HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, Discours IX

Paragraphes 20-29

  Paragraphes 20-29

[9,20] ἀλλ´ ἐπαμῦναι μὲν τούτοις, καὶ διατηρῆσαι μή τι πάθωσι, καὶ τοῖς οὖσιν ἐκεῖ νῦν στρατιώταις πάνθ´ ὅσων ἂν δέωνται ἀποστεῖλαι, βουλεύεσθαι μέντοι περὶ πάντων τῶν Ἑλλήνων ὡς ἐν κινδύνῳ μεγάλῳ καθεστώτων. βούλομαι δ´ εἰπεῖν πρὸς ὑμᾶς ἐξ ὧν ὑπὲρ τῶν πραγμάτων οὕτω φοβοῦμαι, ἵν´, εἰ μὲν ὀρθῶς λογίζομαι, μετάσχητε τῶν λογισμῶν καὶ πρόνοιάν τιν´ ὑμῶν γ´ αὐτῶν, εἰ μὴ καὶ τῶν ἄλλων ἄρα βούλεσθε, ποιήσησθε, ἂν δὲ ληρεῖν καὶ τετυφῶσθαι δοκῶ, μήτε νῦν μήτ´ αὖθις ὡς ὑγιαίνοντί μοι προσέχητε. Ὅτι μὲν δὴ μέγας ἐκ μικροῦ καὶ ταπεινοῦ τὸ κατ´ ἀρχὰς Φίλιππος ηὔξηται, καὶ ἀπίστως καὶ στασιαστικῶς ἔχουσι πρὸς αὑτοὺς οἱ Ἕλληνες, καὶ ὅτι πολλῷ παραδοξότερον ἦν τοσοῦτον αὐτὸν ἐξ ἐκείνου γενέσθαι νῦν, ὅθ´ οὕτω πολλὰ προείληφε, καὶ τὰ λοιπὰ ὑφ´ αὑτῷ ποιήσασθαι, καὶ πάνθ´ ὅσα τοιαῦτ´ ἂν ἔχοιμι διεξελθεῖν, παραλείψω. ἀλλ´ ὁρῶ συγκεχωρηκότας ἅπαντας ἀνθρώπους, ἀφ´ ὑμῶν ἀρξαμένους, αὐτῷ, ὑπὲρ οὗ τὸν ἄλλον ἅπαντα χρόνον πάντες οἱ πόλεμοι γεγόνασιν οἱ Ἑλληνικοί. τί οὖν ἐστι τοῦτο; τὸ ποιεῖν τι βούλεται, καὶ καθ´ ἕν´ οὑτωσὶ περικόπτειν καὶ λωποδυτεῖν τῶν Ἑλλήνων, καὶ καταδουλοῦσθαι τὰς πόλεις ἐπιόντα. καίτοι προστάται μὲν ὑμεῖς ἑβδομήκοντ´ ἔτη καὶ τρία τῶν Ἑλλήνων ἐγένεσθε, προστάται δὲ τριάκονθ´ ἑνὸς δέοντα Λακεδαιμόνιοι· ἴσχυσαν δέ τι καὶ Θηβαῖοι τουτουσὶ τοὺς τελευταίους χρόνους μετὰ τὴν ἐν Λεύκτροις μάχην. ἀλλ´ ὅμως οὔθ´ ὑμῖν οὔτε Θηβαίοις οὔτε Λακεδαιμονίοις οὐδεπώποτ´, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, συνεχωρήθη τοῦθ´ ὑπὸ τῶν Ἑλλήνων, ποιεῖν τι βούλοισθε, οὐδὲ πολλοῦ δεῖ· ἀλλὰ τοῦτο μὲν ὑμῖν, μᾶλλον δὲ τοῖς τότ´ οὖσιν Ἀθηναίοις, ἐπειδή τισιν οὐ μετρίως ἐδόκουν προσφέρεσθαι, πάντες ᾤοντο δεῖν, καὶ οἱ μηδὲν ἐγκαλεῖν ἔχοντες αὐτοῖς, μετὰ τῶν ἠδικημένων πολεμεῖν· καὶ πάλιν Λακεδαιμονίοις ἄρξασι καὶ παρελθοῦσιν εἰς τὴν αὐτὴν δυναστείαν ὑμῖν, ἐπειδὴ πλεονάζειν ἐπεχείρουν καὶ πέρα τοῦ μετρίου τὰ καθεστηκότ´ ἐκίνουν, πάντες εἰς πόλεμον κατέστησαν, καὶ οἱ μηδὲν ἐγκαλοῦντες αὐτοῖς. καὶ τί δεῖ τοὺς ἄλλους λέγειν; ἀλλ´ ἡμεῖς αὐτοὶ καὶ Λακεδαιμόνιοι, οὐδὲν ἂν εἰπεῖν ἔχοντες ἐξ ἀρχῆς τι ἠδικούμεθ´ ὑπ´ ἀλλήλων, ὅμως ὑπὲρ ὧν τοὺς ἄλλους ἀδικουμένους ἑωρῶμεν, πολεμεῖν ᾠόμεθα δεῖν. καίτοι πάνθ´ ὅς´ ἐξημάρτηται καὶ Λακεδαιμονίοις ἐν τοῖς τριάκοντ´ ἐκείνοις ἔτεσιν καὶ τοῖς ἡμετέροις προγόνοις ἐν τοῖς ἑβδομήκοντα, ἐλάττον´ ἐστίν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὧν Φίλιππος ἐν τρισὶ καὶ δέκ´ οὐχ ὅλοις ἔτεσιν, οἷς ἐπιπολάζει, ἠδίκηκε τοὺς Ἕλληνας, μᾶλλον δ´ οὐδὲ μέρος τούτων ἐκεῖνα. καὶ τοῦτ´ ἐκ βραχέος λόγου ῥᾴδιον δεῖξαι. Ὄλυνθον μὲν δὴ καὶ Μεθώνην καὶ Ἀπολλωνίαν καὶ δύο καὶ τριάκοντα πόλεις ἐπὶ Θρᾴκης ἐῶ, ἃς ἁπάσας οὕτως ὠμῶς ἀνῄρηκεν ὥστε μηδ´ εἰ πώποτ´ ᾠκήθησαν προσελθόντ´ εἶναι ῥᾴδιον εἰπεῖν· καὶ τὸ Φωκέων ἔθνος τοσοῦτον ἀνῃρημένον σιωπῶ. ἀλλὰ Θετταλία πῶς ἔχει; οὐχὶ τὰς πολιτείας καὶ τὰς πόλεις αὐτῶν παρῄρηται καὶ τετραρχίας κατέστησεν, ἵνα μὴ μόνον κατὰ πόλεις ἀλλὰ καὶ κατ´ ἔθνη δουλεύωσιν; αἱ δ´ ἐν Εὐβοίᾳ πόλεις οὐκ ἤδη τυραννοῦνται, καὶ ταῦτ´ ἐν νήσῳ πλησίον Θηβῶν καὶ Ἀθηνῶν; οὐ διαρρήδην εἰς τὰς ἐπιστολὰς γράφειἐμοὶ δ´ ἐστὶν εἰρήνη πρὸς τοὺς ἀκούειν ἐμοῦ βουλομένους’; καὶ οὐ γράφει μὲν ταῦτα, τοῖς δ´ ἔργοις οὐ ποιεῖ, ἀλλ´ ἐφ´ Ἑλλήσποντον οἴχεται, πρότερον ἧκεν ἐπ´ Ἀμβρακίαν, Ἦλιν ἔχει τηλικαύτην πόλιν ἐν Πελοποννήσῳ, Μεγάροις ἐπεβούλευσεν πρώην, οὔθ´ Ἑλλὰς οὔθ´ βάρβαρος τὴν πλεονεξίαν χωρεῖ τἀνθρώπου. καὶ ταῦθ´ ὁρῶντες οἱ Ἕλληνες ἅπαντες καὶ ἀκούοντες οὐ πέμπομεν πρέσβεις περὶ τούτων πρὸς ἀλλήλους κἀγανακτοῦμεν, οὕτω δὲ κακῶς διακείμεθα καὶ διορωρύγμεθα κατὰ πόλεις ὥστ´ ἄχρι τῆς τήμερον ἡμέρας οὐδὲν οὔτε τῶν συμφερόντων οὔτε τῶν δεόντων πρᾶξαι δυνάμεθα, οὐδὲ συστῆναι, οὐδὲ κοινωνίαν βοηθείας καὶ φιλίας οὐδεμίαν ποιήσασθαι, ἀλλὰ μείζω γιγνόμενον τὸν ἄνθρωπον περιορῶμεν, τὸν χρόνον κερδᾶναι τοῦτον ὃν ἄλλος ἀπόλλυται ἕκαστος ἐγνωκώς, ὥς γ´ ἐμοὶ δοκεῖ, οὐχ ὅπως σωθήσεται τὰ τῶν Ἑλλήνων σκοπῶν οὐδὲ πράττων, ἐπεί, ὅτι γ´ ὥσπερ περίοδος καταβολὴ πυρετοῦ ἄλλου τινὸς κακοῦ καὶ τῷ πάνυ πόρρω δοκοῦντι νῦν ἀφεστάναι προσέρχεται, οὐδεὶς ἀγνοεῖ. [9,20] faites-y voler des secours, préservez-les de toute insulte, envoyez sur les lieux à vos soldats tout ce qui leur manque; concertez-vous ensuite sur les moyens de sauver la Grèce entière, menacée du plus affreux péril ! J'ajouterai pourquoi sa situation m'inspire de si vives alarmes. Si je raisonne juste, entrez dans mes raisons, et, pour vous-mêmes au moins, prenez quelques précautions que vous refusez au salut des autres. Si je vous parais frappé d'une terreur délirante, ni aujourd'hui, ni à l'avenir n'écoutez plus un insensé. Philippe, d'un rang si obscur et si bas, élevé par degrés à la plus haute fortune ; les Hellènes en proie à la défiance et à la discorde; la soumission du reste de la Grèce au Macédonien devenue moins incroyable, après ses nombreuses conquêtes, que ne l'était tant de puissance après tant de faiblesse; mille autres réflexions de ce genre dans lesquelles je pourrais entrer, voilà ce que je supprime. Mais je considère que tous les peuples, à commencer par vous, ont accordé à Philippe un droit qui fut toujours une source de guerre parmi les Grecs. Quel est ce droit? celui de faire tout ce qu'il lui plaît, de mutiler, de dépouiller la Grèce en détail, d'envahir, d'asservir ses cités. La prééminence sur les Hellènes fut, pendant soixante-treize années, exercée par vous, vingt-neuf ans par Lacédémone; et, dans ces derniers temps, Thèbes reçut de la victoire de Leuctres une sorte de supériorité : jamais cependant, ô Athéniens! ni à vous, ni aux Thébains, ni aux Lacédémoniens la Grèce n'abandonna une puissance absolue. Au contraire, dès que vous, disons mieux, dès que les Athéniens d'alors semblaient s'écarter des bornes de la modération envers quelque État, tous croyaient devoir courir aux armes, et ceux qui n'avaient pas d'injures à venger se liguaient avec l'offensé. Lacédémone domine à son tour, et notre suprématie a passé dans ses mains : mais elle essaye de la tyrannie, elle ébranle violemment les anciennes institutions, et aussitôt tous les Grecs, même ceux qu'elle a ménagés, se relèvent pour la combattre. Pourquoi citer d'autres exemples? Nous-mêmes et les Lacédémoniens, sans avoir, dans le principe, aucun sujet de plainte réciproque, nous avons regardé la guerre entre nous comme un devoir pour venger les torts faits à d'autres peuples sous nos yeux. Néanmoins, toutes les fautes commises, soit par les Lacédémoniens, soit par nos pères pendant un siècle, sont peu de chose, Athéniens, ou plutôt ne sont rien, comparées aux attentats de Philippe contre la Grèce depuis treize ans au plus qu'il à commencé à surgir. Peu de mots suffiront pour le prouver. Je ne citerai ni Olynthe, ni Méthone, ni Apollonie, ni trente-deux villes de Thrace détruites avec une telle fureur, qu'à leur aspect le voyageur ne pourrait affirmer si jamais elles furent habitées. Je ne parle pas de la Phocide si puissante, morte aujourd'hui. Mais les Thessaliens, où en sont-ils ? N'a-t-il pas confisqué à son profit leurs villes, leurs gouvernements? Ne leur a-t-il pas imposé des tétrarques, afin de les ranger sous le joug non seulement par cités, mais encore par peuplades ? N'a-t-il pas livré à des tyrans les villes de l'Eubée, île voisine de Thèbes et d'Athènes? Ses lettres ne contiennent-elles pas cette déclaration formelle : Je ne suis en paix qu'avec ceux qui veulent m'obéir? C'est peu de l'écrire, il l'exécute : il marche vers l'Hellespont; il est déjà tombé sur Ambracie; il possède Mis, ville si importante du Péloponèse; dernièrement il cherchait à surprendre Mégare. La Grèce, les contrées barbares sont trop étroites pour l'ambition de ce chétif mortel. Tout ce que nous sommes de Grecs, nous le savons, nous le voyons, et nous ne sommes pas indignés ! Au lieu de nous envoyer des ambassades réciproques, lâchement indifférents, isolés derrière les fossés de nos villes, jusqu'à ce jour nous n'avons pu rien faire pour l'utilité commune, rien pour le devoir, ni former une ligue, ni réunir nos coeurs et nos bras. D'un oeil tranquille chaque peuple voit cet homme grandir, semble compter comme gagné pour lui le temps employé à la destruction d'un autre, et ne donne au salut de la Grèce ni une pensée, ni un effort. Personne n'ignore pourtant que, semblable aux accès périodiques de la fièvre ou de quelque autre épidémie, Philippe atteint celui-là même qui se croit le plus éloigné du péril.


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Dernière mise à jour : 4/09/2008