HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Aristogiton (I) (discours complet)

Paragraphes 60-69

  Paragraphes 60-69

[60] Ἓν τοίνυν εἰπὼν ἔτι τῶν ἰδίων αὐτοῦ πονηρευμάτων τὰ λοίπ' ἐάσω. Πρὶν γὰρ ἐξελθεῖν ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου, ἐμπεσόντος ἀνθρώπου τινὸς Ταναγραίου πρὸς κατεγγύην, γραμματεῖον ἔχοντος, προσελθὼν καὶ λαλῶν ὁτιδήποθ' ὑφαιρεῖται τὸ γραμματεῖον. Αἰτιωμένου δὲ καὶ δεινὰ ποιοῦντος τἀνθρώπου, καὶ λέγοντος ὅτι οὐδεὶς ἄλλος ὑφῄρηται, εἰς τοῦτ' ἀφικνεῖται βδελυρίας ὥστε τύπτειν ἐπεχείρησε τὸν ἄνθρωπον. <61> Νεαλὴς δὲ καὶ πρόσφατος ὢν ἐκεῖνος περιῆν αὐτοῦ τεταριχευμένου καὶ πολὺν χρόνον ἐμπεπτωκότος. Ὡς δ' εἰς τοῦθ' ἧκεν, ἀπεσθίει τὴν ῥῖνα τἀνθρώπου. Καὶ τότε μὲν περὶ τὴν γεγονυῖαν συμφορὰν ἅνθρωπος γενόμενος ἀπέστη τοῦ τὸ γραμματεῖον ἐρευνᾶν καὶ ζητεῖν· ὕστερον δ' εὑρίσκουσι τὸ γραμματεῖον ἐν κιβωτίῳ τινί, οὗ τὴν κλεῖν οὗτος εἶχεν. Καὶ μετὰ ταῦτα ψηφίζονται περὶ αὐτοῦ ταῦθ' οἱ ἐν τῷ οἰκήματι, μὴ πυρός, μὴ λύχνου, μὴ ποτοῦ, μὴ βρωτοῦ μηδενὸς μηδένα τούτῳ κοινωνεῖν, μηδὲ λαμβάνειν, μηδ' αὐτὸν τούτῳ διδόναι. <62> Καὶ ὅτι ταῦτ' ἀληθῆ λέγω, κάλει μοι τὸν ἄνθρωπον οὗ τὴν ῥῖν' μιαρὸς οὗτος ἐσθίων κατέφαγεν. Μαρτυρία Καλῶν γ' ἔργων ῥήτωρ δημιουργὸς ὑμῖν γέγονεν. Ἄξιόν γ' ἐκ τοῦ τοιαῦτα πεποιηκότος στόματος λόγον συμβουλήν τιν' ἀκοῦσαι. Ἀνάγνωθι δὴ καὶ τουτὶ τὸ καλὸν περὶ αὐτοῦ δόγμα. Δόγμα. <63> Εἶτ' οὐκ αἰσχύνεσθ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, εἰ οἱ μὲν ἐπὶ πονηρίᾳ καὶ τοῖς ἐσχάτοις ἐμπεπτωκότες εἰς τὸ οἴκημα τοσούτῳ τοῦτον ἡγήσανθ' ἑαυτῶν εἶναι πονηρότερον ὥστ' ἄμεικτον ἑαυτοῖς καταστῆσαι, ὑμεῖς δ' ἐξεληλακότων τῶν νόμων αὐτὸν ἐκ τῆς πολιτείας εἰς ὑμᾶς αὐτοὺς καταμείξετε; Τί τῶν πεπραγμένων βεβιωμένων ἐπαινέσαντες; τί τῶν πάντων οὐχὶ δυσχεράναντες; Οὐκ ἀσεβής; Οὐκ ὠμός; Οὐκ ἀκάθαρτος; Οὐ συκοφάντης; <64> Ἀλλ' ὅμως τοιαῦτα ποιῶν καὶ τοιοῦτος ὢν ἐν ἁπάσαις ἀεὶ βοᾷ ταῖς ἐκκλησίαις ἐγὼ μόνος εὔνους ὑμῖν· πάντες οὗτοι συνεστᾶσιν· προδέδοσθε· παρ' ἐμοὶ μόνον εὔνοια λοιπή. Βούλομαι δὴ τὴν σφοδρὰν καὶ μεγάλην εὔνοιαν αὐτοῦ ταύτην ἐξετάσαι, πόθεν ἐστὶ καὶ ἐκ τίνος αὐτῷ γεγονυῖα, ἵν' εἰ μέν ἐστι τοιαύτη, χρῆσθ' αὐτῇ καὶ πιστεύητε, εἰ δὲ μή, φυλάττησθε. <65> Πότερον γάρ, ὅτι τοῦ πατρὸς αὐτοῦ θάνατον κατέγνωτε καὶ τὴν μητέρ' αὐτοῦ ὀφλοῦσαν ἀποστασίου ἀπέδοσθε, διὰ ταῦτ' αὐτὸν ὑμῖν εὔνουν ὑπολαμβάνετ' εἶναι; Ἀλλ' ἄτοπον νὴ τὸν Δία καὶ θεοὺς τοῦτό γε. Εἰ μὲν γὰρ εὔνους ἐστὶν ἐκείνοις καὶ τὸν τῆς φύσεως διασῴζει νόμον, ὃς καὶ ἀνθρώποις καὶ θηρίοις εἷς καὶ αὐτὸς ἅπασιν ὥρισται, στέργειν τοὺς γονέας, <66> κακόνους ἐστὶ τοῖς ἐκείνους ἀπολωλεκόσιν δῆλον ὅτι καὶ νόμοις καὶ πολιτείᾳ τῇ τούτων· εἰ δὲ μηδένα τούτων ὑπόλογον ποιεῖται, ἡδέως ἂν εἰδείην τίς ἐστιν τὴν πρὸς τοὺς γονέας εὔνοιαν ὁρῶν προδεδωκότα τοῦτον, ἣν πρὸς τὸν δῆμον νῦν ἔχειν ὑπισχνεῖται, πιστεύων· ἐγὼ μὲν γὰρ ἄπιστον καὶ θεοῖς ἐχθρόν, οὐ μόνον ἀνθρώποις, ὑπολαμβάνω τὸν τῶν γονέων ἀμελοῦντα. <67> Ἀλλὰ νὴ Δί' ὅτι τὰς ἐνδείξεις αὐτοῦ κατεψηφίσασθε, καὶ δὶς εἰς τὸ δεσμωτήριον κατέθεσθε καὶ αὐτὸν καὶ τὸν ἀδελφόν, διὰ ταῦθ' ὑμῖν εὔνους ἐστίν. Ἀλλὰ καὶ τοῦτ' ἄτοπον. Ἀλλ' ὅτι τὴν ἀρχὴν ἣν ἔλαχεν ἀπεδοκιμάσατε; <68> Ἀλλ' ὅτι παρανόμων αὐτοῦ κατέγνωτε; Ἀλλ' ὅτι πέντε ταλάντων πρὸς ἐτιμήσατε; Ἀλλ' ὅτι δακτυλοδεικτεῖτ' ἐπὶ τῷ πονηρότατον τῶν ὄντων ἁπάντων δεικνύναι; Ἀλλ' ὅτι τῶν ὑπαρχόντων νόμων καὶ πολιτείας μενόντων οὐκ ἔνι τῶν αἰσχρῶν αὐτῷ τούτων ἀπαλλαγῆναι; Ἀλλὰ διὰ τί ὑμῖν οὗτος εὔνους ἐστίν; Ὅτι, φησίν, ἀναιδής ἐστιν. δ' ἀναιδὴς ἐκ τίνος ὠνομάσθη τῶν ἄλλων ἀλλ' ὅταν τὰ μήτ' ὄντα μήτ' ἂν γενόμενα, ταῦτα τολμᾷ λέγειν δι' ἀναισχυντίαν, ὅπερ οὗτος ποιεῖ; <69> Ἡγοῦμαι τοίνυν καὶ περὶ τῆς ἐνδείξεως, μοι παραλείπειν ἔδοξε Λυκοῦργος, βέλτιον εἶναι πρὸς ὑμᾶς εἰπεῖν. Ἐγὼ γὰρ οἶμαι δεῖν ὑμᾶς, ὥσπερ ἂν εἰ χρέος ἐσκοπεῖτ' ἴδιον, οὕτως ἐξετάσαι τοῦτον καὶ τὰ τουτουὶ τοῦ ἀγῶνος δίκαια. Εἰ τοίνυν τις ὀφείλειν τιν' ᾐτιᾶτο χρήματα, δ' ἠρνεῖτο, εἰ μὲν ἐφαίνονθ' αἵ τε συνθῆκαι καθ' ἃς ἐδανείσατο κείμεναι καὶ οἱ τεθέντες ὅροι ἑστηκότες, τὸν ἀρνούμενον ἡγεῖσθ' ἂν ἀναιδῆ δηλονότι, εἰ δ' ἀνῃρημένα ταῦτα, τὸν ἐγκαλοῦντα· οὕτω ταῦτα πέφυκεν. [60] Écoutez un nouveau trait de scélératesse ; je ne citerai plus que celui-ci, et remettrai les autres. Avant qu'il sortit de prison on y avait mis un homme de Tanagre, qui avait répondu pour quelqu'un, et qui avait un billet entre les mains. Aristogiton l'aborde, lie conversation avec lui, et lui vole son billet. Comme l'étranger l'accusait de l'avoir pris, qu'il se plaignait vivement et disait qu'il n'y avait que lui qui eût pu le faire, il se porte à cet excès d'insolence de vouloir le frapper, <61> l'autre, qui était jeune et vigoureux, venait sans peine à bout d'un homme énervé, et depuis longtemps épuisé. Se voyant donc le plus faible, il lui déchire le nez avec les dents. Le Tanagrien, qui songeait à se tirer d'embarras, et à sortir de prison, cessa de faire des recherches pour son billet, qui fut enfin trouvé dans un petit coffre dont Aristogiton avait la clef. Outrés de cette indignité, les prisonniers décidèrent entre eux, par un décret en forme, qu'on n'aurait avec lui nul commerce, nulle communication, ni pour le feu ni pour la lumière, ni pour le boire, ni pour le manger; qu'on ne recevrait rien de lui, et qu'on ne lui donnerait rien. <62> Pour preuve que je dis vrai, greffier, faites paraître l'homme même dont cet infâme a dévoré le nez. On lit la déposition. Voilà, Athéniens, voilà les fameux exploits d'un de vos orateurs, Oui, il est utile d'entendre des discours, ou de recevoir des conseils d'une pareille bouche. Lisez-nous aussi, greffier, le décret honorable porté en sa faveur. On lit le décret des prisonniers. <63> Et vous ne rougiriez pas, Athéniens, d'admettre parmi vous, comme ministre, lorsque les lois l'excluent du gouvernement, un homme que des misérables, mis en prison pour leurs vols et pour leurs méfaits, ont regardé comme plus méchant qu'eux, au point de lui interdire avec eux tout commerce ! Que trouveriez-vous donc à louer dans ses actions ou dans sa vie ? Tout chez lui ne vous indignerait-il pas ? N'est-ce pas un pervers, un calomniateur, un homme atroce, un personnage abominable ? <64> malgré tout ce qu'il est et de tout ce qu'il a fait, il ne cesse de crier dans vos assemblées : je suis le seul qui vous sois resté fidèle, tous les autres conspirent contre vous ; on vous trahit; moi seul ai conservé de l'affection pour le peuple. Examinons un peu d'où lui est venue cette grande et vive affection, et quel en est le vrai principe, afin que vous puissiez y croire, si elle est réelle, ou vous en méfier, si elle me l'est pas. <65> Serait-ce parce que vous avez condamné son père à la mort, et que vous avez vendu sa mère, convaincue d'avoir trahi son protecteur, que vous la jugeriez bien affectionné pour vous ? Mais il n'y aurait pas de raison à cela ; j'en atteste Jupiter et les autres dieux. En effet, s'il a de l'affection pour son père et pour sa mère, s'il observe cette loi de la nature, commune aux hommes et aux brutes, qui leur prescrit à tous de chérir les auteurs de leur être, peut-il aimer ceux qui les ont condamnés ? <66> Peut-il être zélé pour leurs lois et leur gouvernement ? S'il ne prend à leur sort aucun intérêt, quel compte peut-on faire, je le demande, sur l'affection que dit avoir, pour le peuple, un fils dénaturé, qui s'est dépouillé de celle qu'il doit avoir pour ses parents? Pour moi, je regarde comme un perfide, indigne de toute confiance, ennemi des hommes, et même des dieux, celui qui néglige ses parents. <67> Serait-ce parce que vous avez improuvé juridiquement ses accusations, et que vous l'avez fait mettre en prison, lui et son frère, que vous lui croiriez de l'affection pour vous? Mais cela serait-il plus raisonnable ? Serait-ce parce qu'élu magistrat par le sort, vous l'avez rejeté dans l'examen? <68> Serait-ce parce que vous l'avez condamné comme infracteur des lois ? Serait-ce parce que vous lui avez imposé une amende de cinq talents? Serait-ce parce que vous le montrez au doigt, pour désigner le plus pervers des hommes ? Serait-ce, enfin, parce qu'il ne peut se délivrer de l'opprobre qui le suit, tant que les lois et le gouvernement subsisteront ? Par où donc vous est-il si fort affectionné ? parce que, pour vous, dit-il, il brave toute honte? Mais qu'est-ce qu'en appelle surtout un homme qui brave toute honte? n'est-ce pas celui qui, comme Aristogiton, soutient impudemment ce qui n'est pas, ce qui n'a jamais été ce qui ne sera jamais ? <69> Mais il est à propos, je crois, de vous exposer, sur le fond même de la cause présente, quelques moyens qui m'ont paru avoir échappé à Lycurgue. Il me semble que vous devez juger de l'accusé et des preuves de l'accusation, comme s'il s'agissait d'une somme due à un simple particulier. Je suppose donc que quelqu'un en accuse un autre de lui devoir une somme, et que celui-ci nie la dette ; si on produisait le billet du débiteur, si on montrait l'affiche mise sur les maisons ou sur les terres, vous trouveriez, je pense, fort impudent celui qui la nierait, ou celui qui la demanderait, si ces pièces n'existaient pas ; cela est naturel.


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Dernière mise à jour : 28/08/2008