| [9,70] καὶ ἡμεῖς τοίνυν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἕως ἐσμὲν σῷοι, πόλιν
μεγίστην ἔχοντες, ἀφορμὰς πλείστας, ἀξίωμα κάλλιστον,
τί ποιῶμεν; πάλαι τις ἡδέως ἂν ἴσως ἐρωτήσας κάθηται.
ἐγὼ νὴ Δί´ ἐρῶ, καὶ γράψω δέ, ὥστ´ ἂν βούλησθε χειροτονήσετε. 
αὐτοὶ πρῶτον ἀμυνόμενοι καὶ παρασκευαζόμενοι,
τριήρεσι καὶ χρήμασι καὶ στρατιώταις λέγω· καὶ γὰρ ἂν
ἅπαντες δήπου δουλεύειν συγχωρήσωσιν οἱ ἄλλοι, ἡμῖν γ´
ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας ἀγωνιστέον· ταῦτα δὴ πάντ´ αὐτοὶ
παρεσκευασμένοι καὶ ποιήσαντες φανερὰ τοὺς ἄλλους ἤδη
παρακαλῶμεν, καὶ τοὺς ταῦτα διδάξοντας ἐκπέμπωμεν πρέσβεις πανταχοῖ, εἰς Πελοπόννησον, εἰς Ῥόδον, εἰς Χίον, ὡς βασιλέα 
λέγω (οὐδὲ γὰρ τῶν ἐκείνῳ συμφερόντων ἀφέστηκε τὸ μὴ
τοῦτον ἐᾶσαι πάντα καταστρέψασθαι), ἵν´ ἐὰν μὲν πείσητε,
κοινωνοὺς ἔχητε καὶ τῶν κινδύνων καὶ τῶν ἀναλωμάτων, ἄν
τι δέῃ, εἰ δὲ μή, χρόνους γ´ ἐμποιῆτε τοῖς πράγμασιν.
ἐπειδὴ γάρ ἐστι πρὸς ἄνδρα καὶ οὐχὶ συνεστώσης πόλεως
ἰσχὺν ὁ πόλεμος, οὐδὲ τοῦτ´ ἄχρηστον, οὐδ´ αἱ πέρυσιν
πρεσβεῖαι περὶ τὴν Πελοπόννησον ἐκεῖναι καὶ κατηγορίαι,
ἃς ἐγὼ καὶ Πολύευκτος ὁ βέλτιστος ἐκεινοσὶ καὶ Ἡγήσιππος 
καὶ οἱ ἄλλοι πρέσβεις περιήλθομεν, καὶ ἐποιήσαμεν 
ἐπισχεῖν ἐκεῖνον καὶ μήτ´ ἐπ´ Ἀμβρακίαν ἐλθεῖν μήτ´ εἰς
Πελοπόννησον ὁρμῆσαι. οὐ μέντοι λέγω μηδὲν αὐτοὺς
ὑπὲρ αὑτῶν ἀναγκαῖον ἐθέλοντας ποιεῖν, τοὺς ἄλλους παρακαλεῖν· 
καὶ γὰρ εὔηθες τὰ οἰκεῖ´ αὐτοὺς προϊεμένους τῶν
ἀλλοτρίων φάσκειν κήδεσθαι, καὶ τὰ παρόντα περιορῶντας
ὑπὲρ τῶν μελλόντων τοὺς ἄλλους φοβεῖν. οὐ λέγω ταῦτα,
ἀλλὰ τοῖς μὲν ἐν Χερρονήσῳ χρήματ´ ἀποστέλλειν φημὶ
δεῖν καὶ τἄλλ´ ὅς´ ἀξιοῦσι ποιεῖν, αὐτοὺς δὲ παρασκευάζεσθαι,
τοὺς δ´ ἄλλους Ἕλληνας συγκαλεῖν, συνάγειν, διδάσκειν,
νουθετεῖν· ταῦτ´ ἐστὶν πόλεως ἀξίωμ´ ἐχούσης ἡλίκον ὑμῖν
ὑπάρχει. εἰ δ´ οἴεσθε Χαλκιδέας τὴν Ἑλλάδα σώσειν ἢ
Μεγαρέας, ὑμεῖς δ´ ἀποδράσεσθαι τὰ πράγματα, οὐκ ὀρθῶς
οἴεσθε· ἀγαπητὸν γὰρ ἐὰν αὐτοὶ σῴζωνται τούτων ἑκάστοις.
ἀλλ´ ὑμῖν τοῦτο πρακτέον· ὑμῖν οἱ πρόγονοι τοῦτο τὸ γέρας
ἐκτήσαντο καὶ κατέλιπον μετὰ πολλῶν καὶ μεγάλων κινδύνων. 
εἰ δ´ ὃ βούλεται ζητῶν ἕκαστος καθεδεῖται, καὶ ὅπως
μηδὲν αὐτὸς ποιήσει σκοπῶν, πρῶτον μὲν οὐδὲ μήποθ´ εὕρῃ
τοὺς ποιήσοντας, ἔπειτα δέδοιχ´ ὅπως μὴ πάνθ´ ἅμ´ ὅς´
οὐ βουλόμεθα ποιεῖν ἡμῖν ἀνάγκη γενήσεται.
(76) Ἐγὼ μὲν δὴ ταῦτα λέγω, ταῦτα γράφω· καὶ οἴομαι καὶ
νῦν ἔτ´ ἐπανορθωθῆναι ἂν τὰ πράγματα τούτων γιγνομένων.
εἰ δέ τις ἔχει τούτων τι βέλτιον, λεγέτω καὶ συμβουλευέτω.
ὅ τι δ´ ὑμῖν δόξει, τοῦτ´, ὦ πάντες θεοί, συνενέγκοι. 
 | [9,70] Ainsi,Athéniens, tant que notre  république est encore debout, soutenue par de  grandes forces, d'innombrables ressources et la  plus brillante considération, que 
ferons-nous?  
Depuis longtemps, peut-être, quelqu'un dans  cette assemblée brûle de me le 
demander. Eh  bien ! je vais le dire, et même en proposer le décret, afin que vous en 
ordonniez l'exécution, si  vous l'approuvez. Commençons par nous mettre nous-mêmes en  défense, par nous munir de trirèmes, d'argent,  j'ajoute même de soldats 
: en effet, quand tous  les autres peuples présenteraient la tête au joug,  Athènes 
devrait combattre pour la liberté. Après  tous ces préparatifs, faits sous les yeux de 
la  Grèce, appelons à nous ses autres enfants; que  partout des ambassadeurs aillent 
notifier nos résolutions dans le Péloponèse, à Rhodes, à Chios,  même à la cour de 
Perse : car il n'est pas inutile  aux intérêts du grand roi d'empêcher Philippe  de tout 
subjuguer. Si vos raisons persuadent,  vous aurez, au besoin, des associés et pour le 
péril et pour la défense; sinon, vous gagnerez au  moins du temps. Et, comme vous 
avez la guerre  avec un souverain, non avec une république  composée de plusieurs 
têtes, ce délai ne vous  sera pas inutile. Tel fut, l'an dernier, le fruit de  nos 
ambassades dans le Péloponèse, et de ces protestations que firent circuler, de concert 
avec moi, Polyeucte, cet excellent citoyen, Hégésippe,  Clitomaque, Lycurgue et nos 
autres collègues,  protestations qui arrêtèrent Philippe prêt à marcher sur Ambracie 
et à faire irruption dans le  Péloponèse. Toutefois, je ne dis pas: En vous dispensant 
de  tous les soins qu'exige votre propre salut, appelez  aux armes les autres Hellènes. 
Il serait absurde  d'abandonner le soin de vos affaires, et d'annoncer une vive 
sollicitude pour celles d'autrui; de  jeter sur le présent un regard d'indifférence, et  
d'effrayer les autres sur l'avenir. Non, tel n'est  point mon langage; mais je dis : 
Payons nos  troupes de la Chersonèse; tout ce qu'elles demandent, faisons-le. Il faut 
nous armer les premiers,  il faut donner l'exemple; puis convoquer, coaliser, instruire, 
exciter le reste de la Grèce. Voila  ce qui convient à la majesté d'Athènes. Ce serait  
une erreur de croire que Chalcis ou Mégare sauveront la commune patrie, tandis que 
vous fuirez  les travaux : trop heureuses ces deux villes si elles peuvent se sauver 
elles-mêmes ! A vous seuls  appartient cette tâche : noble privilége que vos  ancêtres 
ont acheté et transmis à leurs enfants  par tant de périls et tant de gloire ! Mais, si 
chaque Athénien, toujours inactif, n'a d'empressement que pour ce qui le flatte, 
d'attention que pour  prolonger sa paresse, d'abord il ne trouvera personne pour le 
remplacer; ensuite, le fardeau que  nous repoussons, la nécessité, je le crains, viendra 
nous l'imposer : car, s'il existait pour la  Grèce d'autres libérateurs, elle les aurait 
trouvés depuis longtemps, grâce à votre refus d'agir; mais non, il n'en est point. Tel 
est l'avis, tel est le décret que je propose,  et dont l'exécution peut encore, je crois, 
rétablir nos affaires. Quelqu'un a-t-il conçu un projet plus salutaire? qu'il parle, qu'il 
vous le communique. Quelle que soit votre décision, fassent  les dieux qu'elle tourne 
à votre avantage! 
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