[4,7] Καταπλαγέντος δὲ τοῦ Μιθριδάτου καὶ ἀποροῦντος τὴν αἰτίαν τῆς
διαβολῆς, ὑποστρέψας ὁ Ὑγῖνος ἐδήλωσε τὰ πεπραγμένα περὶ τοὺς
οἰκέτας. προδοθεὶς οὖν ὑπὸ τῶν γραμμάτων ἐβουλεύετο μὴ βαδίζειν
ἄνω, δεδοικὼς τὰς διαβολὰς καὶ τὸν θυμὸν {τοῦ} βασιλέως, ἀλλὰ
Μίλητον μὲν καταλαβεῖν καὶ Διονύσιον ἀνελεῖν τὸν αἴτιον, Καλλιρόην
δὲ ἁρπάσας ἀποστῆναι βασιλέως. "τί γὰρ σπεύδω" φησὶ
"παραδοῦναι δεσπότου χερσὶ τὴν ἐλευθερίαν; τάχα δὲ καὶ κρατήσεις
τι ἐνθάδε μένων· μακρὰν γάρ ἐστι βασιλεὺς καὶ φαύλους ἔχει
στρατηγούς· εἰ δὲ καὶ ἄλλως σε ἀθετήσειεν, οὐδὲν δυνήσῃ χεῖρον
παθεῖν. ἐν τοσούτῳ δὲ σὺ μὴ προδῷς δύο τὰ κάλλιστα, ἔρωτα καὶ
ἀρχήν. ἐντάφιον ἔνδοξον ἡ ἡγεμονία καὶ μετὰ Καλλιρόης θάνατος
ἡδύς." ἔτι ταῦτα βουλευομένου καὶ παρασκευαζομένου πρὸς ἀπόστασιν
ἧκέ τις ἀγγέλλων ὡς Διονύσιος ἐξώρμηκε Μιλήτου καὶ Καλλιρόην
ἐπάγεται. τοῦτο λυπηρότερον ἤκουσε Μιθριδάτης ἢ τὸ πρόσταγμα
τὸ καλοῦν ἐπὶ τὴν δίκην· ἀποκλαύσας δὲ τὴν ἑαυτοῦ συμφορὰν "ἐπὶ
ποίαις" φησὶν "ἐλπίσιν ἔτι μένω; προδίδωσί με πανταχόθεν ἡ
Τύχη. τάχα γὰρ ἐλεήσει με βασιλεὺς μηδὲν ἀδικοῦντα· εἰ δὲ ἀποθανεῖν
δεήσειε, πάλιν ὄψομαι Καλλιρόην· κἂν ἐν τῇ κρίσει Χαιρέαν
ἕξω μετ´ ἐμαυτοῦ καὶ Πολύχαρμον οὐ συνηγόρους μόνον, ἀλλὰ καὶ
μάρτυρας." πᾶσαν οὖν τὴν θεραπείαν κελεύσας συνακολουθεῖν
ἐξώρμησε Καρίας, ἀγαθὴν ἔχων ψυχὴν ἐκ τοῦ μηδὲν ἀδικεῖν ἂν
δόξαι· ὥστε οὐδὲ μετὰ δακρύων προέπεμψαν αὐτόν, ἀλλὰ μετὰ
θυσιῶν καὶ πομπῆς. ἕνα μὲν οὖν στόλον τοῦτον ἐκ Καρίας ἔστελλεν
ὁ Ἔρως, ἐξ Ἰωνίας δὲ ἐνδοξότερον ἄλλον· ἐπιφανέστερον γὰρ καὶ
βασιλικώτερον ἦν τὸ κάλλος. προέτρεχε γὰρ τῆς γυναικὸς ἡ Φήμη,
καταγγέλλουσα πᾶσιν ἀνθρώποις ὅτι Καλλιρόη παραγίνεται, τὸ
περιβόητον ὄνομα, τὸ μέγα τῆς φύσεως κατόρθωμα,
Ἀρτέμιδι ἰκέλη ἢ χρυσείῃ Ἀφροδίτῃ.
ἐνδοξοτέραν αὐτὴν ἐποίει καὶ τὸ τῆς δίκης διήγημα. πόλεις ἀπήντων
ὅλαι καὶ τὰς ὁδοὺς ἐστενοχώρουν οἱ συντρέχοντες ἐπὶ τὴν θέαν·
ἐδόκει δὲ {τοῖς} πᾶσι τῆς φήμης ἡ γυνὴ κρείττων. μακαριζόμενος
δὲ Διονύσιος ἐλυπεῖτο, καὶ δειλότερον αὐτὸν ἐποίει τῆς εὐτυχίας τὸ
μέγεθος· οἷα γὰρ πεπαιδευμένος ἐνεθυμεῖτο ὅτι φιλόκαινός ἐστιν ὁ
Ἔρως· διὰ τοῦτο καὶ τόξα καὶ πῦρ ποιηταί τε καὶ πλάσται περιτεθείκασιν
αὐτῷ, τὰ κουφότατα καὶ στῆναι μὴ θέλοντα. μνήμη δὲ
ἐλάμβανεν αὐτὸν παλαιῶν διηγημάτων, ὅσαι μεταβολαὶ γεγόνασι
τῶν καλῶν γυναικῶν. πάντα οὖν Διονύσιον ἐφόβει, πάντας ἔβλεπεν
ὡς ἀντεραστάς, οὐ τὸν ἀντίδικον μόνον, ἀλλ´ αὐτὸν τὸν δικαστήν,
ὥστε καὶ μετενόει προπετέστερον Φαρνάκῃ ταῦτα μηνύσας,
ἐξὸν καθεύδειν τήν τ´ ἐρωμένην ἔχειν·
οὐ γὰρ ὅμοιον ἐν Μιλήτῳ φυλάττειν Καλλιρόην καὶ ἐπὶ τῆς Ἀσίας
ὅλης. διεφύλαττε δὲ ὅμως τὸ ἀπόρρητον μέχρι τέλους, καὶ τὴν
αἰτίαν οὐχ ὡμολόγει πρὸς τὴν γυναῖκα, ἀλλ´ ἡ πρόφασις ἦν ὅτι
βασιλεὺς αὐτὸν μεταπέμπεται, βουλεύσασθαι θέλων περὶ τῶν ἐν
Ἰωνίᾳ πραγμάτων. ἐλυπεῖτο δὲ Καλλιρόη, μακρὰν στελλομένη
θαλάσσης Ἑλληνικῆς· ἕως γὰρ τοὺς Μιλησίων λιμένας ἑώρα,
Συρακούσας ἐδόκει ἐγγὺς τυγχάνειν· μέγα δὲ εἶχε παραμύθιον καὶ τὸν
Χαιρέου τάφον ἐκεῖ.
| [4,7] Mithridate demeura stupéfait, incapable de comprendre
la cause de cette accusation mensongère, lorsque
Hygin revint et lui raconta ce qui s'était passé avec les
esclaves. Ainsi trahi par sa lettre, il décida de ne pas se
rendre à la convocation du Roi, craignant les calomnies
et la colère du Roi, mais plutôt de s'emparer de Milet et
de mettre à mort Dionysios, le responsable, d'enlever
Callirhoé et de se révolter contre le Roi.
« Pourquoi te hâter, se disait-il, de remettre ta
liberté aux mains du maître ? Peut-être même seras-tu
vainqueur en restant ici; car le Roi est loin, et ses généraux
ne valent pas cher; si, de toute façon, il t'a
condamné, il ne pourra rien t'arriver de pire. En attendant,
ne trahis pas, toi, ce qu'il y a de plus beau au
monde, l'amour et la puissance. C'est un linceul magnifique
que le pouvoir et, avec Callirhoé, la mort est douce. »
Il délibérait encore à ce sujet et se préparait à la
rébellion lorsque quelqu'un vint lui annoncer que
Dionysios était parti de Milet et emmenait Callirhoé
avec lui. Cette nouvelle chagrina plus Mithridate que
l'ordre qui le citait en justice. Il pleura sur son infortune :
« Avec quelles espérances demeuré-je ? De toute
part me trahit la Fortune. Peut-être le Roi aura-t-il
pitié de moi, qui n'ai commis aucun crime; et, s'il me
faut mourir, je reverrai au moins Callirhoé; d'ailleurs,
pour le procès, j'aurai avec moi Chéréas et Polycharme,
non seulement comme défenseurs, mais comme témoins. »
Il donna donc à tous ses serviteurs l'ordre de l'accompagner
et quitta la Carie ayant bon espoir de prouver
qu'il n'avait commis aucun crime; si bien qu'on ne
l'accompagna pas avec des larmes, mais avec des sacrifices
et des cortèges. Voilà quelle était la première expédition,
celle que l'Amour envoyait de Carie. Mais
d'Ionie il en envoyait une autre, plus remarquable
encore, car la beauté est chose plus illustre et plus
royale. Elle était précédée par la réputation de cette
femme, annonçant à tous les hommes que Callirhoé
approchait, Callirhoé, le nom célèbre, la grande perfection de la Nature,
"pareille à Artémis ou à Aphrodite, la déesse d'or".
Ce qui la rendait plus célèbre encore était ce que l'on
racontait du procès. Des cités entières venaient à sa
rencontre, les chemins étaient encombrés par les gens
qui accouraient afin de la voir; et tous trouvaient que
cette femme était supérieure encore à ce que l'on en
disait. Mais tandis qu'on vantait son bonheur, Dionysios
était triste, et la grandeur de sa félicité ne faisait
qu'augmenter ses craintes. En homme instruit, il songeait
que l'Amour aime les changements et que c'est
pour cela que les poètes et les artistes mettent auprès de
lui un arc et du feu, ce qu'il y a de plus léger et ce qui
ne demeure jamais en repos. Il se souvenait des antiques
histoires et de toutes les vicissitudes advenues aux belles
femmes. Tout faisait donc peur à Dionysios, il regardait
tous les hommes comme des rivaux, non seulement
son adversaire, mais le juge lui-même, tant et si bien qu'il
se repentait de s'être tant pressé de tout révéler à Pharnace,
"alors qu'il pouvait dormir et conserver son aimée".
Car ce n'était pas la même chose de protéger Callirhoé à
Milet et de la défendre à la face de l'Asie entière. Pourtant,
il garda le secret jusqu'à la fin, ne révéla pas à sa femme
la cause du voyage, mais donnait comme prétexte que
le Roi l'avait convoqué parce qu'il désirait le consulter
sur les affaires de l'Ionie. Callirhoé se désolait d'être emmenée
loin de la mer grecque; aussi longtemps qu'elle
voyait les ports de Milet, il lui semblait se trouver près
de Syracuse, et puis, elle puisait une grande consolation
dans le tombeau de Chéréas qui était là.
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