[7,3] Πάντων οὖν τῶν πέριξ ἑαλωκότων μόνοι οἱ Τύριοι τῶν Αἰγυπτίων
κατεφρόνουν, τὴν εὔνοιαν καὶ πίστιν τῷ Πέρσῃ φυλάττοντες.
ἐπὶ τούτῳ δυσχεραίνων ὁ Αἰγύπτιος συνήγαγε βουλήν. τότε πρῶτον
Χαιρέαν παρεκάλεσεν εἰς τὸ συμβούλιον καὶ ἔλεξεν ὧδε.
"Ἄνδρες σύμμαχοι, δούλους γὰρ οὐκ ἂν εἴποιμι τοὺς φίλους,
ὁρᾶτε τὴν ἀπορίαν ὅτι ὥσπερ ναῦς ἐπὶ πολὺ εὐπλοήσασα ἐναντίῳ
ἀνέμῳ λαμβανόμεθα καὶ Τύρος ἡ παγχάλεπος κατέχει σπεύδοντας
ἡμᾶς· ἐπείγεται δὲ καὶ βασιλεύς, ὡς πυνθανόμεθα. τί οὖν χρὴ
πράττειν; οὔτε γὰρ ἑλεῖν Τύρον ἔνεστιν, οὔτε ὑπερβῆναι, καθάπερ
δὲ τεῖχος ἐν μέσῳ κειμένη τὴν Ἀσίαν ἡμῖν πᾶσαν ἀποκλείει. δοκεῖ
δέ μοι τὴν ταχίστην ἐντεῦθεν ἀπιέναι, πρὶν ἢ τὴν Περσῶν δύναμιν
τοῖς Τυρίοις προσγενέσθαι. κίνδυνος δὲ καταληφθεῖσιν ἡμῖν ἐν τῇ
πολεμίᾳ. τὸ δὲ Πηλούσιον ὀχυρόν, ἔνθα οὔτε Τυρίους οὔτε Μήδους
οὔτε πάντας ἀνθρώπους ἐπιόντας δεδοίκαμεν· ψάμμος τε γὰρ ἀδιόδευτος
καὶ εἴσοδος ὀλίγη καὶ θάλασσα ἡμετέρα καὶ Νεῖλος Αἰγυπτίους
φιλῶν." ταῦτα εἰπόντος λίαν εὐλαβῶς σιωπὴ πάντων ἐγένετο
καὶ κατήφεια· μόνος δὲ Χαιρέας ἐτόλμησεν εἰπεῖν·
"Ὠ βασιλεῦ, σὺ γὰρ ἀληθῶς βασιλεύς, οὐχ ὁ Πέρσης, ὁ κάκιστος
ἀνθρώπων· λελύπηκάς με σκεπτόμενος περὶ φυγῆς ἐν ἐπινικίοις·
νικῶμεν γάρ, ἂν θεοὶ θέλωσι, καὶ οὐ μόνον Τύρον ἕξομεν, ἀλλὰ καὶ
Βαβυλῶνα. πολλὰ δὲ ἐν πολέμῳ καὶ {τὰ} ἐμπόδια γίνεται, πρὸς ἃ
δεῖ μὴ παντάπασιν ἀποκνεῖν, ἀλλὰ ἐγχειρεῖν προβαλλομένους ἀεὶ τὴν
ἀγαθὴν ἐλπίδα. τούτους δὲ ἐγώ σοι τοὺς Τυρίους, τοὺς νῦν καταγελῶντας,
γυμνοὺς ἐν πέδαις παραστήσω. εἰ δὲ ἀπιστεῖς, ἐμὲ προθυσάμενος
ἀπέρχου· ζῶν γὰρ οὐ κοινωνήσω φυγῆς. ἂν δὲ καὶ
πάντως θέλῃς, ὀλίγους ἐμοὶ κατάλιπε τοὺς ἑκουσίως μενοῦντας·
νῶι δ´, ἐγὼ Πολύχαρμός τε μαχησόμεθα·
- - - σὺν γὰρ θεῷ εἰλήλουθμεν."
ᾘδέσθησαν πάντες μὴ συγκαταθέσθαι τῇ Χαιρέου γνώμῃ· βασιλεὺς
δὲ θαυμάσας αὐτοῦ τὸ φρόνημα συνεχώρησεν ὁπόσον βούλεται
τῆς στρατιᾶς ἐπίλεκτον λαβεῖν. ὁ δὲ οὐκ εὐθὺς εἵλετο, ἀλλὰ καταμίξας
ἑαυτὸν εἰς τὸ στρατόπεδον καὶ Πολύχαρμον κελεύσας τὸ αὐτό,
πρῶτον ἀνηρεύνα εἴ τινες εἶεν Ἕλληνες ἐν τῷ στρατοπέδῳ. πλείονες
μὲν οὖν εὑρέθησαν οἱ μισθοφοροῦντες, ἐξελέξατο δὲ Λακεδαιμονίους
καὶ Κορινθίους καὶ τοὺς ἄλλους Πελοποννησίους· εὗρε δὲ
καὶ ὡς εἴκοσι Σικελιώτας. ποιήσας οὖν τριακοσίους τὸν ἀριθμὸν
ἔλεξεν ὧδε·
"Ἄνδρες Ἕλληνες, ἐμοὶ τοῦ βασιλέως ἐξουσίαν παρασχόντος
ἐπιλέξασθαι τῆς στρατιᾶς τοὺς ἀρίστους, εἱλόμην ὑμᾶς· καὶ γὰρ
αὐτὸς Ἕλλην εἰμί, Συρακόσιος, γένος Δωριεύς. δεῖ δὲ ἡμᾶς μὴ
μόνον εὐγενείᾳ τῶν ἄλλων ἀλλὰ καὶ ἀρετῇ διαφέρειν. μηδεὶς οὖν
καταπλαγῇ τὴν πρᾶξιν ἐφ´ ἣν ὑμᾶς παρακαλῶ, καὶ γὰρ δυνατὴν
εὑρήσομεν καὶ ῥᾳδίαν, δόξῃ μᾶλλον ἢ πείρᾳ δύσκολον. Ἕλληνες
ἐν Θερμοπύλαις τοσοῦτοι Ξέρξην ὑπέστησαν. Τύριοι δὲ οὐκ εἰσὶ
πεντακόσιαι μυριάδες, ἀλλὰ ὀλίγοι καὶ καταφρονήσει μετ´ ἀλαζονείας,
οὐ φρονήματι μετ´ εὐβουλίας χρώμενοι. γνώτωσαν οὖν πόσον
Ἕλληνες Φοινίκων διαφέρουσιν. ἐγὼ δὲ οὐκ ἐπιθυμῶ στρατηγίας,
ἀλλ´ ἕτοιμος ἀκολουθεῖν ὅστις ἂν ὑμῶν ἄρχειν θέλῃ· πειθόμενόν με
γὰρ εὑρήσει, ἐπεὶ καὶ δόξης οὐκ ἐμῆς ἀλλὰ κοινῆς ὀρέγομαι." πάντες
ἐπεβόησαν "σὺ στρατήγει."
"Βουλομένων," ἔφη "στρατηγῶ καὶ τὴν ἀρχήν μοι ὑμεῖς δεδώκατε·
διὰ τοῦτο πειράσομαι πάντα πράττειν, ὥστε ὑμᾶς μὴ μετανοεῖν
τὴν πρὸς ἐμὲ εὔνοιάν τε καὶ πίστιν ᾑρημένους. ἀλλ´ ἔν τε τῷ
παρόντι σὺν θεοῖς ἔνδοξοι καὶ περίβλεπτοι γενήσεσθε καὶ πλουσιώτατοι
τῶν συμμάχων, εἴς τε τὸ μέλλον ὄνομα καταλείψετε τῆς
ἀρετῆς ἀθάνατον καὶ πάντες, ὡς ὑμνήσουσι τοὺς μετὰ Μιλτιάδου ἢ
τοὺς μετὰ Λεωνίδου τριακοσίους, οὕτως καὶ τοὺς μετὰ Χαιρέου
ἀνευφημήσουσιν. ἔτι λέγοντος πάντες ἀνέκραγον "ἡγοῦ," καὶ
πάντες ὥρμησαν ἐπὶ τὰ ὅπλα.
| [7,3] Tout le pays d'alentour avait été pris et seuls les
Tyriens méprisaient les Egyptiens, conservant leur
alliance et leur fidélité au Perse. Irrité, l'Egyptien réunit
son conseil. Pour la première fois, il appela Chéréas à
délibérer et commença ainsi :
« Alliés — car jamais je ne saurais appeler « esclaves »
ceux qui sont mes amis — vous voyez notre difficulté :
comme un navire qui a joui longtemps d'une heureuse
traversée, nous avons maintenant rencontré un vent
contraire et voici que Tyr la malaisée retient l'élan de
notre offensive. Et, d'autre part, le Roi nous talonne,
comme nous l'avons appris. Que faut-il donc faire?
Car il ne nous est possible ni de prendre Tyr ni de passer
outre, car, pareille à une muraille dressée sur notre
route, elle nous interdit l'accès de l'Asie entière. Mon
avis et qu'il faut partir d'ici au plus vite, avant que les
forces des Perses n'aient fait leur jonction avec celles
des Tyriens. Il est dangereux pour nous d'être surpris
en pays ennemi. La région de Péluse, au contraire, est
naturellement forte, et là, nous ne redoutons l'attaque
ni des Tyriens, ni des Mèdes, ni de personne; car le
désert de sable est infranchissable, l'accès en est étroit,
la mer est à nous et le Nil est l'ami des Egyptiens. » A
ces paroles trop prudentes, tout le monde se tut,
découragé. Seul Chéréas osa dire :
« O roi, car c'est toi véritablement le roi, et non
le Perse, qui est le plus abominable des hommes; tu
m'as peiné en envisageant la retraite en pleine victoire;
car nous vaincrons, si les dieux le veulent, et nous prendrons
non seulement Tyr mais Babylone. Nombreux
sont les obstacles qui surgissent, à la guerre, mais l'on
ne doit absolument pas se laisser décourager par eux;
il faut au contraire s'y attaquer, en conservant toujours
bon espoir. Et moi, ces Tyriens, qui se rient maintenant
de nous, je te les livrerai nus et entravés. Si tu ne me
crois pas, commence par me tuer avant de t'en aller,
car, vivant, je ne participerai pas à la retraite. Et si ta
décision est irrévocable, laisse avec moi quelques volontaires
pour rester : tous deux, Polycharme et moi, nous combattrons,
car nous sommes venus avec l'appuid'un dieu. »
Tous auraient eu honte de ne pas approuver l'avis de
Chéréas. Le roi, admirant son courage, lui accorda de
choisir et de prendre avec lui autant de soldats qu'il
voudrait. Chéréas ne fit pas immédiatement son choix,
mais, s'étant rendu dans le camp, parmi les soldats, et
ayant dit à Polycharme d'en faire autant, il commença
par demander s'il y avait des Grecs dans l'armée. On
en trouva un assez grand nombre, des mercenaires.
Il choisit les Lacédémoniens, les Corinthiens, ainsi
que tous les Péloponnésiens; il trouva aussi une vingtaine
de Siciliens. Après avoir réuni trois cents hommes
en tout, il leur dit :
« Hommes de la Grèce, le roi m'a donné la permission
de choisir, dans l'armée, les plus braves, et je vous
ai choisis; moi-même je suis Grec, Syracusain, de
race dorienne. Et il faut que vous surpassiez les autres
non seulement en noblesse mais aussi en valeur. Que
personne ne se laisse effrayer par l'opération à laquelle
je vous invite à participer, car nous nous apercevrons
qu'elle est possible, et facile, et plus périlleuse en apparence
qu'en fait. C'étaient des Grecs, en même nombre
que vous qui, aux Thermopyles, ont tenu tête à Xerxès.
Les Tyriens, eux, ne sont pas cinq millions, ils sont peu
nombreux et usent plutôt d'arrogance alliée à la vantardise
que de courage allié à la prudence. Qu'ils apprennent
donc combien les Grecs diffèrent des Phéniciens. Pour
moi, je ne désire pas être votre chef, mais je suis prêt
a suivre celui d'entre vous qui voudra commander; il
me trouvera obéissant, car la gloire que je souhaite
est non pas la mienne, mais celle de tous. »
Tous crièrent : « Sois notre chef, nous le voulons. »
Il dit alors : « Je serai votre chef, et c'est vous qui m'avez
donné le commandement; aussi m'efforcerai-je de tout
faire de telle sorte que vous n'ayez pas à vous repentit
de m'avoir témoigné dévouement et fidélité. Mais, avec
l'aide des dieux, vous deviendrez dès maintenant célèbres
et illustres et les plus riches de tous les alliés, et, dans
l'avenir, vous laisserez un renom immortel de vaillance,
et tous, comme l'on exalte les trois cents d'Othryade
ou ceux de Léonidas, exalteront les trois cents compagnons
de Chéréas. » Il parlait encore que tous crièrent : « Conduis-nous »,
et tous s'élancèrent aux armes.
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