HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre VII

Chapitre 6

  Chapitre 6

[7,6] Καὶ ἐν μὲν τῇ γῇ ταῦτα ἐπράσσετο· ἐν δὲ τῇ θαλάσσῃ Χαιρέας ἐνίκησεν, ὥστε μηδὲ ἀντίπαλον αὐτῷ γενέσθαι τὸ πολέμιον ναυτικόν· οὔτε γὰρ τὰς ἐμβολὰς ἐδέξαντο τῶν Αἰγυπτίων τριηρῶν, οὔτε ὅλως ἀντίπρῳροι κατέστησαν, ἀλλὰ αἳ μὲν εὐθὺς ἀνετράπησαν, ἃς δὲ καὶ πρὸς τὴν γῆν ἐξενεχθείσας ἐζώγρησεν αὐτάνδρους· ἐνεπλήσθη δὲ θάλασσα ναυαγίων Μηδικῶν. ἀλλ´ οὔτε βασιλεὺς ἐγίνωσκε τὴν ἧτταν τὴν ἐν τῇ θαλάσσῃ τῶν ἰδίων οὔτε Χαιρέας τὴν ἐν τῇ γῇ τῶν Αἰγυπτίων, ἐνόμιζε δὲ ἑκάτερος κρατεῖν ἐν ἀμφοτέροις. ἐκείνης οὖν τῆς ἡμέρας ἧς ἐναυμάχησε καταπλεύσας εἰς Ἄραδον Χαιρέας τὴν μὲν νῆσον ἐκέλευσε περιπλέοντας ἐν κύκλῳ παραφυλάττειν· ... ὡς αὐτοὺς ἀποδώσοντας λόγον τῷ δεσπότῃ. κἀκεῖνοι τοὺς μὲν εὐνούχους καὶ θεραπαινίδας καὶ πάντα τὰ εὐωνότερα σώματα συνήθροισαν εἰς τὴν ἀγοράν, αὕτη γὰρ εὐρυχωρίαν εἶχε. τοσοῦτο δὲ ἦν τὸ πλῆθος, ὥστε οὐ μόνον ἐν ταῖς στοαῖς, ἀλλὰ καὶ ὑπαίθριοι διενυκτέρευσαν. τοὺς δ´ ἀξιώματός τι μετέχοντας εἰς οἴκημα τῆς ἀγορᾶς εἰσήγαγον, ἐν συνήθως οἱ ἄρχοντες ἐχρημάτιζον. αἱ δὲ γυναῖκες χαμαὶ ἐκαθέζοντο περὶ τὴν βασιλίδα καὶ οὔτε πῦρ ἀνῆψαν οὔτε τροφῆς ἐγεύσαντο· πεπεισμέναι γὰρ ἦσαν ἑαλωκέναι μὲν βασιλέα καὶ ἀπολωλέναι τὰ Περσῶν πράγματα, τὸν δὲ Αἰγύπτιον πανταχοῦ νικᾶν. νὺξ ἐκείνη καὶ ἡδίστη καὶ χαλεπωτάτη κατέσχεν Ἄραδον. Αἰγύπτιοι μὲν γὰρ ἔχαιρον ἀπηλλαγμένοι πολέμου καὶ δουλείας Περσικῆς, οἱ δὲ ἑαλωκότες Περσῶν δεσμὰ καὶ μάστιγας καὶ ὕβρεις καὶ σφαγὰς προσεδόκων, τὸ φιλανθρωπότατον δέ, δουλείαν· δὲ Στάτειρα ἐνθεῖσα τὴν κεφαλὴν εἰς τὰ γόνατα Καλλιρόης ἔκλαιεν· ἐκείνη γάρ, ὡς ἂν Ἑλληνὶς καὶ πεπαιδευμένη καὶ οὐκ ἀμελέτητος κακῶν, παρεμυθεῖτο μάλιστα τὴν βασιλίδα. συνέβη δέ τι τοιοῦτον. Αἰγύπτιος στρατιώτης, πεπιστευμένος φυλάττειν τοὺς ἐν τῷ οἰκήματι, γνοὺς ἔνδον εἶναι τὴν βασιλίδα, κατὰ τὴν ἔμφυτον θρησκείαν τῶν βαρβάρων πρὸς τὸ ὄνομα τὸ βασιλικὸν ἐγγὺς μὲν αὐτῇ προσελθεῖν οὐκ ἐτόλμησε, στὰς δὲ παρὰ τῇ θύρᾳ κεκλεισμένῃ "θάρρει, δέσποινα" εἶπε, "νῦν μὲν γὰρ οὐκ οἶδεν ναύαρχος ὅτι καὶ σὺ μετὰ τῶν αἰχμαλώτων ἐνταῦθα κατεκλείσθης, μαθὼν δὲ προνοήσεταί σου φιλανθρώπως· οὐ μόνον γὰρ ἀνδρεῖος, ἀλλὰ καὶ - - -" "- - - γυναῖκα ποιήσεται· φύσει γάρ ἐστι φιλογύναιος." ταῦτα ἀκούσασα Καλλιρόη μέγα ἀνεκώκυσε καὶ τὰς τρίχας ἐσπάραττε λέγουσα "νῦν ἀληθῶς αἰχμάλωτός εἰμι. φόνευσόν με μᾶλλον ταῦτα ἐπαγγέλλου. γάμον οὐχ ὑπομένω· θάνατον εὔχομαι. κεντείτωσαν καὶ καέτωσαν· ἐντεῦθεν οὐκ ἀναστήσομαι· τάφος ἐμός ἐστιν οὗτος τόπος. εἰ δέ, ὡς λέγεις, φιλάνθρωπός ἐστιν στρατηγός, ταύτην μοι δότω τὴν χάριν· ἐνταῦθά με ἀποκτεινάτω." δεήσεις αὐτῇ πάλιν ἐκεῖνος προσέφερεν, δ´ οὐκ ἀνίστατο, ἀλλὰ συγκεκαλυμμένη πεσοῦσα ἐπὶ τῆς γῆς ἔκειτο. σκέψις προύκειτο τῷ Αἰγυπτίῳ τί καὶ πράξειε· βίαν μὲν γὰρ οὐκ ἐτόλμα προσφέρειν, πεῖσαι δὲ πάλιν οὐκ ἐδύνατο. διόπερ ὑποστρέψας προσῆλθε τῷ Χαιρέᾳ σκυθρωπός. δὲ ἰδὼν "τοῦτο ἄλλο" φησὶν "ἦν. κλέπτουσί τινες τὰ κάλλιστα τῶν λαφύρων; ἀλλ´ οὐ χαίροντες αὐτὸ πράξουσιν." ὡς οὖν εἶπεν Αἰγύπτιος "οὐδεμία γέγονε κάκη, δέσποτα· τὴν γὰρ γυναῖκα, ἣν εὗρον ὡς ἐν Πλαταιαῖς τεταγμένην, οὐ βούλεται ἐλθεῖν, ἀλλ´ ἔρριπται χαμαί, ξίφος αἰτοῦσα καὶ ἀποθανεῖν βουλομένη." γελάσας Χαιρέας εἶπεν " πάντων ἀνθρώπων ἀφυέστατε, οὐκ οἶδας πῶς μεθοδεύεται γυνὴ παρακλήσεσιν, ἐπαίνοις, ἐπαγγελίαις, μάλιστα δέ, ἂν ἐρᾶσθαι δοκῇ; σὺ δὲ βίαν ἴσως προσῆγες καὶ ὕβριν." "οὒ" ἔφη, "δέσποτα· πάντα δὲ ταῦτα, ὅσα λέγεις, πεποίηκα ἐν διπλῷ μᾶλλον, καὶ γάρ σου κατεψευσάμην ὅτι ἕξεις αὐτὴν γυναῖκα· δὲ πρὸς τοῦτο μάλιστα ἠγανάκτησεν." δὲ Χαιρέας "ἐπαφρόδιτος ἄρα" φησὶν "εἰμὶ καὶ ἐράσμιος, εἰ καὶ πρὶν ἰδεῖν ἀπεστράφη με καὶ ἐμίσησεν. ἔοικε δὲ φρόνημα εἶναι τῆς γυναικὸς οὐκ ἀγεννές. μηδεὶς αὐτῇ προσφερέτω βίαν, ἀλλὰ ἐᾶτε διάγειν ὡς προῄρηται· πρέπει γάρ μοι σωφροσύνην τιμᾶν. καὶ αὐτὴ γὰρ ἴσως ἄνδρα πενθεῖ." [7,6] Voilà donc ce qui s'était passé sur terre; mais, sur mer, Chéréas avait été vainqueur au point que la flotte ennemie ne put même pas s'opposer à lui; ils n'attendirent pas le choc des trières égyptiennes, ne tournèrent pas leurs proues contre elles, mais les unes, sans attendre, virèrent de bord, les autres s'échouèrent sur le rivage et furent prises avec leurs équipages. La mer était pleine d'épaves mèdes. Mais le Roi ne connaissait pas la défaite de ses troupes sur mer et Chéréas ne connaissait pas celle que les Egyptiens avaient subie sur terre, et chacun des deux croyait être vainqueur sur les deux fronts. Donc, le jour même de sa victoire, Chéréas fit voile sur Arados et ordonna que les navires entourent l'île et montent la garde autour d'elle... pour en rendre compte à leur maître... Les Egyptiens rassemblèrent les eunuques, les servantes, et tout ce qui n'avait que peu de valeur sur la place du marché, qui était fort vaste. Mais la foule était si grande que les prisonniers passèrent la nuit non seulement sous les portiques mais, pour certains, en plein air. Les personnes qui avaient quelque valeur furent conduites dans un bâtiment annexe au marché où, d'ordinaire, les magistrats traitaient les affaires. Les femmes s'assirent par terre autour de la reine, et elles n'allumèrent pas de feu et ne touchèrent à aucune nourriture; car elles étaient persuadées que le Roi était prisonnier, que la puissance des Perses était abattue et que l'Egyptien était partout vainqueur. Cette nuit-là fut à la fois douce et amère à Arados. Les Egyptiens se réjouissaient d'être délivrés de la guerre et de l'esclavage perse, et les prisonniers perses voyaient un avenir de chaînes, de fouet, d'outrages, de massacre, ou ce qui pouvait leur arriver de plus humain, la servitude. Statira, la tête sur les genoux de Callirhoé, pleurait, car celle-ci, qui était grecque et cultivée et avait l'expérience du malheur, savait le mieux consoler la reine. Et voici alors ce qui arriva : Un soldat égyptien, qui avait la charge de garder les prisonniers enfermés dans la salle, sachant qu'à l'intérieur se trouvait la reine, et conformément au respect religieux qui, chez les barbares, est inné à l'égard du nom royal, sans oser l'aborder, dit, debout derrière la porte fermée : « Courage, maîtresse; le commandant ne sait pas encore que tu es enfermée ici avec les autres prisonniers, mais, lorsqu'il l'apprendra, il te traitera avec bonté car il n'est pas seulement courageux mais aussi... Il fera de toi sa femme, car, par nature, il aime les femmes. » En l'entendant, Callirhoé poussa de grands cris et s'arracha les cheveux, disant : « Maintenant, oui, je suis vraiment une prisonnière. Tue-moi plutôt que de m'apporter ces nouvelles. Je n'accepterai pas un mariage; je demande la mort. Que l'on me déchire, que l'on me brûle, je ne me lèverai pas d'ici; cet endroit sera mon tombeau. Si, comme tu le dis, ton commandant est humain, qu'il m'accorde cette grâce; qu'il me fasse tuer ici-même. » L'autre recommença à la prier, mais elle ne se leva pas, et, enveloppée dans son voile, se laissa tomber à terre et ne bougea plus. L'Egyptien se demanda ce qu'il devait faire : il n'osait pas user de violence, et il ne pouvait pas non plus la persuader. Aussi, retournant sur ses pas, il alla trouver Chéréas, le visage sombre. Et lorsque celui-ci le vit : « Voilà qui ne va pas, dit-il; il y en a qui volent le meilleur du butin ? Eh bien, ils ne se féliciteront pas d'avoir agi ainsi ! » Mais l'Egyptien lui répondit : « Il ne s'est rien produit de mal, maître; la femme que j'ai trouvée étendue sur les dalles ne veut pas venir; elle s'est jetée par terre, en réclamant une épée et elle veut mourir. » Chéréas lui répondit en riant : «O toi, le plus naïf des êtres, tu ne sais pas qu'il faut traiter les femmes avec des prières, des compliments, des promesses, surtout en ayant l'air d'en être amoureux? Peut-être as-tu essayé d'employer la force, ou la violence? — Non, maître, dit-il, j'ai fait tout ce que tu dis, plutôt deux fois qu'une. J'ai même inventé une histoire lui disant que tu l'épouserais, mais elle n'a fait, à cette idée, que se fâcher davantage. » Alors Chéréas : « Je suis apparemment bien séduisant et aimable, si, avant même de me voir, elle m'a repoussé et me déteste. Mais les sentiments de cette femme ne me semblent pas dépourvus de noblesse. Que personne ne lui fasse violence mais la laisse vivre à sa guise; car il convient que j'honore la vertu. Et d'ailleurs, peut-être pleure-t-elle un mari! »


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Dernière mise à jour : 24/01/2007