[4,6] Μεθ´ ἡμέραν οὖν τήρησιν ἐποιεῖτο τῆς γυναικὸς ἀκριβεστέραν,
ἵνα μή τις αὐτῇ προσέλθῃ μηδὲ ἀπαγγείλῃ τι τῶν ἐν Καρίᾳ διηγημάτων·
αὐτὸς δὲ ἄμυναν ἐπενόησε τοιαύτην. ἐπεδήμει κατὰ καιρὸν
ὁ Λυδίας καὶ Ἰωνίας ὕπαρχος Φαρνάκης, ὃς δὴ καὶ μέγιστος εἶναι
ἐδόκει τῶν ὑπὸ βασιλέως καταπεμπομένων ἐπὶ θάλατταν. ἐπὶ τοῦτον
ἦλθεν ὁ Διονύσιος, ἦν γὰρ αὐτῷ φίλος, καὶ ἰδιολογίαν ᾐτήσατο
μόνος. "ἱκετεύω σε" φησίν, "ὦ δέσποτα, βοήθησον ἐμοί τε καὶ
σεαυτῷ. Μιθριδάτης γάρ, ὁ κάκιστος ἀνθρώπων, καὶ σοὶ φθονῶν,
ξένος μου γενόμενος ἐπιβουλεύει μου τῷ γάμῳ καὶ πέπομφε γράμματα
μοιχικὰ μετὰ χρυσίου πρὸς τὴν γυναῖκα τὴν ἐμήν." ἐπὶ τούτοις
ἀνεγίνωσκε τὰς ἐπιστολὰς καὶ διηγεῖτο τὴν τέχνην. ἀσμένως
ἤκουσε Φαρνάκης τῶν λόγων τάχα μὲν καὶ διὰ Μιθριδάτην (ἐγεγόνει
γὰρ αὐτοῖς οὐκ ὀλίγα προσκρούσματα διὰ τὴν γειτνίασιν), τὸ δὲ
πλέον διὰ τὸν ἔρωτα· καὶ γὰρ αὐτὸς ἐκάετο τῆς Καλλιρόης καὶ δι´
αὐτὴν ἐπεδήμει τὰ πολλὰ Μιλήτῳ, καλῶν ἐπὶ τὰς ἑστιάσεις Διονύσιον
μετὰ τῆς γυναικός. ὑπέσχετο οὖν βοηθήσειν αὐτῷ κατὰ τὸν
δυνατὸν τρόπον καὶ γράφει δι´ ἀπορρήτων ἐπιστολήν.
"Βασιλεῖ Βασιλέων Ἀρταξέρξῃ σατράπης Λυδίας καὶ Ἰωνίας
Φαρνάκης ἰδίῳ δεσπότῃ χαίρειν. Διονύσιος ὁ Μιλήσιος δοῦλός ἐστι
σὸς ἐκ προγόνων πιστὸς καὶ πρόθυμος εἰς τὸν σὸν οἶκον. οὗτος
ἀπωδύρατο πρός με ὅτι Μιθριδάτης ὁ Καρίας ὕπαρχος ξένος αὐτῷ
γενόμενος διαφθείρει αὐτοῦ τὴν γυναῖκα. φέρει δὲ μεγάλην ἀδοξίαν
εἰς τὰ σὰ πράγματα, μᾶλλον δὲ ταραχήν· πᾶσα μὲν γὰρ παρανομία
σατράπου μεμπτή, μάλιστα δὲ αὕτη. καὶ γὰρ ὁ Διονύσιός ἐστι
δυνατώτατος Ἰώνων καὶ τὸ κάλλος τῆς γυναικὸς περιβόητον, ὥστε
τὴν ὕβριν μὴ δύνασθαι λαθεῖν."
Ταύτην τὴν ἐπιστολὴν κομισθεῖσαν {ὁ} βασιλεὺς ἀνέγνω τοῖς
φίλοις καὶ τί χρὴ πράττειν ἐβουλεύετο. γνῶμαι δὲ ἐρρήθησαν διάφοροι·
τοῖς μὲν γὰρ Μιθριδάτῃ φθονοῦσιν ἢ τὴν σατραπείαν αὐτοῦ
μνωμένοις ἐδόκει μὴ περιορᾶν ἐπιβουλὴν εἰς γάμον ἀνδρὸς ἐνδόξου,
τοῖς δὲ ῥᾳθυμοτέροις τὰς φύσεις ἢ τιμῶσι τὸν Μιθριδάτην (εἶχε δὲ
πολλοὺς καὶ προεστηκότας) οὐκ ἤρεσκεν ἀνάρπαστον ἐκ διαβολῆς
ποιεῖν ἄνδρα δόκιμον. ἀγχωμάλων δὲ τῶν γνωμῶν γενομένων
ἐκείνης μὲν τῆς ἡμέρας οὐδὲν ἐπεκύρωσεν {ὁ} βασιλεύς, ἀλλ´ ὑπερέθετο
τὴν σκέψιν· νυκτὸς δὲ ἐπελθούσης ὑπεδύετο αὐτὸν μισοπονηρία
μὲν διὰ τὸ τῆς βασιλείας εὐπρεπές, εὐλάβεια δὲ περὶ τοῦ μέλλοντος·
ἀρχὴν γὰρ ἔχειν τὸν Μιθριδάτην καταφρονήσεως. ὥρμησεν οὖν
καλεῖν ἐπὶ τὴν δίκην αὐτόν· ἄλλο δὲ πάθος παρῄνει μεταπέμπεσθαι
καὶ τὴν γυναῖκα τὴν καλήν· σύμβουλοι γὰρ οἶνος καὶ σκότος ἐν
ἐρημίᾳ γενόμενοι καὶ τούτου τοῦ μέρους τῆς ἐπιστολῆς ἀνεμίμνησκον
βασιλέα, προσηρέθιζε δὲ καὶ φήμη, Καλλιρόην τινὰ καλλίστην ἐπὶ
τῆς Ἰωνίας εἶναι· καὶ τοῦτο μόνον ἐμέμφετο βασιλεὺς Φαρνάκην,
ὅτι οὐ προσέγραψεν ἐν τῇ ἐπιστολῇ ὄνομα τῆς γυναικός. ὅμως
δὲ ἐπ´ ἀμφιβόλῳ τοῦ τάχα καὶ κρείττονα τυγχάνειν τῆς φημιζομένης
ἑτέραν ἔδοξε καλέσαι καὶ τὴν γυναῖκα. γράφει δὲ καὶ πρὸς
Φαρνάκην "Διονύσιον, ἐμὸν δοῦλον, Μιλήσιον, πέμψον·" πρὸς δὲ
Μιθριδάτην "ἧκε ἀπολογησόμενος ὅτι οὐκ ἐπεβούλευσας γάμῳ Διονυσίου."
| [4,6] Pendant la journée il fit surveiller sa femme plus
étroitement, afin que personne ne s'approchât d'elle
et ne vînt rien lui raconter de ce qui s'était passé en
Carie; en même temps il imagina la vengeance suivante.
A ce moment se trouvait à Milet le gouverneur de la
Lydie et de l'Ionie, Pharnace, qui passait pour le mieux
en cour de tous les représentants du Grand Roi sur la côte.
Dionysios alla le trouver, car c'était son ami, et lui
demanda un entretien en particulier.
« Je te supplie, maître, lui dit-il, protège-nous,
tous deux, moi et toi-même. Mithridate, le plus scélérat
des hommes, qui est jaloux de toi, vient, après avoir
été mon hôte, conspirer contre mon ménage; il a envoyé
des lettres coupables à ma femme, avec de l'or. » Après
quoi il lui lut les lettres et lui raconta l'intrigue. Pharnace
l'écouta avec plaisir, à la fois à cause de Mithridate
(car il y avait entre eux bien des causes de mésentente,
étant donné qu'ils étaient voisins), mais surtout
à cause de son amour. Car lui-même brûlait pour Callirhoé
et c'était à cause d'elle qu'il passait la plus grande
partie de son temps à Milet, invitant Dionysios à des
banquets en même temps que sa femme. Il lui promit
donc son aide, autant qu'il le pourrait et écrivit en
secret la lettre suivante :
« Au Roi des Rois, Artaxerxès, le satrape de la Lydie et de
l'Ionie, Pharnace, à son maître, salut!
« Dionysios de Milet est, par tradition de famille, un esclave
fidèle pour toi et il est dévoué à ta maison. Il s'est plaint à moi
que Mithridate, le gouverneur de la Carie, après être devenu
son hôte, cherche à corrompre sa femme. Cela fait peser
un grave discrédit sur ton parti et de plus cause du trouble.
Tout manquement aux lois est blâmable chez un satrape, mais
celui-ci en particulier. Car Dionysios est le plus puissant des
Ioniens et la beauté de sa femme est célèbre, si bien que
l'outrage ne saurait demeurer caché. »
Lorsqu'il eut reçu cette lettre, le Roi la lut à ses amis
et délibéra avec eux sur ce qu'il convenait de faire. Les
avis proposés furent différents : ceux qui étaient jaloux
de Mithridate ou qui enviaient sa satrapie proposèrent
de ne pas fermer les yeux sur ce complot contre la femme
d'un homme aussi notable; ceux qui étaient d'un naturel
indulgent ou qui estimaient Mithridate (et il avait beaucoup
d'amis, parmi les plus haut placés) n'étaient pas
d'avis de disgracier, sur une calomnie, un homme généralement
respecté. Comme les avis ne s'accordaient pas,
le Roi, ce jour-là, ne prit aucune décision mais remit
l'examen de la cause; la nuit venue, il fut pénétré par
l'horreur du crime, d'une part à cause de l'honneur de
son règne, et surtout par précaution pour l'avenir :
car il se dit que ce serait là pour Mithridate le commencement
du mépris à son égard. Il se décida donc à
l'appeler en jugement et, en même temps, un autre
sentiment lui conseillait de faire venir aussi cette femme
si belle. Le vin et les ténèbres, ses conseillers dans la
solitude, rappelaient surtout au Roi cette partie-là de la
lettre et il était, aussi, excité par la rumeur selon laquelle
une certaine Callirhoé était la plus belle femme de
l'Ionie; le seul reproche que faisait le Roi à Pharnace
c'était de ne pas avoir donné dans la lettre le nom de la
femme. Pourtant, dans le doute qu'il s'en trouvait peut-être
une autre plus belle encore que celle dont on lui
avait parlé, il décida de convoquer aussi la femme.
Il écrivit donc à Pharnace :
« Envoie-moi Dionysios de Milet, mon esclave. »
et à Mithridate :
« Viens te défendre de l'accusation d'avoir comploté contre
le ménage de Dionysios. »
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