HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Colluthus, L'enlèvement d'Hélène

Vers 300-349

  Vers 300-349

[300] οὐκ ἐρέω· τί δὲ τόσσον ἐπισταμένην σε διδάξω;
301 οἶσθα γάρ, ὡς Μενέλαος ἀνάλκιδός ἐστι γενέθλης·
302 οὐ τοῖαι γεγάασιν ἐν Ἀργείοισι γυναῖκες,
303 καὶ γὰρ ἀκιδνοτέροισιν ἀεξόμεναι μελέεσσιν
304 ἀνδρῶν εἶδος ἔχουσι, νόθοι δ´ ἐγένοντο γυναῖκες.
305 ἔννεπεν· δ´ ἐρόεσσαν ἐπὶ χθονὶ πῆξεν ὀπωπὴν
306 δηρὸν ἀμηχανέουσα καὶ οὐκ ἠμείβετο νύμφη.
307 ὀψὲ δὲ θαμβήσασα τόσην ἀνενείκατο φωνήν·
308 ἀτρεκέως, ξεῖνε, τεῆς ποτε πυθμένα πάτρης
309 τὸ πρὶν ἐδωμήσαντο Ποσειδάων καὶ Ἀπόλλων;
310 ἤθελον ἀθανάτων δαιδάλματα κεῖνα νοῆσαι
311 καὶ νομὸν οἰοπόλοιο λιγύπνοον Ἀπόλλωνος,
312 ἔνθα θεοδμήτοισι παρὰ προθύροισι πυλάων
313 πολλάκις εἰλιπόδεσσιν ἐφέσπετο βουσὶν Ἀπόλλων.
314 ἀγρέο νῦν Σπάρτηθεν ἐπὶ Τροίην με κομίζων.
315 ἕψομαι, ὡς Κυθέρεια γάμων βασίλεια κελεύει.
316 οὐ τρομέω Μενέλαον, ὅταν Τροίη με νοήσῃ.
317 τοίην συνθείην καλλίσφυρος ἔννεπε νύμφη.
318 νὺξ δέ, πόνων ἄμπαυμα μετ´ ἠελίοιο κελεύθους,
319 ὕπνον ἐλαφρίζουσα, παρήορον ὤπασεν ἠῶ
320 ἀρχομένην· δοιὰς δὲ πύλας ὤιξεν ὀνείρων,
321 τὴν μὲν ἀληθείηςκεράων ἀπελάμπετο κόσμος
322 ἔνθεν ἀναθρῴσκουσι θεῶν νημερτέες ὀμφαί,
323 τὴν δὲ δολοφροσύνης, κενεῶν θρέπτειραν ὀνείρων.
324 αὐτὰρ ποντοπόρων Ἑλένην ἐπὶ σέλματα νηῶν
325 ἐκ θαλάμων ἐκόμισε φιλοξείνου Μενελάου,
326 κυδιόων δ´ ὑπέροπλον ὑποσχεσίῃ Κυθερείης
327 φόρτον ἄγων ἔσπευδεν ἐς Ἴλιον ἰωχμοῖο.
328 Ἑρμιόνη δ´ ἀνέμοισιν ἀπορρίψασα καλύπτρην
329 ἱσταμένης πολύδακρυς ἀνέστενεν ἠριγενείης,
330 πολλάκι δ´ ἀμφιπόλους θαλάμων ἔκτοσθε λαβοῦσα,
331 ὀξύτατον βοόωσα τόσην ἀνενείκατο φωνήν·
332 παῖδες, πῆ με λιποῦσα πολύστονον ᾤχετο μήτηρ,
333 χθιζὸν σὺν ἐμοὶ θαλάμων κληῖδας ἑλοῦσα
334 ἔδραθεν ὑπνώουσα καὶ ἐς μίαν ἤλυθεν εὐνήν;
335 ἔννεπε δακρυχέουσα, συνωδύροντο δὲ παῖδες.
336 ἀγρόμεναι δ´ ἑκάτερθεν ἐπὶ προθύροισιν ἐρύκειν
337 Ἑρμιόνην στενάχουσαν ἐπειρήσαντο γυναῖκες·
338 τέκνον ὀδυρομένη, γόον εὔνασον. ᾤχετο μήτηρ,
339 νοστήσει παλίνορσος· ἔτι κλαίουσα νοήσεις.
340 οὐχ ὁράᾳς; γοεραὶ μὲν ἐπιμύουσιν ὀπωπαί,
341 πυκνὰ δὲ μυρομένης θαλεραὶ μινύθουσι παρειαί.
342 τάχα νυμφάων ἐς ὁμήγυριν ἀγρομενάων
343 ἤλυθεν, ἰθείης δὲ παραπλάζουσα κελεύθου
344 ἵσταται ἀσχαλόωσα, καὶ ἐς λειμῶνα μολοῦσα
345 Ὡράων δροσόεντος ὑπὲρ πεδίοιο θαάσσει,
346 χρόα πατρῴοιο λοεσσομένη ποταμοῖο
347 ᾤχετο καὶ δήθυνεν ἐπ´ Εὐρώταο ῥεέθροις.
348 τοῖα δὲ δακρύσασα πολύστονος ἔννεπε κούρη·
349 οἶδεν ὄρος, ποταμῶν ἐδάη ῥόον, οἶδε κελεύθους
[300] Je ne t'en dirai pas davantage ; et que pourrais-je ajouter à tout ce que je viens de t'apprendre ? Tu sais que Ménélas est d'un sang qui souffre patiemment une injure. Il n'est point à Argos de femme aussi timide que lui. Malgré la faiblesse naturelle à leur sexe, elles ont quelque chose de mâle qui les exclut du rang de femmes». Tandis que Pâris prononçait ces derniers mots, Hélène tenait fixés contre terre ses beaux yeux humides d'amour ; et ne sachant comment rompre le silence, elle ne répondait rien. Elle sortit enfin du ravissement où elle était plongée : 308 «Ces murs, dit-elle, où tu reçus la vie et qu'ont bâtis les mains divines de Neptune et d'Apollon, j'ai souhaité sincèrement de les voir ; j'ai désiré de parcourir les lieux solitaires qui retentirent des chants harmonieux d'Apollon devenu berger, et ces pâturages où, selon l'arrêt rendu par les autres dieux, il conduisit plus d'une fois ses boeufs. C'en est fait, partons, et conduis-moi à Troie : je consens à t'y suivre, puisque la déesse des Amours le veut ainsi. Je crains peu la fureur de Ménélas, lorsqu'il apprendra que je me suis réfugiée dans Ilion». 317 C'est ainsi que cette beauté s'engageait à Pâris. Le soleil, ayant achevé sa course, fit place à la nuit, qui suspendit les travaux des humains. Le lendemain, l'Aurore, en se levant, chassa par degrés le sommeil. Lorsqu'elle l'eut rendu plus léger, elle ouvrit les deux portes par où sortent les songes. Il en est une d'où viennent ces visions brillantes qui montrent la vérité aux humains, et de laquelle on entend retentir la voix des dieux, qui ne trompe jamais ; l'autre donne passage à la séduction qui nourrit l'esprit de vains fantômes. (324) C'est à cette heure que Pâris conduisait Hélène sur ses vaisseaux, qui devaient l'éloigner des bords de Sparte. Ce fils de Priam, enhardi par les promesses de Cytbérée, amenait à Troie celle qui devait y porter la désolation. Dès que l'Aurore eut vu cet enlèvement se consommer, Hermione, éperdue et rejetant son voile en arrière, fit retentir le palais de ses gémissements. Aux cris qu'elle poussait, ses femmes accoururent. Lorsqu'elle les entendit à portée, elle leur parla ainsi : (332) «Ne m'apprendrez-vous point, mes chères compagnes, où est allée ma mère ? Elle m'abandonne, et me laisse plongée dans la douleur que me cause son départ. Hier au soir je l'accompagnais encore, lorsqu'avant de se livrer au sommeil, elle prit les clefs des appartements, pour n'être point surprise en l'absence de Ménélas». En disant ces mots elle fondait en larmes, et ses femmes s'affligeaient avec elle : elles craignaient l'excès de son affliction et faisaient leurs efforts pour la consoler : (338) «Princesse, lui disaient-elles, calmez votre douleur. Votre mère est sortie, mais elle ne tardera pas à revenir dès qu'elle apprendra combien elle vous fait verser de pleurs. Ne voyez-vous pas que les larmes qui coulent le long de vos belles joues en ternissent l'éclat, et que tant de sanglots vont bientôt flétrir votre beauté ? Peut-être votre mère, voulant aller joindre les jeunes femmes dans l'endroit où elles se rassemblent, s'est-elle égarée dans sa route, et elle-même est-elle dans les larmes ; peut-être, allant dans la prairie consacrée aux Heures pour y adorer ces jeunes divinités, s'est-elle arrêtée sur l'herbe encore humide de rosée ; peut-être enfin, après s'être baignée dans les eaux de l'Eurotas, a-t-elle voulu avant d'arriver se reposer sur les bords du fleuve. (349) - Pourquoi me flattez-vous ainsi ? s'écria Hermione fondant en larmes et poussant de profonds soupirs. Ma mère connaît parfaitement les entours de la montagne et les bords de l'Eurotas :


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Dernière mise à jour : 7/04/2009