HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Sur l'ambassade (discours complet)

Paragraphes 120-129

  Paragraphes 120-129

[120] Καὶ τίς μου καταμαρτυρεῖ, φήσει, δῶρα λαβεῖν; (Τοῦτο γάρ ἐστι τὸ λαμπρόν). Τὰ πράγματ', Αἰσχίνη, ἅπερ πιστότατ' ἐστὶν ἁπάντων, καὶ οὐκ ἔνεστ' εἰπεῖν οὐδ' αἰτιάσασθαι ὡς πεπεισμέν' χαριζόμενά τῴ ἐστι τοιαῦτα, ἀλλ' οἷάπερ αὐτὰ προδοὺς καὶ διαφθείρας σὺ πεποίηκας, τοιαῦτ' ἐξεταζόμενα φαίνεται. Πρὸς δὲ τοῖς πράγμασιν αὐτὸς αὐτίκα δὴ σὺ σαυτοῦ. Ἀπόκριναι γὰρ δεῦρ' ἀναστάς μοι. Οὐ γὰρ δὴ δι' ἀπειρίαν γ' οὐ φήσεις ἔχειν τι εἴπῃς· ὃς γὰρ ἀγῶνας καινοὺς ὥσπερ δράματα, καὶ τούτους ἀμαρτύρους, πρὸς διαμεμετρημένην τὴν ἡμέραν αἱρεῖς διώκων, δῆλον ὅτι πάνδεινος εἶ τις. (121) Πολλῶν τοίνυν καὶ δεινῶν ὄντων τῶν πεπραγμένων Αἰσχίνῃ τουτῳί, καὶ πολλὴν κακίαν ἐχόντων, ὡς καὶ ὑμῖν οἴομαι δοκεῖν, οὐδέν ἐστιν οὗ μέλλω λέγειν, ὡς ἐγὼ κρίνω, δεινότερον, οὐδ' τι μᾶλλον ἐπ' αὐτοφώρῳ δεδωροδοκηκότ' αὐτὸν καὶ πεπρακότα πάντ' ἐξελέγξει. Ἐπειδὴ γὰρ ἀπεστέλλετ' αὖθις αὖ τὸ τρίτον τοὺς πρέσβεις ὡς τὸν Φίλιππον, ἐπὶ ταῖς καλαῖς καὶ μεγάλαις ἐλπίσι ταύταις αἷς οὗτος ὑπέσχητο, ἐχειροτονήσατε καὶ τοῦτον κἀμὲ καὶ τῶν ἄλλων τοὺς πλείστους τοὺς αὐτούς. (122) Ἐγὼ μὲν δὴ παρελθὼν ἐξωμοσάμην εὐθέως, καὶ θορυβούντων τινῶν καὶ κελευόντων βαδίζειν οὐκ ἂν ἔφην ἐλθεῖν· οὗτος δ' ἐκεχειροτόνητο. Ἐπειδὴ δ' ἀνέστη μετὰ ταῦθ' ἐκκλησία, συνελθόντες ἐβουλεύονθ' οὗτοι τίν' αὐτοῦ καταλείψουσιν. Ἔτι γὰρ τῶν πραγμάτων ὄντων μετεώρων καὶ τοῦ μέλλοντος ἀδήλου, σύλλογοι καὶ λόγοι παντοδαποὶ κατὰ τὴν ἀγορὰν ἐγίγνοντο τότε· (123) ἐφοβοῦντο δὴ μὴ σύγκλητος ἐκκλησία γένοιτ' ἐξαίφνης, εἶτ' ἀκούσαντες ὑμεῖς ἐμοῦ τἀληθῆ ψηφίσαισθέ τι τῶν δεόντων ὑπὲρ τῶν Φωκέων, καὶ τὰ πράγματ' ἐκφύγοι τὸν Φίλιππον. Εἰ γὰρ ἐψηφίσασθε μόνον καὶ μικρὰν ὑπεφήνατ' ἐλπίδ' ἡντινοῦν αὐτοῖς, ἐσώθησαν ἄν. Οὐ γὰρ ἐνῆν, οὐκ ἐνῆν μὴ παρακρουσθέντων ὑμῶν μεῖναι Φιλίππῳ. Οὔτε γὰρ σῖτος ἦν ἐν τῇ χώρᾳ, ἀσπόρῳ διὰ τὸν πόλεμον γεγονυίᾳ, οὔθ' σιτοπομπία δυνατὴ τριήρων οὐσῶν ὑμετέρων ἐκεῖ καὶ τῆς θαλάττης κρατουσῶν, αἵ τε πόλεις πολλαὶ καὶ χαλεπαὶ λαβεῖν αἱ τῶν Φωκέων, μὴ οὐ χρόνῳ καὶ πολιορκίᾳ· εἰ γὰρ ἐν ἡμέρᾳ πόλιν ᾕρει, δύο καὶ εἴκοσίν εἰσιν ἀριθμῷ. (124) Διὰ δὴ ταῦτα πάντα, ἵνα μηδὲν μετάθησθ' ὧν ἐξηπάτησθε, τοῦτον αὐτοῦ κατέλιπον. Ἐξομόσασθαι μὲν δὴ μὴ μετ' αἰτίας τινὸς δεινὸν ἦν καὶ ὑποψία μεγάλη· « τί λέγεις; Ἐπὶ τηλικαῦτα καὶ τοιαῦτ' ἀγαθὰ οὐχὶ βαδίζεις ἀπαγγείλας οὐδὲ πρεσβεύεις; » Ἔδει δὲ μένειν. Πῶς οὖν; Ἀρρωστεῖν προφασίζεται, καὶ λαβὼν Ἐξήκεστον τὸν ἰατρὸν ἁδελφὸς αὐτοῦ καὶ προσελθὼν τῇ βουλῇ ἐξώμοσεν ἀρρωστεῖν τουτονὶ καὶ αὐτὸς ἐχειροτονήθη. (125) Ἐπειδὴ δ' ἀπωλώλεσαν οἱ Φωκεῖς ὕστερον ἡμέραις πέντ' ἕξ, καὶ τέλος εἶχε τὸ μίσθωμ' ὥσπερ ἂν ἄλλο τι τούτῳ, καὶ Δερκύλος ἐκ τῆς Χαλκίδος ἧκεν ἀναστρέψας καὶ ἀπήγγειλεν ὑμῖν ἐκκλησιάζουσιν ἐν Πειραιεῖ ὅτι Φωκεῖς ἀπολώλασι, καὶ ὑμεῖς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ταῦτ' ἀκούσαντες εἰκότως κἀκείνοις συνήχθεσθε καὶ αὐτοὶ ἐξεπέπληχθε, καὶ παῖδας καὶ γυναῖκας ἐκ τῶν ἀγρῶν κατακομίζειν ἐψηφίζεσθε καὶ τὰ φρούρι' ἐπισκευάζειν καὶ τὸν Πειραιᾶ τειχίζειν καὶ τὰ Ἡράκλει' ἐν ἄστει θύειν, (126) --ἐπειδὴ ταῦτ' ἦν καὶ τοιαύτη ταραχὴ καὶ τοιοῦτος θόρυβος περιειστήκει τὴν πόλιν, τηνικαῦθ' σοφὸς καὶ δεινὸς οὗτος καὶ εὔφωνος, οὔτε βουλῆς οὔτε δήμου χειροτονήσαντος αὐτόν, ᾤχετο πρεσβεύων ὡς τὸν ταῦτα πεποιηκότα, οὔτε τὴν ἀρρωστίαν ἐφ' τότ' ἐξωμόσαθ' ὑπολογισάμενος, οὔθ' ὅτι πρεσβευτὴς ἄλλος ᾕρητ' ἀνθ' αὑτοῦ, οὔθ' ὅτι τῶν τοιούτων νόμος θάνατον τὴν ζημίαν εἶναι κελεύει, (127) οὔθ' ὅτι πάνδεινόν ἐστιν ἀπηγγελκόθ' ὡς ἐπικεκήρυκται χρήματ' αὐτῷ ἐν Θήβαις, ἐπειδὴ Θηβαῖοι πρὸς τῷ τὴν Βοιωτίαν ἅπασαν ἔχειν καὶ τῆς Φωκέων χώρας ἐγκρατεῖς γεγόνασι, τηνικαῦτ' εἰς μέσας τὰς Θήβας καὶ τὸ τῶν Θηβαίων στρατόπεδον βαδίζειν· ἀλλ' οὕτως ἔκφρων ἦν καὶ ὅλος πρὸς τῷ λήμματι καὶ τῷ δωροδοκήματι ὥστε πάντα ταῦτ' ἀνελὼν καὶ παριδὼν ᾤχετο. (128) Καὶ τοιούτου τοῦ πράγματος ὄντος, ἔτι πολλῷ δεινότερ' ἐστὶν ἐκεῖσ' ἐλθὼν διεπράξατο. Ἁπάντων γὰρ ὑμῶν τουτωνὶ καὶ τῶν ἄλλων Ἀθηναίων οὕτω δεινὰ καὶ σχέτλι' ἡγουμένων τοὺς ταλαιπώρους πάσχειν Φωκέας ὥστε μήτε τοὺς ἐκ τῆς βουλῆς θεωροὺς μήτε τοὺς θεσμοθέτας εἰς τὰ Πύθια πέμψαι, ἀλλ' ἀποστῆναι τῆς πατρίου θεωρίας, οὗτος εἰς τἀπινίκια τῶν πραγμάτων καὶ τοῦ πολέμου, Θηβαῖοι καὶ Φίλιππος ἔθυον, εἱστιᾶτ' ἐλθὼν καὶ σπονδῶν μετεῖχε καὶ εὐχῶν, ἃς ἐπὶ τοῖς τῶν συμμάχων τῶν ὑμετέρων τείχεσι καὶ χώρᾳ καὶ ὅπλοις ἀπολωλόσιν ηὔχετ' ἐκεῖνος, καὶ συνεστεφανοῦτο καὶ συνεπαιώνιζεν Φιλίππῳ καὶ φιλοτησίας προὔπινεν. (129) Καὶ ταῦτ' οὐκ ἔνεστιν ἐμοὶ μὲν οὕτω, τούτῳ δ' ἄλλως πως εἰπεῖν· ἀλλ' ὑπὲρ μὲν τῆς ἐξωμοσίας ἐν τοῖς κοινοῖς τοῖς ὑμετέροις γράμμασιν ἐν τῷ μητρῴῳ ταῦτ' ἐστίν, ἐφ' οἷς δημόσιος τέτακται, καὶ ψήφισμ' ἄντικρυς περὶ τούτου τοῦ ὀνόματος γέγραπται· ὑπὲρ δ' ὧν ἐκεῖ διεπράξατο, οἱ συμπρεσβεύοντες καὶ παρόντες καταμαρτυρήσουσιν, οἵπερ ἐμοὶ ταῦτα διηγοῦντο· οὐ γὰρ ἔγωγ' αὐτοῖς συνεπρέσβευσα, ἀλλ' ἐξωμοσάμην. [120] — Et quel témoin dépose que j'ai accepté des présents ? — C'est ici que brille sa défense. Les faits, Eschine, l'attestent, les faits de tous les témoignages le plus irrécusable. Leur reprocheras-tu d'avoir modifié leur caractère au gré de la séduction ou de la complaisance? non : tels tu les as produits lorsque tu trahissais, lorsque tu détruisais, tels ils se montrent quand on les interroge. Au témoignage des faits, ajoute celui que tu vas rendre contre toi-même. Oui, approche et réponds ; certes, tu ne t'en défendras pas en alléguant de l'inexpérience. Gagneur de procès nouveaux, dans lesquels tu soutiens, en un temps limité, sans le secours d'aucun témoin, des accusations, image des fictions de la scène, tu possèdes, le fait est clair, une aptitude universelle. (121) De toutes les étranges et criminelles démarches d'Eschine qui frappent vos esprits, il n'en est pas, à mon sens, de plus révoltante que la suivante ; il n'en est pas qui le convainque d'une corruption plus flagrante, qui saisisse mieux sa vénalité sur le fait. Vous députiez vers Philippe une nouvelle et troisième ambassade, au sujet des brillantes et magnifiques espérances dont cet orateur avait été l'organe ; vous nous aviez nommés, lui et moi, avec la plupart des membres de la députation précédente. (122) Je m'avançai aussitôt, et refusai avec serment. Plusieurs s'animaient et me criaient de partir; je persistai dans mon refus : Eschine avait accepté. L'assemblée se sépare, les députés s'attroupent, ils délibèrent sur le choix de celui qu'ils laisseront ici : car, dans l'attente d'un résultat et vu l'incertitude de l'avenir, des groupes de toutes les opinions s'étaient formés et conversaient sur la place publique. (123) Les députés craignaient qu'on ne fît tout à coup une convocation extraordinaire, qu'instruits par moi de la vérité, vous ne prissiez sur les Phocidiens une résolution convenable, et que Philippe ne manquât sa proie. En effet, un seul décret émané de vous, la plus faible espérance entrevue du côté d'Athènes, les aurait sauvés. Impossible à Philippe, oui, impossible de tenir plus longtemps, si l'on ne vous eût trompés. Il ne trouvait plus de blé dans un pays resté inculte à cause de la guerre; et il ne pouvait en faire transporter, puisque vos vaisseaux étaient là, maîtres de la mer. Les villes de la Phocide, nombreuses, difficiles à réduire, exigeaient du temps et des sièges en règle : qu'importe qu'il en eût pris une par jour? il y en avait vingt-deux. (124) Par toutes ces raisons, et pour le maintien des mesures que la perfidie vous avait surprises, c'est Eschine qu'ils vous laissèrent. Mais se démettre sans proposer d'excuse! c'était choquer, c'était soulever de graves soupçons. « Que dis-tu? quoi! tu ne pars pas! tu repousses la mission de nous assurer tant de grands avantages, toi, leur proclamateur! » Non, il fallait rester. Comment faire? il prétexte une maladie. Son frère prend avec lui le médecin Exékestos, se présente au Conseil, jure qu'Eschine est malade, et se fait élire à sa place. (125) Cependant, cinq ou six jours après, les Phocidiens sont détruits ; Eschine voit consommer son marché, comme un marché ordinaire; Dercylos, qui revenait sur ses pas, arrive de Chalcis, et annonce à notre assemblée du Pirée qu'il n'y a plus de Phocide ; et vous, ô Athéniens ! a cette nouvelle, vous faites votre devoir, vous gémissez sur les infortunés, et, tremblants pour vous-mêmes, vous décrétez le transport des enfants et des femmes hors des campagnes, la réparation des forts, une construction pour protéger le Pirée, la célébration des sacrifices d'Hercule dans la ville. (126) Que fait alors, dans Athènes troublée et épouvantée, le sage, l'habile, le sonore Eschine? Il part en ambassade vers l'auteur de tant de maux ; il part sans mandat du Conseil ni du Peuple, sans considérer ni la maladie jurée, prétexte de sa démission, ni le choix d'un remplaçant, ni la mort dont la loi punit un tel crime, ni l'absurdité révoltante de traverser Thèbes et l'armée thébaine, maîtresse de la Béotie entière et de la Phocide, après avoir publié que les Thébains avaient mis sa tête à prix; il part oubliant tout, négligeant tout, tant son salaire l'absorbe, tant la curée le frappe de vertige! (128) A cette coupable démarche il mit le comble, a son arrivée près du prince, par une conduite bien plus affreuse encore. Vous tous ici assemblés, vous étiez, avec Athènes entière, si frappés, si indignés du désastre de la Phocide infortunée, que, suspendant l'exercice de votre droit héréditaire d'être représentés aux jeux pythiques, vous n'y envoyâtes ni théores choisis dans le Conseil, ni thesmothètes. Et lui, il assistait aux banquets et aux sacrifices par lesquels Philippe et les Thébains célébraient les résultats de la guerre; il prenait part aux libations et aux actions de grâces du prince pour la destruction des remparts, des campagnes, des armes de vos alliés ; couronné de fleurs, à son exemple, il chantait avec lui l'hymne triomphal, il buvait à sa prospérité. (129) Et ici, son récit ne peut différer du mien. Les détails concernant sa démission sont consignés dans vos archives du temple de Cybèle, confiées à un officier public; et l'on y a inscrit l'arrêté qui ordonne d'effacer le nom d'Eschine. Pour sa conduite auprès du monarque, elle va être attestée par ses collègues, par des témoins oculaires, qui me l'ont racontée : car je n'étais pas de l'ambassade, ayant refusé.


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Dernière mise à jour : 22/01/2009