[5,10] τότε Θεσπιάς τινων καὶ Πλαταιὰς ὑπισχνουμένων οἰκισθήσεσθαι,
καὶ τοὺς μὲν Φωκέασσ τὸν Φίλιππον, ἂν γένηται κύριος,
σώσειν, τὴν δὲ Θηβαίων πόλιν διοικιεῖν, καὶ τὸν Ὠρωπὸν ὑμῖν ὑπάρξειν, καὶ
τὴν Εὔβοιαν ἀντ' Ἀμφιπόλεως ἀποδοθήσεσθαι, καὶ τοιαύτας ἐλπίδας καὶ
φενακισμούς, οἷσσ ὑπαχθέντες ὑμεῖς οὔτε συμφόρως οὔτ' ἴσως καλῶς προεῖσθε
Φωκέας, οὐδὲν τούτων οὔτ' ἐξαπατήσας οὔτε σιγήσας ἐγὼ φανήσομαι, ἀλλὰ
προειπὼν ὑμῖν, ὡς οἶδ' ὅτι μνημονεύετε, ὅτι ταῦτ' οὔτ' οἶδα οὔτε προσδοκῶ,
νομίζω δὲ τὸν λέγοντα ληρεῖν.
(11) Ταῦτα τοίνυν ἅπανθ', ὅσα φαίνομαι βέλτιον τῶν ἄλλων προορῶν, οὐδ'
εἰς μίαν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, οὔτε δεινότητ' οὔτ' ἀλαζονείαν ἐπανοίσω, οὐδὲ
προσποιήσομαι δι' οὐδὲν ἄλλο γιγνώσκειν καὶ προαισθάνεσθαι πλὴν δι' ἃν
ὑμῖν εἴπω, δύο· ἓν μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δι' εὐτυχίαν, ἣν συμπάσης ἐγὼ
τῆς ἐν ἀνθρώποις οὔσης δεινότητος καὶ σοφίας ὁρῶ κρατοῦσαν· (12) ἕτερον
δέ, προῖκα τὰ πράγματα κρίνω καὶ λογίζομαι, καὶ οὐδὲν λῆμμ' ἂν οὐδεὶς ἔχοι
πρὸς οἷς ἐγὼ πεπολίτευμαι καὶ λέγω δεῖξαι προσηρτημένον. Ὀρθὸν οὖν, ὅ τι
ἄν ποτ' ἀπ' αὐτῶν ὑπάρχῃ τῶν πραγμάτων, τὸ συμφέρον φαίνεταί μοι. Ὅταν δ'
ἐπὶ θάτερ' ὥσπερ εἰς τρυτάνην ἀργύριον προσενέγκῃς, οἴχεται φέρον καὶ
καθείλκυκε τὸν λογισμὸν ἐφ' αὑτό, καὶ οὐκ ἂν ἔτ' ὀρθῶς οὐδ' ὑγιῶς ὁ τοῦτο
ποιήσας περὶ οὐδενὸς λογίσαιτο.
(13) Ἓν μὲν οὖν ἔγωγε πρῶτον ὑπάρχειν φημὶ δεῖν, ὅπως, εἴτε συμμάχους εἴτε
σύνταξιν εἴτ' ἄλλο τι βούλεταί τις κατασκευάζειν τῇ πόλει, τὴν ὑπάρχουσαν
εἰρήνην μὴ λύων τοῦτο ποιήσει, οὐχ ὡς θαυμαστὴν οὐδ' ὡς ἀξίαν οὖσαν ὑμῶν·
ἀλλ' ὁποία τίς ποτ' ἐστὶν αὕτη, μὴ γενέσθαι μᾶλλον εἶχε τοῖς πράγμασι
καιρὸν ἢ γεγενημένη νῦν δι' ἡμᾶς λυθῆναι· πολλὰ γὰρ προείμεθα, ὧν
ὑπαρχόντων τότ' ἂν ἢ νῦν ἀσφαλέστερος καὶ ῥᾴων ἦν ἡμῖν ὁ πόλεμος.
(14) Δεύτερον δ', ὁρᾶν ὅπως μὴ προαξόμεθ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς
συνεληλυθότας τούτους καὶ φάσκοντας Ἀμφικτύονας νῦν εἶναι εἰς ἀνάγκην καὶ
πρόφασιν κοινοῦ πολέμου πρὸς ἡμᾶς. Ἐγὼ γάρ, εἰ γένοιθ' ἡμῖν πρὸς Φίλιππον
πάλιν πόλεμος δι' Ἀμφίπολιν ἤ τι τοιοῦτον ἔγκλημ' ἴδιον, οὗ μὴ μετέχουσι
Θετταλοὶ μηδ' Ἀργεῖοι μηδὲ Θηβαῖοι, οὐκ ἂν ἡμῖν οἴομαι τούτων οὐδένας
πολεμῆσαι, (15) καὶ πάντων ἥκιστα (καί μοι μὴ θορυβήσῃ μηδεὶς πρὶν
ἀκοῦσαι) Θηβαίους, οὐχ ὡς ἡδέως ἔχουσιν ἡμῖν, οὐδ' ὡς οὐκ ἂν χαρίζοιντο
Φιλίππῳ, ἀλλ' ἴσασιν ἀκριβῶς, εἰ καὶ πάνυ φησί τις αὐτοὺς ἀναισθήτους
εἶναι, ὅτι, εἰ γενήσεται πόλεμος πρὸς ὑμᾶς αὐτοῖς, τὰ μὲν κακὰ πάνθ'
ἕξουσιν αὐτοί, τοῖς δ' ἀγαθοῖς ἐφεδρεύων ἕτερος καθεδεῖται. Οὔκουν
προοῖντ' ἂν αὑτοὺς εἰς τοῦτο, μὴ κοινῆς τῆς ἀρχῆς καὶ τῆς αἰτίας οὔσης τοῦ
πολέμου. (16) Οὐδέ γ' εἰ πάλιν πρὸς τοὺς Θηβαίους πολεμήσαιμεν δι' Ὠρωπὸν
ἤ τι τῶν ἰδίων, οὐδὲν ἂν ἡμᾶς παθεῖν ἡγοῦμαι· καὶ γὰρ ἡμῖν κἀκείνοις τοὺς
βοηθοῦντας ἂν οἶμαι, εἰς τὴν οἰκείαν εἴ τις ἐμβάλοι, βοηθεῖν, οὐ
συνεπιστρατεύσειν οὐδετέροις. Καὶ γὰρ αἱ συμμαχίαι τοῦτον ἔχουσι τὸν
τρόπον, ὧν καὶ φροντίσειεν ἄν τις, καὶ τὸ πρᾶγμα φύσει τοιοῦτόν ἐστιν·
(17) οὐκ ἄχρι τῆς ἴσης ἕκαστός ἐστιν εὔνους οὔθ' ἡμῖν οὔτε Θηβαίοις, σῶς
τ' εἶναι καὶ κρατεῖν τῶν ἄλλων, ἀλλὰ σῶς μὲν εἶναι πάντες ἂν βούλοινθ'
ἕνεχ' αὑτῶν, κρατήσαντας δὲ τοὺς ἑτέρους δεσπότας ὑπάρχειν αὑτῶν οὐδὲ εἷς.
Τί οὖν ἡγοῦμαι φοβερὸν καὶ τί φυλάξασθαι δεῖν ἡμᾶς; Μὴ κοινὴν πρόφασιν καὶ
κοινὸν ἔγκλημ' ὁ μέλλων πόλεμος πρὸς ἅπαντας λάβῃ. (18) Εἰ γὰρ Ἀργεῖοι μὲν
καὶ Μεσσήνιοι καὶ Μεγαλοπολῖται καί τινες τῶν λοιπῶν Πελοποννησίων, ὅσοι
ταὐτὰ τούτοις φρονοῦσι, διὰ τὴν πρὸς Λακεδαιμονίους ἡμῖν ἐπικηρυκείαν
ἐχθρῶς σχήσουσι καὶ τὸ δοκεῖν ἐκδέχεσθαί τι τῶν ἐκείνοις πεπραγμένων,
Θηβαῖοι δ' ἔχουσι μέν, ὡς λέγουσινν, ἀπεχθῶς, ἔτι δ' ἐχθροτέρως σχήσουσιν,
ὅτι τοὺς παρ' ἐκείνων φεύγοντας σῴζομεν καὶ πάντα τρόπον τὴν δυσμένειαν
ἐνδεικνύμεθ' αὐτοῖς, (19) Θετταλοὶ δ', ὅτι τοὺς Φωκέων φυγάδας σῴζομεν,
Φίλιππος δ', ὅτι κωλύομεν αὐτὸν κοινωνεῖν τῆς ἀμφικτυονίας, φοβοῦμαι μὴ
πάντες περὶ τῶν ἰδίων ἕκαστος ὀργιζόμενος κοινὸν ἐφ' ἡμᾶς ἀγάγωσι τὸν
πόλεμον, τὰ τῶν Ἀμφικτυόνων δόγματα προστησάμενοι, εἶτ' ἐπισπασθῶσιν
ἕκαστοι πέρα τοῦ συμφέροντος ἑαυτοῖς ἡμῖν πολεμῆσαι, ὥσπερ καὶ περὶ
Φωκέας.
| [5,10] qu'il rétablirait Thespies et Platée, qu'il
conserverait les Phocéens quand il les aurait soumis,
ruinerait la ville des Thébains, vous ferait rendre Orope,
et vous donnerait l'Eubée en dédommagement
d'Amphipolis ; on vous flattait d'espérances frivoles et
chimériques qui vous firent abandonner les Phocéens
contre tout honneur et toute justice, contre vos propres
intérêts : pour moi sans rien dissimuler, sans vous
rien cacher de ce que je prévoyais, je vous annonçai
nettement que j'ignorais toutes ces promesses du
monarque, que je ne les croyais pas même, qu'enfin on
vous amusait de vaines paroles.
(11) Si, sur tous ces points, j'ai mieux vu que les autres,
je n'en tirerai pas vanité, et ne l'attribuerai pas à une
rare prudence. Deux causes ont pu me rendre plus
éclairé et plus prévoyant. La première, c'est la faveur de
la fortune, dont le pouvoir est supérieur à toute la
sagesse humaine, à tous les efforts du génie. (12) La
seconde, c'est cette incorruptibilité avec laquelle je juge
et je parle de tout. Non, on ne pourrait montrer qu'un
seul présent ait jamais influé sur mes discours et sur
mes démarches dans l'administration. Ce qu'il y a dans
les affaires d'avantageux pour l'état, s'offre donc
aussitôt à moi. Mais si l'orateur qui pèse les intérêts
publics a reçu quelque argent, cet argent agit sur son
esprit comme un poids dans la balance ; il le précipita et
l'entraîne, de sorte qu'il ne peut plus juger sainement
des choses.
(13) Au reste, voici non avis dans la conjoncture
présente. Soit qu'on veuille procurer à la république des
fonds, des alliés ou d'autres ressources : le premier soin
qu'on doit avoir c'est de ne pas rompre la paix actuelle.
Non que je la croie fort avantageuse et digne de vous ;
mais quelle qu'elle soit, s'il ne fallait point la faire, il ne
faut point la rompre aujourd'hui qu'elle est faite. Car
nous avons laissé échapper bien des objets qui, étant
alors entre nos mains, nous donnaient, pour la guerre,
plus de sûretés et de facilités que nous n'en aurions à présent.
(14) Nous devons prendre garde, en second lieu, de
jeter les peuples qui composaient l'assemblée, et qui se
parent du titre d'Amphictyons dans la nécessité de
nous attaquer tous de concert ; il ne faut pas au moins
leur en fournir le prétexte, Si nous étions de nouveau en
différend avec Philippe pour recouvrer Amphipolis, ou
pour quelque autre raison particulière, dans laquelle
n'entreraient ni les Thessaliens, ni Ies Argiens, ni les
Thébains, je crois qu'aucun d'eux n'épouserait la
querelle du monarque, moins encore que tout autre
(qu'on me permette de le dire), les Thébains eux-mêmes.
Ce n'est pas qu'ils soient bien intentionnés pour
Athènes, ou peu jaloux de plaire à Philippe, mais ils
savent, quelque stupides qu'on les suppose, que, s'ils
ont la guerre avec les Athéniens, ils en supporteront
tous les maux, tandis qu'un tiers épiera et saisira le
moment d'en recueillir le fruit. Ils ne s'exposeront donc
pas, eux et les autres, à prendre les armes contre nous à
moins qu'ils n'aient tous des raisons pour partager la
querelle. (16) Si nous nous trouvions aux prises avec
les Thébains pour la ville d'Orope, ou pour quelque
autre objet semblable, nous n'aurions pareillement rien
à craindre des autres Grecs. Ils nous secourraient
même, nous ou les Thébains, si on nous attaquait
injustement, mais non pas si nous voulions attaquer. On
verra, pour peu qu'on y réfléchisse, que c'est-là l'esprit
des confédérations, et qu'elles sont nécessairement
telles par leur nature. (17) Nul peuple ne porte la
bienveillance pour nous et pour les Thébains, jusqu'à
vouloir qu'une des deux puissances, non contente de se
maintenir opprime sa rivale. Tous veulent pour eux-mêmes
que nous ne soyons opprimés ni les uns ni les
autres ; mais aucun ne voudrait que nous fussions les
maîtres, et que nous dominassions dans la Grèce.
Qu'y a-t-il donc à craindre, et que doit-on éviter, selon
moi ? de fournir aux peuples des sujets de plainte, et un
prétexte commun pour marcher contre nous. (18) Car si
les Argiens, les Messéniens, les Mégalopolitains,
tous les habitants du Péloponnèse qui sont du même
parti, sont mal disposés pour notre république, parce
que nous avons recherché l'alliance de Lacédémone, et
que nous paraissons nous prêter à ses entreprises ; si les
Thébains qui, comme on dit, nous haïssent
naturellement, nous haïssent encore davantage parce
que nous recueillons ceux qu'ils ont bannis, et
qu'en toute manière nous manifestons à leur égard, nos
dispositions peu favorables ; (19) si les Thessaliens en
veulent à notre ville parce qu'elle reçoit les fugitifs de la
Phocide, et Philippe parce qu'elle lui dispute le titre
d'Amphictyon : je crains que toutes ces puissances,
animées par un ressentiment particulier, ne se liguent
contre Athènes, sous prétexte de défendre les décrets
amphictyoniques, et qu'ainsi chaque peuple ne se porte
légèrement à nous faire la guerre contre son propre
intérêt ; ce qui est arrivé dans les troubles de la Phocide.
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