HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Aristogiton (I) (discours complet)

Paragraphes 80-89

  Paragraphes 80-89

[80] ταῦτα λαβὼν τὰ φάρμακα καὶ τὰς ἐπῳδὰς παρὰ τῆς θεραπαίνης αὐτῆς, κατ' ἐκείνης τότ' ἐμήνυσεν, ἐξ ἧσπερ βάσκανος οὗτος πεπαιδοποίηται, μαγγανεύει καὶ φενακίζει καὶ τοὺς ἐπιλήπτους φησὶν ἰᾶσθαι, αὐτὸς ὢν ἐπίληπτος πάσῃ πονηρίᾳ. Οὗτος οὖν αὐτὸν ἐξαιρήσεται, φαρμακός, λοιμός, ὃν οἰωνίσαιτ' ἄν τις μᾶλλον ἰδὼν προσειπεῖν βούλοιτο, ὃς αὐτὸς αὑτῷ θανάτου τετίμηκεν ὅτε τοιαύτην δίκην ἔλαχεν. <81> Τί οὖν λοιπόν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι; κοινὰ νὴ Δία πᾶσιν ὑπάρχει τοῖς ἀγωνιζομένοις παρὰ τῆς τῶν ἄλλων ὑμῶν φύσεως, καὶ οὐδεὶς αὐτὸς ἑαυτῷ ταῦτα φέρει τῶν κρινομένων, ἀλλ' ὑμῶν ἕκαστος ἔχων οἴκοθεν ἔρχεται, ἔλεον, συγγνώμην, φιλανθρωπίαν. Ἀλλὰ τούτων γ' οὔθ' ὅσιον οὔτε θέμις τῷ μιαρῷ τούτῳ μεταδοῦναι. Διὰ τί; Ὅτι ὃν ἂν αὐτὸς ἕκαστος νόμον τῇ φύσει κατὰ πάντων ἔχῃ, τούτου τυγχάνειν παρ' ἑκάστου δίκαιός ἐστι καὶ αὐτός. <82> Τίν' οὖν νόμον ὑμῖν τίνα βούλησιν ἔχειν Ἀριστογείτων κατὰ πάντων δοκεῖ; Πότερ' εὐτυχοῦντας ὁρᾶν καὶ ἐν εὐδαιμονίᾳ καὶ χρηστῇ δόξῃ διάγοντας; Καὶ τί ποιῶν ζήσεται; Τὰ γὰρ τῶν ἄλλων κακὰ τοῦτον τρέφει. Οὐκοῦν ἐν κρίσεσι καὶ ἀγῶσι καὶ πονηραῖς αἰτίαις ἅπαντας εἶναι βούλεται· ταῦτα γεωργεῖ, ταῦτ' ἐργάζεται. δὲ ποῖός τις, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καλοῖτ' ἂν δικαίως τρισκατάρατος, κοινὸς ἐχθρός, πᾶσι δυσμενής, ὅτῳ μήτε γῆ φέροι καρπὸν μήτ' ἀποθανόντα δέξαιτο; Οὐχ τοιοῦτος; Ἔγωγε νομίζω. <83> Τίνος δὲ συγγνώμης ποίων ἐλέων οἱ σεσυκοφαντημένοι τετυχήκασιν παρὰ τούτου, οἷς οὗτος θανάτου πᾶσιν ἐτιμᾶτ' ἐν τουτοισὶ τοῖς δικαστηρίοις, καὶ ταῦτα πρὶν τὴν πρώτην ψῆφον διενεχθῆναι; Καὶ ἐφ' οἷς βάσκανος οὗτος οὕτως ὠμῶς καὶ πικρῶς εἶχεν, τούτους ὑμῶν οἱ λαχόντες, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὰ δίκαια ποιοῦντες ἔσῳζον, καὶ τοὺς ὑπὸ τούτου συκοφαντουμένους ἀπεψηφίζοντο, καὶ τὸ πέμπτον μέρος τῶν ψήφων οὐ μετεδίδοσαν τούτῳ. <84> Ἀλλ' γε τούτου πικρία καὶ μιαιφονία καὶ ὠμότης παρῆν καὶ ἐξητάζετο. Οὐχὶ παιδία, οὐχὶ μητέρας τῶν κρινομένων ἐνίων γραῦς παρεστώσας ὁρῶν οὗτος ἠλέει. Εἶτα σοὶ συγγνώμη; Πόθεν παρὰ τοῦ; τοῖς σοῖς παιδίοις ἔλεος; Πολλοῦ γε καὶ δεῖ. Σὺ τὸν εἰς ταῦτ' ἔλεον προδέδωκας, Ἀριστογεῖτον, μᾶλλον δ' ἀνῄρηκας ὅλως. Μὴ δὴ πρὸς οὓς αὐτὸς ἔχωσας λιμένας καὶ προβόλων ἐνέπλησας, πρὸς τούτους προσορμίζου· οὐ γὰρ δίκαιον. <85> Εἰ τοίνυν ἀκούσαιτε καὶ τὰς βλασφημίας ἃς κατὰ τὴν ἀγορὰν περιιὼν καθ' ὑμῶν ἔλεγεν, ἔτι μᾶλλον ἂν αὐτὸν μισήσαιτε, καὶ δικαίως. Φησὶ γὰρ πολλοὺς ὀφείλειν τῷ δημοσίῳ, τούτους δ' ἅπαντας ὁμοίους ὑπάρχειν ἑαυτῷ. Ἐγὼ δὲ πολλοὺς μὲν εἶναι τοὺς ἠτυχηκότας, εἰ καὶ δύ' εἰσὶ μόνοι, συγχωρῶ· παντὶ γὰρ πλείους εἰσὶ τοῦ δέοντος, καὶ οὐδένα τῶν ἄλλων ὀφείλειν ἔδει. Οὐ μέντοι μὰ τοὺς θεοὺς τούτῳ γ' ὑπάρχειν ὁμοίους οἴομαι τούτους, οὐδὲ πολλοῦ δεῖ, ἀλλὰ καὶ τοὐναντίον. <86> Οὑτωσὶ δὲ λογίζεσθε. Καὶ μή μ' ὑπολάβητ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὡς πρὸς ὀφείλοντας ὑμᾶς τῷ δημοσίῳ διαλέγεσθαι· οὔτε γὰρ ἔστιν μήτε γένοιτο τοῦτο, οὔτ' ἐγὼ νομίζω. Ἀλλ' εἴ τῴ τις ἄρ' φίλος γνώριμός ἐστιν ἐν τούτοις, ὡς ὑπὲρ τούτου τοῦτον προσήκει μισεῖν, τοῦτο βούλομαι δεῖξαι. Πρῶτον μὲν ὅτι ἀνθρώπους ἐπιεικεῖς, οἷς ἐγγύαι καὶ φιλανθρωπίαι γίγνονται καὶ ὀφλήματ' ἴδια, οἷς οὐ πρόσεστι κοίν' ἀδικήματα, ἠτυχηκέναι δὲ συμβέβηκεν, εἰς τὴν ὁμοίαν τάξιν ἑαυτῷ καὶ βλασφημίαν ἄγει, οὐκ ὀρθῶς οὐδὲ προσηκόντως. <87> Οὐ γὰρ ὅμοιόν ἐστιν, Ἀριστογεῖτον, οὐδὲ πολλοῦ δεῖ, γράψαντά σε τῶν πολιτῶν τρεῖς ἀκρίτους ἀποκτεῖναι γραφὴν ἁλῶναι παρανόμων καὶ δέον σε τεθνάναι ἐπὶ ταύτῃ τιμήματος τυχεῖν, καὶ φίλον ἐγγυησάμενον μὴ δύνασθαι ζημίαν ἀπροσδόκητον ἐνεγκεῖν· οὐχ ὅμοιον, οὔ. Ἔπειθ' ὅτι τὴν κοινὴν φιλανθρωπίαν ἣν ὑμεῖς ἔχετ' ἐκ φύσεως πρὸς ἀλλήλους οὗτος ἀναιρεῖ καὶ διαφθείρει. Ὑμεῖς γάρ, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῇ τῆς φύσεως πρὸς ἀλλήλους, ὅπερ εἶπον, χρώμενοι φιλανθρωπίᾳ, ὥσπερ αἱ συγγένειαι τὰς ἰδίας οἰκοῦσιν οἰκίας, οὕτω τὴν πόλιν οἰκεῖτε δημοσίᾳ. <88> Πῶς οὖν ἐκεῖναι; Ὅπου πατήρ ἐστι καὶ υἱεῖς ἄνδρες, τυχὸν δὲ καὶ τούτων παῖδες, ἐνταῦθ' ἀνάγκη πολλὰς καὶ μηδὲν ὁμοίας εἶναι βουλήσεις· οὐ γὰρ τῶν αὐτῶν οὔτε λόγων οὔτ' ἔργων ἐστὶν νεότης τῷ γήρᾳ. Ἀλλ' ὅμως οἵ τε νέοι πάνθ' ὅσ' ἂν πράττωσιν, ἄνπερ ὦσιν μέτριοι, οὕτω ποιοῦσιν ὥστε μάλιστα μὲν πειρᾶσθαι λανθάνειν, εἰ δὲ μή, φανεροί γ' εἶναι τοῦτο βουλόμενοι ποιεῖν· οἵ τε πρεσβύτεροι πάλιν, ἂν ἄρ' ἴδωσιν δαπάνην πότον παιδιὰν πλείω τῆς μετρίας, οὕτω ταῦθ' ὁρῶσιν ὥστε μὴ δοκεῖν ἑορακέναι. Ἐκ δὲ τούτων γίγνεταί τε πάνθ' φέρουσιν αἱ φύσεις καὶ καλῶς γίγνεται. <89> Τὸν αὐτὸν τοίνυν τρόπον ὑμεῖς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὴν πόλιν οἰκεῖτε συγγενικῶς καὶ φιλανθρώπως, οἱ μὲν οὕτως ὁρῶντες τὰ τῶν ἠτυχηκότων ἔργα ὥστε, τὸ τῆς παροιμίας, ὁρῶντας μὴ ὁρᾶν καὶ ἀκούοντας μὴ ἀκούειν, οἱ δ' οὕτω ποιοῦντες πράττουσιν ὥστ' εἶναι φανεροὶ καὶ φυλαττόμενοι καὶ αἰσχυνόμενοι. Ἐκ δὲ τούτων κοινὴ καὶ πάντων τῶν ἀγαθῶν αἰτία τῇ πόλει μένει καὶ συνέστηκεν ὁμόνοια. [80] avec les remèdes et les secrets que cet imposteur a reçus de la servante, qui a déposé elle-même contre sa maîtresse, et dont il a eu des enfants, il abuse et trompe le peuple ; il se donne pour guérir des maladies incurables, lui dont l'âme est malade et affectée de tous les vices. Cet empirique odieux, ce personnage impur, que l'on fuirait en le voyant plutôt que de lui parler, sollicitera pour son frère, lui qui en suscitant à ce frère un procès criminel, a conclu contra lui-même peine de mort ! <81> Que reste-t-il donc, Athéniens, à Aristogiton? sans doute les ressources communes à tous les accusés, ressources que leur fournit le caractère de leurs compatriotes, et qu'aucun d'eux ne trouve en lui-même, mais que chacun de vous apporte de chez soi, la douceur, la compassion, l'indulgence. Mais il serait contraire à la justice et à toutes les lois, de faire jouir ce scélérat d'un pareil avantage. Pourquoi? c'est que naturellement chacun doit être traité par tous suivant la règle qu'il a établie dans son coeur à l'égard de tous. <82> Or, quelle règle Aristogiton s'est-il faite contre tous les citoyens? Comment est-il disposé à leurs égard ? Voudrait-il les voir tous heureux, dans la gloire et dans la prospérité ? De quoi donc vivrait-il, puisque ce sont les maux d'autrui qui le font vivre ? Il désire que nous ayons tous de mauvaises affaires, que nous nous trouvions tous engagés dans des procès critiques : c'est-là le fonds qu'il cultiva, et dont il tire son revenu. Mais, qui est-ce qu'on doit appeler un scélérat, un pervers, un ennemi commun, un mauvais génie, déclaré contre tous; un être exécrable, pour qui on souhaite que la terre ne produise pas ses fruits, qu'elle ne le reçoive pas dans son sein, après la mort? N'est-ce pas un tel homme ? oui, certes, à ce qu'il me semble. <83> Quelle indulgence, quelle compassion ont éprouvées de sa part ceux qu'il calomniait ? Il les accusait dans ces mêmes tribunaux, et concluait à la mort: entre eux tous avant même qu'on eût rendu le premier jugement. Ceux que ce méchant homme attaque avec tant de dureté et de barbarie les juges les renvoyaient absous, comme étant calomniés ; ils n'accordaient pas la cinquième partie des suffrages à cet accusateur inhumain, <84> dont le caractère cruel, féroce et sanguinaire, les poursuivait à outrance. La vue, ni des jeunes enfants, ni des mères âgées de quelques-uns des accusés, ne le touchait pas Et on aurait pour vous, Aristogiton, quelque ménagement ! Pourquoi ? Qui pourrait en avoir ? On serait touché du sort de vos enfants! Eh ! vous-même les avez frustrés de la compassion due à leur âge ; vous-même avez anéanti pour eux ce sentiment dans tous les coeurs. Ne vous réfugiez donc pas dans les ports que vous avez comblés vous-même, dont vous vous êtes fermé l'entrée : non, vous ne devez pas y trouver d'asile. <85> Mais, Athéniens, si vous entendiez les propos injurieux qu'il se permet contre vous, dans la place publique, vous auriez encore bien plus sujet de le haïr. Il est plusieurs débiteurs du trésor, dit-il, et tous sont dans le même cas que lui. Pour moi, je lui accorde que plusieurs sont tombés dans cette disgrâce : oui, quand il n'y en aurait que deux, il n'y en aurait que trop ; et il ne devrait pas y en avoir d'autres qu'Aristogiton. Toutefois, je ne puis croire qu'ils soient dans le même cas que cet homme : non, il s'en faut de beaucoup ; c'est tout le contraire, suivant moi, et voici mes raisons. <86> Ne vous imaginez point que je vous adresse la parole comme à des débiteurs du trésor ; vous ne l'êtes pas, je ne vous crois pas tels ; et aux dieux ne plaise que vous le soyez ! Mais, si quelqu'un de vos amis, ou des personnes qui vous sont connues, l'était par hasard, je veux vous montrer que c'est une raison de plus pour haïr celui que nous accusons. D'abord, parce que d'honnêtes citoyens qui, par envie d'obliger, ayant répondu pour un autre, ont contracté des dettes particulières, et sont tombés dans le malheur, sans avoir commis de crime envers l'état, il les met dans la même classe que lui, contre toute justice et toute convenance. <87> Non, Aristogiton, ce n'est pas la même chose, il s'en faut de beaucoup, d'être condamné, parce qu'on a proposé de faire mourir, sans les entendre, trois citoyens, d'être condamné, dis-je, à une amende, lorsqu'on aurait dû être puni de mort; ou de se trouver dans un embarras imprévu, parce qu'on s'est porté caution pour un ami : non, assurément, non, ce n'est pas la même chose. Vous devez encore le haïr, Athéniens, parce qu'il ruine, autant qu'il est en lui, ces égards réciproques que vous inspire la bonté de votre caractère, je m'explique. Usant, les uns envers les autres, de cette bonté naturelle dont je parle, vous vous comportez ensemble dans la ville, comme font les familles dans leurs maisons. <88> Dans une maison où il y a un père, des fils d'un certain âge, peut-être même les enfants de ceux-ci, il se trouve, de toute nécessité, bien des caractères différents, vu le peu de rapport qui existe entre les discours et les actions de la jeunesse et de l'âge avancé. Cependant, si les jeunes gens ont de la pudeur, ils tâchent de n'être pas aperçus dans tout ce qu'ils font, ou du moins ils montrent qu'ils veulent se cacher. Les vieillards, de leur côté, s'ils voient les jeunes gens faire de la dépense, et se livrer au plaisir un peu plus qu'ils ne devraient, le voient sans paraître le voir. Par-là, chacun suit ses goûts, et tout va bien. <89> Vous aussi, dans l'enceinte de vos murs vous montrez ces égards mutuels qu'on a dans les familles. Les uns qui voient des citoyens tombés dans le malheur, continuer à user des droits de citoyens, voient, comme on dit, sans voir et entendent, sans entendre : les autres, en usant de ces droits, prennent des précautions, et montrent de la retenue. Par-là, subsiste et se conserve entre tous les membres de l'état, cette union précieuse, source de mille avantages.


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Dernière mise à jour : 28/08/2008