[9,60] οὗτος τὰ μὲν ἄλλ´ ὡς ὑβρίζετο καὶ προυπηλακίζεθ´ ὑπὸ τοῦ δήμου, πόλλ´ ἂν εἴη λέγειν· ἐνιαυτῷ δὲ πρότερον τῆς ἁλώσεως ἐνέδειξεν ὡς προδότην τὸν Φιλιστίδην καὶ τοὺς μετ´
αὐτοῦ, αἰσθόμενος ἃ πράττουσιν. συστραφέντες δ´ ἄνθρωποι
πολλοὶ καὶ χορηγὸν ἔχοντες Φίλιππον καὶ πρυτανευόμενοι
ἀπάγουσι τὸν Εὐφραῖον εἰς τὸ δεσμωτήριον, ὡς συνταράττοντα
τὴν πόλιν. ὁρῶν δὲ ταῦθ´ ὁ δῆμος ὁ τῶν Ὠρειτῶν,
ἀντὶ τοῦ τῷ μὲν βοηθεῖν, τοὺς δ´ ἀποτυμπανίσαι, τοῖς μὲν
οὐκ ὠργίζετο, τὸν δ´ ἐπιτήδειον ταῦτα παθεῖν ἔφη καὶ ἐπέχαιρεν.
μετὰ ταῦθ´ οἱ μὲν ἐπ´ ἐξουσίας ὁπόσης ἐβούλοντ´
ἔπραττον ὅπως ἡ πόλις ληφθήσεται, καὶ κατεσκευάζοντο τὴν
πρᾶξιν· τῶν δὲ πολλῶν εἴ τις αἴσθοιτο, ἐσίγα καὶ κατεπέπληκτο,
τὸν Εὐφραῖον οἷ´ ἔπαθεν μεμνημένοι. οὕτω δ´
ἀθλίως διέκειντο, ὥστ´ οὐ πρότερον ἐτόλμησεν οὐδεὶς τοιούτου
κακοῦ προσιόντος ῥῆξαι φωνήν, πρὶν διασκευασάμενοι
πρὸς τὰ τείχη προσῇσαν οἱ πολέμιοι· τηνικαῦτα δ´ οἱ μὲν
ἠμύνοντο, οἱ δὲ προὐδίδοσαν. τῆς πόλεως δ´ οὕτως ἁλούσης
αἰσχρῶς καὶ κακῶς οἱ μὲν ἄρχουσι καὶ τυραννοῦσι, τοὺς τότε
σῴζοντας ἑαυτοὺς καὶ τὸν Εὐφραῖον ἑτοίμους ὁτιοῦν ποιεῖν
ὄντας τοὺς μὲν ἐκβαλόντες, τοὺς δ´ ἀποκτείναντες, ὁ δ´ Εὐφραῖος
ἐκεῖνος ἀπέσφαξεν ἑαυτόν, ἔργῳ μαρτυρήσας ὅτι καὶ
δικαίως καὶ καθαρῶς ὑπὲρ τῶν πολιτῶν ἀνθειστήκει Φιλίππῳ.
Τί οὖν ποτ´ αἴτιον, θαυμάζετ´ ἴσως, τὸ καὶ τοὺς Ὀλυνθίους
καὶ τοὺς Ἐρετριέας καὶ τοὺς Ὠρείτας ἥδιον πρὸς τοὺς
ὑπὲρ Φιλίππου λέγοντας ἔχειν ἢ τοὺς ὑπὲρ αὑτῶν; ὅπερ
καὶ παρ´ ὑμῖν, ὅτι τοῖς μὲν ὑπὲρ τοῦ βελτίστου λέγουσιν
οὐδὲ βουλομένοις ἔνεστιν ἐνίοτε πρὸς χάριν οὐδὲν εἰπεῖν·
τὰ γὰρ πράγματ´ ἀνάγκη σκοπεῖν ὅπως σωθήσεται· οἱ δ´ ἐν
αὐτοῖς οἷς χαρίζονται Φιλίππῳ συμπράττουσιν. εἰσφέρειν
ἐκέλευον, οἱ δ´ οὐδὲν δεῖν ἔφασαν· πολεμεῖν καὶ μὴ πιστεύειν,
οἱ δ´ ἄγειν εἰρήνην, ἕως ἐγκατελήφθησαν. τἄλλα τὸν αὐτὸν
τρόπον οἶμαι πάνθ´, ἵνα μὴ καθ´ ἕκαστα λέγω· οἱ μὲν ἐφ´ οἷς
χαριοῦνται, ταῦτ´ ἔλεγον, οἱ δ´ ἐξ ὧν ἔμελλον σωθήσεσθαι.
πολλὰ δὲ καὶ τὰ τελευταῖα οὐχ οὕτως πρὸς χάριν οὐδὲ δι´
ἄγνοιαν οἱ πολλοὶ προσίεντο, ἀλλ´ ὑποκατακλινόμενοι, ἐπειδὴ
τοῖς ὅλοις ἡττᾶσθαι ἐνόμιζον. ὃ νὴ τὸν Δία καὶ τὸν Ἀπόλλω
δέδοικ´ ἐγὼ μὴ πάθηθ´ ὑμεῖς, ἐπειδὰν εἰδῆτ´ ἐκλογιζόμενοι
μηδὲν ἔθ´ ὑμῖν ἐνόν. καίτοι μὴ γένοιτο μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
τὰ πράγματ´ ἐν τούτῳ· τεθνάναι δὲ μυριάκις κρεῖττον
ἢ κολακείᾳ τι ποιῆσαι Φιλίππου καὶ προέσθαι τῶν ὑπὲρ ὑμῶν
λεγόντων τινάς. καλήν γ´ οἱ πολλοὶ νῦν ἀπειλήφασιν Ὠρειτῶν
χάριν, ὅτι τοῖς Φιλίππου φίλοις ἐπέτρεψαν αὑτούς, τὸν
δ´ Εὐφραῖον ἐώθουν· καλήν γ´ ὁ δῆμος ὁ Ἐρετριέων, ὅτι
τοὺς ὑμετέρους πρέσβεις ἀπήλασε, Κλειτάρχῳ δ´ ἐνέδωκεν
αὑτόν· δουλεύουσί γε μαστιγούμενοι καὶ σφαττόμενοι. καλῶς
Ὀλυνθίων ἐφείσατο τῶν τὸν μὲν Λασθένην ἵππαρχον
χειροτονησάντων, τὸν δ´ Ἀπολλωνίδην ἐκβαλόντων. μωρία καὶ
κακία τὰ τοιαῦτ´ ἐλπίζειν, καὶ κακῶς βουλευομένους καὶ
μηδὲν ὧν προσήκει ποιεῖν ἐθέλοντας, ἀλλὰ τῶν ὑπὲρ τῶν
ἐχθρῶν λεγόντων ἀκροωμένους, τηλικαύτην ἡγεῖσθαι πόλιν
οἰκεῖν τὸ μέγεθος ὥστε 〈μηδέν〉, μηδ´ ἂν ὁτιοῦν ᾖ, δεινὸν
πείσεσθαι. καὶ μὴν ἐκεῖνό γ´ αἰσχρόν, ὕστερόν ποτ´ εἰπεῖν
‘τίς γὰρ ἂν ᾠήθη ταῦτα γενέσθαι; νὴ τὸν Δί´, ἔδει γὰρ τὸ
καὶ τὸ ποιῆσαι καὶ τὸ μὴ ποιῆσαι.’ πόλλ´ ἂν εἰπεῖν ἔχοιεν
Ὀλύνθιοι νῦν, ἃ τότ´ εἰ προείδοντο, οὐκ ἂν ἀπώλοντο·πόλλ´
ἂν Ὠρεῖται, πολλὰ Φωκεῖς, πολλὰ τῶν ἀπολωλότων ἕκαστοι.
ἀλλὰ τί τούτων ὄφελος αὐτοῖς; ἕως ἂν σῴζηται τὸ σκάφος,
ἄν τε μεῖζον ἄν τ´ ἔλαττον ᾖ, τότε χρὴ καὶ ναύτην καὶ
κυβερνήτην καὶ πάντ´ ἄνδρ´ ἑξῆς προθύμους εἶναι, καὶ ὅπως
μήθ´ ἑκὼν μήτ´ ἄκων μηδεὶς ἀνατρέψει, τοῦτο σκοπεῖσθαι·
ἐπειδὰν δ´ ἡ θάλαττα ὑπέρσχῃ, μάταιος ἡ σπουδή.
| [9,60] Pourrais-je compter tous les outrages, toutes les avanies dont il fut
abreuvé par les Oritains? Un an avant la prise d'Oréos, il signale comme traître
Philistide et ses complices, dont il avait découvert les manoeuvres; et une foule de
factieux, ameutés par Philippe, leur chorége et leur prytane, le traîne en prison,
comme perturbateur du repos public. Témoin de cette violence, le peuple, au lieu de
secourir l'opprimé et de chasser les oppresseurs, était sans indignation, disait, C'est
pour son bien qu'Euphrée souffre ce traitement; et s'égayait d'un tel spectacle. Ainsi
parvenus à la puissance qu'ils convoitaient, les traîtres préparèrent la prise de leur
ville, et nouèrent toutes leurs intrigues. Si quelqu'un, dans la multitude, s'en
apercevait, il se taisait, épouvanté par le souvenir des persécutions d'Euphrée.
Déplorable effet de la consternation générale! à la veille de la catastrophe, pas un
citoyen n'osa élever la voix, jusqu'au moment où l'ennemi, préparé à loisir, se
présenta au pied des remparts. Alors, les uns défendaient la ville, les autres la
trahissaient. Après qu'elle fut prise par ces infâmes moyens, les traîtres s'y érigent en
maîtres et en tyrans; les citoyens déterminés, qui avaient tout fait pour sauver
Euphrée, pour se sauver eux-mêmes, sont ou bannis ou massacrés. Pour le brave
Euphrée, il se coupa la gorge, et prouva par cette action que la justice et le pur
amour de la patrie l'avaient seuls armé contre Philippe. Vous cherchez peut-être
avec étonnement pour quelle raison Olynthe, Erétrie, Oréos écoutaient avec plus de
plaisir les partisans de Philippe que leurs propres défenseurs; cette raison, vous la
trouvez chez vous : c'est que les sages conseillers du peuple ne peuvent pas toujours,
quand ils le voudraient, tenir un langage agréable; car il faut, avant tout, aviser au
salut de l'Etat; mais les traîtres n'ont qu'à flatter les citoyens pour travailler aux
succès de Philippe. Apportez votre argent, disaient les uns. Non, répondaient les
autres, point de taxe ! — Guerre et méfiance ! était le cri des premiers. La paix! la
paix! répétaient les seconds jusqu'à l'heure de la catastrophe. Même opposition dans
tout le reste, que j'abrège. Chez ceux-ci la parole avait donc pour but le plaisir du
moment, le soin d'écarter tout ennui ; les discours de ceux-là auraient sauvé la
patrie, mais ils leur attiraient la haine. Qu'ont fait les peuples? ils ont à la fin jeté le
fardeau de leurs affaires. Était-ce hasard, complaisance ou ignorance? non, ils
cédaient, croyant tout perdu. Voilà, j'en atteste Jupiter et Apollon, voilà le sort que
j'appréhende pour vous, quand vous aurez reconnu l'impuissance des réflexions
tardives. Aussi, l'aspect des citoyens qui vous poussent sous le joug me fait frémir
d'horreur et d'effroi : car, soit perfidie, soit aveuglement, ils jetteront la patrie dans
l'abîme. Loin de vous, ô Athéniens! un sort aussi funeste ! Plutôt mourir mille fois,
que de sacrifier, par une lâche condescendance pour Philippe, quelques-uns de vos
fidèles orateurs ! La belle récompense qu'ont reçue les Oritains, pour avoir écouté les
créatures de Philippe et repoussé Euphrée ! La belle récompense pour les Érétriens,
d'avoir chassé vos ambassadeurs et livré leur ville à Clitarque! Esclaves, on ne leur
épargne ni verges, ni tortures. Quels ménagements envers les Olynthiens, pour avoir
mis Lasthène à la tète de leur cavalerie, et banni Apollonide! Être menacés d'un
pareil avenir, et prendre aussi des résolutions déplorables; ne pas vouloir exécuter
une seule mesure nécessaire, s'imaginer, sur la foi des suppôts de Philippe,
qu'Athènes, par sa grandeur, est à l'abri de tous les revers, c'est folie, c'est lâcheté.
Quelle honte, cependant, de s'écrier un jour, après quelque événement funeste :
Grand Jupiter! qui s'y serait attendu? mais aussi, il fallait prendre tel parti, il fallait
éviter tel piége! Mille réflexions de ce genre qui, faites à temps, auraient pu sauver
les peuples, seraient aujourd'hui faciles et aux Olynthiens, et aux Oritains, et aux
Phocidiens, et à chacune des républiques qui ont succombé : mais à quoi bon? Tant
qu'un navire, grand ou petit, n'est pas encore perdu, matelots, pilote, passagers
doivent tous concourir avec ardeur à empêcher la perfidie ou l'imprudence de le faire
périr ; mais les vagues l'ont-elles surmonté? tout effort devient inutile.
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