[4,3] Ἤρξατο οὖν ὁ Πολύχαρμος λέγειν "ἡμεῖς, οἱ δύο δεσμῶται,
Συρακόσιοι γένος ἐσμέν. ἀλλ´ ὁ μὲν ἕτερος νεανίσκος πρῶτος
Σικελίας δόξῃ τε καὶ πλούτῳ καὶ εὐμορφίᾳ ποτέ, ἐγὼ δὲ εὐτελὴς μέν,
συμφοιτητὴς δὲ ἐκείνου καὶ φίλος. καταλιπόντες οὖν τοὺς γονεῖς
ἐξεπλεύσαμεν τῆς πατρίδος, ἐγὼ μὲν δι´ ἐκεῖνον, ἐκεῖνος δὲ διὰ
γυναῖκα Καλλιρόην τοὔνομα, ἥν, δόξασαν ἀποτεθνηκέναι, ἔθαψε
πολυτελῶς. τυμβωρύχοι δὲ ζῶσαν εὑρόντες εἰς Ἰωνίαν ἐπώλησαν.
τοῦτο γὰρ ἡμῖν ἐμήνυσε δημοσίᾳ βασανιζόμενος Θήρων ὁ λῃστής.
ἔπεμψεν οὖν ἡ πόλις ἡ Συρακοσίων τριήρη καὶ πρέσβεις τοὺς
ἀναζητήσοντας τὴν γυναῖκα. ταύτην τὴν τριήρη νυκτὸς ὁρμοῦσαν
ἐνέπρησαν βάρβαροι καὶ τοὺς μὲν πολλοὺς ἀπέσφαξαν, ἐμὲ δὲ καὶ
τὸν φίλον δήσαντες ἐπώλησαν ἐνταῦθα. ἡμεῖς μὲν οὖν σωφρόνως
ἐφέρομεν τὴν συμφοράν· ἕτεροι δέ τινες τῶν ἡμῖν συνδεδεμένων,
οὓς ἀγνοοῦμεν, διαρρήξαντες τὰ δεσμὰ φόνον εἰργάσαντο καὶ σοῦ
κελεύσαντος τὴν ἐπὶ τὸν σταυρὸν ἠγόμεθα πάντες. ὁ μὲν οὖν φίλος
οὐδὲ ἀποθνήσκων ἐνεκάλει τῇ γυναικί, προήχθην δὲ αὐτῆς μνημονεῦσαι
καὶ τῶν κακῶν αἰτίαν εἰπεῖν ἐκείνην, δι´ ἣν ἐπλεύσαμεν." ἔτι
λέγοντος αὐτοῦ Μιθριδάτης ἀνεβόησε "Χαιρέαν λέγεις;" "τὸν
φίλον" εἶπεν ὁ Πολύχαρμος· "ἀλλὰ δέομαί σου, δέσποτα, κέλευσον
τῷ δημίῳ μηδὲ τοὺς σταυροὺς ἡμῶν διαζεῦξαι." δάκρυα καὶ στεναγμὸς
ἐπηκολούθησε τῷ διηγήματι, καὶ πάντας ἔπεμψε Μιθριδάτης ἐπὶ
Χαιρέαν, ἵνα μὴ φθάσῃ τελευτήσας. εὗρον δὲ τοὺς μὲν ἄλλους
ἀνηρτημένους, ἄρτι δὲ ἐκεῖνον ἐπιβαίνοντα τοῦ σταυροῦ. πόρρωθεν
οὖν ἐκεκράγεσαν ἄλλος ἄλλο τι "φεῖσαι," "κατάβηθι," "μὴ
τρώσῃς," "ἄφες." ὁ μὲν οὖν δήμιος ἐπέσχε τὴν ὁρμήν· Χαιρέας
δὲ λυπούμενος κατέβαινε τοῦ σταυροῦ· χαίρων γὰρ ἀπηλλάσσετο
βίου πονηροῦ καὶ ἔρωτος ἀτυχοῦς. ἀγομένῳ δὲ αὐτῷ Μιθριδάτης
ἀπήντησε καὶ περιπτυξάμενος εἶπεν "ἀδελφὲ καὶ φίλε, μικροῦ με
ἐνήδρευσας ἔργον ἀσεβὲς ἐργάσασθαι διὰ τὴν ἐγκρατῆ μὲν ἀλλ´
ἄκαιρόν σου σιωπήν." εὐθὺς οὖν προσέταξε τοῖς οἰκέταις ἄγειν ἐπὶ
λουτρὰ καὶ τὰ σώματα θεραπεῦσαι, λουσαμένοις δὲ περιθεῖναι χλαμύδας
Ἑλληνικὰς πολυτελεῖς· αὐτὸς δὲ γνωρίμους ἐς {τὸ} συμπόσιον
παρεκάλει καὶ ἔθυε Χαιρέου σωτήρια. πότος ἦν μακρὸς καὶ ἡδεῖα
φιλοφρόνησις καὶ θυμηδίας οὐδὲν ἐνέδει. προκοπτούσης δὲ τῆς
εὐωχίας θερμανθεὶς Μιθριδάτης οἴνῳ καὶ ἔρωτι "μὴ γὰρ οὐ τὰ
δεσμὰ καὶ τὸν σταυρὸν ἐλεῶ σου, Χαιρέα" φησίν, "ἀλλ´ ὅτι τοιαύτης
γυναικὸς ἀφῃρέθης." ἐκπλαγεὶς οὖν ὁ Χαιρέας ἀνέκραγε "ποῦ γὰρ
σὺ Καλλιρόην εἶδες τὴν ἐμήν;" "οὐκέτι σὴν" εἶπεν ὁ Μιθριδάτης,
"ἀλλὰ Διονυσίου τοῦ Μιλησίου νόμῳ γαμηθεῖσαν· ἤδη δὲ καὶ τέκνον
ἐστὶν αὐτοῖς." οὐκ ἐκαρτέρησεν ὁ Χαιρέας ἀκούσας, ἀλλὰ τοῖς γόνασι
Μιθριδάτου προσπεσὼν "ἱκετεύω σε, πάλιν, ὦ δέσποτα, τὸν σταυρόν
μοι ἀπόδος. χεῖρόν με βασανίζεις, ἐπὶ τοιούτῳ διηγήματι ζῆν ἀναγκάζων.
ἄπιστε Καλλιρόη καὶ πασῶν ἀσεβεστάτη γυναικῶν, ἐγὼ
μὲν ἐπράθην διὰ σὲ καὶ ἔσκαψα καὶ σταυρὸν ἐβάστασα καὶ δημίου
χερσὶ παρεδόθην, σὺ δὲ ἐτρύφας καὶ γάμους ἔθυες ἐμοῦ δεδεμένου.
οὐκ ἤρκεσεν ὅτι γυνὴ γέγονας ἄλλου Χαιρέου ζῶντος, γέγονας δὲ καὶ
μήτηρ." κλάειν ἤρξαντο πάντες καὶ μετέβαλε τὸ συμπόσιον εἰς
σκυθρωπὴν ὑπόθεσιν. μόνος ἐπὶ τούτοις Μιθριδάτης ἔχαιρεν, ἐλπίδα
τινὰ λαμβάνων ἐρωτικήν, ὡς δυνάμενος ἤδη καὶ λέγειν καὶ πράττειν
τι περὶ Καλλιρόης, ἵνα δοκῇ φίλῳ βοηθεῖν. "ἄρτι μὲν οὖν" ἔφη,
"νὺξ γάρ ἐστιν, ἀπίωμεν, τῇ δ´ ὑστεραίᾳ νήφοντες βουλευώμεθα
περὶ τούτων· δεῖται γὰρ ἡ σκέψις σχολῆς μακροτέρας." ἐπὶ τούτοις
ἀναστὰς διέλυσε τὸ συμπόσιον καὶ αὐτὸς μὲν ἀνεπαύετο καθάπερ ἦν
ἔθος αὐτῷ, τοῖς δὲ Συρακοσίοις νεανίσκοις θεραπείαν τε καὶ οἶκον
ἐξαίρετον ἀπέδειξε.
| [4,3] Polycharme commença alors à parler : « Nous deux,
les deux prisonniers, nous sommes Syracusains de naissance.
Lui, l'autre, était autrefois le premier de la Sicile,
en réputation, en richesse, en beauté, moi, j'étais quelqu'un
d'ordinaire, mais son camarade et son ami. Nous
quittâmes nos parents et nous nous en allâmes de notre
patrie, moi, à cause de lui, et lui, à cause de sa femme,
appelée Callirhoé, à qui il avait, car il la croyait morte,
fait des funérailles magnifiques, mais que des violateurs
de tombeaux trouvèrent vivante et qu'ils vendirent en
Ionie. C'est ce que nous a révélé Théron, le pirate,
lorsqu'il fut mis publiquement à la question. La ville
de Syracuse envoya alors une trière et des ambassadeurs
pour aller chercher cette femme. Cette trière, alors
qu'elle était au mouillage, pendant la nuit, fut incendiée
par des barbares, qui tuèrent la plupart d'entre nous,
nous enchaînèrent, mon ami et moi, puis nous vendirent
ici. Nous, nous supportions avec patience notre malheur;
mais certains de nos compagnons de chaîne, que nous
ne connaissons pas, brisèrent leurs liens et commirent
un meurtre et, sur ton ordre, l'on nous a tous emmenés
pour nous mettre en croix. Mon ami, lui, même sur le
point de mourir, n'a pas accusé sa femme, mais moi je
n'ai pu m'empêcher de me souvenir d'elle et de dire
que c'était elle la cause de nos malheurs, elle pour qui
nous nous étions embarqués. » Il n'avait pas fini que
Mithridate s'écria : « Tu parles de Chéréas ! — Oui,
c'est mon ami, dit Polycharme; mais, je t'en prie, maître,
ordonne au bourreau de ne pas séparer nos croix. »
Des larmes et des soupirs accueillirent ce récit, et
Mithridate envoya tous les assistants au secours de
Chéréas, pour empêcher qu'il ne fût mis à mort avant
que l'on ne pût intervenir. Ils trouvèrent tous les
autres pendus, et Chéréas qui, déjà, montait sur la
croix. De loin, ils crièrent, qui : « Épargne-le ! », qui
« Descends! », qui « Ne lui fais pas mal! », qui
« Lâche-le! ». Le bourreau arrêta son geste, et Chéréas,
désolé, descendit de la croix, car il se réjouissait d'être
délivré d'une vie de douleur et de son amour malheureux.
Tandis qu'on l'amenait à Mithridate, celui-ci
vint au-devant de lui, l'embrassa et lui dit : « O mon
frère et mon ami, il s'en est fallu de peu que tu ne m'aies
amené à commettre un crime par ton silence qui, sans
doute, témoigne de ta maîtrise sur toi-même, mais n'était
pas alors opportun. » Aussitôt, il les remit à ses
serviteurs avec ordre de les conduire au bain, de leur
donner tous les soins nécessaires et, après le bain, de
les revêtir de vêtements grecs magnifiques. Lui-même
invita les personnages les plus importants de la ville à
un banquet et offrit des sacrifices en l'honneur du salut
de Chéréas. On but beaucoup, il régna une charmante
amitié et rien ne manqua pour mettre en joie. Au cours
du banquet, Mithridate, échauffé par le vin et l'amour :
« Ce ne sont pas tes chaînes, dit-il, ni la croix qui font
que j'ai pitié de toi, Chéréas, c'est que tu as perdu une
telle femme. » Stupéfait, Chéréas s'écria : « Ainsi, tu as
vu ma Callirhoé ? — Non plus tienne, répondit Mithridate,
mais l'épousé légitime de Dionysios de Milet; et
même déjà ils ont un enfant. » Chéréas ne put se contenir
en entendant cela, mais, tombant aux genoux de
Mithridate : « Je t'en supplie, maître, dit-il, remets-moi
sur la croix. Tu m'infliges un plus cruel supplice en me
forçant à vivre après m'avoir dit cela. Infidèle Callirhoé,
toi, la plus criminelle de toutes les femmes, moi,
j'ai été vendu à cause de toi, j'ai travaillé la terre, j'ai
porté la croix, j'ai été remis aux mains du bourreau, et
toi, tu étais dans le luxe, tu célébrais tes noces, tandis
que j'étais enchaîné! Il ne t'a pas suffi de devenir la
femme d'un autre alors que Chéréas était vivant, tu es
aussi devenue mère! » Tous commencèrent à pleurer
et le banquet se transforma en une scène de tristesse.
Seul Mithridate trouvait là matière à se réjouir, concevant
quelque espérance amoureuse parce qu'il pouvait
maintenant parler de Callirhoé et faire quelque chose
pour elle, en paraissant secourir son ami. « Pour l'instant,
dit-il, c'est la nuit; retirons-nous; demain, à jeun,
nous réfléchirons sur tout cela; car, pour délibérer, il
faut disposer d'un loisir suffisant. » Sur quoi, il se leva,
terminant ainsi le banquet, puis il alla reposer comme à
son ordinaire, mettant à la disposition des jeunes Syracusains
des serviteurs et un appartement séparé.
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