[7,5] Νῦσος δέ ἐστιν αὕτη ἀπέχουσα τῆς ἠπείρου σταδίους τριάκοντα,
παλαιὸν ἱερὸν ἔχουσα Ἀφροδίτης. ὥσπερ οὖν ἐν οἰκίᾳ, μετὰ πάσης
ἀδείας αἱ γυναῖκες ἐνταῦθα διῆγον. θεασαμένη δὲ Καλλιρόη τὴν
Ἀφροδίτην, στᾶσα καταντικρὺ τὸ μὲν πρῶτον ἐσιώπα καὶ ἔκλαιεν,
ὀνειδίζουσα τῇ θεῷ τὰ δάκρυα· μόλις δὲ ὑπεφθέγξατο "ἰδοὺ καὶ
Ἄραδος, μικρὰ νῆσος ἀντὶ τῆς μεγάλης Σικελίας καὶ οὐδεὶς ἐνταῦθα
ἐμός. ἀρκεῖ, δέσποινα. μέχρι ποῦ με πολεμεῖς; εἰ καὶ ὅλως σοι
προσέκρουσα, τετιμώρησαί με· εἰ καὶ νεμεσητὸν ἔδοξέ σοι τὸ
δυστυχὲς κάλλος, ὀλέθρου μοι γέγονεν αἴτιον. ὃ μόνον ἔλιπέ μου
ταῖς συμφοραῖς, ἤδη καὶ πολέμου πεπείραμαι. πρὸς τὴν σύγκρισιν τῶν
παρόντων ἦν μοι καὶ Βαβυλὼν φιλάνθρωπος. ἐγγὺς ἐκεῖ Χαιρέας ἦν.
νῦν δὲ πάντως τέθνηκεν· ἐμοῦ γὰρ ἐξελθούσης οὐκ ἂν ἔζησεν. ἀλλ´
οὐκ ἔχω παρὰ τίνος πύθωμαι τί γέγονε. πάντες ἀλλότριοι, πάντες
βάρβαροι, φθονοῦντες, μισοῦντες, τῶν δὲ μισούντων χείρονες οἱ
φιλοῦντες. σύ μοι, δέσποινα, δήλωσον εἰ Χαιρέας ζῇ." ταῦτα
λέγουσα ἔτι ἀπῄει. ἐπιστᾶσα δὲ Ῥοδογούνη, Ζωπύρου μὲν
θυγάτηρ, γυνὴ δὲ Μεγαβύζου, καὶ πατρὸς καὶ ἀνδρὸς Περσῶν
ἀρίστων. αὕτη δὲ ἦν ἡ Καλλιρόῃ ἀπαντήσασα πρώτη Περσίδων,
ὅτε εἰς Βαβυλῶνα εἰσῄει.
Ὁ δὲ Αἰγύπτιος ἐπειδήπερ ἤκουσε βασιλέα πλησίον ὄντα καὶ
παρεσκευασμένον κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλασσαν, καλέσας Χαιρέαν
εἶπε "τὰ μὲν πρῶτά σου τῶν κατορθωμάτων ἀμείψασθαι καιρὸν οὐκ
ἔσχον· σὺ γάρ μοι Τύρον ἔδωκας· περὶ δὲ τῶν ἑξῆς παρακαλῶ, μὴ
ἀπολέσωμεν ἕτοιμα ἀγαθά, ὧν κοινωνόν σε ποιήσομαι. ἐμοὶ μὲν
γὰρ ἀρκεῖ Αἴγυπτος, σοὶ δὲ γενήσεται κτῆμα Συρία. φέρ´ οὖν
σκεψώμεθα τί ποιητέον· ἐν ἀμφοτέροις γὰρ τοῖς στοιχείοις ὁ πόλεμος
ἀκμάζει. σοὶ δὲ ἐπιτρέπω τὴν αἵρεσιν, εἴτε τῆς πεζῆς θέλεις στρατηγεῖν
εἴτε τῆς ναυτικῆς δυνάμεως. οἴομαι δὲ οἰκειότερόν σοι εἶναι
τὴν θάλασσαν· ὑμεῖς γὰρ οἱ Συρακόσιοι καὶ Ἀθηναίους κατεναυμαχήσατε.
σήμερον δὲ ἀγών ἐστί σοι πρὸς Πέρσας τοὺς ὑπὸ Ἀθηναίων
νενικημένους. ἔχεις τριήρεις Αἰγυπτίας, μείζονας καὶ πλείονας τῶν
Σικελικῶν· μίμησαι τὸν κηδεστὴν Ἑρμοκράτην ἐν τῇ θαλάσσῃ."
Χαιρέας δὲ ἀπεκρίνατο "πᾶς ἐμοὶ κίνδυνος ἡδύς· ὑπὲρ σοῦ δὲ ἀναδέξομαι
τὸν πόλεμον καὶ πρὸς τὸν ἔχθιστον ἐμοὶ βασιλέα. δὸς δέ
μοι μετὰ τῶν τριηρῶν καὶ τοὺς τριακοσίους τοὺς ἐμούς." "ἔχε"
φησὶ "καὶ τούτους καὶ ἄλλους, ὅσους ἂν θέλῃς." καὶ εὐθὺς ἔργον
ἐγένετο ὁ λόγος· κατήπειγε γὰρ ἡ χρεία. καὶ ὁ μὲν Αἰγύπτιος ἔχων
τὴν πεζὴν στρατιὰν ἀπηντᾶτο τοῖς πολεμίοις, ὁ δὲ Χαιρέας ναύαρχος
ἀπεδείχθη. τοῦτο πρῶτον μὲν ἀθυμοτέρους ἐποίησε τοὺς πεζούς, ὅτι
μετ´ αὐτῶν οὐκ ἐστρατεύσατο Χαιρέας, καὶ γὰρ ἐφίλουν αὐτὸν ἤδη
καὶ ἀγαθὰς εἶχον ἐλπίδας ἐκείνου στρατηγοῦντος· ἔδοξεν οὖν ὥσπερ
ὀφθαλμὸς ἐξῃρῆσθαι μεγάλου σώματος. τὸ δὲ ναυτικὸν ἐπήρθη ταῖς
ἐλπίσι καὶ φρονήματος ἐνεπλήσθησαν, ὅτι τὸν ἀνδρειότατον καὶ
κάλλιστον εἶχον ἡγούμενον. ὀλίγον τε ἐπενόουν οὐδέν, ἀλλὰ
ὥρμηντο καὶ τριήραρχοι καὶ κυβερνῆται καὶ ναῦται καὶ στρατιῶται
πάντες ὁμοίως, τίς προθυμίαν ἐπιδείξεται Χαιρέᾳ πρῶτος. τῆς δὲ
αὐτῆς ἡμέρας καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλασσαν ἡ μάχη συνήφθη.
χρόνον μὲν οὖν πολὺν πολὺν ἀντέσχεν ἡ πεζὴ στρατιὰ τῶν Αἰγυπτίων
Μήδοις τε καὶ Πέρσαις, εἶτα πλήθει βιασθέντες ἐνέδωκαν. καὶ
βασιλεὺς δὲ ἐφίππευσε διώκων. σπουδὴ δὲ ἦν τοῦ Αἰγυπτίου καταφυγεῖν
εἰς Πηλούσιον, τοῦ δὲ Πέρσου θᾶττον καταλαβεῖν· τάχα δ´ ἂν
καὶ διέφυγεν, εἰ μὴ Διονύσιος ἔργον θαυμαστὸν ἐπεδείξατο. καὶ ἐν
τῇ συμβολῇ ἠγωνίσατο λαμπρῶς, ἀεὶ μαχόμενος πλησίον βασιλέως,
ἵνα αὐτὸν βλέπῃ, καὶ πρῶτος ἐτρέψατο τοὺς καθ´ αὑτόν· τότε δὲ τῆς
φυγῆς μακρᾶς οὔσης καὶ συνεχοῦς ἡμέραις τε καὶ νυξίν, ὁρῶν ἐπὶ
τούτοις λυπούμενον βασιλέα "μὴ λυποῦ" φησίν, "ὦ δέσποτα·
κωλύσω γὰρ ἐγὼ τὸν Αἰγύπτιον διαφυγεῖν, ἄν μοι δῷς ἱππεῖς
ἐπιλέκτους." ἐπῄνεσε βασιλεὺς καὶ δίδωσιν· ὁ δὲ πεντακισχιλίους
λαβὼν συνῆψε σταθμοὺς δύο ἡμέρᾳ μιᾷ, καὶ νυκτὸς ἐπιπεσὼν τοῖς
Αἰγυπτίοις ἀπροσδόκητος πολλοὺς μὲν ἐζώγρησε, πλείονας δὲ ἀπέκτεινεν.
ὁ δὲ Αἰγύπτιος ζῶν καταλαμβανόμενος ἀπέσφαξεν ἑαυτὸν
καὶ Διονύσιος τὴν κεφαλὴν ἐκόμισε πρὸς βασιλέα. θεασάμενος δὲ
ἐκεῖνος "ἀναγράφω σε" εἶπεν "εὐεργέτην εἰς τὸν οἶκον τὸν ἐμὸν
καὶ ἤδη σοι δίδωμι δῶρον τὸ ἥδιστον, οὗ μάλιστα πάντων αὐτὸς
ἐπιθυμεῖς, Καλλιρόην γυναῖκα. κέκρικε τὴν δίκην ὁ πόλεμος. ἔχεις
τὸ κάλλιστον ἆθλον τῆς ἀριστείας." Διονύσιος δὲ προσεκύνησε
καὶ ἰσόθεον ἔδοξεν ἑαυτόν, πεπεισμένος ὅτι βεβαίως ἤδη Καλλιρόης
ἀνήρ ἐστι.
| [7,5] Arados est une île éloignée du continent de trente
stades, et qui possède un antique sanctuaire d'Aphrodite.
Donc, comme si elles avaient été dans leur maison, les
femmes vivaient là en toute quiétude. Et Callirhoé,
ayant vu Aphrodite, se tenait devant elle, d'abord en
silence et pleurant, et ses larmes étaient un reproche à la
déesse; enfin, elle murmura : « Voici maintenant Arados,
une petite île, au lieu de la grande Sicile, et, ici, personne
des miens. Cela suffit, maîtresse. Jusqu'à quand me
feras-tu la guerre? Si j'ai commis quelque offense envers
toi, tu m'as déjà punie; si cette beauté infortunée qui est
mienne t'a paru criminelle, elle a été la cause de ma ruine.
La seule chose qui manquât encore à mes malheurs, la
guerre, voici que j'en ai fait l'expérience. Comparée à ce
que j'en dure maintenant, Babylone même était douce pour
moi. Là-bas, au moins, Chéréas était près de moi. Maintenant,
il est assurément mort; car, après mon départ, il
n'aura pas pu vivre. Mais je n'ai personne à qui demander
ce qu'il est devenu. Tous sont des étrangers, tous, des
barbares, qui m'envient, me haïssent, et, pires encore
que ceux qui me haïssent sont ceux qui m'aiment. Mais
toi, maîtresse, révèle-moi si Chéréas et vivant. » Après
quoi, elle s'en alla; mais près d'elle se tenait Rodogune,
fille de Zopyros, femme de Mégabyze, dont le père et
le mari étaient les plus vaillants des Perses; et c'était
elle qui avait accueillie Callirhoé, la première parmi les
femmes perses, lorsqu'elle était entrée à Babylone.
L'Egyptien, lorsqu'il apprit que le Roi approchait,
bien préparé et sur terre et sur mer, appela Chéréas et
lui dit : « Je n'ai pas eu l'occasion de te récompenser des
premiers services que tu m'as rendus, car tu m'as donné
Tyr; je demande ton aide pour ce qui va suivre, afin que
nous ne perdions pas les avantages que nous avons
acquis, et que je partagerai avec toi. A moi, l'Egypte
me suffit, toi, tu auras la Syrie en partage. Voyons donc
maintenant ce qu'il faut faire; sur les deux éléments la
guerre est à son point culminant. Je te laisse le choix
de commander ce que tu voudras, ou bien toute l'armée
de terre ou bien les forces navales. Je pense que la mer
t'est plus familière; car vous autres Syracusains vous avez
vaincu même les Athéniens sur la mer. Et aujourd'hui
tu as en face de toi les Perses, qui ont été vaincus par
les Athéniens. Tu as des trières égyptiennes, qui sont
plus grandes et plus nombreuses que celles des Siciliens;
imite donc ton beau-père Hermocrate sur la mer. »
Chéréas répondit : « Tout danger est doux pour moi,
car c'est pour toi que je ferai la guerre et contre mon pire
ennemi, le Roi. Mais donne-moi, avec les trières, aussi
mes trois cents soldats. — Prends-les, répondit le roi,
eux et d'autres, en aussi grand nombre que tu voudras. »
Et aussitôt ce qui avait été dit fut fait. Car la nécessité
était pressante. Le roi d'Egypte, avec l'armée de terre,
alla donc à la rencontre des ennemis, et Chéréas fut
nommé chef de la flotte. Cela enleva aux troupes de terre
une partie de leur courage, parce que Chéréas ne combattait
pas avec eux, car déjà ils l'aimaient et ils avaient bon
espoir, s'il était à leur tête. Il sembla que l'on eût enlevé
un oeil à un corps puissant. Les marins, au contraire,
sentirent s'accroître leur espérance et furent remplis
d'ardeur parce qu'ils avaient le plus valeureux et le plus
beau pour les commander. Ne se faisant donc aucun souci,
ils partirent avec ardeur, triérarques, pilotes, marins et
soldats, tous également, luttant à qui prouverait à Chéréas
son dévouement le premier. Or, le même jour se livra le
combat sur mer et sur terre. Pendant longtemps l'armée
de terre des Egyptiens tint tête aux Mèdes et aux Perses,
puis, sous la contrainte du nombre, elle dut céder. Et le
Roi, les poursuivit à cheval.
L'Egyptien n'avait qu'une hâte, c'était de fuir à
Péluse, et le Perse se hâtait, lui, de le rattraper avant
qu'il n'y fût parvenu. Et peut-être l'Egyptien aurait-il
réussi à s'échapper si Dionysios n'avait accompli un
exploit remarquable. Lors de la rencontre, il avait
combattu avec éclat, se battant toujours près du Roi,
pour que celui-ci le voie, et il avait été le premier à mettre
en fuite les ennemis autour de lui. Puis, alors que la fuite
était longue et durait des jours et des nuits, voyant que
cela ennuyait le Roi : « Ne sois pas ennuyé, maître, dit-il,
j'empêcherai l'Egyptien de s'enfuir, si tu me donnes des
cavaliers d'élite. » Le Roi le félicita et les lui donna; il
en prit cinq mille, parcourut deux étapes en un seul
jour et, pendant la nuit, tombant à l'improviste sur les
Egyptiens, il en fit prisonniers un grand nombre et en
massacra encore davantage. Le Roi égyptien, capturé
vivant, se suicida et Dionysios rapporta sa tête au Roi.
Celui-ci, voyant cela, lui dit : « Je te mettrai au
nombre des bienfaiteurs de ma maison et dès maintenant
je t'accorde le présent qui t'est le plus cher, et que
tu désires plus que tout, Callirhoé. La guerre a décidé
du jugement. Tu obtiens le prix le plus magnifique de
ta vaillance. » Dionysios se prosterna et se crut l'égal des
dieux, persuadé que, désormais, il serait sans conteste
le mari de Callirhoé.
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