[9,30] καὶ μὴν κἀκεῖνό γ´ ἴστε, ὅτι ὅσα μὲν ὑπὸ Λακεδαιμονίων
ἢ ὑφ´ ἡμῶν ἔπασχον οἱ Ἕλληνες, ἀλλ´ οὖν ὑπὸ
γνησίων γ´ ὄντων τῆς Ἑλλάδος ἠδικοῦντο, καὶ τὸν αὐτὸν
τρόπον ἄν τις ὑπέλαβεν τοῦτο, ὥσπερ ἂν εἰ υἱὸς ἐν οὐσίᾳ
πολλῇ γεγονὼς γνήσιος διῴκει τι μὴ καλῶς μηδ´ ὀρθῶς,
κατ´ αὐτὸ μὲν τοῦτ´ ἄξιον μέμψεως εἶναι καὶ κατηγορίας,
ὡς δ´ οὐ προσήκων ἢ ὡς οὐ κληρονόμος τούτων ὢν ταῦτ´
ἐποίει, οὐκ ἐνεῖναι λέγειν. εἰ δέ γε δοῦλος ἢ ὑποβολιμαῖος
τὰ μὴ προσήκοντ´ ἀπώλλυε καὶ ἐλυμαίνετο, Ἡράκλεις
ὅσῳ μᾶλλον δεινὸν καὶ ὀργῆς ἄξιον πάντες ἂν ἔφησαν εἶναι.
ἀλλ´ οὐχ ὑπὲρ Φιλίππου καὶ ὧν ἐκεῖνος πράττει νῦν, οὐχ
οὕτως ἔχουσιν, οὐ μόνον οὐχ Ἕλληνος ὄντος οὐδὲ προσήκοντος
οὐδὲν τοῖς Ἕλλησιν, ἀλλ´ οὐδὲ βαρβάρου ἐντεῦθεν
ὅθεν καλὸν εἰπεῖν, ἀλλ´ ὀλέθρου Μακεδόνος, ὅθεν οὐδ´
ἀνδράποδον σπουδαῖον οὐδὲν ἦν πρότερον πρίασθαι.
Καίτοι τί τῆς ἐσχάτης ὕβρεως ἀπολείπει; οὐ πρὸς τῷ
πόλεις ἀνῃρηκέναι τίθησι μὲν τὰ Πύθια, τὸν κοινὸν τῶν
Ἑλλήνων ἀγῶνα, κἂν αὐτὸς μὴ παρῇ, τοὺς δούλους ἀγωνοθετήσοντας πέμπει; κύριος δὲ Πυλῶν καὶ τῶν ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας
παρόδων ἐστί, καὶ φρουραῖς καὶ ξένοις τοὺς τόπους τούτους
κατέχει; ἔχει δὲ καὶ τὴν προμαντείαν τοῦ θεοῦ, παρώσας ἡμᾶς
καὶ Θετταλοὺς καὶ Δωριέας καὶ τοὺς ἄλλους Ἀμφικτύονας, ἧς
οὐδὲ τοῖς Ἕλλησιν ἅπασι μέτεστι; γράφει δὲ Θετταλοῖς ὃν
χρὴ τρόπον πολιτεύεσθαι; πέμπει δὲ ξένους τοὺς μὲν εἰς
Πορθμόν, τὸν δῆμον ἐκβαλοῦντας τὸν Ἐρετριέων, τοὺς δ´
ἐπ´ Ὠρεόν, τύραννον Φιλιστίδην καταστήσοντας; ἀλλ´ ὅμως
ταῦθ´ ὁρῶντες οἱ Ἕλληνες ἀνέχονται, καὶ τὸν αὐτὸν τρόπον
ὥσπερ τὴν χάλαζαν ἔμοιγε δοκοῦσιν θεωρεῖν, εὐχόμενοι μὴ
καθ´ ἑαυτοὺς ἕκαστοι γενέσθαι, κωλύειν δ´ οὐδεὶς ἐπιχειρῶν.
οὐ μόνον δ´ ἐφ´ οἷς ἡ Ἑλλὰς ὑβρίζεται ὑπ´ αὐτοῦ, οὐδεὶς
ἀμύνεται, ἀλλ´ οὐδ´ ὑπὲρ ὧν αὐτὸς ἕκαστος ἀδικεῖται·τοῦτο
γὰρ ἤδη τοὔσχατόν ἐστιν. οὐ Κορινθίων ἐπ´ Ἀμβρακίαν
ἐλήλυθε καὶ Λευκάδα; οὐκ Ἀχαιῶν Ναύπακτον ὀμώμοκεν
Αἰτωλοῖς παραδώσειν; οὐχὶ Θηβαίων Ἐχῖνον ἀφῄρηται, καὶ
νῦν ἐπὶ Βυζαντίους πορεύεται συμμάχους ὄντας; οὐχ ἡμῶν,
ἐῶ τἄλλα, ἀλλὰ Χερρονήσου τὴν μεγίστην ἔχει πόλιν Καρδίαν;
ταῦτα τοίνυν πάσχοντες ἅπαντες μέλλομεν καὶ μαλκίομεν
καὶ πρὸς τοὺς πλησίον βλέπομεν, ἀπιστοῦντες ἀλλήλοις, οὐ
τῷ πάντας ἡμᾶς ἀδικοῦντι. καίτοι τὸν ἅπασιν ἀσελγῶς
οὕτω χρώμενον τί οἴεσθε, ἐπειδὰν καθ´ ἕν´ ἡμῶν ἑκάστου
κύριος γένηται, τί ποιήσειν;
Τί οὖν αἴτιον τουτωνί; οὐ γὰρ ἄνευ λόγου καὶ δικαίας
αἰτίας οὔτε τόθ´ οὕτως εἶχον ἑτοίμως πρὸς ἐλευθερίαν οἱ
Ἕλληνες οὔτε νῦν πρὸς τὸ δουλεύειν. ἦν τι τότ´, ἦν, ὦ
ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐν ταῖς τῶν πολλῶν διανοίαις, ὃ νῦν οὐκ
ἔστιν, ὃ καὶ τοῦ Περσῶν ἐκράτησε πλούτου καὶ ἐλευθέραν
ἦγε τὴν Ἑλλάδα καὶ οὔτε ναυμαχίας οὔτε πεζῆς μάχης οὐδεμιᾶς ἡττᾶτο, νῦν δ´ ἀπολωλὸς ἅπαντα λελύμανται καὶ ἄνω
καὶ κάτω πεποίηκε τὰ τῶν Ἑλλήνων πράγματα. τί οὖν ἦν
τοῦτο; οὐδὲν ποικίλον οὐδὲ σοφόν, ἀλλ´ ὅτι τοὺς παρὰ τῶν
ἄρχειν βουλομένων ἢ διαφθείρειν τὴν Ἑλλάδα χρήματα
λαμβάνοντας ἅπαντες ἐμίσουν, καὶ χαλεπώτατον ἦν τὸ
δωροδοκοῦντ´ ἐλεγχθῆναι, καὶ τιμωρίᾳ μεγίστῃ τοῦτον ἐκόλαζον,
καὶ παραίτησις οὐδεμί´ ἦν οὐδὲ συγγνώμη. τὸν οὖν καιρὸν
ἑκάστου τῶν πραγμάτων, ὃν ἡ τύχη καὶ τοῖς ἀμελοῦσιν κατὰ
τῶν προσεχόντων πολλάκις παρασκευάζει, οὐκ ἦν πρίασθαι
παρὰ τῶν λεγόντων οὐδὲ τῶν στρατηγούντων, οὐδὲ τὴν πρὸς
ἀλλήλους ὁμόνοιαν, οὐδὲ τὴν πρὸς τοὺς τυράννους καὶ τοὺς
βαρβάρους ἀπιστίαν, οὐδ´ ὅλως τοιοῦτον οὐδέν. νῦν δ´
ἅπανθ´ ὥσπερ ἐξ ἀγορᾶς ἐκπέπραται ταῦτα, ἀντεισῆκται δ´
ἀντὶ τούτων ὑφ´ ὧν ἀπόλωλε καὶ νενόσηκεν ἡ Ἑλλάς.
ταῦτα δ´ ἐστὶ τί; ζῆλος, εἴ τις εἴληφέ τι· γέλως, ἂν ὁμολογῇ·
συγγνώμη τοῖς ἐλεγχομένοις· μῖσος, ἂν τούτοις τις ἐπιτιμᾷ·
| [9,30] D'ailleurs, vous le savez encore,
si les Hellènes ont souffert sous la domination de Sparte ou d'Athènes, du moins leurs
injustes maîtres étaient de vrais enfants de la Grèce. Ici nos fautes pourraient se
comparer aux dissipations d'un fils légitime, né dans une famille opulente : en
blâmant, en condamnant sa conduite, nous ne saurions méconnaître ni son titre de
fils, ni ses droits à l'héritage dont il abuse. Mais qu'un esclave, qu'un enfant supposé
s'avise d'engloutir une succession étrangère, avec quel courroux, grands dieux !
nous flétrirons tous un vol si affreux, si révoltant! Où est-il donc, notre courroux
contre Philippe et ses attentats ! Philippe qui n'est pas Grec, qu'aucun lien n'unit aux
Grecs, Philippe qui n'est pas même un Barbare d'illustre origine, misérable
Macédonien né dans un pays où l'on ne put jamais acheter un bon esclave !
Toutefois, n'a-t-il pas contre nous épuisé l'outrage? Sans parler des villes grecques
qu'il a saccagées, ne préside-t-il pas les jeux pythiques, solennité toute nationale?
Absent, ne délègue-t-il pas ses esclaves pour y décerner les couronnes? Maître des
Thermopyles et de toutes les avenues de la Grèce, ne se maintient-il pas à ces postes
par des garnisons et par la soldatesque étrangère? N'est-il pas en possession de
consulter le premier l'oracle divin après avoir arraché à nous, et aux Thessaliens, et
aux Doriens, et aux autres Amphictyons, cette prérogative que tous les Grecs mêmes
ne partagent point? Ne réforme-t-il pas à son gré le gouvernement de la Thessalie?
N'envoie-t-il pas des troupes mercenaires et à Porthmos, pour en chasser les
Erétriens, et dans Orée, pour installer le tyran Philistide? Voilà ce que voient les
Grecs, et ils le souffrent ! et, comme un homme qui regarde avec de grands yeux
tomber la grêle, chacun, pour détourner l'ennemi de dessus ses terres, fait des
voeux, mais pas un effort! C'est peu que les injures prodiguées à toute la Grèce ne
trouvent pas de vengeur : chaque peuple laisse impunis ses outrages personnels; et
c'est là le dernier degré de l'insensibilité. Sur les Corinthiens n'a-t-il pas envahi
Ambracie et Leucade? Naupacte n'a-t-elle pas été enlevée aux Achéens, et promise
avec serment aux Étoliens? N'a t-il pas ravi Échine aux Thébains? Dans ce moment,
ne marche-t-il pas sur Byzance? sur Byzance ! l'alliée d'Athènes ! Je supprime le
reste : mais Cardia, la principale ville de la Chersonèse, n'est-elle pas entre ses mains?
Outragés si indignement, nous différons la vengeance, notre bras demeure enchaîné
! Nous interrogeant du regard, divisés par la méfiance, nous laissons Philippe nous
opprimer tous à la face du ciel! Mais enfin, s'il se joue avec tant d'audace de la Grèce
entière, que sera-ce, dites-moi, quand il nous aura tous asservis en détail? Quelle est
donc la source de nos maux ? car sans motif, sans cause appréciable, tous les
Hellènes n'auraient pas jadis embrassé avec tant d'ardeur la liberté, ni maintenant la
servitude. Il régnait alors, ô Athéniens! il régnait dans le coeur de tous les peuples
un sentiment éteint aujourd'hui, sentiment qui triompha de l'or des Perses,
maintint la Grèce libre, demeura invincible sur terre et sur mer, mais dont la perte a
tout ruiné, et bouleversé la patrie de fond en comble. Quel était-il, ce sentiment?
était-ce le résultat d'une politique raffinée? Non : c'était une haine universelle contre
les perfides payés par ceux qui voulaient asservir la Grèce ou seulement la
corrompre. Crime capital, la vénalité prouvée était punie avec la dernière rigueur;
nulle excuse, nul pardon. Aussi, orateurs et généraux n'auraient point impunément
trafiqué de ces occasions de détail que la fortune ménage souvent à la négligence et
à la paresse contre la vigilance et l'activité, ni de la concorde publique, ni de la
méfiance contre les Barbares et les tyrans, ni enfin d'aucun appui de la liberté. Mais,
de nos jours, tout cela s'est vendu comme en plein marché. En échange, on a importé
chez nous des moeurs qui désolent et ruinent la Grèce. Quelles sont-elles? jalousie
contre celui qui a reçu de l'or; rire badin, s'il l'avoue; pardon, s'il est convaincu;
haine contre son accusateur;
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