HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VIII

Chapitre 3

  Chapitre 3

[8,3] Ταῦτα μέν, ὡς ἐκέλευσεν, ἐγίνετο· Καλλιρόη δὲ λαβομένη Χαιρέου τῆς δεξιᾶς, μόνον αὐτὸν ἀπαγαγοῦσα "τί" ἔφη "βεβούλευσαι, Χαιρέα; καὶ Στάτειραν ἄγεις εἰς Συρακούσας καὶ Ῥοδογούνην τὴν καλήν;" ἠρυθρίασεν Χαιρέας καὶ "οὐκ ἐμαυτοῦ" φησὶν "ἕνεκα ἄγω ταύτας, ἀλλὰ σοὶ θεραπαινίδας." ἀνέκραγεν Καλλιρόη "μὴ ποιήσειαν οἱ θεοὶ τοσαύτην ἐμοὶ γενέσθαι μανίαν, ὥστε τὴν τῆς Ἀσίας βασιλίδα δούλην ἔχειν, ἄλλως τε καὶ ξένην γεγενημένην. εἰ δέ μοι θέλεις χαρίζεσθαι, βασιλεῖ πέμψον αὐτήν· καὶ γὰρ αὕτη μέ σοι διεφύλαξεν ὡς ἀδελφοῦ γυναῖκα παραλαβοῦσα." "οὐδέν ἐστιν" ἔφη Χαιρέας, " σοῦ θελούσης οὐκ ἂν ἐγὼ ποιήσαιμι· σὺ γὰρ κυρία Στατείρας καὶ πάντων τῶν λαφύρων καὶ πρὸ πάντων τῆς ἐμῆς ψυχῆς." ἥσθη Καλλιρόη καὶ κατεφίλησεν αὐτόν, εὐθὺς δὲ ἐκέλευσε τοῖς ὑπηρέταις ἄγειν αὐτὴν πρὸς Στάτειραν. Ἐτύγχανε δὲ ἐκείνη μετὰ τῶν ἐνδοξοτάτων Περσίδων ἐν κοίλῃ νηί, ὅλως οὐδὲν ἐπισταμένη τῶν γεγενημένων, οὐδ´ ὅτι Καλλιρόη Χαιρέαν ἀπείληφε· πολλὴ γὰρ ἦν παραφυλακὴ καὶ οὐδενὶ ἐξῆν προσελθεῖν, οὐκ ἰδεῖν, οὐ μηνῦσαί τι τῶν πραττομένων. ὡς δὲ ἧκεν ἐπὶ τὴν ναῦν, τοῦ τριηράρχου δορυφοροῦντος αὐτήν, κατάπληξις εὐθὺς ἦν πάντων καὶ ταραχὴ διαθεόντων. εἶτά τις ἡσυχῆ πρὸς ἄλλον ἐλάλησεν " τοῦ ναυάρχου γυνὴ παραγίνεται." μέγα δὲ καὶ βύθιον ἀνεστέναξεν Στάτειρα καὶ κλάουσα εἶπεν "εἰς ταύτην με τὴν ἡμέραν, Τύχη, τετήρηκας, ἵνα βασιλὶς ἴδω κυρίαν· πάρεστι γὰρ ἴσως ἰδεῖν οἵαν παρείληφε δούλην." ἤγειρε θρῆνον ἐπὶ τούτοις καὶ τότε ἔμαθε τί αἰχμαλωσία σωμάτων εὐγενῶν. ἀλλὰ ταχεῖαν ἐποίησεν θεὸς τὴν μεταβολήν· Καλλιρόη γὰρ εἰσδραμοῦσα περιεπλάκη τῇ Στατείρᾳ. "χαῖρε" φησίν, " βασίλεια· βασιλὶς γὰρ εἶ καὶ ἀεὶ διαμένεις. οὐκ εἰς πολεμίων χεῖρας ἐμπέπτωκας, ἀλλὰ τῆς σοὶ φιλτάτης, ἣν εὐηργέτησας. Χαιρέας ἐμός ἐστι ναύαρχος· ναύαρχον δὲ Αἰγυπτίων ἐποίησεν αὐτὸν ὀργὴ πρὸς βασιλέα, διὰ τὸ βραδέως ἀπολαμβάνειν ἐμέ· πέπαυται δὲ καὶ διήλλακται καὶ οὐκέτι ὑμῖν ἐστι πολέμιος. ἀνίστασο δέ, φιλτάτη, καὶ ἄπιθι χαίρουσα· ἀπόλαβε καὶ σὺ τὸν ἄνδρα τὸν σεαυτῆς· ζῇ γὰρ βασιλεύς, κἀκείνῳ σε Χαιρέας πέμπει. ἀνίστασο καὶ σύ, Ῥοδογούνη, πρώτη μοι φίλη Περσίδων, καὶ βάδιζε πρὸς τὸν ἄνδρα τὸν σεαυτῆς, καὶ ὅσας βασιλὶς ἂν ἄλλας θέλῃ, καὶ μέμνησθε Καλλιρόης." Ἐξεπλάγη Στάτειρα τούτων ἀκούσασα τῶν λόγων καὶ οὔτε πιστεύειν εἶχεν οὔτε ἀπιστεῖν· τὸ δὲ ἦθος Καλλιρόης τοιοῦτον ἦν, ὡς μὴ δοκεῖν εἰρωνεύεσθαι ἐν μεγάλαις συμφοραῖς· δὲ καιρὸς ἐκέλευε ταχέως πάντα πράττειν. ἦν οὖν τις ἐν Αἰγυπτίοις Δημήτριος, φιλόσοφος, βασιλεῖ γνώριμος, ἡλικίᾳ προήκων, παιδείᾳ καὶ ἀρετῇ τῶν ἄλλων Αἰγυπτίων διαφέρων. τοῦτον καλέσας Χαιρέας εἶπεν "ἐγὼ ἐβουλόμην μετ´ ἐμαυτοῦ σε ἄγειν, ἀλλὰ μεγάλης πράξεως ὑπηρέτην σε ποιοῦμαι· τὴν γὰρ βασιλίδα τῷ μεγάλῳ βασιλεῖ πέμπω διὰ σοῦ. τοῦτο δὲ καὶ σὲ ποιήσει τιμιώτερον ἐκείνῳ καὶ τοὺς ἄλλους διαλλάξει." ταῦτα εἰπὼν στρατηγὸν ἀπέδειξε Δημήτριον τῶν ὀπίσω κομιζομένων τριηρῶν. πάντες μὲν οὖν ἤθελον ἀκολουθεῖν Χαιρέᾳ καὶ προετίμων αὐτὸν πατρίδων καὶ τέκνων. δὲ μόνας εἴκοσι τριήρεις ἐπελέξατο τὰς ἀρίστας καὶ μεγίστας, ὡς ἂν ὑπὲρ τὸν Ἰόνιον μέλλων περαιοῦσθαι, καὶ ταύταις ἐνεβίβασεν Ἕλληνας μὲν ἅπαντας ὅσοι παρῆσαν, Αἰγυπτίων δὲ καὶ Φοινίκων ὅσους ἔμαθεν εὐζώνους· πολλοὶ καὶ Κυπρίων ἐθελονταὶ ἐνέβησαν. τοὺς δὲ ἄλλους πάντας ἔπεμψεν οἴκαδε, διανείμας αὐτοῖς μέρη τῶν λαφύρων, ἵνα χαίροντες ἐπανίωσι πρὸς τοὺς ἑαυτῶν, ἐντιμότεροι γενόμενοι· καὶ οὐδεὶς ἠτύχησεν οὐδενός, αἰτήσας παρὰ Χαιρέου. Καλλιρόη δὲ προσήνεγκε τὸν κόσμον ἅπαντα τὸν βασιλικὸν Στατείρᾳ. δὲ οὐκ ἠβουλήθη λαβεῖν, ἀλλὰ "τούτῳ" ἔφη "σὺ κοσμοῦ· πρέπει γὰρ τοιούτῳ σώματι κόσμος βασιλικός. δεῖ γὰρ ἔχειν σε ἵνα καὶ μητρὶ χαρίσῃ καὶ πατρίοις ἀναθήματα θεοῖς. ἐγὼ δὲ πλείω τούτων καταλέλοιπα ἐν Βαβυλῶνι. θεοὶ δέ σοι παρέχοιεν εὔπλοιαν καὶ σωτηρίαν καὶ μηδέποτε διαζευχθῆναι Χαιρέου. πάντα πεποίηκας εἰς ἐμὲ δικαίως· χρηστὸν ἦθος ἐπεδείξω καὶ τοῦ κάλλους ἄξιον. καλήν μοι βασιλεὺς ἔδωκε παραθήκην." [8,3] Et l'on fit ce qu'il avait ordonné; mais Callirhoé, prenant la main de Chéréas et l'attirant à part, lui demanda : « Quelle est ta décision, Chéréas? Est-ce que tu emmènes aussi à Syracuse Statira et la belle Rodogune? » Chéréas rougit et : « Ce n'est pas pour moi que je les emmène, dit-il, mais pour qu'elles soient tes servantes. » Callirhoé s'écria : « Puissent les dieux m'épargner une telle folie, que d'avoir pour esclave la reine d'Asie, surtout alors qu'elle a été mon hôtesse. Si tu veux me faire plaisir, envoie-la au Roi; car elle m'a gardée pour toi comme si elle avait reçu la femme d'un frère. — Il n'y a rien, dit Chéréas, de ce que tu puisses désirer, que je ne fasse; car tu es la maîtresse de Statira et de tout le butin et, avant tout cela encore, de mon âme. » Callirhoé fut ravie, elle lui donna un baiser et aussitôt ordonna aux serviteurs de la conduire auprès de Statira. Celle-ci se trouvait, avec les plus nobles des femmes perses, sur un bateau de charge, ne sachant absolument rien de ce qui s'était passé, pas même que Callirhoé avait retrouvé Chéréas; car la surveillance était très étroite et personne n'avait permission de l'aborder, ni de la voir, ni de lui dire rien de ce que l'on faisait. Donc, lorsque Callirhoé arriva sur le navire, escortée par le commandant, tout le monde fut en grand émoi et il y eut un grand mouvement de gens courant en tous sens et chacun murmurait à son voisin. « La femme de l'amiral est là! » Statira poussa un grand et profond soupir et dit en pleurant : « C'est pour ce jour-ci, ô Fortune que tu m'as conservée, pour que moi, la reine, je me voie donner une maîtresse; peut-être vient-elle voir quelle esclave elle a acquise. » Ces paroles provoquèrent des lamentations et, ce jour-là, elle apprit ce que c'était pour des êtres libres que de devenir prisonniers. Mais le dieu provoqua un changement rapide; Callirhoé, accourant vers elle, embrassa Statira, disant : « Salut, reine; car tu es reine et toujours tu le resteras. Tu n'es pas tombée entre les mains des ennemis mais entre les mains de celle qui est ta meilleure amie, et envers qui tu as été bonne. C'est mon Chéréas qui commande la flotte; il est devenu l'amiral des Egyptiens à cause de sa colère contre le Roi qui était trop lent à me rendre à lui; mais maintenant c'est fini, il se réconcilie avec lui et il n'est plus votre ennemi. Lève-toi, amie très chère, et va-t'en joyeuse : retrouve, toi aussi, ton mari; car le Roi est vivant et Chéréas t'envoie à lui. Lève-toi aussi, toi, Rodogune, qui as été ma première amie parmi les femmes perses, et retourne auprès de ton mari, toi, et toutes les autres femmes que la reine voudra, et souvenez-vous de Callirhoé. Statira fut bouleversée en entendant ces paroles et elle ne pouvait ni les croire ni ne pas les croire; car le caractère de Callirhoé était tel qu'elle ne paraissait pas devoir plaisanter à propos de tels malheurs; mais les circonstances invitaient à agir rapidement. Il y avait parmi les Egyptiens un certain Démétrios, un philosophe, connu du Roi, et déjà avancé en âge, qui surpassait en culture et en vertu les autres Egyptiens. Chéréas l'appela et lui dit : « J'aurais voulu t'emmener avec moi, mais je te charge d'exécuter une grande mission. Je me sers de toi pour envoyer la reine au Grand Roi. Cela te mettra en plus grande estime auprès de lui et tu disculperas ainsi les autres. » Après quoi, il nomma Démétrios commandant des trières qui revenaient en arrière; car tous désiraient suivre Chéréas et le préféraient à leur patrie et à leurs enfants. Mais il choisit seulement vingt trières, les meilleures et les plus grandes, car il devait leur faire traverser la mer ionienne, et il y embarqua tous les Grecs qui étaient là, et, parmi les Egyptiens et les Phéniciens, tous ceux qu'il savait être vigoureux; et beaucoup, parmi les Cypriotes, embarquèrent comme volontaires. Tous les autres, il les renvoya chez eux, en leur partageant une partie du butin, pour qu'ils reviennent joyeux parmi les leurs et plus grands personnages; et personne ne fut sans obtenir ce qu'il demanda à Chéréas. Callirhoé apporta à Statira toutes les parures royales. Mais elle ne voulut pas les accepter : « Que cela te serve de parure, dit-elle; à un corps tel que le tien, convient une parure royale. Il faut que tu aies de quoi faire des cadeaux à ta mère et des offrandes aux dieux de ta patrie. Moi, j'en ai davantage encore, que j'ai laissé à Babylone. Puissent les dieux te donner une bonne navigation, et le salut, et faire que jamais plus tu ne sois séparée de Chéréas. En tout, tu as agi envers moi selon la justice; tu as montré l'excellence de ton carctaère, digne de ta beauté. Oui, c'était un dépôt magnifique que m'avait confié le Roi. »


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Dernière mise à jour : 25/01/2007