HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, Discours V

Paragraphes 10-19

  Paragraphes 10-19

[5,10] τότε Θεσπιάς τινων καὶ Πλαταιὰς ὑπισχνουμένων οἰκισθήσεσθαι, καὶ τοὺς μὲν Φωκέασσ τὸν Φίλιππον, ἂν γένηται κύριος, σώσειν, τὴν δὲ Θηβαίων πόλιν διοικιεῖν, καὶ τὸν Ὠρωπὸν ὑμῖν ὑπάρξειν, καὶ τὴν Εὔβοιαν ἀντ' Ἀμφιπόλεως ἀποδοθήσεσθαι, καὶ τοιαύτας ἐλπίδας καὶ φενακισμούς, οἷσσ ὑπαχθέντες ὑμεῖς οὔτε συμφόρως οὔτ' ἴσως καλῶς προεῖσθε Φωκέας, οὐδὲν τούτων οὔτ' ἐξαπατήσας οὔτε σιγήσας ἐγὼ φανήσομαι, ἀλλὰ προειπὼν ὑμῖν, ὡς οἶδ' ὅτι μνημονεύετε, ὅτι ταῦτ' οὔτ' οἶδα οὔτε προσδοκῶ, νομίζω δὲ τὸν λέγοντα ληρεῖν. (11) Ταῦτα τοίνυν ἅπανθ', ὅσα φαίνομαι βέλτιον τῶν ἄλλων προορῶν, οὐδ' εἰς μίαν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, οὔτε δεινότητ' οὔτ' ἀλαζονείαν ἐπανοίσω, οὐδὲ προσποιήσομαι δι' οὐδὲν ἄλλο γιγνώσκειν καὶ προαισθάνεσθαι πλὴν δι' ἃν ὑμῖν εἴπω, δύο· ἓν μέν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δι' εὐτυχίαν, ἣν συμπάσης ἐγὼ τῆς ἐν ἀνθρώποις οὔσης δεινότητος καὶ σοφίας ὁρῶ κρατοῦσαν· (12) ἕτερον δέ, προῖκα τὰ πράγματα κρίνω καὶ λογίζομαι, καὶ οὐδὲν λῆμμ' ἂν οὐδεὶς ἔχοι πρὸς οἷς ἐγὼ πεπολίτευμαι καὶ λέγω δεῖξαι προσηρτημένον. Ὀρθὸν οὖν, τι ἄν ποτ' ἀπ' αὐτῶν ὑπάρχῃ τῶν πραγμάτων, τὸ συμφέρον φαίνεταί μοι. Ὅταν δ' ἐπὶ θάτερ' ὥσπερ εἰς τρυτάνην ἀργύριον προσενέγκῃς, οἴχεται φέρον καὶ καθείλκυκε τὸν λογισμὸν ἐφ' αὑτό, καὶ οὐκ ἂν ἔτ' ὀρθῶς οὐδ' ὑγιῶς τοῦτο ποιήσας περὶ οὐδενὸς λογίσαιτο. (13) Ἓν μὲν οὖν ἔγωγε πρῶτον ὑπάρχειν φημὶ δεῖν, ὅπως, εἴτε συμμάχους εἴτε σύνταξιν εἴτ' ἄλλο τι βούλεταί τις κατασκευάζειν τῇ πόλει, τὴν ὑπάρχουσαν εἰρήνην μὴ λύων τοῦτο ποιήσει, οὐχ ὡς θαυμαστὴν οὐδ' ὡς ἀξίαν οὖσαν ὑμῶν· ἀλλ' ὁποία τίς ποτ' ἐστὶν αὕτη, μὴ γενέσθαι μᾶλλον εἶχε τοῖς πράγμασι καιρὸν γεγενημένη νῦν δι' ἡμᾶς λυθῆναι· πολλὰ γὰρ προείμεθα, ὧν ὑπαρχόντων τότ' ἂν νῦν ἀσφαλέστερος καὶ ῥᾴων ἦν ἡμῖν πόλεμος. (14) Δεύτερον δ', ὁρᾶν ὅπως μὴ προαξόμεθ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς συνεληλυθότας τούτους καὶ φάσκοντας Ἀμφικτύονας νῦν εἶναι εἰς ἀνάγκην καὶ πρόφασιν κοινοῦ πολέμου πρὸς ἡμᾶς. Ἐγὼ γάρ, εἰ γένοιθ' ἡμῖν πρὸς Φίλιππον πάλιν πόλεμος δι' Ἀμφίπολιν τι τοιοῦτον ἔγκλημ' ἴδιον, οὗ μὴ μετέχουσι Θετταλοὶ μηδ' Ἀργεῖοι μηδὲ Θηβαῖοι, οὐκ ἂν ἡμῖν οἴομαι τούτων οὐδένας πολεμῆσαι, (15) καὶ πάντων ἥκιστα (καί μοι μὴ θορυβήσῃ μηδεὶς πρὶν ἀκοῦσαι) Θηβαίους, οὐχ ὡς ἡδέως ἔχουσιν ἡμῖν, οὐδ' ὡς οὐκ ἂν χαρίζοιντο Φιλίππῳ, ἀλλ' ἴσασιν ἀκριβῶς, εἰ καὶ πάνυ φησί τις αὐτοὺς ἀναισθήτους εἶναι, ὅτι, εἰ γενήσεται πόλεμος πρὸς ὑμᾶς αὐτοῖς, τὰ μὲν κακὰ πάνθ' ἕξουσιν αὐτοί, τοῖς δ' ἀγαθοῖς ἐφεδρεύων ἕτερος καθεδεῖται. Οὔκουν προοῖντ' ἂν αὑτοὺς εἰς τοῦτο, μὴ κοινῆς τῆς ἀρχῆς καὶ τῆς αἰτίας οὔσης τοῦ πολέμου. (16) Οὐδέ γ' εἰ πάλιν πρὸς τοὺς Θηβαίους πολεμήσαιμεν δι' Ὠρωπὸν τι τῶν ἰδίων, οὐδὲν ἂν ἡμᾶς παθεῖν ἡγοῦμαι· καὶ γὰρ ἡμῖν κἀκείνοις τοὺς βοηθοῦντας ἂν οἶμαι, εἰς τὴν οἰκείαν εἴ τις ἐμβάλοι, βοηθεῖν, οὐ συνεπιστρατεύσειν οὐδετέροις. Καὶ γὰρ αἱ συμμαχίαι τοῦτον ἔχουσι τὸν τρόπον, ὧν καὶ φροντίσειεν ἄν τις, καὶ τὸ πρᾶγμα φύσει τοιοῦτόν ἐστιν· (17) οὐκ ἄχρι τῆς ἴσης ἕκαστός ἐστιν εὔνους οὔθ' ἡμῖν οὔτε Θηβαίοις, σῶς τ' εἶναι καὶ κρατεῖν τῶν ἄλλων, ἀλλὰ σῶς μὲν εἶναι πάντες ἂν βούλοινθ' ἕνεχ' αὑτῶν, κρατήσαντας δὲ τοὺς ἑτέρους δεσπότας ὑπάρχειν αὑτῶν οὐδὲ εἷς. Τί οὖν ἡγοῦμαι φοβερὸν καὶ τί φυλάξασθαι δεῖν ἡμᾶς; Μὴ κοινὴν πρόφασιν καὶ κοινὸν ἔγκλημ' μέλλων πόλεμος πρὸς ἅπαντας λάβῃ. (18) Εἰ γὰρ Ἀργεῖοι μὲν καὶ Μεσσήνιοι καὶ Μεγαλοπολῖται καί τινες τῶν λοιπῶν Πελοποννησίων, ὅσοι ταὐτὰ τούτοις φρονοῦσι, διὰ τὴν πρὸς Λακεδαιμονίους ἡμῖν ἐπικηρυκείαν ἐχθρῶς σχήσουσι καὶ τὸ δοκεῖν ἐκδέχεσθαί τι τῶν ἐκείνοις πεπραγμένων, Θηβαῖοι δ' ἔχουσι μέν, ὡς λέγουσινν, ἀπεχθῶς, ἔτι δ' ἐχθροτέρως σχήσουσιν, ὅτι τοὺς παρ' ἐκείνων φεύγοντας σῴζομεν καὶ πάντα τρόπον τὴν δυσμένειαν ἐνδεικνύμεθ' αὐτοῖς, (19) Θετταλοὶ δ', ὅτι τοὺς Φωκέων φυγάδας σῴζομεν, Φίλιππος δ', ὅτι κωλύομεν αὐτὸν κοινωνεῖν τῆς ἀμφικτυονίας, φοβοῦμαι μὴ πάντες περὶ τῶν ἰδίων ἕκαστος ὀργιζόμενος κοινὸν ἐφ' ἡμᾶς ἀγάγωσι τὸν πόλεμον, τὰ τῶν Ἀμφικτυόνων δόγματα προστησάμενοι, εἶτ' ἐπισπασθῶσιν ἕκαστοι πέρα τοῦ συμφέροντος ἑαυτοῖς ἡμῖν πολεμῆσαι, ὥσπερ καὶ περὶ Φωκέας. [5,10] qu'il rétablirait Thespies et Platée, qu'il conserverait les Phocéens quand il les aurait soumis, ruinerait la ville des Thébains, vous ferait rendre Orope, et vous donnerait l'Eubée en dédommagement d'Amphipolis ; on vous flattait d'espérances frivoles et chimériques qui vous firent abandonner les Phocéens contre tout honneur et toute justice, contre vos propres intérêts : pour moi sans rien dissimuler, sans vous rien cacher de ce que je prévoyais, je vous annonçai nettement que j'ignorais toutes ces promesses du monarque, que je ne les croyais pas même, qu'enfin on vous amusait de vaines paroles. (11) Si, sur tous ces points, j'ai mieux vu que les autres, je n'en tirerai pas vanité, et ne l'attribuerai pas à une rare prudence. Deux causes ont pu me rendre plus éclairé et plus prévoyant. La première, c'est la faveur de la fortune, dont le pouvoir est supérieur à toute la sagesse humaine, à tous les efforts du génie. (12) La seconde, c'est cette incorruptibilité avec laquelle je juge et je parle de tout. Non, on ne pourrait montrer qu'un seul présent ait jamais influé sur mes discours et sur mes démarches dans l'administration. Ce qu'il y a dans les affaires d'avantageux pour l'état, s'offre donc aussitôt à moi. Mais si l'orateur qui pèse les intérêts publics a reçu quelque argent, cet argent agit sur son esprit comme un poids dans la balance ; il le précipita et l'entraîne, de sorte qu'il ne peut plus juger sainement des choses. (13) Au reste, voici non avis dans la conjoncture présente. Soit qu'on veuille procurer à la république des fonds, des alliés ou d'autres ressources : le premier soin qu'on doit avoir c'est de ne pas rompre la paix actuelle. Non que je la croie fort avantageuse et digne de vous ; mais quelle qu'elle soit, s'il ne fallait point la faire, il ne faut point la rompre aujourd'hui qu'elle est faite. Car nous avons laissé échapper bien des objets qui, étant alors entre nos mains, nous donnaient, pour la guerre, plus de sûretés et de facilités que nous n'en aurions à présent. (14) Nous devons prendre garde, en second lieu, de jeter les peuples qui composaient l'assemblée, et qui se parent du titre d'Amphictyons dans la nécessité de nous attaquer tous de concert ; il ne faut pas au moins leur en fournir le prétexte, Si nous étions de nouveau en différend avec Philippe pour recouvrer Amphipolis, ou pour quelque autre raison particulière, dans laquelle n'entreraient ni les Thessaliens, ni Ies Argiens, ni les Thébains, je crois qu'aucun d'eux n'épouserait la querelle du monarque, moins encore que tout autre (qu'on me permette de le dire), les Thébains eux-mêmes. Ce n'est pas qu'ils soient bien intentionnés pour Athènes, ou peu jaloux de plaire à Philippe, mais ils savent, quelque stupides qu'on les suppose, que, s'ils ont la guerre avec les Athéniens, ils en supporteront tous les maux, tandis qu'un tiers épiera et saisira le moment d'en recueillir le fruit. Ils ne s'exposeront donc pas, eux et les autres, à prendre les armes contre nous à moins qu'ils n'aient tous des raisons pour partager la querelle. (16) Si nous nous trouvions aux prises avec les Thébains pour la ville d'Orope, ou pour quelque autre objet semblable, nous n'aurions pareillement rien à craindre des autres Grecs. Ils nous secourraient même, nous ou les Thébains, si on nous attaquait injustement, mais non pas si nous voulions attaquer. On verra, pour peu qu'on y réfléchisse, que c'est-là l'esprit des confédérations, et qu'elles sont nécessairement telles par leur nature. (17) Nul peuple ne porte la bienveillance pour nous et pour les Thébains, jusqu'à vouloir qu'une des deux puissances, non contente de se maintenir opprime sa rivale. Tous veulent pour eux-mêmes que nous ne soyons opprimés ni les uns ni les autres ; mais aucun ne voudrait que nous fussions les maîtres, et que nous dominassions dans la Grèce. Qu'y a-t-il donc à craindre, et que doit-on éviter, selon moi ? de fournir aux peuples des sujets de plainte, et un prétexte commun pour marcher contre nous. (18) Car si les Argiens, les Messéniens, les Mégalopolitains, tous les habitants du Péloponnèse qui sont du même parti, sont mal disposés pour notre république, parce que nous avons recherché l'alliance de Lacédémone, et que nous paraissons nous prêter à ses entreprises ; si les Thébains qui, comme on dit, nous haïssent naturellement, nous haïssent encore davantage parce que nous recueillons ceux qu'ils ont bannis, et qu'en toute manière nous manifestons à leur égard, nos dispositions peu favorables ; (19) si les Thessaliens en veulent à notre ville parce qu'elle reçoit les fugitifs de la Phocide, et Philippe parce qu'elle lui dispute le titre d'Amphictyon : je crains que toutes ces puissances, animées par un ressentiment particulier, ne se liguent contre Athènes, sous prétexte de défendre les décrets amphictyoniques, et qu'ainsi chaque peuple ne se porte légèrement à nous faire la guerre contre son propre intérêt ; ce qui est arrivé dans les troubles de la Phocide.


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Dernière mise à jour : 4/09/2008