce tragédien, comme si leur violation était l'œuvre du juste, et non du pervers !


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Dernière mise à jour : 22/01/2009