[5,3] CHAPITRE III.
Ἐπεὶ καὶ ὁ ἐλπίζων, καθάπερ ὁ πιστεύων, τῷ νῷ ὁρᾷ τὰ νοητὰ καὶ τὰ μέλλοντα.
εἰ τοίνυν φαμέν τι εἶναι δίκαιον, φαμὲν δὲ καὶ καλόν, ἀλλὰ καὶ ἀλήθειάν τι
λέγομεν, οὐδὲν δὲ πώποτε τῶν τοιούτων τοῖς ὀφθαλμοῖς εἴδομεν ἀλλ´ ἢ μόνῳ τῷ
νῷ, ὁ δὲ λόγος τοῦ θεοῦ
« Ἐγώ» φησιν «εἰμὶ ἡ ἀλήθεια»
νῷ ἄρα θεωρητὸς ὁ λόγος
« Τοὺς δὲ ἀληθινούς, ἔφη, φιλοσόφους τίνας λέγεις; τοὺς τῆς ἀληθείας, ἦν δ´ ἐγώ,
φιλοθεάμονας»
ἐν δὲ τῷ Φαίδρῳ περὶ ἀληθείας ὡς ἰδέας λέγων ὁ Πλάτων δηλώσει. ἡ δὲ ἰδέα
ἐννόημα τοῦ θεοῦ, ὅπερ οἱ βάρβαροι λόγον εἰρήκασι τοῦ θεοῦ· ἔχει δὲ τὰ τῆς
λέξεως ὧδε·
« Τολμητέον γὰρ οὖν τό γε ἀληθὲς εἰπεῖν ἄλλως τε καὶ περὶ ἀληθείας λέγοντα· ἡ
γὰρ ἀχρώματός τε καὶ ἀσχημάτιστος καὶ ἀναφὴς οὐσία ὄντως οὖσα ψυχῆς
κυβερνήτῃ μόνῳ νῷ θεατή.»
Προελθὼν δὲ ὁ λόγος δημιουργίας αἴτιος, ἔπειτα καὶ ἑαυτὸν γεννᾷ, ὅταν ὁ λόγος
σὰρξ γένηται, ἵνα καὶ θεαθῇ. ὁ τοίνυν δίκαιος ζητήσει εὕρεσιν ἀγαπητικήν, εἰς ἣν
σπεύδων εὐτυχεῖ·
«τῷ κρούοντι»,
γάρ φησιν,
« Ἀνοιγήσεται· αἰτεῖτε καὶ δοθήσεται ὑμῖν·»
οἱ γὰρ ἁρπάζοντες τὴν βασιλείαν «βιασταὶ» οὐ τοῖς ἐριστικοῖς λόγοις, ἐνδελεχείᾳ
δὲ ὀρθοῦ βίου ἀδιαλείπτοις τε εὐχαῖς ἐκβιάζεσθαι εἴρηνται, τὰς ἐπὶ τοῖς
προτέροις ἁμαρτήμασιν ἀπαλείφοντες κηλῖδας.
Τὴν μέντοι κακότητα καὶ ἰλαδὸν ἔστιν ἑλέσθαι.
Τῷ δ´ αὖ πονοῦντι καὶ θεὸς συλλαμβάνει.
Οὐ γὰρ ἐν μέσοισι κεῖται
δῶρα δυσμάχητα Μοισᾶν
τὠπιτυχόντι φέρειν.
Ἡ γοῦν τῆς ἀγνοίας ἐπίστασις τὸ πρῶτόν ἐστι μάθημα τῷ κατὰ λόγον βαδίζοντι.
ἀγνοήσας τις ἐζήτησεν, καὶ ζητήσας εὑρίσκει τὸν διδάσκαλον εὑρών τε
ἐπίστευσεν καὶ πιστεύσας ἤλπισεν ἀγαπήσας τε ἐντεῦθεν ἐξομοιοῦται τῷ
ἠγαπημένῳ, τοῦτ´ εἶναι σπεύδων ὃ φθάσας ἠγάπησεν, τοιαύτην τινὰ μέθοδον
Σωκράτης ὑποδείκνυσιν Ἀλκιβιάδῃ ὧδε πυνθανομένῳ·
«Οὐκ ἂν οἴει ἄλλως εἰδέναι με περὶ τῶν δικαίων; — Ναί, εἴ γε εὕροις. — Ἀλλ´ οὐκ
ἂν εὑρεῖν με ἡγῇ; — Καὶ μάλα γε, εἰ ζητήσαις. — Εἶτα ζητῆσαι οὐκ ἂν οἴει με; —
Ἔγωγε, εἰ οἰηθείης γε μὴ εἰδέναι.»
Ταύτῃ τοι καὶ αἱ τῶν φρονίμων παρθένων λαμπάδες αἱ νύκτωρ ἀνημμέναι ἐν
πολλῷ τῷ τῆς ἀγνοίας σκότει, ἣν νύκτα ᾐνίξατο ἡ γραφή· φρόνιμοι ψυχαί,
καθαραὶ ὡς παρθένοι, συνεῖσαι σφᾶς αὐτὰς ἐν ἀγνοίᾳ καθεστώσας κοσμικῇ, τὸ
φῶς ἀνάπτουσι καὶ τὸν νοῦν ἐγείρουσι καὶ φωτίζουσι τὸ σκότος καὶ τὴν ἄγνοιαν
ἐξελαύνουσι καὶ ζητοῦσι τὴν ἀλήθειαν καὶ τοῦ διδασκάλου τὴν ἐπιφάνειαν
ἀναμένουσι.
« Φιλόσοφον μὲν οὖν, ἦν δ´ ἐγώ, πλῆθος ἀδύνατον γενέσθαι.»
«Ναρθηκοφόροι μὲν πολλοί, βάκχοι δέ τε παῦροι»
κατὰ τὸν Πλάτωνα.
« Πολλοὶ γὰρ κλητοί, ὀλίγοι δὲ ἐκλεκτοί·»
καὶ
« Οὐκ ἐν πᾶσι» φησὶν ὁ ἀπόστολος «ἡ γνῶσις.»
« Προσεύχεσθε δὲ ἵνα ῥυσθῶμεν ἀπὸ τῶν ἀτόπων καὶ πονηρῶν ἀνθρώπων· οὐ
γὰρ πάντων ἡ πίστις.»
Καὶ ἡ Κλεάνθους δὲ τοῦ Στωϊκοῦ φιλόσοφος ποιητικὴ ὧδέ πως τὰ ὅμοια γράφει·
Μὴ πρὸς δόξαν ὅρα, ἐθέλων σοφὸς αἶψα γενέσθαι,
μηδὲ φοβοῦ πολλῶν ἄκριτον καὶ ἀναιδέα δόξαν.
Οὐ γὰρ πλῆθος ἔχει συνετὴν κρίσιν οὔτε δικαίαν
οὔτε καλήν, ὀλίγοις δὲ παρ´ ἀνδράσι τοῦτό κεν εὕροις.
Γνωμικώτερον δὲ ὁ κωμικὸς ἐν βραχεῖ·
αἰσχρὸν δὲ κρίνειν τὰ καλὰ τῷ πολλῷ ψόφῳ.
Ἀκηκόασι γάρ, οἶμαι, τῆς καλῆς ἐκείνης λεγούσης ἡμῖν σοφίας·
« Εἰς μέσον ἀσυνέτων συντήρησον καιρόν, εἰς μέσον δὲ διανοουμένων
ἐνδελέχιζε.»
Καὶ πάλιν·
« Σοφοὶ κρύψουσιν αἴσθησιν·»
ἐνέχυρον γὰρ τῆς ἀληθείας τὴν ἀπόδειξιν ἀπαιτοῦσιν οἱ πολλοὶ οὐκ ἀρκούμενοι
ψιλῇ τῇ ἐκ πίστεως σωτηρίᾳ.
Ἀλλὰ κακοῖς μὲν κάρτα πέλει κρατέουσιν ἀπιστεῖν·
ὡς δὲ παρ´ ἡμετέρης κέλεται πιστώματα Μούσης,
γνῶθι διατμηθέντος ἐνὶ σπλάγχνοισι λόγοιο.
Τοῖς μὲν γὰρ κακοῖς τοῦτο σύνηθες, φησὶν ὁ Ἐμπεδοκλῆς, τὸ ἐθέλειν κρατεῖν τῶν
ἀληθῶν διὰ τοῦ ἀπιστεῖν. ὅτι δέ ἐστι τὰ ἡμέτερα ἔνδοξα καὶ πιστεύεσθαι ἄξια,
γνώσονται Ἕλληνες τοῦ λόγου μᾶλλον ἐξεταζομένου διὰ τῶν ἑπομένων· τῷ γὰρ
ὁμοίῳ τὸ ὅμοιον ἐκδιδασκόμεθα. ὅτι
〈« Ἀποκρίνου»〉 φησὶν ὁ Σολομὼν «τῷ μωρῷ ἐκ τῆς μωρίας αὐτοῦ.»
Διὸ καὶ τοῖς τὴν σοφίαν αἰτοῦσι τὴν παρ´ αὐτοῖς ὀρεκτέον τὰ οἰκεῖα, ὡς ἂν ῥᾷστα
διὰ τῶν ἰδίων εἰς πίστιν ἀληθείας εἰκότως ἀφίκοιντο·
« Τοῖς γὰρ πᾶσι πάντα ἐγενόμην,» λέγει, «ἵνα τοὺς πάντας κερδήσω,»
Ἐπεὶ καὶ τῆς θείας χάριτος ὁ ὑετὸς ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους καταπέμπεται·
« Ἢ Ἰουδαίων μόνων ἐστὶν ὁ θεός; οὐχὶ καὶ ἐθνῶν; ναὶ καὶ ἐθνῶν, εἴπερ εἷς ὁ
θεός»,
ὁ γενναῖος κέκραγεν ἀπόστολος.
| [5,3] CHAPITRE III.
Celui qui croit, comme celui qui espère, ne voient qu'en esprit les choses perceptibles
uniquement à l'intelligence et celles que promet l'avenir. Quand nous disons : telle
chose est juste; telle autre est belle et honnête; ceci est la vérité ; jamais nous n'avons
aperçu avec les yeux du corps, mais seulement avec ceux de l'esprit, ce qui est juste,
honnête, vrai.
« Je suis la Vérité, nous dit le verbe de Dieu ; c'est donc avec l'œil de l'esprit qu'il faut
contempler le Verbe. »
Quels sont, à votre jugement, les véritables philosophes ? — Je vous l'ai déjà dit :
« Ceux qui s'adonnent à la contemplation de la vérité.»
Platon affirme dans le Phèdre que la vérité est l'idée éternelle. Or, l'idée éternelle est
l'intelligence de Dieu, ce que les barbares appellent le Verbe de Dieu. Au reste,
empruntons au philosophe ses propres paroles :
« Il ne faut pas craindre de publier la vérité, surtout quand on parle sur la vérité.
L'essence véritable, sans couleur, sans forme, impalpable, ne peut être contemplée
que par le guide de l'âme, par le Dieu qui la gouverne. »
Ce Verbe, en se produisant au dehors, est l'auteur de la création. Dans la suite des
temps, il s'engendra lui-même en s'incarnant pour se rendre visible à nos yeux. Le
juste visera donc à ces investigations qui ont leur source dans l'amour, et au terme
desquelles on trouve la béatitude.
« Frappez, nous dit l'évangéliste, et il vous sera ouvert ; demandez, et il vous sera
donné. »
Car ceux qui ravissent le ciel, sont les violents, et ils ont pour armes non les
sophismes et l'orgueil de la dispute, mais l'infatigable persévérance de la piété. Cette
violence qu'ils font au royaume des cieux n'est pas autre chose que l'assiduité de
leurs prières qui efface les souillures contractées par les fautes antérieures.
« Tu peux, dit le poète, triompher du mal, et de toute sa puissance ; Dieu vient en
aide au combattant qui lutte avec courage.
« Les faveurs des Muses ne sont pas à la portée du premier venu. Elles demandent
des efforts et veulent être emportées d'assaut. »
Savoir qu'on ne sait rien, est le premier degré de la science dans celui qui marche
selon l'esprit du Verbe. Cet homme ignorait, il a demandé ; après avoir demandé, il a
trouvé le maître; après l'avoir trouvé, il a cru ; après avoir cru, il a espéré ; après avoir
été conduit de l'espérance à l'amour, il s'assimile à l'objet aimé, en s'appliquant à
devenir ce qu'est l'objet de son amour. Telle est à peu près la méthode que Socrate
indique à Alcibiade.
« Crois-tu, lui demande le jeune Athénien, que je ne puisse savoir d'ailleurs ce que
c'est que le juste ? — Tu le sais si tu l'as trouvé. — Et crois-tu que je ne l'aie pas
trouvé ? — Tu l'as trouvé si tu l'as cherché. — Penses-tu donc que je ne l'aie pas
cherché ? — Tu l'as cherché si tu as cru l'ignorer. »
C'est là le sens symbolique de ces lampes que les vierges prudentes allument au
milieu des épaisses ténèbres de l'ignorance, que l'Écriture appelle du nom de nuit.
Pareilles à des vierges sans tache, les âmes sages et prudentes, à la pensée qu'elles
vivent dans la nuit de ce monde, allument leurs lampes, éveillent leur intelligence,
éclairent l'obscurité qui les environne, dissipent les ténèbres de l'ignorance, cherchent
la vérité et attendent l'avènement du maître. « Il est donc impossible à la multitude,
me disais-je, de connaître la philosophie ? »
« Beaucoup prennent le thyrse, mais peu sont inspirés par le dieu, »
suivant Platon.
« En effet, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. Tous ne sont pas éclairés, dit
l'apôtre. Priez pour nous, afin que nous soyons garantis des hommes importuns et
méchants ; car la foi n'est pas à tous. »
Un philosophe du portique, Cléanthe, exprime la même pensée dans les vers suivants :
« Veux-tu arriver promptement à la sagesse ? ne vise point à la renommée. Ne te
laisse pas effrayer non plus par l'opinion aveugle et désordonnée de la foule. De
jugement et d'intelligence, il n'y en a pas dans la multitude ; à peine rencontreras-tu
ce trésor chez quelques mortels privilégiés. »
Le poète comique s'énonce avec plus de brièveté et sous une forme plus dogmatique :
« Il ne convient pas de livrer au tumulte de la multitude ce qui est beau. »
Poètes et philosophes avaient entendu, j'imagine, quelques accents de l'éternelle
Sagesse, quand elle nous dit :
« Au milieu des insensés, gardez vos paroles pour un autre temps ; mais soyez assidu
parmi les sages. »
Et ailleurs :
« Les sages renferment leur science en eux-mêmes. »
Pourquoi cela ? C'est qu'il faut à la multitude des preuves palpables à l'appui de
la vérité : le salut qui vient de la foi ne lui suffit pas, s'il est seul.
« Il est dangereux de croire à la parole des méchants, quoiqu'ils aient souvent le
dessus. Ecoute ce qu'enseigne notre muse : Déchire l'enveloppe du discours ; au fond
de ses entrailles est la science. »
« C'est en effet la coutume des méchants, dit Empédocle, de vouloir triompher de la
vérité par leur incrédulité même. »
Que nos doctrines reposent sur des preuves solides et dignes de créance, les Grecs le
reconnaitront, s'ils donnent une attention plus sérieuse aux commentaires qui vont
suivre. Les semblables, en effet, sont enseignés par les semblables. C'est la pensée de
Salomon dans cette maxime :
« Réponds au fou ce qui convient à sa folie. »
A ceux donc qui demandent une sagesse humaine et dont les éléments sont en eux, il
faut offrir des enseignements analogues, et qui leur sont familiers, afin de les amener
plus facilement, par les routes qui leur conviennent, à croire aux paroles de la vérité.
« Je me suis fait tout à tous, dit l'apôtre, pour les gagner tous. »
La pluie de la grâce divine ne tombe-t-elle pas également sur les bons comme sur les
méchants ?
« Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs, s'écrie l'illustre apôtre ? Ne l'est-il pas aussi
des Gentils ? Oui certes, il l'est aussi des Gentils, puisqu'il n'y a qu'un Dieu. »
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