HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, Discours IX

Paragraphes 0-9

  Paragraphes 0-9

[9,0] NEUVIÈME PHILIPPIQUE. (1) Πολλῶν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, λόγων γιγνομένων ὀλίγου δεῖν καθ´ ἑκάστην ἐκκλησίαν περὶ ὧν Φίλιππος, ἀφ´ οὗ τὴν εἰρήνην ἐποιήσατο, οὐ μόνον ὑμᾶς, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους ἀδικεῖ, καὶ πάντων οἶδ´ ὅτι φησάντων γ´ ἄν, εἰ καὶ μὴ ποιοῦσι τοῦτο, καὶ λέγειν δεῖν καὶ πράττειν ὅπως ἐκεῖνος παύσεται τῆς ὕβρεως καὶ δίκην δώσει, εἰς τοῦθ´ ὑπηγμένα πάντα τὰ πράγματα καὶ προειμέν´ ὁρῶ, ὥστε δέδοικα μὴ βλάσφημον μὲν εἰπεῖν, ἀληθὲς δ´ · εἰ καὶ λέγειν ἅπαντες ἐβούλονθ´ οἱ παριόντες καὶ χειροτονεῖν ὑμεῖς ἐξ ὧν ὡς φαυλότατ´ ἔμελλε τὰ πράγμαθ´ ἕξειν, οὐκ ἂν ἡγοῦμαι δύνασθαι χεῖρον νῦν διατεθῆναι. πολλὰ μὲν οὖν ἴσως ἐστὶν αἴτια τούτων, καὶ οὐ παρ´ ἓν οὐδὲ δύ´ εἰς τοῦτο τὰ πράγματ´ ἀφῖκται, μάλιστα δ´, ἄνπερ ἐξετάζητ´ ὀρθῶς, εὑρήσετε διὰ τοὺς χαρίζεσθαι μᾶλλον τὰ βέλτιστα λέγειν προαιρουμένους, ὧν τινες μέν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐν οἷς εὐδοκιμοῦσιν αὐτοὶ καὶ δύνανται, ταῦτα φυλάττοντες οὐδεμίαν περὶ τῶν μελλόντων πρόνοιαν ἔχουσιν, οὐκοῦν οὐδ´ ὑμᾶς οἴονται δεῖν ἔχειν, ἕτεροι δὲ τοὺς ἐπὶ τοῖς πράγμασιν ὄντας αἰτιώμενοι καὶ διαβάλλοντες οὐδὲν ἄλλο ποιοῦσιν ὅπως μὲν πόλις αὐτὴ παρ´ αὑτῆς δίκην λήψεται καὶ περὶ τοῦτ´ ἔσται, Φιλίππῳ δ´ ἐξέσται καὶ λέγειν καὶ πράττειν τι βούλεται. αἱ δὲ τοιαῦται πολιτεῖαι συνήθεις μέν εἰσιν ὑμῖν, αἴτιαι δὲ τῶν κακῶν. ἀξιῶ δ´, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἄν τι τῶν ἀληθῶν μετὰ παρρησίας λέγω, μηδεμίαν μοι διὰ τοῦτο παρ´ ὑμῶν ὀργὴν γενέσθαι. σκοπεῖτε γὰρ ὡδί. ὑμεῖς τὴν παρρησίαν ἐπὶ μὲν τῶν ἄλλων οὕτω κοινὴν οἴεσθε δεῖν εἶναι πᾶσι τοῖς ἐν τῇ πόλει, ὥστε καὶ τοῖς ξένοις καὶ τοῖς δούλοις αὐτῆς μεταδεδώκατε, καὶ πολλοὺς ἄν τις οἰκέτας ἴδοι παρ´ ἡμῖν μετὰ πλείονος ἐξουσίας τι βούλονται λέγοντας πολίτας ἐν ἐνίαις τῶν ἄλλων πόλεων, ἐκ δὲ τοῦ συμβουλεύειν παντάπασιν ἐξεληλάκατε. εἶθ´ ὑμῖν συμβέβηκεν ἐκ τούτου ἐν μὲν ταῖς ἐκκλησίαις τρυφᾶν καὶ κολακεύεσθαι πάντα πρὸς ἡδονὴν ἀκούουσιν, ἐν δὲ τοῖς πράγμασι καὶ τοῖς γιγνομένοις περὶ τῶν ἐσχάτων ἤδη κινδυνεύειν. εἰ μὲν οὖν καὶ νῦν οὕτω διάκεισθε, οὐκ ἔχω τί λέγω· εἰ δ´ συμφέρει χωρὶς κολακείας ἐθελήσετ´ ἀκούειν, ἕτοιμος λέγειν. καὶ γὰρ εἰ πάνυ φαύλως τὰ πράγματ´ ἔχει καὶ πολλὰ προεῖται, ὅμως ἔστιν, ἐὰν ὑμεῖς τὰ δέοντα ποιεῖν βούλησθε, ἔτι πάντα ταῦτ´ ἐπανορθώσασθαι. καὶ παράδοξον μὲν ἴσως ἐστὶν μέλλω λέγειν, ἀληθὲς δέ· τὸ χείριστον ἐν τοῖς παρεληλυθόσι, τοῦτο πρὸς τὰ μέλλοντα βέλτιστον ὑπάρχει. τί οὖν ἐστι τοῦτο; ὅτι οὔτε μικρὸν οὔτε μέγ´ οὐδὲν τῶν δεόντων ποιούντων ὑμῶν κακῶς τὰ πράγματ´ ἔχει, ἐπεί τοι, εἰ πάνθ´ προσῆκε πραττόντων οὕτως διέκειτο, οὐδ´ ἂν ἐλπὶς ἦν αὐτὰ γενέσθαι βελτίω. νῦν δὲ τῆς ῥᾳθυμίας τῆς ὑμετέρας καὶ τῆς ἀμελίας κεκράτηκε Φίλιππος, τῆς πόλεως δ´ οὐ κεκράτηκεν· οὐδ´ ἥττησθ´ ὑμεῖς, ἀλλ´ οὐδὲ κεκίνησθε. Εἰ μὲν οὖν ἅπαντες ὡμολογοῦμεν Φίλιππον τῇ πόλει πολεμεῖν καὶ τὴν εἰρήνην παραβαίνειν, οὐδὲν ἄλλ´ ἔδει τὸν παριόντα λέγειν καὶ συμβουλεύειν ὅπως ἀσφαλέστατα καὶ ῥᾷστ´ αὐτὸν ἀμυνούμεθα· ἐπειδὴ δ´ οὕτως ἀτόπως ἔνιοι διάκεινται, ὥστε πόλεις καταλαμβάνοντος ἐκείνου καὶ πολλὰ τῶν ὑμετέρων ἔχοντος καὶ πάντας ἀνθρώπους ἀδικοῦντος ἀνέχεσθαί τινων ἐνταῖς ἐκκλησίαις λεγόντων πολλάκις ὡς ἡμῶν τινές εἰσιν οἱ ποιοῦντες τὸν πόλεμον, ἀνάγκη φυλάττεσθαι καὶ διορθοῦσθαι περὶ τούτου· ἔστι γὰρ δέος μήποθ´ ὡς ἀμυνούμεθα γράψας τις καὶ συμβουλεύσας εἰς τὴν αἰτίαν ἐμπέσῃ τοῦ πεποιηκέναι τὸν πόλεμον. {ἐγὼ δὴ τοῦτο πρῶτον ἁπάντων λέγω καὶ διορίζομαι· εἰ ἐφ´ ἡμῖν ἐστι τὸ βουλεύεσθαι περὶ τοῦ πότερον εἰρήνην ἄγειν πολεμεῖν δεῖ ---.} Εἰ μὲν οὖν ἔξεστιν εἰρήνην ἄγειν τῇ πόλει καὶ ἐφ´ ἡμῖν ἐστι τοῦτο, ἵν´ ἐντεῦθεν ἄρξωμαι, φήμ´ ἔγωγ´ ἄγειν ἡμᾶς δεῖν, καὶ τὸν ταῦτα λέγοντα γράφειν καὶ πράττειν καὶ μὴ φενακίζειν ἀξιῶ· εἰ δ´ ἕτερος τὰ ὅπλ´ ἐν ταῖς χερσὶν ἔχων καὶ δύναμιν πολλὴν περὶ αὑτὸν τοὔνομα μὲν τὸ τῆς εἰρήνης ὑμῖν προβάλλει, τοῖς δ´ ἔργοις αὐτὸς τοῖς τοῦ πολέμου χρῆται, τί λοιπὸν ἄλλο πλὴν ἀμύνεσθαι; φάσκειν δ´ εἰρήνην ἄγειν εἰ βούλεσθε, ὥσπερ ἐκεῖνος, οὐ διαφέρομαι. εἰ δέ τις ταύτην εἰρήνην ὑπολαμβάνει, ἐξ ἧς ἐκεῖνος πάντα τἄλλα λαβὼν ἐφ´ ἡμᾶς ἥξει, πρῶτον μὲν μαίνεται, ἔπειτ´ ἐκείνῳ παρ´ ὑμῶν, οὐχ ὑμῖν παρ´ ἐκείνου τὴν εἰρήνην λέγει·τοῦτο δ´ ἐστὶν τῶν ἀναλισκομένων χρημάτων πάντων Φίλιππος ὠνεῖται, αὐτὸς μὲν πολεμεῖν ὑμῖν, ὑφ´ ὑμῶν δὲ μὴ πολεμεῖσθαι. [9,0] NEUVIÈME PHILIPPIQUE. (1) Bien que, dans presque toutes vos assemblées, ô Athéniens! de nombreux discours vous retracent les attentats commis par Philippe, depuis son traité de paix, contre vous, contre la Grèce entière ; bien que, d'une voix unanime, vous disiez, mais sans le faire, que, pour le bien public, il faut, par nos paroles, par nos actes, arrêter et punir l'injurieuse audace de cet homme; je vois la négligence et la trahison miner toutes les affaires au point de me faire craindre de prêter à la vérité le langage du blasphème en affirmant que, si vous aviez comploté, vos orateurs et vous, pour proposer, pour voter les mesures les plus funestes, je croirais impossible de mieux organiser la ruine de la république. Plusieurs causes, sans doute, ont concouru à ce résultat, qu'une ou deux fautes seulement ne pouvaient amener : mais la principale, si vous examinez bien, vous la trouverez dans les orateurs plus jaloux d'être vos courtisans que vos sages conseillers. Fidèles à maintenir ce qui fonde leur propre renommée, leur crédit personnel, les uns ont les yeux fermés sur l'avenir, et décident que vous ne savez pas, Athéniens, voir plus loin qu'eux. Accusant, calomniant ceux qui dirigent vos affaires, les autres ne font qu'armer Athènes contre Athènes, et ménager à Philippe, par cette diversion, une liberté illimitée et d'action et de langage. Voilà la politique qui a passé dans vos moeurs, voilà la source de vos troubles et de vos fautes. Je réclame donc, Athéniens, le droit de vous exposer librement quelques vérités sans allumer votre courroux. Faites, en effet, cette réflexion. Partout ailleurs le franc parler est tellement à vos yeux le privilége de quiconque respire l'air d'Athènes, que vous l'avez étendu même aux étrangers, même aux esclaves : oui, l'on voit ici l'esclave plus libre dans son langage que le citoyen dans quelques autres républiques. De cette tribune seule vous avez banni la liberté. Aussi qu'arrive-t-il? dans les assemblées, votre superbe délicatesse est flattée, parce que vous n'entendez rien qui n'ait pour but votre plaisir ; mais, dans votre situation politique, vous touchez aux plus affreuses calamités. Si donc aujourd'hui ces dispositions n'ont pas changé, je n'ai qu'à me taire. Mais, si vous consentez à écouter des conseils utiles et sans flatterie, je suis prêt à parler. Car, malgré le funeste état de vos affaires, malgré tant de pertes causées par la négligence, avec la volonté de remplir votre devoir, il en est temps encore, tout sera bientôt réparé. Chose étrange, et qui n'en est pas moins vraie ! l'excès de nos malheurs passés est le meilleur motif d'espoir pour l'avenir. Comment cela? c'est que l'obstination à ne pas tenter un seul effort nécessaire, soit grand, soit petit, vous a seule réduits à cette situation déplorable. En effet s'il en était ainsi malgré l'accomplissement de tous vos devoirs, alors seulement s'évanouirait l'espérance d'un sort plus heureux. Mais, jusqu'à présent, Philippe n'a triomphé que de votre paresse et de votre insouciance; il n'a pas triomphé d'Athènes. Loin d'être vaincus, vous n'avez pas même reculé d'un pas. Si tous, d'une voix unanime, nous disions, Philippe a enfreint la paix, Philippe nous fait la guerre, l'orateur devrait, dans ses discours, dans ses conseils, se borner aux moyens les plus sûrs et les plus faciles de le repousser. Mais, puisqu'il est des citoyens assez aveugles pour souffrir qu'en pleine assemblée, tandis que cet homme envahit des villes, retient une grande partie de vos possessions et opprime tous les Hellènes, on dise que c'est une poignée d'Athéniens qui rallume la guerre, il faut ici me tenir sur mes gardes, et redresser l'opinion publique. Car on peut craindre qu'un jour l'auteur des conseils et du décret de simple défense ne soit accusé d'avoir commencé la guerre. Voici donc comme je pose, avant tout, l'état de la question : Avons-nous le choix entre la guerre et la paix? Parlons de la paix d'abord. Si elle est possible pour Athènes, si elle est dans nos mains, je le déclare, conservons-la; mais de celui qui exprime cette opinion je réclame un décret, des mesures efficaces, et de la sincérité. Si, au contraire, l'homme qui a tiré l'épée, qui s'environne d'une armée considérable, jette en avant le nom de paix, et nous fait une guerre réelle, le seul parti à prendre n'est-il pas de le repousser? Après cela, dites, à son exemple, que vous observez la paix, j'y consens; mais appeler paix ce qui ouvre au Macédonien, maître de tous les autres pays, la route de l'Attique, c'est d'abord démence, ensuite c'est désigner une paix d'Athènes avec Philippe, non de Philippe avec Athènes. Tel est le privilége qu'il achète au prix de tant d'or répandu : il vous fait la guerre sans que vous la lui fassiez.


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Dernière mise à jour : 4/09/2008