[3,9] Μικρὸν οὖν διαλιποῦσα καλεῖ τὴν ἱέρειαν· ἡ δὲ πρεσβῦτις ὑπακούσασα
"τί κλάεις" εἶπεν, "ὦ παιδίον, ἐν ἀγαθοῖς τηλικούτοις;
ἤδη γὰρ καὶ σὲ ὡς θεὰν οἱ ξένοι προσκυνοῦσι. πρώην ἦλθον ἐνθάδε
δύο νεανίσκοι καλοὶ παραπλέοντες· ὁ δὲ ἕτερος αὐτῶν θεασάμενός
σου τὴν εἰκόνα, μικροῦ δεῖν ἐξέπνευσεν. οὕτως ἐπιφανῆ σε ἡ
Ἀφροδίτη πεποίηκεν." ἔπληξε τὴν καρδίαν τῆς Καλλιρόης τοῦτο
καὶ οὕτως, ὥσπερ ἐμμανὴς γενομένη, στήσασα τοὺς ὀφθαλμοὺς
ἀνέκραγε "τίνες ἦσαν οἱ ξένοι; πόθεν ἔπλεον; τί σοι διηγοῦντο;"
δείσασα δὲ ἡ πρεσβῦτις τὸ μὲν πρῶτον ἄφωνος εἱστήκει, μόλις δὲ
ἐφθέγξατο "μόνον εἶδον αὐτούς, οὐδὲν ἤκουσα." "ποταποὺς εἶδες;
ἀναμνήσθητι τὸν χαρακτῆρα αὐτῶν." ἔφρασεν ἡ γραῦς οὐκ ἀκριβῶς
μέν, ὑπώπτευσε δὲ ὅμως ἐκείνη τὴν ἀλήθειαν. ὃ γὰρ βούλεται τοῦθ´
ἕκαστος καὶ οἴεται. βλέψασα δὲ πρὸς Πλαγγόνα "δύναται" φησὶν
"ὁ δυστυχὴς Χαιρέας πλανώμενος ἐνθάδε παρεῖναι. τί οὖν ἐγένετο;
ζητήσωμεν αὐτόν, ἀλλὰ σιγῶσαι."
Ἀφικομένη τοίνυν πρὸς Διονύσιον τοῦτο μόνον εἶπεν, ὅπερ ἤκουσε
παρὰ τῆς ἱερείας· ἠπίστατο γὰρ ὅτι φύσει περίεργός ἐστιν ὁ Ἔρως
κἀκεῖνος δι´ ἑαυτὸν πολυπραγμονήσει περὶ τῶν γεγονότων. ὅπερ οὖν
καὶ συνέβη. πυθόμενος γὰρ ὁ Διονύσιος εὐθὺς ἐνεπλήσθη ζηλοτυπίας
καὶ πόρρω μὲν ἦν τοῦ Χαιρέαν ὑποπτεύειν, ἔδεισε δὲ μή τις
ἄρα λανθάνῃ κατὰ τοὺς ἀγροὺς ἐπιβουλὴ μοιχική· πάντα γὰρ ὑποπτεύειν
αὐτὸν καὶ δεδιέναι τὸ κάλλος ἀνέπειθε τῆς γυναικός. ἐφοβεῖτο
δὲ οὐ μόνον τὰς παρὰ ἀνθρώπων ἐπιβουλάς, ἀλλὰ προσεδόκα
τάχα αὐτῷ καταβήσεσθαι καὶ θεὸν ἐξ οὐρανοῦ ἀντεραστήν. καλέσας
τοίνυν Φωκᾶν διηρεύνα "τίνες εἰσὶν οἱ νεανίσκοι καὶ πόθεν; ἆρά
γε πλούσιοι καὶ καλοί; διατί δὲ τὴν ἐμὴν Ἀφροδίτην προσεκύνουν;
τίς ἐμήνυσεν αὐτοῖς; τίς ἐπέτρεψεν;" ὁ δὲ Φωκᾶς ἀπέκρυπτε τὴν
ἀλήθειαν, οὐ Διονύσιον δεδοικώς, γινώσκων δὲ ὅτι Καλλιρόη καὶ
αὐτὸν ἀπολεῖ καὶ τὸ γένος αὐτοῦ, πυθομένη περὶ τῶν γεγονότων.
ἐπεὶ οὖν ἔξαρνος ἦν ἐπιδεδημηκέναι τινάς, οὐκ εἰδὼς ὁ Διονύσιος
τὴν αἰτίαν ὑπώπτευσε βαρυτέραν ἐπιβουλὴν καθ´ ἑαυτοῦ συνίστασθαι.
διοργισθεὶς οὖν μάστιγας ᾔτει καὶ τροχὸν ἐπὶ Φωκᾶν, καὶ
οὐ μόνον ἐκεῖνον ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐν τοῖς ἀγροῖς ἅπαντας συνεκάλει
μοιχείαν πεπεισμένος ζητεῖν. αἰσθόμενος δὲ Φωκᾶς οἷ καθέστηκε
δεινοῦ καὶ λέγων καὶ σιωπῶν "σοὶ" φησί, "δέσποτα, ἐρῶ μόνῳ
τὴν ἀλήθειαν." ὁ δὲ Διονύσιος πάντας ἀποπέμψας "ἰδοὺ" φησὶ
"μόνοι γεγόναμεν. μηδὲν ἔτι ψεύσῃ, λέγε τἀληθὲς κἂν φαῦλον ᾖ."
"φαῦλον μὲν" εἶπεν "οὐδέν ἐστιν, ὦ δέσποτα, μεγάλων γὰρ
ἀγαθῶν φέρω σοι διηγήματα· εἰ δὲ σκυθρωπότερά ἐστιν αὐτοῦ τὰ
πρῶτα, διὰ τοῦτο μηδὲν ἀγωνιάσῃς μηδὲ λυπηθῇς, ἀλλὰ περίμεινον,
ἕως οὗ πάντα ἀκούσῃς· χρηστὸν γὰρ ἔχει σοι τὸ τέλος." μετέωρος
οὖν ὁ Διονύσιος πρὸς τὴν ἐπαγγελίαν γενόμενος καὶ ἀναρτήσας
ἑαυτὸν τῆς ἀκροάσεως "μὴ βράδυνε" φησὶν "ἀλλ´ ἤδη διηγοῦ."
τότ´ οὖν ἤρξατο λέγειν "τριήρης ἐνθάδε κατέπλευσεν ἐκ Σικελίας
καὶ πρέσβεις Συρακοσίων παρὰ σοῦ Καλλιρόην ἀπαιτούντων."
ἐξέθανεν ὁ Διονύσιος ἀκούσας καὶ νὺξ αὐτοῦ τῶν ὀφθαλμῶν κατεχύθη·
φαντασίαν γὰρ ἔλαβεν ὡς ἐφεστηκότος αὐτῷ Χαιρέου καὶ
Καλλιρόην ἀποσπῶντος. ὁ μὲν οὖν ἔκειτο καὶ σχῆμα καὶ χρῶμα
νεκροῦ ποιήσας, Φωκᾶς δὲ ἐν ἀπορίᾳ καθειστήκει, καλέσαι μὲν
οὐδένα θέλων, ἵνα μή τις αὐτῷ μάρτυς γένηται τῶν ἀπορρήτων·
μόλις δὲ καὶ κατ´ ὀλίγον αὐτὸς τὸν δεσπότην ἀνεκτήσατο "θάρρει"
λέγων, "Χαιρέας τέθνηκεν· ἀπόλωλεν ἡ ναῦς· οὐδεὶς ἔτι φόβος."
ταῦτα τὰ ῥήματα ψυχὴν ἐνέθηκε Διονυσίῳ, καὶ κατ´ ὀλίγον πάλιν
ἐν ἑαυτῷ γενόμενος ἀκριβῶς ἐπυνθάνετο πάντα, καὶ Φωκᾶς διηγεῖτο
τὸν ναύτην τὸν μηνύσαντα πόθεν ἡ τριήρης καὶ διὰ τίνα πλέουσι
καὶ τίνες οἱ παρόντες, τὸ στρατήγημα τὸ ἴδιον ἐπὶ τοὺς βαρβάρους,
τὴν νύκτα, τὸ πῦρ, τὸ ναυάγιον, τὸν φόνον, τὰ δεσμά. καθάπερ οὖν
νέφος ἔσχατον ἀνεκάλυψε τῆς ψυχῆς Διονύσιος, καὶ περιπτυξάμενος
Φωκᾶν "σὺ" φησὶν "εὐεργέτης ἐμός, σὺ κηδεμὼν ἀληθὴς καὶ
πιστότατος ἐν τοῖς ἀπορρήτοις. διὰ σὲ Καλλιρόην ἔχω καὶ τὸν
υἱόν· ἐγὼ μὲν οὐκ ἄν σοι προσέταξα Χαιρέαν ἀποκτεῖναι, σοῦ δὲ
ποιήσαντος οὐ μέμφομαι· τὸ γὰρ ἀδίκημα φιλοδέσποτον. τοῦτο
μόνον ἀμελῶς ἐποίησας· οὐκ ἐπολυπραγμόνησας πότερον ἐν τοῖς
τεθνηκόσι Χαιρέας ἐστὶν ἢ ἐν τοῖς δεδεμένοις. ἔδει ζητῆσαι τὸν
νεκρόν· καὶ γὰρ ἐκεῖνος ἂν ἔτυχε τάφου κἀγὼ βεβαιότερον ἔσχον
τὸ θαρρεῖν. οὐ δύναμαι δὲ νῦν ἀμερίμνως εὐτυχεῖν διὰ τοὺς δεδεμένους·
οὐδὲ γὰρ τοῦτο ἴσμεν, ὅπου τις αὐτῶν ἐπράθη."
| [3,9] Après quelque moment, elle appela la prêtresse, et
la vieille, obéissant, lui dit : « Pourquoi pleures-tu,
mon enfant, au milieu de si grands biens ? Voici déjà
que les étrangers t'adorent comme une déesse. L'autre
jour sont venus ici deux beaux jeunes gens, arrivés en
bateau; et l'un d'eux, après avoir contemplé ton image,
manqua presque de perdre la vie, tant Aphrodite a mis
en toi de puissance visible. » Ces propos frappèrent
Callirhoé au coeur et, devenant comme folle, les yeux
exorbités, elle cria : « Qui étaient ces étrangers ? D'où
venaient-ils ? Que t'ont-ils raconté ? » Remplie de terreur,
d'abord, la vieille demeura sans voix, enfin, à
grand-peine, elle prononça : « Je n'ai fait que les voir; ils
ne m'ont rien dit. — De quoi avaient-ils l'air ? Rappelle-toi
leur aspect. »
La vieille le lui dit, assez vaguement, mais Callirhoé
soupçonna la vérité, car chacun croit volontiers ce qu'il
désire. Elle regarda Plangon et dit : « Il se peut que le
malheureux Chéréas, à force d'errer, soit venu jusqu'ici.
Que s'est-il donc passé ? Cherchons-le, mais sans rien dire. »
Lorsqu'elle retrouva Dionysios, elle lui dit seulement
ce qu'elle avait appris de la prêtresse, car elle savait que,
par nature, l'amour est curieux et que son mari ferait par
lui-même des recherches sur ce qui s'était passé. Et ce fut
précisément ce qui arriva. Dès qu'il fut informé, Dionysios,
aussitôt, fut rempli de jalousie, et, bien qu'il fût
loin de soupçonner qu'il s'agît de Chéréas, il craignit
que ne se dissimulât, à la campagne, quelque entreprise
contre son honneur. Car à tout soupçonner et à tout
craindre l'invitait la beauté de sa femme. Il redoutait
non seulement des attaques de la part des hommes, mais
il s'attendait presque à ce qu'un dieu même descendît
du ciel pour être son rival. Il appela donc Phocas et lui
demanda : « Quels étaient ces jeunes gens, et d'où
venaient-ils ? Etaient-ils riches et beaux ? Pourquoi
sont-ils venus adorer mon Aphrodite ? Qui la leur a
indiquée ? Qui le leur a permis ? » Mais Phocas lui cacha
la vérité, non qu'il craignît Dionysios, mais parce qu'il
savait que Callirhoé l'aurait exterminé, lui et sa race,
si elle avait appris ce qui s'était passé. Donc, lorsqu'il
nia que quiconque fût venu, Dionysios, ne sachant pas
la raison de ces dénégations, imagina un complot plus
noir encore contre lui. Dans sa colère, il réclama des
fouets et la roue pour Phocas et convoqua non seulement
celui-ci mais tout le personnel de la propriété, bien décidé
à découvrir la preuve d'une tentative d'adultère. Phocas,
comprenant dans quel mauvais cas il s'était mis, qu'il
parlât ou qu'il se tût, lui dit alors : « A toi, maître, à
toi seul je vais dire la vérité. » Dionysios renvoya tout
le monde : « Voilà, dit-il, nous sommes seuls maintenant.
Ne me mens plus; dis-moi la vérité, même si elle
est laide. — Laide, répondit l'autre, elle ne l'est point, et
ce que j'ai à te raconter et une très bonne nouvelle. Si
le début en est un peu triste, ne t'inquiète pas et ne te
désole pas pour cela, attends un peu d'avoir tout entendu;
car la fin est excellente ! »
Dionysios, tout excité à l'annonce de ce qu'il allait
apprendre et impatient de l'entendre, lui dit : « Ne tarde
pas; raconte-moi tout. » Alors Phocas commença son
récit : « Il est arrivé une trière de Sicile avec des ambassadeurs
envoyés par les Syracusains pour te réclamer
Callirhoé. » Dionysios, à ces mots, se sentit mourir et les
ténèbres se répandirent sur ses yeux; il crut voir déjà
Chéréas debout devant lui et lui arrachant Callirhoé.
Il tomba à terre, avec toute l'apparence et le teint d'un
mort, et Phocas était dans un grand embarras, car il ne
voulait appeler personne, afin qu'il n'y eût aucun témoin
pour partager le secret; après bien des efforts, et peu à
peu, il fit revenir son maître à lui, en disant : « Courage;
Chéréas est mort; le navire a péri; il n'y a plus rien à
craindre. » Ces paroles rendirent la vie à Dionysios qui
se remit peu à peu et lui demanda tous les détails. Phocas
lui parla du matelot qui lui avait révélé d'où venait
la trière, la raison de son voyage, qui était à bord, puis
il lui raconta le stratagème auquel il avait eu recours
auprès des barbares, la nuit, l'incendie, l'attaque du
bateau, le massacre, les prisonniers. Comme un brouillard
qui se lève, l'âme de Dionysios se rasséréna et,
embrassant Phocas, il dit : « Tu es mon bienfaiteur,
tu es mon véritable soutien, et le plus fidèle dépositaire
de mes secrets. C'est grâce à toi que j'ai Callirhoé et
mon fils. Je ne t'ai pas ordonné de faire périr Chéréas,
mais je ne te blâme pas de l'avoir fait. Ce crime est le
témoignage de ton affection pour ton maître. Tu as
pourtant été négligent en ne cherchant pas à savoir si
Chéréas était au nombre des morts ou parmi les prisonniers.
Il t'aurait fallu rechercher le cadavre; ainsi il aurait
eu une sépulture, et moi, j'aurais été plus pleinement
rassuré. Mais maintenant je ne puis jouir d'un bonheur
sans mélange, à cause des prisonniers; car nous ne savons
pas non plus où chacun d'eux a été vendu. »
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