[8,2] Ἔτι δὲ νυκτὸς κατέπλευσέ τις Αἰγύπτιος οὐ τῶν ἀφανῶν, ἐκβὰς
δὲ τοῦ κέλητος μετὰ σπουδῆς ἐπυνθάνετο ποῦ Χαιρέας ἐστίν. ἀχθεὶς
οὖν πρὸς Πολύχαρμον ἑτέρῳ μὲν οὐδενὶ ἔφη τὸ ἀπόρρητον δύνασθαι
εἰπεῖν, ἐπείγειν δὲ τὴν χρείαν ὑπὲρ ἧς ἀφῖκται. καὶ ἐπὶ πολὺ μὲν
ἀνεβάλλετο Πολύχαρμος τὴν πρὸς Χαιρέαν εἴσοδον, ἐνοχλεῖν ἀκαίρως
οὐ θέλων· ἐπεὶ δὲ ὁ ἄνθρωπος κατήπειγε, παρανοίξας τοῦ θαλάμου
τὴν θύραν ἐμήνυσε τὴν σπουδήν. ὡς δὲ στρατηγὸς ἀγαθὸς Χαιρέας
"κάλει" φησί· "πόλεμος γὰρ ἀναβολὴν οὐ περιμένει." εἰσαχθεὶς
δὲ ὁ Αἰγύπτιος, ἔτι σκότους ὄντος, τῇ κλίνῃ παραστὰς "ἴσθι" φησὶν
"ὅτι βασιλεὺς ὁ Περσῶν ἀνῄρηκε τὸν Αἰγύπτιον καὶ τὴν στρατιὰν
τὴν μὲν εἰς Αἴγυπτον πέπομφε καταστησομένην τὰ ἐκεῖ, τὴν δὲ
λοιπὴν ἄγει πᾶσαν ἐνθάδε καὶ ὅσον οὔπω πάρεστι· πεπυσμένος γὰρ
Ἄραδον ἑαλωκέναι λυπεῖται μὲν καὶ περὶ τοῦ πλούτου παντὸς ὃν
ἐνθάδε καταλέλοιπεν, ἀγωνιᾷ δὲ μάλιστα περὶ τῆς Στατείρας τῆς
γυναικός."
Ταῦτα ἀκούσας Χαιρέας ἀνέθορε· Καλλιρόη δὲ αὐτοῦ λαβομένη
"ποῦ σπεύδεις" εἶπε "πρὶν βουλεύσασθαι περὶ τῶν ἐφεστηκότων;
ἂν γὰρ τοῦτο δημοσιεύσῃς, μέγαν πόλεμον κινήσεις σεαυτῷ, πάντων
ἐπισταμένων ἤδη καὶ καταφρονούντων· πάλιν δὲ ἐν χερσὶ γενόμενοι
πεισόμεθα τῶν πρώτων βαρύτερα." ταχέως ἐπείσθη τῇ συμβουλῇ
καὶ τοῦ θαλάμου προῆλθε μετὰ τέχνης. κρατῶν γὰρ τῆς χειρὸς τὸν
Αἰγύπτιον, συγκαλέσας τὸ πλῆθος "νικῶμεν, ἄνδρες" εἶπε, "καὶ
τὴν πεζὴν στρατιὰν τὴν βασιλέως· οὗτος γὰρ ὁ ἀνὴρ τὰ εὐαγγέλια
ἡμῖν φέρει καὶ γράμματα παρὰ τοῦ Αἰγυπτίου· δεῖ δὲ τὴν ταχίστην
ἡμᾶς πλεῖν, ἔνθα ἐκεῖνος ἐκέλευσε. συσκευασάμενοι οὖν πάντες
ἐμβαίνετε."
Ταῦτα εἰπόντος ὁ σαλπιστὴς τὸ ἀνακλητικὸν εἰς τὰς τριήρεις
ἐσήμαινε. λάφυρα δὲ καὶ αἰχμαλώτους τῆς προτεραίας ἦσαν ἐντεθειμένοι,
καὶ οὐδὲν ἐν τῇ νήσῳ καταλέλειπτο, πλὴν εἰ μή τι βαρὺ καὶ
ἄχρηστον. ἔπειτα ἔλυον τὰ ἀπόγεια καὶ ἀγκύρας ἀνῄρουν καὶ βοῆς
καὶ ταραχῆς ὁ λιμὴν πεπλήρωτο καὶ ἄλλος ἄλλο τι ἔπραττε. παριὼν
δὲ Χαιρέας εἰς τὰς τριήρεις σύνθημα λεληθὸς τοῖς τριηράρχαις
διέδωκεν ἐπὶ Κύπρου κρατεῖν, ὡς δῆτα ἀναγκαῖον ἔτι ἀφύλακτον
οὖσαν αὐτὴν προκαταλαβεῖν· πνεύματι δὲ φορῷ χρησάμενοι τῆς
ὑστεραίας κατήχθησαν εἰς Πάφον, ἔνθα ἐστὶν ἱερὸν Ἀφροδίτης.
ἐπεὶ δὲ ὡρμίσαντο, Χαιρέας, πρὶν ἐκβῆναί τινα τῶν τριηρῶν,
πρώτους ἐξέπεμψε τοὺς κήρυκας εἰρήνην καὶ σπονδὰς τοῖς ἐπιχωρίοις
καταγγεῖλαι. δεξαμένων δὲ αὐτῶν ἐξεβίβασε τὴν δύναμιν
ἅπασαν εἰς γῆν καὶ ἀναθήμασι τὴν Ἀφροδίτην ἐτίμησε· πολλῶν δὲ
ἱερείων συναχθέντων εἱστίασε τὴν στρατιάν. σκεπτομένου δὲ αὐτοῦ
περὶ τῶν ἑξῆς ἀπήγγειλαν οἱ ἱερεῖς (οἱ αὐτοὶ δέ εἰσι καὶ μάντεις) ὅτι
καλὰ γέγονε τὰ ἰερά. τότε οὖν θαρρήσας ἐκάλεσε τοὺς τριηράρχας
καὶ ὅσους τῶν Αἰγυπτίων εὔνους ἑώρα πρὸς αὑτὸν καὶ ἔλεξεν ὧδε·
"Ἄνδρες συστρατιῶται καὶ φίλοι, κοινωνοὶ μεγάλων κατορθωμάτων,
ἐμοὶ καὶ εἰρήνη καλλίστη καὶ πόλεμος ἀσφαλέστατος μεθ´
ὑμῶν· πείρᾳ γὰρ μεμαθήκαμεν ὅτι ὁμονοοῦντες ἐκρατήσαμεν τῆς
θαλάσσης· καιρὸς δὲ ὀξὺς ἐφέστηκεν ἡμῖν εἰς τὸ βουλεύσασθαι περὶ
τοῦ μέλλοντος ἀσφαλῶς· ἴστε γὰρ ὅτι ὁ μὲν Αἰγύπτιος ἀνῄρηται
μαχόμενος, κρατεῖ δὲ βασιλεὺς ἁπάσης τῆς γῆς, ἡμεῖς δὲ ἀπειλήμμεθα
ἐν μέσοις τοῖς πολεμίοις. εἶτ´ οὖν συμβουλεύει τις ἡμῖν
ἀπιέναι πρὸς τὸν βασιλέα καὶ εἰς τὰς ἐκείνου χεῖρας φέροντας
αὑτοὺς ἐμβαλεῖν;" ἀνεβόησαν εὐθὺς ὡς πάντα μᾶλλον ἢ τοῦτο ποιητέον.
"Ποῦ τοίνυν ἄπιμεν; πάντα γάρ ἐστιν ἡμῖν πολέμια καὶ οὐκέτι
οὐδὲ τῇ θαλάττῃ προσήκει πιστεύειν, τῆς γῆς κρατουμένης ὑπὸ τῶν
πολεμίων· οὐ δήπου γε ἀναπτῆναι δυνάμεθα."
Σιωπῆς ἐπὶ τούτοις γενομένης Λακεδαιμόνιος ἀνήρ, Βρασίδου
συγγενής, κατὰ μεγάλην ἀνάγκην τῆς Σπάρτης ἐκπεσών, πρῶτος
ἐτόλμησεν εἰπεῖν "τί δὲ ζητοῦμεν ποῦ φύγωμεν βασιλέα; ἔχομεν
γὰρ θάλασσαν καὶ τριήρεις· ἀμφότερα δὲ ἡμᾶς εἰς Σικελίαν ἄγει
καὶ Συρακούσας, ὅπου οὐ μόνον Πέρσας οὐκ ἂν δείσαιμεν, ἀλλ´ οὐδὲ
Ἀθηναίους." ἐπῄνεσαν πάντες τὸν λόγον· μόνος Χαιρέας προσεποιεῖτο
μὴ συγκατατίθεσθαι, τὸ μῆκος τοῦ πλοῦ προφασιζόμενος, τὸ
δὲ ἀληθὲς ἀποπειρώμενος εἰ βεβαίως αὐτοῖς δοκεῖ. σφόδρα δὲ ἐγκειμένων
καὶ πλεῖν ἤδη θελόντων, "ἀλλ´ ὑμεῖς μέν, ἄνδρες Ἕλληνες,
βουλεύεσθε καλῶς καὶ χάριν ὑμῖν ἔχω τῆς εὐνοίας τε καὶ πίστεως·
οὐκ ἐάσω δὲ ὑμᾶς μετανοῆσαι, θεῶν ὑμᾶς προσλαμβανομένων. τοὺς
δὲ Αἰγυπτίους—πολλοὶ γάρ εἰσιν οὓς οὐ προσήκει ἄκοντας βιάζεσθαι·
καὶ γὰρ γυναῖκας καὶ τέκνα ἔχουσιν οἱ πλείους, ὧν οὐκ ἂν ἡδέως
ἀποσπασθεῖεν—κατασπαρέντες οὖν εἰς τὸ πλῆθος διαπυνθάνεσθαι
ἑκάστου σπεύσατε, ἵνα μόνον τοὺς ἑκόντας παραλάβωμεν."
| [8,2] Il faisait encore nuit lorsque arriva en bateau
un Egyptien, et non des moindres, qui descendit de son
brigantin en toute hâte et demanda où était Chéréas.
On le conduisit auprès de Polycharme, mais il dit qu'il
ne pouvait révéler son message secret à personne d'autre
qu'à Chéréas et que l'affaire pour laquelle il venait était
urgente. Pendant longtemps Polycharme différa le
moment de l'introduire auprès de Chéréas, craignant de
le déranger mal à propos ; mais comme l'homme insistait,
il ouvrit la porte de la chambre et lui dit qu'il y avait
urgence. En bon capitaine, Chéréas répondit : « Appelle-le,
car la guerre n'admet pas de délais. » L'Egyptien
fut introduit, alors qu'il faisait encore noir, s'approcha
du lit et dit : « Sache que le Roi de Perse a tué le roi
d'Egypte, qu'il a envoyé une partie de son armée en
Egypte pour rétablir ses affaires là-bas, et qu'il amène le
reste ici et il s'en faut de peu qu'il ne soit là. Ayant en
effet appris qu'Arados avait été prise, il est fort en peine
pour tous ses trésors qu'il avait laissés ici, et surtout
rempli d'angoisse au sujet de sa femme Statira. »
En entendant ces nouvelles, Chéréas sauta du lit,
mais Callirhoé le retint : « Où vas-tu si vite, lui dit-elle,
avant d'avoir réfléchi à la situation? Si tu répands cette
nouvelle, tu susciteras contre toi une grande hostilité;
lorsque tout le monde sera au courant, ils te mépriseront;
et, tombés de nouveau aux mains d'autrui, nous souffri-
rons des maux pires encore que les précédents. » Il ne
tarda pas à se rendre à cette suggestion et il sortit de la
chambre déjà avec son plan arrêté. Prenant l'Egyptien
par la main, il rassembla la foule et dit : « Nous sommes
aussi vainqueurs, Messieurs, sur l'armée de terre du
Roi; cet homme que voici nous apporte la bonne nouvelle
ainsi qu'une lettre du roi d'Egypte ; il nous faut
appareiller au plus vite pour nous rendre à l'endroit
qu'il nous ordonne. Rassemblez donc tout et embarquez! »
A ces mots, le trompette sonna le rassemblement aux
trières. Le butin et les prisonniers avaient déjà été embarqués
la veille et il ne restait rien dans l'île, sauf ce qui était
trop lourd et inutilisable. Après quoi l'on détacha les
amarres, on leva les ancres et le port se remplit de cris
et de mouvement, et chacun était occupé, qui à une
chose, qui à une autre. Chéréas, allant de trière en trière,
donna aux commandants l'ordre secret de faire route
vers Chypre, sous prétexte qu'il était nécessaire de surprendre
l'île qui était encore sans garnison. Grâce à une
brise favorable, le lendemain ils abordèrent à Paphos, où
se trouve un temple d'Aphrodite. Lorsqu'ils eurent
mouillé, Chéréas, avant de faire descendre personne
des trières, envoya d'abord les hérauts pour demander
aux habitants paix et alliance. Les habitants ayant accepté,
il débarqua toutes ses forces et offrit des ex-voto pour
honorer Aphrodite, puis, ayant réuni force victimes, il
offrit un banquet à l'armée. Comme il réfléchissait à
l'avenir, les prêtres (qui sont en même temps devins) lui
annoncèrent que les victimes étaient de bon augure. Il
prit alors courage, rassembla les commandants de trières
et ses trois cents Grecs et tous ceux des Egyptiens dont
il connaissait le dévouement à son égard, et leur parla ainsi :
"Camarades et amis, qui avez accompli avec moi
de grands exploits; pour moi, la paix et douce et la
guerre sans péril en votre compagnie; car l'expérience
nous a appris que, unis dans la concorde, nous nous
sommes rendus maîtres de la mer. Mais voici venue une
occasion urgente de délibérer sur notre sécurité future.
Sachez que le roi d'Egypte a été tué en combattant, que
le Roi est maître de toute la terre et que nous sommes
maintenant seuls au milieu des ennemis. Est-ce que quelqu'un
nous conseille d'aller trouver le Roi et de nous
livrer entre ses mains? » Ils crièrent aussitôt que tout valait mieux
que de faire cela.
« Alors, où allons-nous? Car tout nous est hostile
et désormais il n'est plus possible de se fier à la mer,
lorsque la terre est au pouvoir des ennemis. Et, évidemment,
nous ne pouvons nous envoler. »
Le silence ayant accueilli ces paroles, un Lacédémonien,
parent de Brasidas, qui, pour des raisons graves,
avait dû quitter Lacédémone, osa, le premier, dire
«Pourquoi cherchons-nous où fuir le Roi? Nous avons
la mer et des trières; cela nous ouvre la route de la
Sicile et de Syracuse où nous ne craindrons ni les Perses
ni même les Athéniens. »
Tous approuvèrent son discours; seul, Chéréas fit
semblant de ne pas être de cet avis, prétextant la longueur
de la navigation, mais, en réalité, pour éprouver
si leur détermination était bien assurée. Comme ils
insistaient vivement et se montraient disposés à partir :
« Sans doute, vous autres, Grecs, vous me donnez un
bon conseil, et je vous remercie de votre dévouement et
de votre fidélité; je ferai en sorte que vous n'ayez
pas à vous en repentir, si les dieux le permettent. Mais
les Egyptiens (et ils sont nombreux), ne doivent pas
être contraints à agir contre leur volonté; la plupart ont
femme et enfants, dont ils n'aimeraient pas à être séparés.
Répandez-vous donc dans la foule et hâtez-vous d'interroger
chacun, pour que nous m'enmenions que ceux qui
le voudront bien. »
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