[7,2] Ταχέως τοίνυν ἐξορμήσαντες ἐδίωκον βασιλέα, προσποιούμενοι
ἐθέλειν ἐκείνῳ συστρατεύεσθαι· διὰ γὰρ ταύτης τῆς προφάσεως
ἤλπιζον ἀδεῶς διαβήσεσθαι τὸν Εὐφράτην. κατέλαβον δὲ τὴν στρατιὰν
ἐπὶ τῷ ποταμῷ καὶ προσμίξαντες τοῖς ὀπισθοφύλαξιν ἠκολούθουν.
ἐπεὶ δὲ ἧκον εἰς Συρίαν, ηὐτομόλησαν πρὸς τὸν Αἰγύπτιον.
λαβόντες δὲ αὐτοὺς οἱ φύλακες ἐξήταζον τίνες εἶεν· σχῆμα γὰρ
πρεσβευτῶν οὐκ ἔχοντες ὑπωπτεύοντο κατάσκοποι μᾶλλον. ἔνθα καὶ
παρεκινδύνευσαν, εἰ μὴ εἷς γέ τις Ἕλλην ἐκεῖ κατὰ τύχην εὑρεθεὶς
συνῆκε τῆς φωνῆς· ἠξίουν δὲ ἄγεσθαι πρὸς τὸν βασιλέα, ὡς μέγα
ὄφελος αὐτῷ κομίζοντες. ἐπεὶ δὲ ἤχθησαν, Χαιρέας εἶπεν "ἡμεῖς
Ἕλληνές ἐσμεν Συρακόσιοι τῶν εὐπατριδῶν. οὗτος μὲν οὖν εἰς
Βαβυλῶνα φίλος ἐμὸς ὢν ἦλθε δι´ ἐμέ, ἐγὼ δὲ διὰ γυναῖκα, τὴν
Ἑρμοκράτους θυγατέρα, εἴ τινα Ἑρμοκράτην ἀκούεις στρατηγὸν
τὸν Ἀθηναίους καταναυμαχήσαντα." ἐπένευσεν ὁ Αἰγύπτιος, οὐδὲν
γὰρ ἔθνος ἄπυστον ἦν τῆς Ἀθηναίων δυστυχίας, ἣν ἐδυστύχησαν
ἐν τῷ πολέμῳ τῷ Σικελικῷ. "τετυράννηκε δὲ ἡμῶν Ἀρταξέρξης,"
καὶ πάντα διηγήσαντο. "φέροντες οὖν ἑαυτοὺς δίδομέν σοι φίλους
πιστούς, δύο τὰ προτρεπτικώτατα εἰς ἀνδρείαν ἔχοντες, θανάτου
καὶ ἀμύνης ἔρωτα· ἤδη γὰρ ἐτεθνήκειν ὅσον ἐπὶ ταῖς συμφοραῖς,
λοιπὸν δὲ ζῶ εἰς μόνον τὸ λυπῆσαι τὸν ἐχθρόν.
Μὴ μὰν ἀσπουδί γε καὶ ἀκλειῶς ἀπολοίμην,
ἀλλὰ μέγα ῥέξας τι καὶ ἐσσομένοισι πυθέσθαι."
ταῦτα ἀκούσας ὁ Αἰγύπτιος ἥσθη καὶ τὴν δεξιὰν ἐμβαλὼν "εἰς
καιρὸν ἥκεις" φησίν, "ὦ νεανία, σεαυτῷ τε κἀμοί." παραυτίκα μὲν
οὖν αὐτοῖς ἐκέλευσεν ὅπλα δοθῆναι καὶ σκηνήν, μετ´ οὐ πολὺ δὲ καὶ
ὁμοτράπεζον ἐποιήσατο Χαιρέαν, εἶτα καὶ σύμβουλον· ἐπεδείκνυτο
γὰρ φρόνησίν τε καὶ θάρσος, μετὰ τούτων δὲ καὶ πίστιν, οἷα δὴ καὶ
φύσεως ἀγαθῆς καὶ παιδείας οὐκ ἀπρονόητος. ἐπήγειρε δὲ μᾶλλον
αὐτὸν καὶ διαπρεπέστερον ἐποίησεν ἡ πρὸς βασιλέα φιλονεικία καὶ
τὸ δεῖξαι θέλειν ὅτι οὐκ ἦν εὐκαταφρόνητος, ἀλλ´ ἄξιος τιμῆς.
εὐθὺς οὖν ἔργον ἐπεδείξατο μέγα. τῷ μὲν Αἰγυπτίῳ τὰ μὲν ἄλλα
προκεχωρήκει ῥᾳδίως καὶ κύριος ἐγεγόνει τῆς Κοίλης Συρίας ἐξ ἐπιδρομῆς,
ὑποχείριος δὲ ἦν αὐτῷ καὶ Φοινίκη πλὴν Τύρου. Τύριοι δὲ φύσει
γένος ἐστὶ μαχιμώτατον καὶ κλέος ἐπ´ ἀνδρείᾳ θέλουσι κεκτῆσθαι,
μὴ δόξωσι καταισχύνειν τὸν Ἡρακλέα, φανερώτατον θεὸν παρ´
αὐτοῖς καὶ ᾧ μόνῳ σχεδὸν ἀνατεθείκασι τὴν πόλιν. θαρροῦσι δὲ καὶ
ὀχυρότητι τῆς οἰκήσεως. ἡ μὲν γὰρ πόλις ἐν θαλάσσῃ κατῴκισται,
λεπτὴ δὲ εἴσοδος αὐτὴν συνάπτουσα τῇ γῇ κωλύει τὸ μὴ νῆσον
εἶναι· ἔοικε δὲ νηὶ καθωρμισμένῃ καὶ ἐπὶ γῆς τεθεικυίᾳ τὴν ἐπιβάθραν.
πανταχόθεν οὖν αὐτοῖς τὸν πόλεμον ἀποκλεῖσαι ῥᾴδιον· τὴν
μὲν πεζὴν στρατιὰν ἐκ τῆς θαλάσσης, ἀρκούσης αὐτῇ πύλης μιᾶς, τὸν
δὲ ἐπίπλουν τῶν τριηρῶν τείχεσιν, ὀχυρῶς ᾠκοδομημένης τῆς πόλεως
καὶ λιμέσι κλειομένης ὥσπερ οἰκίας.
| [7,2] Ils partirent donc sans délai sur les traces du Roi,
faisant semblant de vouloir participer à la campagne
avec lui; grâce à ce prétexte, ils espéraient franchir
l'Euphrate sans risque. Ils rejoignirent l'armée sur les
bords du fleuve et suivirent, en se mêlant à l'arrière-garde.
Lorsqu'ils furent en Syrie, ils passèrent aux
Egyptiens. Des sentinelles les arrêtèrent et leur demandèrent
qui ils étaient, car ils n'avaient pas l'apparence
d'ambassadeurs et on les soupçonnait plutôt d'être des
espions. Ils auraient là encore été en grand danger si
l'on n'avait par hasard découvert un Grec qui comprenait
leur langue; ils demandèrent à être conduits au Roi,
disant qu'ils venaient lui rendre un grand service. Lorsqu'on
les eut introduits, Chéréas dit :
« Nous sommes des Grecs, et nous appartenons à
l'aristocratie de Syracuse. Mon ami, que voici, est allé à
Babylone à cause de moi, et moi-même, à cause de ma
femme, la fille d'Hermocrate — si tu as entendu parler
d'Hermocrate, le général qui a vaincu sur mer les
Athéniens. » L'Egyptien dit que oui, et, en fait, aucun
peuple n'était sans avoir appris le désastre des Athéniens
dans leur expédition de Sicile. « Artaxate, continua
Chéréas, s'est conduit envers nous en tyran », et il lui
conta toute l'histoire. « Nous sommes donc venus nous
remettre entre tes mains, en amis fidèles, et nous portons
en nous deux puissantes raisons de nous montrer
valeureux : le désir de mourir et celui de nous venger.
Car je serais déjà mort, étant donné mes malheurs, mais
si je vis encore c'est seulement pour faire du mal à mon ennemi.
Non, je ne veux pas mourir sans lutte ni sans gloire
mais après des exploits que connaîtront nos descendants.
L'Egyptien fut heureux de l'entendre, et, lui tendant
la main : « C'est bien que tu sois venu, jeune homme, dit-il,
et pour toi et pour moi. » Aussitôt, il leur fit donner des
armes et une tente et, bientôt, il appela Chéréas à partager
sa table et plus tard le prit aussi comme conseiller. Car
il montrait de la sagesse et de l'audace, et, en même temps
de la fidélité, en homme doué d'une nature excellente
et qui n'était pas sans culture. Il était de plus poussé à
se distinguer par son désir de vaincre le Roi et de montrer
qu'il n'était pas quelqu'un de méprisable, mais
mentait l'estime. Tout de suite, il réussit un grand exploit.
L'Égyptien avait obtenu partout de faciles succès, il
sétait emparé de la Célésyrie en un rien de temps et il
avait aussi soumis la Phénicie, à l'exception de Tyr.
Car les Tyriens sont naturellement belliqueux et désirent
mériter une réputation de valeur, pour ne pas sembler
indignes d'Héraclès, qui est chez eux le dieu principal
et celui auquel ils ont presque exclusivement consacré
leur ville. De plus, ils ont grande confiance dans la
forte position de leur cité.
La ville est en effet construite en mer; un isthme étroit
qui la relie à la terre l'empêche d'être une île; elle ressemble
à un navire au mouillage qui a lancé une passerelle
sur le rivage. Il était donc facile aux habitants
d'interdire, de tout côté, une attaque : à l'infanterie,
du côté de la mer, car il suffisait pour cela d'une seule
porte, et à l'assaut des trières, grâce aux murailles, car
la ville est solidement fortifiée et fermée sur ses ports
comme une maison.
|