[2,1b] Οἱ μὲν δὴ ἄλλοι ἄνθρωποι ζῶσιν, ἵνα ἐσθίωσιν, ὥσπερ ἀμέλει
καὶ τὰ ἄλογα ζῷα, οἷς οὐδὲν ἀλλ´ ἢ γαστήρ ἐστιν ὁ βίος, ἡμῖν δὲ
ὁ παιδαγωγὸς ἐσθίειν παραγγέλλει, ἵνα ζῶμεν. Οὔτε γὰρ ἔργον
ἡμῖν ἡ τροφὴ οὔτε σκοπὸς ἡδονή, ὑπὲρ δὲ τῆς ἐνταῦθα διαμονῆς,
ἣν ὁ λόγος εἰς ἀφθαρσίαν παιδαγωγεῖ, ἐγκρίνεται ἡ τροφή.
Ἁπλῆ δὲ αὕτη καὶ ἀπερίεργος, ἀληθείᾳ κατάλληλος, ἁπλοῖς
καὶ ἀπεριέργοις ἁρμόζουσα παιδίοις, ὡσὰν εἰς τὸ ζῆν, οὐκ εἰς τρυφὴν
ἐπιτήδειος· τὸ δὲ ἐκ δυεῖν, τὸ ζῆν τοῦτο, ὑγείας τε καὶ ἰσχύος σύγκειται,
οἷς μάλιστα κατάλληλον τῆς τροφῆς τὸ εὔκολον, εἴς τε τὰς ἀναδόσεις
καὶ τοῦ σώματος τὴν κουφότητα χρησιμεῦον, ἐξ ὧν αὔξησίς τε
καὶ ὑγεία καὶ ἰσχὺς δικαία, οὐχὶ δὲ ἄδικος ἢ σφαλερὰ καὶ ἀθλία
ὡς ἡ τῶν ἀθλητῶν ἐξ ἀναγκοφαγίας, περιγίνεται.
Αἱ μὲν οὖν πολυειδεῖς ποιότητες ἀποπτυστέαι, ποικίλας ἐντίκτουσαι
βλάβας, καχεξίας σωμάτων, ἀνατροπὰς στομάχων, ἐκπορνευούσης
τῆς γεύσεως διά τινος κακοδαίμονος τέχνης τῆς ὀψαρτυτικῆς
καὶ τῆς ἀμφὶ τὰ πέμματα ματαιοτεχνίας. Τροφὴν γὰρ
τολμῶσιν καλεῖν τὴν ἐν τρυφαῖς ἐπιτήδευσιν εἰς ἡδονὰς ἐπιβλαβεῖς
ὀλισθαίνουσαν. Ἀντιφάνης δὲ ὁ Δήλιος ἰατρὸς καὶ μίαν τῶν
νόσου αἰτιῶν ταύτην εἴρηκεν τῶν ἐδεσμάτων τὴν πολυειδίαν, τῶν
περὶ τὴν ἀλήθειαν δυσαρεστούντων κενοδοξίᾳ ποικίλῃ τὸ σῶφρον
τῆς διαίτης ἐξομνυμένων καὶ τὰς διαποντίους πολυπραγμονούντων
ἐδωδάς. Κἀμοὶ μὲν ἔλεος ὕπεισι τῆς νόσου, οἳ δὲ ἐξυμνεῖν οὐκ αἰσχύνονται τὰς
σφετέρας ἡδυπαθείας, τὰς ἐν τῷ πορθμῷ τῷ Σικελικῷ
σμυραίνας πολυπραγμονοῦντες καὶ τὰς ἐγχέλεις τὰς Μαιανδρίους καὶ
τὰς ἐν Μήλῳ ἐρίφους καὶ τοὺς ἐν Σκιάθῳ κεστρεῖς καὶ τὰς Πελωρίδας
κόγχας καὶ τὰ ὄστρεια τὰ Ἀβυδηνά, οὐ παραλείποντες δὲ τὰς ἐν
Λιπάρᾳ μαινίδας οὐδὲ τὴν γογγύλην τὴν Μαντινικήν, ἀλλὰ οὐδὲ τὰ
παρὰ τοῖς Ἀσκραίοις τεῦτλα, κτένας τε ἐκζητοῦσιν Μηθυμναίους
καὶ ψήττας Ἀττικὰς καὶ τὰς Δαφνίους κίχλας χελιδονίους τε ἰσχάδας,
δι´ ἃς εἰς Ἑλλάδα πεντακοσίαις ἅμα μυριάσιν ὁ κακοδαίμων ἐστείλατο
Πέρσης. Ὄρνεις ἐπὶ τούτοις συνωνοῦνται τοὺς ἀπὸ Φάσιδος, ἀτταγᾶς
Αἰγυπτίας, Μῆδον ταῶνα. Ταῦτα τοῖς ἡδύσμασιν ἐξαλλάσσοντες
οἱ γαστρίμαργοι τοῖς ὄψοις ἐπικεχήνασιν, ὅσα τε χθὼν πόντου τε
βένθη καὶ ἀέρος ἀμέτρητον εὖρος ἐκτρέφει, τῇ αὑτῶν ἐκποριζόμενοι
λαιμαργίᾳ. Σαγηνεύειν ἀτεχνῶς οἱ πλεονέκται καὶ πολυπράγμονες
οὗτοι ἐοίκασιν εἰς ἡδυπάθειαν τὸν κόσμον, «ταγήνοις σίζουσιν»
περιηχούμενοι, ἀμφὶ τὴν ἴγδιν καὶ τὸν ἀλετρίβανον τὸν πάντα
αὐτῶν κατατρίβοντες βίον οἱ παμφάγοι καθάπερ τὸ πῦρ τῆς ὕλης
ἐξεχόμενοι. Ἀλλὰ καὶ τὴν εὔκολον βρῶσιν τὸν ἄρτον ἐκθηλύνουσιν
ἀποσήθοντες τοῦ πυροῦ τὸ τρόφιμον, ὡς τὸ ἀναγκαῖον τῆς τροφῆς
ὄνειδος γίνεσθαι ἡδονῆς.
Οὐκ ἔχει δὲ ὅρον παρὰ τοῖς ἀνθρώποις ἡ λιχνεία. Καὶ γὰρ εἰς τὰ
πέμματα καὶ τὰ μελίπηκτα, πρὸς δὲ καὶ εἰς τὰ τραγήματα ἐξώκειλεν,
ἐπιδορπισμάτων πλῆθος εὑρίσκουσα, παντοδαπὰς θηρωμένη
ποιότητας. Καί μοι δοκεῖ ὁ τοιοῦτος ἄνθρωπος οὐδὲν ἀλλ´ ἢ γνάθος
εἶναι.
| [2,1b] Mais il est des hommes qui vivent seulement pour manger, semblables aux animaux privés de raison, dont le ventre est toute la vie. Mangez pour vivre, nous dit le Pédagogue; un plaisir brutal n'est point votre but ; soutenez votre corps puisqu'il le faut, mais n'oubliez pas que vous êtes nés pour être immortels et incorruptibles. Il faut donc faire un choix éclairé entre les aliments qui sont à notre usage. Les plus simples sont les plus convenables. Point de recherche, point d'apprêt, point d'artifice ; la vérité et le nécessaire, non le mensonge et la volupté. La santé et les forces constituent essentiellement la vie humaine, et l'aliment le plus simple est aussi celui qui les conserve le mieux, parce que, facile à digérer, il entretient le corps souple, libre et dispos. Je ne veux point dire ces forces outrées et misérables qu'une nourriture nécessaire à leur état impose aux athlètes, mais une santé et des forces toujours justes, égales et proportionnées. Nous devons donc nous abstenir de ces aliments dont les qualités nuisibles dérangent les habitudes du corps et troublent les fonctions de l'estomac, après avoir d'abord souillé et corrompu le goût par l'art détestable et funeste avec lequel ils ont été préparés. Cet art impur, qui dessèche rapidement les sources de la vie, il est des hommes qui osent l'appeler besoin de vivre et de se nourrir. C'est en vain que l'habile médecin Antiphane affirme que cette variété de mets est presque l'unique cause de toutes les maladies, ils s'irritent contre cette vérité, et, poussés par je ne sais quelle vaine gloire, ils méprisent, ils rejettent tout ce qui est simple, frugal, naturel, et ils font chercher avec anxiété leur nourriture au-delà des mers. Mais hélas ! je les plains de leur maladie, et je les entends qui célèbrent leurs folles délices. Rien n'échappe à leur avidité ; ils n'épargnent ni peines, ni argent. Les murènes des mers de Sicile, les anguilles du Méandre, les chevreaux de Mélos, les poissons de Sciato, les coquillages de Pélore, les huîtres d'Abydos, et jusqu'aux légumes de Lipare; que dirai-je encore? les bettes d'Ascrée, les pétoncles de Métymne, les turbots d'Attique, les grives de Daphné et les figues de Chélidoine, pour lesquelles le Perse insensé envahit la Grèce avec une armée de cinq cent mille hommes; enfin les oiseaux du Phase, les faisans d'Égypte, les paons de Médie, ils achètent et dévorent tout. Ils font de ces mets recherchés des ragoûts plus recherchés encore qu'ils regardent l'œil enflammé et la bouche béante. Tout ce qui marche sur la terre, tout ce qui nage dans les eaux, tout ce qui vole dans les espaces immenses de l'air, suffit à peine à leur voracité. Inquiets, avides, insatiables, ils enveloppent le monde entier de leur volupté comme d'un réseau. Au bruit des viandes qui sifflent et bouillonnent sur les fourneaux enflammés, ils mêlent les cris d'une joie tumultueuse; ils s'agitent, ils se pressent à l'entour, hommes voraces et omnivores, de qui la bouche semble être de feu. Le pain même, cet aliment simple et facile, n'est point à l'abri de leurs raffinements; ils extraient du froment les parties les plus nutritives, ils lui ôtent sa force et font ainsi eux-mêmes de cette indispensable nourriture l'opprobre de leur volupté. Leur gloutonnerie délicate n'a plus de bornes, ils la poursuivent sous toutes ses faces, ils l'excitent, ils la réveillent, quand elle se lasse, par mille sortes de friandises. On peut dire, il me semble, de pareils hommes, qu'ils sont tout bouche et tout mâchoire.
|