HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre III

Chapitre 7

  Chapitre 7

[3,7] Ἐν δὲ τῷ μεταξὺ Φωκᾶς, οἰκονόμος Διονυσίου, θεασάμενος τριήρη ναύμαχον οὐκ ἀδεὴς καθειστήκει· ναύτην δέ τινα ὑποκορισάμενος μανθάνει παρ´ αὐτοῦ τὴν ἀλήθειαν, τίνες εἰσὶ καὶ πόθεν καὶ διὰ τίνα πλέουσι. συνῆκεν οὖν ὅτι μεγάλην συμφορὰν τριήρης αὕτη κομίζει Διονυσίῳ καὶ οὐ βιώσεται Καλλιρόης ἀποσπασθείς. οἷα δὲ φιλοδέσποτος ἐθελήσας προλαβεῖν τὸ δεινὸν καὶ σβέσαι πόλεμον μέγαν μὲν οὔ, οὐδὲ κοινόν, ἀλλὰ τῆς Διονυσίου μόνης οἰκίας, διὰ τοῦτο ἀφιππευσάμενος εἴς τι φρούριον βαρβάρων, ἀνήγγειλεν ὅτι τριήρης πολεμία λανθάνει, τάχα μὲν ἐπὶ κατασκοπήν, τάχα δὲ καὶ διὰ λῃστείαν ὑφορμοῦσα, συμφέρει δὲ τοῖς βασιλέως πράγμασιν ἀνάρπαστον αὐτὴν γενέσθαι πρὶν ἀδικεῖν. ἔπεισε τοὺς βαρβάρους καὶ συντεταγμένους ἤγαγεν. ἐπιπεσόντες οὖν μέσῃ νυκτὶ καὶ πῦρ ἐμβαλόντες τὴν μὲν τριήρη κατέφλεξαν, ὅσους δὲ ζῶντας ἔλαβον δήσαντες εἰς τὸ φρούριον ἀνήγαγον. νεμήσεως δὲ τῶν αἰχμαλώτων γενομένης ἱκέτευσαν Χαιρέας καὶ Πολύχαρμος ἑνὶ δεσπότῃ πραθῆναι. καὶ λαβὼν αὐτοὺς ἐπώλησεν εἰς Καρίαν. ἐκεῖ δὲ πέδας σύροντες παχείας εἰργάζοντο τὰ Μιθριδάτου. Καλλιρόῃ δὲ ὄναρ ἐπέστη Χαιρέας δεδεμένος καὶ θέλων αὐτῇ προσελθεῖν, ἀλλὰ μὴ δυνάμενος· ἀνεκώκυσε δὴ μέγα καὶ διωλύγιον ἐν τοῖς ὕπνοις "Χαιρέα, δεῦρο." τότε πρῶτον Διονύσιος ἤκουσε τὸ ὄνομα Χαιρέου καὶ τῆς γυναικὸς συνταραχθείσης ἐπύθετο "τίς, ὃν ἐκάλεις;" προύδωκε δὲ αὐτὴν τὰ δάκρυα καὶ τὴν λύπην οὐκ ἐδυνήθη κατασχεῖν, ἀλλ´ ἔδωκε παρρησίαν τῷ πάθει. "δυστυχὴς" φησὶν "ἄνθρωπος, ἐμὸς ἀνὴρ ἐκ παρθενίας, οὐδὲ ἐν τοῖς ὀνείροις εὐτυχής· εἶδον γὰρ αὐτὸν δεδεμένον. ἀλλὰ σὺ μέν, ἄθλιε, τέθνηκας ζητῶν ἐμὲ (δηλοῖ γὰρ θάνατόν σου τὰ δεσμά), ἐγὼ δὲ ζῶ καὶ τρυφῶ, κατάκειμαι δὲ ἐπὶ χρυσηλάτου κλίνης μετὰ ἀνδρὸς ἑτέρου. πλὴν οὐκ εἰς μακρὰν ἀφίξομαι πρὸς σέ. εἰ καὶ ζῶντες ἀλλήλων οὐκ ἀπηλαύσαμεν, ἀποθανόντες ἀλλήλους ἕξομεν." τούτων τῶν λόγων ἀκούσας Διονύσιος ποικίλας ἐλάμβανε γνώμας· ἥπτετο μὲν γὰρ αὐτοῦ ζηλοτυπία διότι καὶ νεκρὸν ἐφίλει Χαιρέαν, ἥπτετο δὲ καὶ φόβος μὴ ἑαυτὴν ἀποκτείνῃ· ἐθάρρει δὲ ὅμως ὅτι πρῶτος ἀνὴρ ἐδόκει τεθνηκέναι τῇ γυναικί· μὴ γὰρ ἀπολείψειν αὐτὴν Διονύσιον, οὐκ ὄντος ἔτι Χαιρέου. παρεμυθεῖτο τοίνυν ὡς δυνατὸν μάλιστα τὴν γυναῖκα καὶ ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας παρεφύλαττε, μὴ ἄρα τι δεινὸν ἑαυτὴν ἐργάσηται. περιέσπασε δὲ τὸ πένθος ἐλπὶς τοῦ τάχα ζῆν ἐκεῖνον καὶ ψευδόνειρον αὐτὴν γεγονέναι· τὸ δὲ πλεῖον γαστήρ· ἑβδόμῳ γὰρ μηνὶ μετὰ τοὺς γάμους υἱὸν ἔτεκε τῷ μὲν δοκεῖν ἐκ Διονυσίου, Χαιρέου δὲ ταῖς ἀληθείαις. ἑορτὴν μεγίστην ἤγαγεν πόλις καὶ πρεσβεῖαι ἀφίκοντο πανταχόθεν Μιλησίοις συνηδομένων ὅτι τὸ γένος αὔξει τὸ Διονυσίου. κἀκεῖνος ὑπὸ τῆς χαρᾶς πάντων παρεχώρησε τῇ γυναικὶ καὶ δέσποιναν αὐτὴν ἀπέδειξε τῆς οἰκίας. ἀναθημάτων ἐνέπλησε τοὺς ναούς, πανδημεὶ τὴν πόλιν εἱστία θυσίαις. [3,7] Cependant, Phocas, l'intendant de Dionysios, ayant aperçu une trière de guerre, n'était pas sans concevoir quelque crainte. Au prix de quelques amabilités à un marin, il apprit de lui toute la vérité, qui ils étaient, d'où ils venaient et la raison de leur voyage. Il comprit alors que cette trière apportait un grand malheur pour Dionysios et que celui-ci ne vivrait pas s'il était séparé de Callirhoé. En serviteur dévoué, il voulut prévenir le mal et éteindre une guerre, qui n'était sans doute pas bien grave et ne menaçait pas sa patrie, mais concernait seulement la maison de Dionysios; aussi, montant à cheval, alla-t-il trouver un détachement de gardes barbares et leur annonça qu'une trière ennemie avait mouillé secrètement, peut-être pour espionner, peut-être même pour se livrer à un acte de piraterie; il ajouta qu'il importait aux intérêts du roi de s'en emparer avant qu'elle n'accomplît sa mission mauvaise. Il se fit écouter des barbares et les ramena en ordre de bataille. Ils tombèrent sur le navire en pleine nuit, y portèrent le feu, l'incendièrent, capturèrent tous les survivants et les emmenèrent, enchaînés, au poste de garde. Lorsque l'on fit la répartition des prisonniers, Chéréas et Polycharme supplièrent qu'on les vendît à un seul maître. Celui qui les eut en partage les vendit en Carie. Là, attachés à de lourdes entraves, ils travaillaient les champs de Mithridate. Cependant, Callirhoé vit en songe Chéréas enchaîné, qui voulait s'approcher d'elle mais ne le pouvait pas; elle poussa un grand cri, tout fort, dans son sommeil : «Chéréas, viens ! » Ce fut alors la première fois que Dionysios entendit le nom de Chéréas. Il demanda à sa femme, toute troublée : « Qui est celui que tu appelles ? » Les larmes de Callirhoé la trahirent et elle ne put contenir son chagrin mais laissa parler librement sa passion. « C'est un homme infortuné, dit-elle, mon premier mari, et, jusque dans mes rêves, il est malheureux, car je viens de le voir enchaîné. Ah! toi, infortuné, tu es mort en me cherchant (ces liens sont le signe de ta mort), et moi je vis, je suis dans le luxe, je suis couchée, sur un lit d'or, auprès d'un autre homme. Mais avant peu je m'en irai vers toi. Même si, vivants, nous n'avons pu être l'un à l'autre, une fois morts, nous nous appartiendrons. » En l'entendant parler de la sorte, Dionysios éprouva des sentiments divers : il se sentait saisi de jalousie parce qu'elle aimait Chéréas même mort, il se sentait saisi par la crainte qu'elle ne se suicidât; mais il reprenait courage en se disant que sa femme croyait que son premier mari était mort, et qu'elle n'abandonnerait pas Dionysios, puisque Chéréas n'était plus. Il la consola donc du mieux qu'il put et, pendant plusieurs jours, la surveilla, de peur qu'elle ne commît quelque attentat contre elle-même. Et Callirhoé était réconfortée dans son chagrin par l'espoir que Chéréas était peut-être vivant et que le songe qu'elle avait eu était trompeur, et surtout, par sa grossesse : au cours du septième mois qui suivit ses noces, elle eut un fils qui était, en apparence, de Dionysios, mais en réalité de Chéréas. La ville fit une grande fête et des ambassades arrivèrent à Milet de partout, pour exprimer la joie que l'on éprouvait à voir s'accroître la race de Dionysios. Et celui-ci, tant il était heureux, abandonna toute son autorité à sa femme et en fit la maîtresse de la maison. Il remplit les temples d'ex-voto et offrit des sacrifices et des banquets auxquels il convia toute la ville.


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Dernière mise à jour : 23/05/2006