[9,10] Καὶ μὴν εἰ μέχρι τούτου περιμενοῦμεν, ἕως ἂν ἡμῖν
ὁμολογήσῃ πολεμεῖν, πάντων ἐσμὲν εὐηθέστατοι· οὐδὲ γὰρ
ἂν ἐπὶ τὴν Ἀττικὴν αὐτὴν βαδίζῃ καὶ τὸν Πειραιᾶ, τοῦτ´
ἐρεῖ, εἴπερ οἷς πρὸς τοὺς ἄλλους πεποίηκε δεῖ τεκμαίρεσθαι.
τοῦτο μὲν γὰρ Ὀλυνθίοις, τετταράκοντ´ ἀπέχων τῆς πόλεως
στάδια, εἶπεν ὅτι δεῖ δυοῖν θάτερον, ἢ ἐκείνους ἐν Ὀλύνθῳ
μὴ οἰκεῖν ἢ αὑτὸν ἐν Μακεδονίᾳ, πάντα τὸν ἄλλον χρόνον,
εἴ τις αὐτὸν αἰτιάσαιτό τι τοιοῦτον, ἀγανακτῶν καὶ πρέσβεις
πέμπων τοὺς ἀπολογησομένους· τοῦτο δ´ εἰς Φωκέας ὡς
πρὸς συμμάχους ἐπορεύετο, καὶ πρέσβεις Φωκέων ἦσαν οἳ
παρηκολούθουν αὐτῷ πορευομένῳ, καὶ παρ´ ἡμῖν ἤριζον οἱ
πολλοὶ Θηβαίοις οὐ λυσιτελήσειν τὴν ἐκείνου πάροδον.
καὶ μὴν καὶ Φερὰς πρώην ὡς φίλος καὶ σύμμαχος εἰς
Θετταλίαν ἐλθὼν ἔχει καταλαβών, καὶ τὰ τελευταῖα τοῖς
ταλαιπώροις Ὠρείταις τουτοισὶ ἐπισκεψομένους ἔφη τοὺς
στρατιώτας πεπομφέναι κατ´ εὔνοιαν· πυνθάνεσθαι γὰρ
αὐτοὺς ὡς νοσοῦσι καὶ στασιάζουσιν, συμμάχων δ´ εἶναι
καὶ φίλων ἀληθινῶν ἐν τοῖς τοιούτοις καιροῖς παρεῖναι. εἶτ´
οἴεσθ´ αὐτόν, οἳ ἐποίησαν μὲν οὐδὲν ἂν κακόν, μὴ παθεῖν
δ´ ἐφυλάξαντ´ ἂν ἴσως, τούτους μὲν ἐξαπατᾶν αἱρεῖσθαι
μᾶλλον ἢ προλέγοντα βιάζεσθαι, ὑμῖν δ´ ἐκ προρρήσεως
πολεμήσειν, καὶ ταῦθ´ ἕως ἂν ἑκόντες ἐξαπατᾶσθε; οὐκ ἔστι
ταῦτα· καὶ γὰρ ἂν ἀβελτερώτατος εἴη πάντων ἀνθρώπων,
εἰ τῶν ἀδικουμένων ὑμῶν μηδὲν ἐγκαλούντων αὐτῷ, ἀλλ´
ὑμῶν αὐτῶν τινὰς αἰτιωμένων, ἐκεῖνος ἐκλύσας τὴν πρὸς
ἀλλήλους ἔριν ὑμῶν καὶ φιλονικίαν ἐφ´ αὑτὸν προείποι τρέπεσθαι,
καὶ τῶν παρ´ ἑαυτοῦ μισθοφορούντων τοὺς λόγους
ἀφέλοιτο, οἷς ἀναβάλλουσιν ὑμᾶς, λέγοντες ὡς ἐκεῖνός γ´
οὐ πολεμεῖ τῇ πόλει.
Ἀλλ´ ἔστιν, ὦ πρὸς τοῦ Διός, ὅστις εὖ φρονῶν ἐκ τῶν
ὀνομάτων μᾶλλον ἢ τῶν πραγμάτων τὸν ἄγοντ´ εἰρήνην ἢ
πολεμοῦνθ´ αὑτῷ σκέψαιτ´ ἄν; οὐδεὶς δήπου. ὁ τοίνυν
Φίλιππος ἐξ ἀρχῆς, ἄρτι τῆς εἰρήνης γεγονυίας, οὔπω Διοπείθους στρατηγοῦντος οὐδὲ τῶν ὄντων ἐν Χερρονήσῳ νῦν
ἀπεσταλμένων, Σέρριον καὶ Δορίσκον ἐλάμβανε καὶ τοὺς
ἐκ Σερρείου τείχους καὶ Ἱεροῦ ὄρους στρατιώτας ἐξέβαλλεν,
οὓς ὁ ὑμέτερος στρατηγὸς κατέστησεν. καίτοι ταῦτα πράττων
τί ἐποίει; εἰρήνην μὲν γὰρ ὠμωμόκει. καὶ μηδεὶς
εἴπῃ, ‘τί δὲ ταῦτ´ ἐστίν, ἢ τί τούτων μέλει τῇ πόλει;’ εἰ μὲν
γὰρ μικρὰ ταῦτα, ἢ μηδὲν ὑμῖν αὐτῶν ἔμελεν, ἄλλος ἂν εἴη
λόγος οὗτος· τὸ δ´ εὐσεβὲς καὶ τὸ δίκαιον, ἄν τ´ ἐπὶ μικροῦ
τις ἄν τ´ ἐπὶ μείζονος παραβαίνῃ, τὴν αὐτὴν ἔχει δύναμιν.
φέρε δὴ νῦν, ἡνίκ´ εἰς Χερρόνησον, ἣν βασιλεὺς καὶ πάντες
οἱ Ἕλληνες ὑμετέραν ἐγνώκασιν εἶναι, ξένους εἰσπέμπει
καὶ βοηθεῖν ὁμολογεῖ καὶ ἐπιστέλλει ταῦτα, τί ποιεῖ; φησὶ
μὲν γὰρ οὐ πολεμεῖν, ἐγὼ δὲ τοσούτου δέω ταῦτα ποιοῦντ´
ἐκεῖνον ἄγειν ὁμολογεῖν τὴν πρὸς ὑμᾶς εἰρήνην, ὥστε καὶ
Μεγάρων ἁπτόμενον κἀν Εὐβοίᾳ τυραννίδα κατασκευάζοντα
καὶ νῦν ἐπὶ Θρᾴκην παριόντα καὶ τἀν Πελοποννήσῳ
σκευωρούμενον καὶ πάνθ´ ὅσα πράττει μετὰ τῆς δυνάμεως
ποιοῦντα, λύειν φημὶ τὴν εἰρήνην καὶ πολεμεῖν ὑμῖν, εἰ μὴ καὶ
τοὺς τὰ μηχανήματ´ ἐφιστάντας εἰρήνην ἄγειν φήσετε, ἕως
ἂν αὐτὰ τοῖς τείχεσιν ἤδη προσαγάγωσιν. ἀλλ´ οὐ φήσετε·
ὁ γὰρ οἷς ἂν ἐγὼ ληφθείην, ταῦτα πράττων καὶ κατασκευαζόμενος, οὗτος ἐμοὶ πολεμεῖ, κἂν μήπω βάλλῃ μηδὲ τοξεύῃ.
τίσιν οὖν ὑμεῖς κινδυνεύσαιτ´ ἄν, εἴ τι γένοιτο; τῷ τὸν
Ἑλλήσποντον ἀλλοτριωθῆναι, τῷ Μεγάρων καὶ τῆς Εὐβοίας
τὸν πολεμοῦνθ´ ὑμῖν γενέσθαι κύριον, τῷ Πελοποννησίους
τἀκείνου φρονῆσαι. εἶτα τὸν τοῦτο τὸ μηχάνημ´ ἐπὶ τὴν
πόλιν ἱστάντα, τοῦτον εἰρήνην ἄγειν ἐγὼ φῶ πρὸς ὑμᾶς;
πολλοῦ γε καὶ δεῖ, ἀλλ´ ἀφ´ ἧς ἡμέρας ἀνεῖλε Φωκέας, ἀπὸ
ταύτης ἔγωγ´ αὐτὸν πολεμεῖν ὁρίζομαι. ὑμᾶς δ´, ἐὰν ἀμύνησθ´
ἤδη, σωφρονήσειν φημί, ἐὰν δ´ ἐάσητε, οὐδὲ τοῦθ´
ὅταν βούλησθε δυνήσεσθαι ποιῆσαι. καὶ τοσοῦτόν γ´
ἀφέστηκα τῶν ἄλλων, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῶν συμβουλευόντων,
ὥστ´ οὐδὲ δοκεῖ μοι περὶ Χερρονήσου νῦν σκοπεῖν οὐδὲ Βυζαντίου,
| [9,10] Attendrons-nous que lui-même avoue ses hostilités? nous serions les plus simples
des hommes. Non, lors même qu'il marcherait contre l'Attique et le Pirée, il n'en
conviendrait pas : j'en atteste sa conduite envers les autres peuples. Aux Olynthiens,
dès que quarante stades seulement le séparent de leurs murs, il impose l'alternative
ou de quitter Olynthe, ou de le chasser de la Macédoine. Jusqu'alors, accusez-le de
former de semblables projets, il s'indigne, il se justifie par des ambassadeurs. Vers
les Phocidiens il s'achemine comme vers des alliés, des amis; leurs députés marchent
même à sa suite; et plus d'un Athénien soutient avec chaleur que ce voyage menace
les Thébains. Récemment encore, entré en Thessalie, sous prétexte de bienveillance
et de confédération, il surprend et garde la ville de Phères. Et dernièrement, aux
malheureux Oritains il répond : J'ai envoyé mes soldats vous visiter : c'est par
amour pour vous, car j'ai appris que vous êtes déchirés par les factions; le devoir
d'un allié, d'un ami véritable, est de se montrer dans de pareilles circonstances.
Pensez-vous donc, Athéniens, qu'ayant préféré la ruse à la force ouverte contre des
peuples trop faibles pour lui nuire, et capables tout au plus de se garantir de ses
coups, Philippe ne vous fera la guerre qu'après avoir lancé un manifeste? et cela,
quand vous conspirez à vous tromper? Non, il n'en fera rien. II serait le plus stupide
des hommes si, tandis que vous, victimes de ses injustices, vous en accusez, non
leur auteur, mais vos propres concitoyens, que vous voulez punir, étouffant vos
discordes, vos querelles intestines, il vous avertissait de vous tourner contre lui, et
fermait la bouche aux orateurs qu'il salarie et qui vous endorment en répétant : Non,
Philippe ne fait point la guerre à la république. Mais, grands dieux ! avec le sens
commun, quel homme décidera sur les paroles plutôt que sur les faits, si l'on est en
paix ou en guerre avec lui? personne. Or, la paix venait d'être conclue, Diopithe ne
commandait pas encore vos troupes, le renfort qui est maintenant dans la
Chersonèse n'était point parti, et déjà Philippe s'emparait de Serrhium et
de Doriskos, et il chassait du fort de Serrhium et de Mont-Sacré les garnisons placées
par notre général. Comment qualifier une telle conduite? il avait juré la paix ! Et
n'allez pas dire: Qu'est-ce que ces places? de quel intérêt sont-elles pour Athènes? Si
ces places sont peu importantes, si elles n'attiraient point vos regards, c'est une
autre question ; mais violer la justice et la religion du serment dans les petites
choses ou dans les grandes, c'est être également coupable. Poursuivons : aujourd'hui
qu'il envoie ses mercenaires étrangers dans cette Chersonèse reconnue par le roi de
Perse, par tous les Grecs, comme votre propriété; aujourd'hui qu'il soutient des
rebelles, qu'il en convient, qu'il vous l'écrit, que fait-il ? Selon lui, ce n'est pas là vous
faire la guerre. Pour moi, loin de convenir que de telles actions sont conformes à la
paix, quand je le vois mettre la main sur Mégare, organiser la tyrannie dans l'Eubée,
pénétrer actuellement dans la Thrace, intriguer dans le Péloponèse, exécuter tant de
projets avec l'épée, j'affirme qu'il a rompu la paix et commencé les hostilités. Peut-être direz-vous que faire avancer des machines de guerre contre une place, c'est
observer la paix, tant qu'on ne les a pas braquées contre les murailles. Mais non :
quiconque dispose tout pour ma perte m'attaque dès lors, bien qu'il ne lance encore
ni javelot ni flèche. Aussi, quels seraient vos péris s'il survenait quelque événement !
Vous perdriez l'Hellespont ; Mégare et l'Eubée tomberaient en la puissance de
l'homme armé contre vous, le Péloponèse embrasserait sa cause. Après cela, je
dirai que celui qui dresse de telles batteries contre Athènes est en paix avec Athènes!
Loin de là, du jour où il extermina la Phocide, je date le retour de ses hostilités contre
nous. Dès aujourd'hui repoussez-le donc, si vous êtes sages. Si vous différez, adieu
le pouvoir d'agir, quand viendra la volonté ! Quelle distance, ô Athéniens, entre mon
opinion et celle de vos autres conseillers, puisque je vous dis : C'est peu de porter vos
regards vers la Chersonèse et vers Byzance,
|