[70] Εἰσὶ τοίνυν ὧν Ἀριστογείτων ὀφείλει τῇ πόλει συνθῆκαι μὲν οἱ νόμοι, καθ' οὓς ἐγγράφονται πάντες οἱ ὀφλισκάνοντες, ὅρος δ' ἡ σανὶς ἡ παρὰ τῇ θεῷ κειμένη.
Εἰ μὲν οὖν ἀνῄρηται ταῦτα καὶ ἐξαλήλιπται τὸ ὄφλημα, ἡμεῖς ληροῦμεν, μᾶλλον δὲ
ψευδόμεθα· εἰ δ' ἔτ' ἔστι καὶ ἔσται τέωσπερ ἂν ἐκτείσῃ κείμενα, οὗτος
οὐδὲν ἀληθὲς λέγει, ἀλλ' ἀδικεῖ καὶ δεινὰ ποιεῖ τὰ κοινὰ δίκαι' ἀφανίζειν
ἐπιχειρῶν. <71> Οὐ γάρ, εἰ μὴ πᾶν ὅσον ὦφλεν ὀφείλει, νῦν ἡ κρίσις οὐδ' ὁ
λόγος, ἀλλ' εἰ ὀφείλει. Ἢ δεινά γ' ἂν πάθοιεν οἱ δραχμὴν ἐγγεγραμμένοι
μόνην, εἰ, διότι μικρὰ καὶ οὐδὲν ἠδικήκασιν, ἰσχύσει τὸ ὀφείλειν κατ'
αὐτῶν· ἐὰν δέ τις μεγάλ' ἠδικηκὼς ᾖ, μίαν θεὶς ἢ δύο καταβολὰς ἐπίτιμος
ἔσται. Ἔτι τοίνυν τρί' ἐστὶν τὰ ὀφλήμαθ' ἃ ἐγγέγραπται καὶ ἐφ' οἷς
ἐνδέδεικται. Τὰ μὲν δὴ δύ' ἐν ἀπογραφῇ πεποίηται, τὸ δ' ἓν οὐδ'
ἀπογέγραπται, ἀλλὰ βουλεύσεως τὸν Ἀλωπεκῆθεν Ἀρίστωνα διώκει. <72> Ναί,
φησίν· ἀδίκως γάρ μ' ἐγγέγραφεν. Δεῖ δή σε, ὡς ἔοικεν, δίκην λαβεῖν.
Οὐκοῦν ὑποσχεῖν πρῶτον καὶ μεῖναι ἐν οἷς πέπονθας ἀνάγκη. Ἢ τίνος λήψει
δίκην; Εἰ γὰρ ἔξεστί σοι πάνθ' ἅπερ τοῖς ἄλλοις, τί ἠδίκησαι;
<73> Φέρε δὴ πρὸς θεῶν κἀκεῖνο σκέψασθε. Ἂν ἕλῃ τὸν Ἀρίστωνα τῆς
βουλεύσεως, τί ἔσται; Ἐξαλειφθήσεται νὴ Δία, ὁ δ' ἀντεγγραφήσεται· ταῦτα
γὰρ οἱ νόμοι λέγουσιν. Καλῶς. Πότερον οὖν ἀπὸ ταύτης τῆς ἡμέρας ὁδὶ μὲν
ὀφειλήσει τῷ δημοσίῳ, ὁ ἐξαλειφθείς, ἐκεῖνος δ' ἐπίτιμος ἔσται, ὁ
ἐγγραφείς; Ἐκ γὰρ ὧν νῦν ὅδ' ἀξιοῖ, ταῦτα συμβαίνει· εἰ γὰρ ὅτ'
ἐγγέγραπται μὴ ὀφείλει, ἐπειδὰν ἐξαλειφθῇ, ὀφειλήσει δηλονότι. Ἀλλ' οὐκ
ἔστι ταῦτα, οὐκ ἔστιν, ἀλλ' ὅταν ἐξαλειφθῇ, τότ' οὐκ ὀφειλήσει· οὐκοῦν νῦν
ὀφείλει. <74> Τί δ'; Ἂν αὐτὸν ἀποφύγῃ, παρὰ τοῦ κομιεῖται ταῦθ' ἡ πόλις ἃ
νῦν οὐκ ἐξὸν οὗτος ποιεῖ; Πόθεν δέ, οἷς οὗτος θανάτου τιμᾶται καὶ δεσμοῦ
περιιὼν ἐν τῷ δικαστηρίῳ, οἱ μὲν τὰς ψυχάς, οἱ δὲ τὸ μὴ δεινὰ πεπονθέναι
κομιοῦνται; ᾯ γὰρ οὐδὲ τῶν ἴσων οὐδὲ τῶν ἐγκυκλίων δικαίων μετουσίαν
διδόασιν οἱ νόμοι, οὗτος τῶν ἀνηκέστων ἑτέροις αἴτιος γίγνεται, οὐκ ὀρθῶς
οὐδὲ πολιτικῶς οὐδ' ὡς συμφέρει γιγνομένων τούτων. <75> Ἀλλ' ἔγωγε ταῦθ'
ὁρῶν θαυμάζω, τὸ τἄνω κάτω γεγενῆσθαι τί ποτ' οἴεσθ' εἶναι. Ἐὰν ἡ γῆ μὲν
ἄνω, τὰ δ' ἄστρα κάτω γένηται; Οὐκ ἔστι τοῦτο γενέσθαι, μηδὲ γένοιτο. Ἀλλ'
ὅταν, οἷς ἐκ τῶν νόμων μὴ ἔξεστιν, ἐκ τῶν ὑμετέρων βουλήσεων ἐξῇ, ὅταν ἡ
μὲν πονηρία τιμᾶται, τὰ χρηστὰ δ' ἀπορρίπτηται, ὅταν τὸ δίκαιον καὶ τὸ
συμφέρον ἡττᾶται τοῦ φθόνου, τότ' ἄνω κάτω πάντα χρὴ νομίζειν τετράφθαι.
<76> Ἤδη τοίνυν τινὰς εἶδον τῶν ἀγωνιζομένων οἳ τοῖς πράγμασιν αὐτοῖς
ἁλισκόμενοι, καὶ οὐκ ἔχοντες ὡς οὐκ ἀδικοῦσι δεῖξαι, οἱ μὲν εἰς τὴν τοῦ
βίου μετριότητα καὶ σωφροσύνην κατέφυγον, οἱ δ' εἰς τὰ τῶν προγόνων ἔργα
καὶ λῃτουργίας, οἱ δ' εἰς ἕτερα τοιαῦτα δι' ὧν εἰς ἔλεον καὶ φιλανθρωπίαν
τοὺς δικάζοντας ἤγαγον. Τούτῳ δ' οὐδέν' ὁρῶ τῶν τόπων τούτων βάσιμον ὄντα,
ἀλλὰ πάντ' ἀπόκρημνα, φάραγγας, <77> βάραθρα. Τί γὰρ ὡς ἀληθῶς ἐρεῖ; Ὧν ὁ
πατήρ τι πεποίηκε νὴ Δία. Ἀλλὰ κατεγνώκαθ' ὑμεῖς ἐν τουτοισὶ τοῖς
δικαστηρίοις αὐτοῦ θάνατον, ὡς πονηροῦ δηλονότι καὶ ἀξίου τεθνάναι. Ἀλλὰ
νὴ Δία, εἰ ταῦτ' ἐστὶν αὐτῷ δυσχερῆ τὰ περὶ τὸν πατέρα, εἰς τὸν ἑαυτοῦ
βίον καταφεύξεται ὡς σώφρονα καὶ μέτριον. Ποῖον; Ὃν ποῦ βεβίωκεν; Ὃν μὲν
γὰρ ἅπαντες ὑμεῖς ἑοράκατε, οὐκ ἔστι τοιοῦτος. <78> Ἀλλ' ὦ τᾶν, εἰς τὰς
λῃτουργίας ἀποχωρήσεται. Τὰς πότ' ἢ ποῦ γεγονυίας; Τὰς τοῦ πατρός; Ἀλλ'
οὐκ εἰσίν. Ἀλλὰ τὰς ἑαυτοῦ; Φάσεις, ἀπαγωγάς, ἐνδείξεις, οὐχὶ λῃτουργίας
εὑρήσετε. Ἀλλὰ νὴ Δία καὶ χωρὶς τούτων συγγενεῖς πολλοὶ καὶ καλοὶ κἀγαθοὶ
παραστάντες αὐτὸν ἐξαιτήσονται. Ἀλλ' οὔτ' εἰσὶν οὔτ' ἐγένοντο πώποτε· πῶς
γὰρ τῷ γε μηδ' ἐλευθέρῳ; <79> Πλὴν ἔστι νὴ Δία, ἔστιν ἀδελφός τις οὗτος
αὐτῷ, ὁ παρὼν καὶ τὴν καλὴν δίκην αὐτῷ λαχών. Περὶ οὗ τὰ μὲν ἄλλα τί δεῖ
λέγειν; Ἀδελφὸς δ' ἐστὶ τούτου ὁμομήτριος καὶ ὁμοπάτριος καὶ πρὸς τοῖς
ἄλλοις κακοῖς δίδυμος. Οὑτοσίτὰ μὲν ἄλλα σιωπῶ, ἀλλ' ἐφ' οἷς ὑμεῖς τὴν
μιαρὰν Θεωρίδα, τὴν Λημνίαν, τὴν φαρμακίδα, καὶ αὐτὴν καὶ τὸ γένος ἅπαν
ἀπεκτείνατε,
| [70] Or, les billets qui constatent la dette d'Aristsogiton,
envers la république, ce sont les lois en vertu desquelles on
inscrit ses débiteurs; l'affiche, c'est la tablette où est inscrit le nom
du débiteur, et qu'on dépose dans le temple de Minerve,
si ces pièces n'existent pas, il n'y a plus de dette, les
accusateurs parlent au hasard, ou plutôt ils avancent une
imposture. Mais si elles subsistent et doivent subsister
jusqu'à ce que la dette soit payée, l'accusé ne dit rien de
vrai : il est coupable, et c'est un crime à lui de vouloir
frustrer la république de tous ses droits. <71> Car enfin,
il n'est pas question ici d'examiner ou de décider s'il
doit toute la somme à laquelle il a été condamné, mais
s'il la doit encore. Autrement, on ferait une grande
injustice à ceux qui ne seraient inscrits que pour une
drachme. Ils seraient censés débiteurs envers l'état
quoiqu'ils n'eussent péché en rien ou presque en rien; et
un homme qui aurait commis les plus grands crimes,
serait rétabli dans tous ses droits, parce qu'il aurait fait
un ou deux payements. Des trois dettes d'Aristogiton,
qui ont été inscrites, et pour lesquelles il a été accusé,
deux ont été payées, la troisième ne l'est pas
encore ; et c'est au sujet de cette troisième qu'il poursuit
Ariston par une action particulière. <72> Oui, certes, dit-il, puisqu'il m'a inscrit à faux. Eh bien ! Aristogiton, il
faut tirer de cette injure la réparation convenable ; et
cependant vous deviez commencer par rester dans l'état
de souffrance d'un débiteur sinon, de quoi tirerez-vous
réparation? Et s'il vous libre d'agir comme, les autres
quel tort vous a-t-on fait ?
<73> Suivez, je vous prie, Athéniens, ces raisonnements.
Si Ariston perd sa cause, qu'arrive-t-il ? Le nom
d'Aristogiton, sans doute, sera effacé et celui d'Ariston
inscrit, en vertu de la loi : fort bien. De ce jour, celui
dont le nom aura été effacé, sera-t-il débiteur du trésor,
tandis que celui dont le nom sera inscrit, jouira des
droits de citoyen ! C'est cependant là ce qui doit arriver
d'après ce que prétend l'accusé. Car, si Aristogiton
n'était pas censé débiteur quand son nom était inscrit, il
le sera apparemment quand son nom aura été effacé.
Mais, certes, il n'en est pas de la sorte; et dès que
son nom aura été effacé, il ne sera plus regardé comme
débiteur du trésor. Il l'est donc aujourd'hui. <74> Que si
Arison gagne sa cause, à qui la ville demandera-t-elle
satisfaction de ce que fait maintenant Aristogiton, sans
qu'il en ait le pouvoir ? Qui vengera ceux qu'il fait
condamner à la mort ou à la prison en assiégeant les
tribunaux ? Qui rendra la vie aux uns et dédommagera
les autres des maux qu'ils auront soufferts ? Celui que
les lois privent des droits ordinaires de citoyen jette les
citoyens dans des malheurs sans remède. Cela n'est-il
pas contraire à toute justice, aux lois du gouvernement,
aux intérêts de chacun ? <75> Je suis surpris de voir ces
désordres ? et que tout soit renversé. Que diriez-vous,
Athéniens, si la terre prenait la place du ciel, et le ciel
de la terre ? Cela est impossible et n'arrivera jamais.
Mais, lorsque vos décisions permettent ce que les lois
défendent, lorsque le vice est honoré et la vertu avilie,
lorsque les emportements de la haine prévalent sur les
règles de la justice et sur les intérêts de l'état, ne faut-il
pas croire que tout est renversé ?
<76> J'ai vu des accusés qui, convaincus sur les griefs de
l'accusation, et ne pouvant montrer leur innocence,
avaient recours à la sagesse et à la régularité de leur vie
passée ; d'autres, aux exploits de leurs ancêtres, et aux
charges publiques remplies avec zèle; d'autres, à d'autres
moyens par lesquels ils tâchaient d'amener les juges à
l'indulgence et à la compassion. Mais, pour celui que
j'accuse, je ne vois nulle part d'accès au pardon et à la
pitié ; tout est fermé pour lui, tout est escarpé, <77> tout
est précipice. En effet, que produira-t-il en sa faveur?
les services de son père ? d'un homme que vous avez
condamné à mort, comme un scélérat, sans doute, qui
méritait de mourir. Mais s'il ne peut se tourner de ce
côté, il se rejettera sur sa vie sage et régulière. De
quelle vie parlera-t-il ? Où l'a-t-il menée ? Ce n'est pas
au milieu de vous, assurément. <78> Il recourra peut-être
aux charges publiques. En quel lieu en quel temps
ont-elles été remplies ? Citera-t-il les charges de son
père ? et où existent-elles ? Les siennes? Mais on
trouvera de sa part des dénonciations, des accusations,
des poursuites judiciaires et non des charges publiques.
Au défaut de ce recours, une foule de parents distingués
par leur mérite pourront solliciter sa grâce. Mais il n'a
point de parents, il n'en a jamais eu ; et comment en
aurait-il puisqu'il n'est pas même libre ? <79> Il n'a
qu'un frère qui sollicite maintenant pour lui, et qui
précédemment lui a intenté ce beau procès. Que peut-on
dire ? C'est son frère de père et de mère et qui pis est
son frère jumeau. Sans parler du reste avec les remèdes
périlleux et les secrets magiques pour lesquels vous
avez condamné à mort Théoris, cette infante
magicienne de Lemnnos, elle et toute sa race,
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