HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre IV

Chapitre 2

  Chapitre 2

[4,2] Καλλιρόη μὲν οὖν ἐν Μιλήτῳ Χαιρέαν ἔθαπτε, Χαιρέας δὲ ἐν Καρίᾳ δεδεμένος εἰργάζετο. σκάπτων δὲ τὸ σῶμα ταχέως ἐξετρυχώθη· πολλὰ γὰρ αὐτὸν ἐβάρει, κόπος, ἀμέλεια, τὰ δεσμά, καὶ τούτων μᾶλλον ἔρως. ἀποθανεῖν δὲ βουλόμενον αὐτὸν οὐκ εἴα λεπτή τις ἐλπίς, ὅτι τάχα ποτὲ Καλλιρόην ὄψεται. Πολύχαρμος οὖν, συναλοὺς αὐτῷ φίλος, βλέπων Χαιρέαν ἐργάζεσθαι μὴ δυνάμενον, ἀλλὰ πληγὰς λαμβάνοντα καὶ προπηλακιζόμενον αἰσχρῶς, λέγει πρὸς τὸν ἐργοστόλον "χωρίον ἡμῖν ἀπομέρισον ἐξαίρετον, ἵνα μὴ τὴν τῶν ἄλλων δεσμωτῶν ῥᾳθυμίαν ἡμῖν καταλογίζῃ· τὸ δὲ ἴδιον μέτρον αὐτοὶ ἀποδώσομεν πρὸς ἡμέραν." πείθεται καὶ δίδωσιν. δὲ Πολύχαρμος, οἷα δὴ νεανίας ἀνδρικὸς τὴν φύσιν καὶ μὴ δουλεύων Ἔρωτι, χαλεπῷ τυράννῳ, τὰς δύο μοίρας αὐτὸς σχεδὸν εἰργάζετο μόνος, πλεονεκτῶν ἐν τοῖς πόνοις ἡδέως, ἵνα περισώσῃ τὸν φίλον. Καὶ οὗτοι μὲν ἦσαν ἐν τοιαύταις συμφοραῖς, ὀψὲ μεταμανθάνοντες τὴν ἐλευθερίαν· δὲ Μιθριδάτης σατράπης ἐπανῆλθεν εἰς Καρίαν οὐ τοιοῦτος, οἷος εἰς Μίλητον ἐξῆλθεν, ἀλλ´ ὠχρός τε καὶ λεπτός, οἷα δὴ τραῦμα ἔχων ἐν τῇ ψυχῇ θερμόν τε καὶ δριμύ. τηκόμενος δὲ ὑπὸ τοῦ Καλλιρόης ἔρωτος πάντως ἂν ἐτελεύτησεν, εἰ μὴ τοιᾶσδέ τινος ἔτυχε παραμυθίας. τῶν ἐργατῶν τινες τῶν ἅμα Χαιρέᾳ δεδεμένων (ἑξκαίδεκα δὲ ἦσαν τὸν ἀριθμὸν ἐν οἰκίσκῳ σκοτεινῷ καθειργμένοι) νύκτωρ διακόψαντες τὰ δεσμὰ τὸν ἐπιστάτην ἀπέσφαξαν, εἶτα δρασμῷ ἐπεχείρουν. ἀλλ´ οὐ διέφυγον, οἱ γὰρ κύνες ὑλάσσοντες ἐμήνυσαν αὐτούς. φωραθέντες οὖν ἐκείνης τῆς νυκτὸς ἐδέθησαν ἐπιμελέστερον ἐν ξύλῳ πάντες, μεθ´ ἡμέραν δὲ οἰκονόμος ἐμήνυσε τῷ δεσπότῃ τὸ συμβάν, κἀκεῖνος οὐδὲ ἰδὼν αὐτοὺς οὐδὲ ἀπολογουμένων ἀκούσας εὐθὺς ἐκέλευσε τοὺς ἑξκαίδεκα τοὺς ὁμοσκήνους ἀνασταυρῶσαι. προήχθησαν οὖν πόδας τε καὶ τραχήλους συνδεδεμένοι, καὶ ἕκαστος αὐτῶν τὸν σταυρὸν ἔφερε· τῇ γὰρ ἀναγκαίᾳ τιμωρίᾳ καὶ τὴν ἔξωθεν φαντασίαν σκυθρωπὴν προσέθεσαν οἱ κολάζοντες εἰς φόβου παράδειγμα τοῖς ὁμοίοις. Χαιρέας μὲν οὖν συναπαγόμενος ἐσίγα, Πολύχαρμος δὲ τὸν σταυρὸν βαστάζων "διὰ σὲ" φησίν, " Καλλιρόη, ταῦτα πάσχομεν. σὺ πάντων ἡμῖν τῶν κακῶν αἰτία." τοῦτον δὴ τὸν λόγον οἰκονόμος ἀκούσας ἔδοξεν εἶναί τινα γυναῖκα τὴν συνειδυῖαν τοῖς τετολμημένοις. ὅπως οὖν κἀκείνη κολασθῇ καὶ ζήτησις γένηται τῆς ἐπιβουλῆς, ταχέως τὸν Πολύχαρμον ἀπορρήξας τῆς κοινῆς ἁλύσεως πρὸς Μιθριδάτην ἤγαγεν. δ´ ἐν παραδείσῳ τινὶ κατέκειτο μόνος ἀλύων καὶ Καλλιρόην ἀναπλάττων ἑαυτῷ τοιαύτην, ὁποίαν εἶδε πενθοῦσαν· ὅλος δὲ ὢν ἐπὶ τῆς ἐννοίας ἐκείνης καὶ τὸν οἰκέτην ἀηδῶς ἐθεάσατο. "τί γάρ μοι" φησὶ "παρενοχλεῖς;" "ἀναγκαῖον" εἶπεν, " δέσποτα· τὴν γὰρ πηγὴν ἀνεύρηκα τοῦ μεγάλου τολμήματος, καὶ οὗτος κατάρατος ἄνθρωπος ἐπίσταται γυναῖκα μιαρὰν συμπράξασαν τῷ φόνῳ." ἀκούσας οὖν Μιθριδάτης συνήγαγε τὰς ὀφρῦς καὶ δεινὸν βλέπων "λέγε" φησὶ "τὴν συνειδυῖαν καὶ κοινωνὸν ὑμῖν τῶν ἀδικημάτων." δὲ Πολύχαρμος ἔξαρνος ἦν εἰδέναι, μηδὲ γὰρ ὅλως τῆς πράξεως κεκοινωνηκέναι. μάστιγες ᾐτοῦντο καὶ πῦρ ἐπεφέρετο καὶ βασανιστηρίων ἦν παρασκευή, καί τις ἤδη τοῦ σώματος ἁπτόμενος αὐτοῦ "λέγε" φησὶ "τοὔνομα τῆς γυναικός, ἣν αἰτίαν ὡμολόγησας εἶναί σοι τῶν κακῶν." "Καλλιρόην" εἶπεν Πολύχαρμος. ἔπληξε τοὔνομα Μιθριδάτην, καὶ ἀτυχῆ τινα ἔδοξεν ὁμωνυμίαν τῶν γυναικῶν. οὐκέτ´ οὖν προθύμως ἤθελεν ἐξελέγχειν, δεδοικὼς μὴ καταστῇ ποτε εἰς ἀνάγκην ὑβρίσαι τὸ ἥδιστον ὄνομα· τῶν δὲ φίλων καὶ τῶν οἰκετῶν εἰς ἔρευναν ἀκριβεστέραν παρακαλούντων "ἡκέτω" φησὶ "Καλλιρόη." παίοντες οὖν τὸν Πολύχαρμον ἠρώτων τίς ἐστι καὶ πόθεν ἄγουσιν αὐτήν. δὲ ἄθλιος ἐν ἀμηχανίᾳ γενόμενος καταψεύσασθαι μὲν οὐδεμιᾶς ἤθελε· "τί δὲ μάτην" εἶπε "θορυβεῖσθε ζητοῦντες τὴν οὐ παροῦσαν; Καλλιρόης ἐγὼ Συρακοσίας ἐμνημόνευσα, θυγατρὸς Ἑρμοκράτους τοῦ στρατηγοῦ." ταῦτα ἀκούσας Μιθριδάτης ἐρυθήματος ἐνεπλήσθη καὶ ἵδρου τὰ ἔνδον, καί που καὶ δάκρυον αὐτοῦ μὴ θέλοντος προέπεσεν, ὥστε καὶ τὸν Πολύχαρμον διασιωπῆσαι καὶ πάντας ἀπορεῖν τοὺς παρόντας. ὀψὲ δὲ καὶ μόλις Μιθριδάτης συναγαγὼν ἑαυτὸν "τί δὲ σοὶ" φησὶ "πρᾶγμα πρὸς Καλλιρόην ἐκείνην, καὶ διατί μέλλων ἀποθνήσκειν ἐμνημόνευσας αὐτῆς;" δὲ ἀπεκρίνατο "μακρὸς μῦθος, δέσποτα, καὶ πρὸς οὐδὲν ἔτι χρήσιμός μοι. οὐκ ἐνοχλήσω δέ σοι ληρῶν ἀκαίρως, ἅμα δὲ καὶ δέδοικα μή, ἐὰν βραδύνω, φθάσῃ με φίλος· θέλω δὲ αὐτῷ καὶ συναποθανεῖν." ἐπεκλάσθησαν αἱ ὀργαὶ τῶν ἀκουόντων καὶ θυμὸς εἰς ἔλεον μετέπεσε, Μιθριδάτης δὲ ὑπὲρ πάντας συνεχύθη καὶ "μὴ δέδιθι" φησίν, "οὐ γὰρ ἐνοχλήσεις μοι διηγούμενος· ἔχω γὰρ ψυχὴν φιλάνθρωπον. λέγε πάντα θαρρῶν καὶ μηδὲν παραλίπῃς. τίς εἶ καὶ πόθεν, καὶ πῶς ἦλθες εἰς Καρίαν καὶ διατὶ σκάπτεις δεδεμένος; μάλιστα δέ μοι διήγησαι περὶ Καλλιρόης καὶ τίς φίλος." [4,2] Callirhoé, donc, ensevelissait Chéréas à Milet, tandis que, en Carie, Chéréas travaillait, enchaîné. Mais, à travailler la terre, son corps s'était rapidement épuisé; beaucoup de choses l'accablaient, les souffrances, le manque de soins, les chaînes, et plus que tout cela, l'amour. Mais, bien qu'il voulût mourir, un faible espoir encore l'en empêchait, l'espoir de voir peut-être un jour Callirhoé. Polycharme, l'ami qui avait été fait prisonnier avec lui, voyant que Chéréas ne pouvait pas travailler, mais qu'il recevait des coups et qu'il était grossièrement insulté, dit au chef de chantier : « Mesure-nous une tâche séparée, pour que tu ne puisses nous faire grief de l'indolence des autres prisonniers; nous te rendrons chaque soir la tâche que tu nous auras assignée.» L'autre y consentit et le fit. Alors Polycharme, qui était un jeune homme d'un naturel vaillant, et n'était pas esclave de l'amour, qui est un maître cruel, faisait presque à lui seul les deux tâches, prenant pour lui volontiers la plus grande part de la peine, afin de sauver son ami. Ces jeunes gens se trouvaient donc au milieu de ces malheurs, lents à oublier la liberté, lorsque Mithridate, le satrape, revint en Carie, non point tel qu'il était parti pour Milet, mais pâle, amaigri, comme un homme qui porte dans l'âme une plaie brûlante et douce à la fois. Consumé par l'amour de Callirhoé, il serait tout à fait mort s'il n'avait trouvé quelque réconfort de la façon que je vais dire. Quelques-uns des travailleurs enchaînés avec Chéréas (il y en avait seize en tout, enfermés dans une cabane obscure), brisèrent leurs chaînes pendant la nuit, tuèrent leur surveillant puis tentèrent de s'enfuir. Mais ils ne réussirent pas, car les chiens de garde les trahirent. Ayant donc été pris sur le fait cette nuit-là, ils furent tous attachés plus étroitement à la poutre et, avec le jour, l'intendant raconta au maître ce qui s'était passé; celui-ci, sans même les voir ni entendre leur défense, donna immédiatement l'ordre de mettre en croix les seize hommes qui partageaient la même baraque. On les fit donc sortir, attachés les uns aux autres par les pieds et par le cou et chacun d'eux portant sa croix; au châtiment nécessaire, ceux qui l'appliquaient avaient ajouté une terrible mise en scène pour servir d'exemple aux autres et les intimider. Chéréas, donc, tandis qu'on l'emmenait, demeurait silencieux, mais Polycharme, en soulevant sa croix, dit : « C'est à cause de toi, Callirhoé, que nous subissons tout ceci. C'est toi la cause de tous nos malheurs. » L'intendant, qui surprit ce propos, pensa que c'était quelque femme complice de l'attentat. Afin de la punir elle aussi et de provoquer une enquête sur le complot, il se hâta de détacher Polycharme de la chaîne commune et le conduisit à Mithridate. Celui-ci se trouvait dans un jardin, tout seul, inquiet, et se représentant Callirhoé telle qu'il l'avait vue dans son deuil; tout entier à cette image, il vit venir son serviteur sans plaisir : « Pourquoi, dit-il, m'importunes-tu ? C'est indispensable, maître, répondit l'autre, car j'ai trouvé la source de cette grande révolte, et l'individu que voici connaît le nom d'une femme criminelle qui a été complice du meurtre. » En l'entendant, Mithridate fronça les sourcils et jeta un regard terrible : « Dis-moi, s'écria-t-il, quelle est cette complice, qui a participé à vos crimes. » Polycharme dit qu'il ne le savait pas, car il n'avait, disait-il, même pas pris part à la révolte. On envoya chercher des fouets, on apporta du feu, on prépara la torture, et déjà un homme mettait la main sur Polycharme, disant : « Donne-nous le nom de la femme dont tu as dit toi-même qu'elle était la cause de tes malheurs. » Polycharme répondit que c'était Callirhoé. Ce nom frappa Mithridate, qui pensa que cette femme se trouvait, par un hasard malheureux, avoir le même nom que l'autre. Il ne fut plus si désireux, alors, d'obtenir la preuve, craignant de se trouver dans la nécessité de faire du mal à ce nom qu'il chérissait; mais comme ses amis et ses serviteurs l'invitaient à pousser l'enquête plus à fond : «Que Callirhoé comparaisse », dit-il. En frappant Polycharme, ils lui demandèrent qui elle était et où ils devaient aller la chercher. Et le malheureux, pris de court, et ne voulant porter contre aucune femme d'accusation mensongère, répondit : « Pourquoi faites-vous tout ce bruit pour rien, à chercher quelqu'un qui n'est pas là ? La Callirhoé dont je parlais est une Syracusaine, fille du stratège Hermocrate. » En entendant ces mots, Mithridate rougit violemment et se sentit tout couvert de sueur, et même quelques larmes, malgré lui, tombèrent de ses yeux, si bien que Polycharme se tut et que tous les assistants ne surent plus que faire. Enfin, au prix d'un effort, Mithridate se ressaisit et dit : « Qu'as-tu à faire, toi, avec cette Callirhoé, et pourquoi, au moment de mourir, as-tu prononcé son nom ? » Et l'autre répondit : « C'est une longue histoire, maître, et qui ne me sert plus à rien. Je ne t'ennuierai pas à bavarder hors de propos, et d'ailleurs je crains, si je tarde, que mon ami ne me devance; je veux mourir en même temps que lui. » La colère des auditeurs tomba, et leur rage se transforma en pitié, et Mithridate, plus qu'eux tous, resta confondu : «Ne crains rien, dit-il, tu ne m'ennuieras pas du tout en me racontant cela, car j'ai une âme humaine. Dis-moi tout hardiment, n'omets aucun détail, qui es-tu, d'où viens-tu, comment es-tu venu en Carie, et pourquoi travailles-tu la terre enchaîné ? Et surtout, parle-moi de Callirhoé et dis-moi qui est ton ami. »


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Dernière mise à jour : 5/10/2006