HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Aristogiton (I) (discours complet)

Paragraphes 30-39

  Paragraphes 30-39

[30] Καὶ μὴν τι βούλεσθε τούτων ἧττόν ἐστι δεινὸν εἴ τις ἐξ ὧν οὗτός ἐστι μερῶν εἴποι τοῖς βιαζομένοις ἐξεῖναι λέγειν, τοῖς ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου, τοῖς ὧν ἀπέκτεινεν δῆμος τοὺς πατέρας, τοῖς ἀποδεδοκιμασμένοις ἄρχειν λαχοῦσιν, τοῖς ὀφείλουσι τῷ δημοσίῳ, τοῖς καθάπαξ ἀτίμοις, τοῖς πονηροτάτοις καὶ δοκοῦσι καὶ οὖσι· πάντα γὰρ ταῦθ' ὑπάρχει τούτῳ, καὶ πρόσεστι τοῖς οἷος οὗτός ἐστι τὴν φύσιν. <31> Ἐγὼ γάρ, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, νομίζω μὲν αὐτὸν καὶ ἐφ' οἷς νυνὶ ποιεῖ δικαίως ἂν ἀποθανεῖν, πολὺ μέντοι μᾶλλον, οὐδέν γ' ἧττον, ἐφ' οἷς δῆλός ἐστι ποιήσων, εἰ τὴν παρ' ὑμῶν ἐξουσίαν λήψεται καὶ καιρόν· μὴ γένοιτο. καὶ θαυμαστόν ἐστιν, εἴ τις ὑμῶν ἀγνοεῖ ὅτι ἐπὶ μὲν καλὸν χρηστὸν τῆς πόλεως ἄξιον πρᾶγμ' οὐδὲν οὗτός ἐστι χρήσιμος - μὴ γάρ, Ζεῦ καὶ θεοί, τοσαύτη σπάνις ἀνδρῶν γένοιτο τῇ πόλει ὥστε παρ' Ἀριστογείτονος τῶν καλῶν τι ποιήσασθαιἐφ' δ' ἂν καὶ χρήσαιτό τις τοιούτῳ θηρίῳ, ἀπεύχεσθαι τοῖς θεοῖς μὴ γενέσθαι δεῖ. Εἰ δ' ἄρα συμβαίη, μεῖζόν ἐστιν εὐτύχημα τῇ πόλει ἀπορῆσαι τοὺς βουλομένους ἐξαμαρτεῖν δι' οὗ τοῦτο ποιήσουσιν, τοῦτον ἀφειμένον αὐτοῖς ἕτοιμον ὑπάρξαι. <32> Τί γὰρ οὗτος ὀκνήσειεν ἄν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῶν ἀνηκέστων δεινῶν, ἄνθρωπος μιαρὸς καὶ πατρικῆς ἔχθρας πρὸς τὸν δῆμον ἀνάμεστος; Τίς δ' ἂν ἄλλος μᾶλλον, μὴ γένοιτο, ἀνατρέψειεν τὴν πόλιν, εἰ λάβοιτ' ἐξουσίας; Οὐχ ὁρᾶθ' ὅτι τῆς φύσεως αὐτοῦ καὶ πολιτείας οὐ λογισμὸς οὐδ' αἰδὼς οὐδεμία, ἀλλ' ἀπόνοι' ἡγεῖται, μᾶλλον δ' ὅλον ἔστ' ἀπόνοι' τούτου πολιτεία; μέγιστον μέν ἐστιν αὐτῷ τῷ ἔχοντι κακόν, δεινὸν δὲ καὶ χαλεπὸν πᾶσι, πόλει δ' οὐκ ἀνεκτόν. γὰρ ἀπονενοημένος ἅπας ἑαυτὸν μὲν προεῖται καὶ τὴν ἐκ λογισμοῦ σωτηρίαν, ἐκ δὲ τοῦ παραδόξου καὶ παραλόγου, ἐὰν ἄρα σωθῇ, σῴζεται. <33> Τίς ἂν οὖν εὖ φρονῶν αὑτὸν ἂν τὰ τῇ πατρίδι συμφέροντα ταύτῃ συνάψειεν; Τίς οὐκ ἂν εἰς ὅσον δυνατὸν φεύγοι, καὶ τὸν ἔχοντα ταύτην ἐκποδὼν ποιήσαιτο, ἵνα μηδ' ἄκων αὐτῇ ποτε περιπέσῃ; Οὐκ ἀπονοίας, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς ὑπὲρ πατρίδος βουλευομένους δεῖ ζητεῖν ὅτῳ κοινωνήσουσιν, ἀλλὰ νοῦ καὶ φρενῶν ἀγαθῶν καὶ προνοίας πολλῆς. Ταῦτα μὲν γὰρ εἰς εὐδαιμονίαν ἄγει πάντας ἀνθρώπους, ἐκείνη δ' οἷ τοῦτον ἀπελθεῖν δεῖ. <34> Θεωρεῖτε δὲ μὴ πρὸς τὸν ἐμὸν λόγον, ἀλλ' εἰς ἅπαντα τὰ τῶν ἀνθρώπων ἔθη βλέποντες. Εἰσὶ ταῖς πόλεσι πάσαις βωμοὶ καὶ νεῲ πάντων τῶν θεῶν, ἐν δὲ τούτοις καὶ Προνοίας Ἀθηνᾶς ὡς ἀγαθῆς καὶ μεγάλης θεοῦ, καὶ παρὰ τῷ Ἀπόλλωνι ἐν Δελφοῖς κάλλιστος καὶ μέγιστος νεὼς εὐθὺς εἰσιόντι εἰς τὸ ἱερόν, ὃς ὢν θεὸς καὶ μάντις οἶδε τὸ βέλτιστον· ἀλλ' οὐκ ἀπονοίας οὐδ' ἀναιδείας. <35> Καὶ δίκης γε καὶ εὐνομίας καὶ αἰδοῦς εἰσι πᾶσιν ἀνθρώποις βωμοί, οἱ μὲν κάλλιστοι καὶ ἁγιώτατοι ἐν αὐτῇ τῇ ψυχῇ ἑκάστου καὶ τῇ φύσει, οἱ δὲ καὶ κοινῇ τοῖς πᾶσι τιμᾶν ἱδρυμένοι· ἀλλ' οὐκ ἀναισχυντίας οὐδὲ συκοφαντίας οὐδ' ἐπιορκίας οὐδ' ἀχαριστίας, πάντα τούτῳ πρόσεστιν. <36> Οἶδα τοίνυν ὅτι τὴν μὲν ὀρθὴν καὶ δικαίαν ὁδὸν τῆς ἀπολογίας οὗτος φεύξεται, ἔξωθεν δὲ κύκλῳ περίεισιν λοιδορούμενος καὶ διαβάλλων καὶ ὑπισχνούμενος κρινεῖν, εἰσάξειν, παραδώσειν. Ἔστιν δὲ πάντ' αὐτῷ ταῦτα, ἐάνπερ ὑμεῖς ὀρθῶς σκοπῆτε, ἀδόκιμα. Τί γὰρ οὐκ ἐξελήλεγκται τούτων ἐπὶ πάντων πολλάκις; <37> Καὶ τὰ μὲν ἄλλ' ἐάσω· ἀλλ', Ἀριστογεῖτον, ἑπτὰ γραφὰς κέκρικάς με, τοῖς ὑπὲρ Φιλίππου τότε πράττουσιν σεαυτὸν μισθώσας, καὶ εὐθύνας διδόντος δὶς κατηγόρησας· καὶ Ἀδράστειαν μὲν ἄνθρωπος ὢν προσκυνῶ, καὶ ἔχω τοῖς θεοῖς καὶ πᾶσιν ὑμῖν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῖς σώσασί με πολλὴν χάριν· οὐδεπώποτε δ' οὐδὲν ἀληθὲς λέγων ἐφάνης, ἀλλ' ἀεὶ συκοφαντῶν ἠλέγχου. Ἐὰν οὖν ἀκύρους τοὺς νόμους οὗτοι ποιήσαντες ἀφῶσί σε τήμερον, νῦν μ' ἐξελέγξεις; Περὶ τοῦ; <38> Σκοπεῖτε γὰρ οὑτωσί. Δύ' ἔτη βιάζεται λέγειν οὗτος οὐκ ἐξὸν αὐτῷ, ἀλλὰ λέγει γ' ὅμως. Ἔπειτ' ἐν τούτοις τὸν μὲν ταλαίπωρον Φωκίδην καὶ τὸν χαλκοτύπον τὸν ἐκ Πειραιῶς καὶ τὸν σκυλόδεψον, καὶ ὅσων ἄλλων κατηγόρηκε παρ' ὑμῖν, εἶδ' ἀδικοῦντας τὴν πόλιν, ἐμὲ δ' οὐχ ἑώρα τὸν ῥήτορ' ἐπολέμει, οὐδὲ τὸν Λυκοῦργον, οὐδὲ τοὺς ἄλλους, περὶ ὧν αὐτίκα δὴ τὰ πόλλ' ἐρεῖ; Καὶ μὴν κατ' ἀμφότερ' ἄξιός ἐστ' ἀπολωλέναι, τοῦτο μέν, εἴ τι καθ' ἡμῶν ἔχων ἀδίκημα δεικνύναι ἡμᾶς μὲν ἀφίει, ἐπὶ δὲ τοὺς ἰδιώτας ἐπορεύετο, τοῦτο δέ, εἰ μηδὲν ἔχων ἕνεκα τοῦ παρακρούσασθαι καὶ φενακίσαι ὑμᾶς ταῦτ' ἐρεῖ. <39> Εἰ τοίνυν ἄρα καὶ τοιοῦτός τίς ἐστιν ἄνθρωπος ἐν τῇ πόλει, οἷος ἐκ παντὸς τρόπου τὸν κρινοῦντά τινα καὶ συκοφαντήσοντα ζητεῖν, εἰ δὲ δικαίως ἀδίκως μηδὲν φροντίζειν, οὐδέν' ἂν ἧττον εὕροι χρήσιμον ὄντ' τοῦτον ἑαυτῷ. Διὰ τί; Ὅτι τὸν κατηγορήσοντα τῶν ἄλλων καὶ πάντας κρινοῦντα αὐτὸν ἀνεξέλεγκτον ὑπάρχειν δεῖ, ἵνα μὴ διὰ τὴν τούτου πονηρίαν ἀποφεύγωσιν ἐκεῖνοι. Τούτου δ' οὔτε πλειόνων οὔτε μειζόνων ἁμαρτημάτων οὐδεὶς μᾶλλόν ἐστι μεστὸς ἐν τῇ πόλει. [30] Toutefois, aucun de ces propos ne serait aussi révoltant, que si quelqu'un de l'espèce de l'accusé vous disait qu'il doit être permis de vous haranguer malgré les lois, à ceux qui sont échappés des prisons, à ceux dont le peuple a condamné les pères au dernier supplice, à ceux, qui, élus magistrats, par le sort ont été rejetés dans l'examen, à ceux qui sont débiteurs du trésor, à ceux qui sont juridiquement diffamés, ou enfin, à ceux qui sont les plus méchants et reconnus tels, qui réunissent tous les traits que réunit Aristogiton et les hommes qui lui ressemblent. <31> Pour moi, je pense qu'il doit subir la mort, pour ce qu'il fait aujourd'hui, et avec plus, ou du moins autant de raison, pour ce qu'il ferait sans doute par la suite, si vous lui en donniez malheureusement le pouvoir et les facilités. Eh ! pourrait-on ignorer qu'il est incapable de rien faire de beau, d'honnête, qui soit digne de la république. Car ne permettez pas, grands dieux ! qu'Athènes éprouve une disette d'hommes qui la réduise à avoir recours à Aristogiton pour opérer quelque bien. Quant aux circonstances où l'on pourrait employer un tel monstre, souhaitons que notre ville ne s'y trouve jamais : que si elle devait s'y trouver, il vaut mieux que des citoyens qui auraient de mauvais desseins contre elle, soient privés de quelqu'un qui pourrait les seconder dans leurs vues, que de leur fournir un ministre de leurs crimes dans la personne d'Aristogiton, absous de tous ses crimes. <32> A quels excès funestes craindrait de se porter un aussi méchant homme, animé contre le peuple par une haine héréditaire ? Quel citoyen serait plus disposé à renverser la république s'il en avait la puissance ? Et puisse-t-il ne l'avoir jamais ! ne voyez-vous pas que ce n'est ni la raison ni la retenue, mais la fureur qui domine son génie, qui dirige sa conduite dans l'administration des affaires ; ou plutôt, que toute sa conduite est la fureur même, laquelle n'est pas moins nuisible à celui qui en est possédé, que dangereuse pour les autres et insupportable dans un état ? Un furieux s'abandonne lui-même ; il renonce à tout moyen raisonnable, qui pourrait le sauver ; et c'est contre toute raison, contre toute espérance, qu'il sort du péril, si par hasard il y échappe. <33> Mais quel homme sensé lui confierait sa personne ou les intérêts de la patrie ? Ne le fuirait-il pas autant qu'il le pourrait ? Ne le chasserait-il pas de la ville pour ne pas même le rencontrer ? non, de bons patriotes ne doivent pas chercher un furieux dont ils partagent la fureur, mais un homme prudent et sage qui leur communique sa prudence et sa sagesse : celles-ci conduisent les hommes au bonheur, celle-là les jette dans l'abîme où Aristogiton se précipite. <34> Sans vous en tenir à nos paroles, examinez les usages des peuples. Il est dans toutes les villes des temples et des autels pour tous les dieux, il en est pour la prudente Minerve, révérée comme une illustre déesse. A Delphes, à l'entrée du temple, on lui a érigé un grand et magnifique sanctuaire auprès d'Apollon, ce dieu qui rend toujours des oracles sûrs, qui donne toujours les meilleurs conseils, Mais il n'est nulle part de culte établi pour la fureur et l'impudence. <35> Tous les peuples ont dressé des autels à la justice, à la règle, à la pudeur ; et quoique les plus saints et les plus augustes soient dans le coeur de chacun de nous, il en est de construits par la main des hommes, que la loi rend publics et qu'elle propose à leur vénération : mais ils n'en ont dressé aucun à l'effronterie, à l'imposture, à la perfidie, à l'ingratitude, tous vices qui forment le caractère d'Aristogiton. <36> Je n'ignore pas qu'évitant de se justifier, selon les règles, sur les objets même dont on l'accuse, il se jettera dans des invectives et des calomnies étrangères à la cause, il promettra de susciter du affaires, d'intenter des accusations, de traduire devant le peuple ou devant les magistrats; je sais qu'il aura recours à ces moyens et à d'autres pareils qui tous lui seront inutiles, si on en juge raisonnablement. En effet, ne s'est-il pas trahi lui-même jusques dans les objets où il prétend se distinguer ? <37> Sans parler du reste, vous m'avez accusé sept fois comme criminel d'état, vous, Aristogiton, qui étiez vendu aux créatures de Philippe ; vous m'avez accusé deux fois lorsque je rendais mes comptes. Je suis homme, et je crains de montrer trop de présomption; je rends grâce aux dieux et à tous les Athéniens qui m'ont sauvé du péril : mais vous qui m'accusiez, vous fûtes toujours convaincu de mensonge et d'imposture. Si au mépris des lois on vous absout aujourd'hui, entreprendrez-vous encore de me convaincre? Et sur quoi ? <38> Faites, je vous prie, Athéniens, cette réflexion : depuis deux ans que les lois lui interdisent l'entrée de la tribune, sans qu'il ait cessé de parler au peuple, il n'a attaqué comme coupables envers la république, qu'un malheureux Phocidès, quelques misérables artisans, et d'autres particuliers qu'il a accusés devant vous ; il ne m'a pas attaqué, moi, homme public, dont il était l'ennemi, ni Lycurgue, ni les autres contre lesquels il déclamera dans l'instant. Toutefois, il mérite également la mort, soit que pouvant nous accuser et nous convaincre, il nous ait laissés pour attaquer de simples particuliers ; soit que n'ayant rien à dire contre nous, il annonce qu'il nous accusera dans le dessein de vous en imposer et de vous séduire. <39> Mais si vous voulez absolument avoir dans votre ville un accusateur de profession; si vous vous embarrassez peu qu'un tel homme accuse à tort ou avec droit, pourvu qu'il accuse ; sachez que nul n'est moins propre à seconder vos vues. Pourquoi? C'est qu'un homme qui veut accuser les autres, citer tout le monde en justice, doit être lui-même irréprochable, afin que les crimes de l'accusateur ne soient pas pour les accusés un moyen d'échapper à la justice, Or personne dans Athènes n'est plus noirci de crimes et de crimes plus atroces qu'Aristogiton.


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Dernière mise à jour : 28/08/2008