[3,6] Πνεῦμα δὲ φορὸν ὑπέλαβε τὴν τριήρη καὶ ὥσπερ κατ´ ἴχνος τοῦ
κέλητος ἔτρεχεν. ἐν δὲ ταῖς ἴσαις ἡμέραις εἰς Ἰωνίαν ἧκον καὶ
ὡρμίσαντο ἐπὶ τῆς αὐτῆς ἀκτῆς ἐν τοῖς Διονυσίου χωρίοις. οἱ μὲν
οὖν ἄλλοι κεκμηκότες ἐκβάντες εἰς τὴν γῆν περὶ τὴν ἀνάληψιν
ἠπείγοντο τὴν ἑαυτῶν, σκηνάς τε πηγνύμενοι καὶ παρασκευάζοντες
εὐωχίαν, Χαιρέας δὲ μετὰ Πολυχάρμου περινοστῶν "πῶς νῦν"
φησὶ "Καλλιρόην εὑρεῖν δυνάμεθα; μάλιστα μὲν γὰρ φοβοῦμαι μὴ
Θήρων ἡμᾶς διεψεύσατο καὶ τέθνηκεν ἡ δυστυχής. εἰ δ´ ἄρα καὶ
ἀληθῶς πέπραται, τίς οἶδεν ὅπου; πολλὴ γὰρ ἡ Ἀσία." μεταξὺ δὲ
ἀλύοντες περιέπεσον τῷ νεῷ τῆς Ἀφροδίτης. ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς
προσκυνῆσαι τὴν θεόν, καὶ προσδραμὼν τοῖς γόνασιν αὐτῆς Χαιρέας
"σύ μοι, δέσποινα" φησί, "πρώτη Καλλιρόην ἔδειξας ἐν τῇ σῇ
ἑορτῇ· σὺ καὶ νῦν ἀπόδος, ἣν ἐχαρίσω." μεταξὺ δ´ ἀνακύψας εἶδε
παρὰ τὴν θεὸν εἰκόνα Καλλιρόης χρυσῆν, ἀνάθημα Διονυσίου.
Τοῦ δ´ αὐτοῦ λύτο γούνατα καὶ φίλον ἦτορ.
κατέπεσεν οὖν σκοτοδινιάσας· θεασαμένη δὲ αὐτὸν ἡ ζάκορος ὕδωρ
προσήνεγκε καὶ ἀνακτωμένη τὸν ἄνθρωπον εἶπε "θάρρει, τέκνον· καὶ
ἄλλους πολλοὺς ἡ θεὸς ἐξέπληξεν· ἐπιφανὴς γάρ ἐστι καὶ δείκνυσιν
ἑαυτὴν ἐναργῶς. ἀλλ´ ἀγαθοῦ μεγάλου τοῦτ´ ἔστι σημεῖον. ὁρᾷς
εἰκόνα τὴν χρυσῆν; αὕτη δούλη μὲν ἦν, ἡ δὲ Ἀφροδίτη πάντων
ἡμῶν κυρίαν πεποίηκεν αὐτήν." "τίς γάρ ἐστιν;" ὁ Χαιρέας εἶπεν.
"αὕτη ἡ δέσποινα τῶν χωρίων τούτων, ὦ τέκνον, Διονυσίου γυνή,
τοῦ πρώτου τῶν Ἰώνων." ἀκούσας ὁ Πολύχαρμος, οἷα δὴ σωφρονῶν
αὐτός, οὐδὲν εἴασεν ἔτι τὸν Χαιρέαν εἰπεῖν, ἀλλ´ ὑποβαστάσας
ἐξήγαγεν ἐκεῖθεν, οὐ βουλόμενος ἐκπύστους γενέσθαι τίνες εἰσί, πρὶν
ἅπαντα βουλεύσασθαι καλῶς καὶ συντάξαι πρὸς ἀλλήλους. ὁ δὲ
Χαιρέας τῆς ζακόρου παρούσης οὐδὲν εἶπεν ἀλλ´ {ἅμα} ἐσίγησεν
ἐγκρατῶς, πλὴν ὅσον αὐτομάτως ἐξεπήδησεν αὐτοῦ τὰ δάκρυα· πόρρω
δὲ ἀπελθὼν ἐπὶ γῆς μόνος ἔρριψεν ἑαυτὸν καὶ "ὦ θάλασσα" φησὶ
"φιλάνθρωπε, τί με διέσωσας; ἢ ἵνα εὐπλοήσας ἴδω Καλλιρόην
ἄλλου γυναῖκα; τοῦτο οὐκ ἤλπισα γενέσθαι ποτὲ οὐδὲ ἀποθανόντος
Χαιρέου. τί ποιήσω, δυστυχής; παρὰ δεσπότου μὲν γὰρ ἤλπιζόν σε
κομίσασθαι καὶ τοῖς λύτροις ἐπίστευον ὅτι πείσω τὸν ἀγοράσαντα·
νῦν δὲ εὕρηκά σε πλουσίαν, τάχα καὶ βασιλίδα. πόσῳ δ´ ἂν
εὐτυχέστερος ὑπῆρχον, εἴ σε πτωχεύουσαν εὑρήκειν. εἴπω Διονυσίῳ
προσελθὼν ‘ἀπόδος μοι τὴν γυναῖκα;’ τοῦτο δὲ λέγει τίς γεγαμηκότι;
ἀλλ´ οὐδ´, ἂν ἀπαντήσω, δύναμαί σοι προσελθεῖν, ἀλλ´ οὐδέ,
τὸ κοινότατον, ὡς πολίτης ἀσπάσασθαι. κινδυνεύσω τάχα καὶ ὡς
μοιχὸς τῆς ἐμῆς γυναικὸς ἀπολέσθαι." ταῦτα ὀδυρόμενον παρεμυθεῖτο
Πολύχαρμος.
| [3,6] Une bonne brise entraîna la trière qui courut pour
ainsi dire dans le sillage du brigantin. Au bout du même
nombre de jours, ils arrivèrent en Ionie et jetèrent l'ancre
auprès du même promontoire, dans la propriété de
Dionysios. Tout l'équipage, épuisé, débarqua et s'occupa
activement à se restaurer, plantant des tentes et préparant
le repas; cependant Chéréas, accompagné de Polycharme,
errait aux alentours, disant : « Comment,
maintenant, pourrons-nous retrouver Callirhoé ? Je
crains fort que Théron ne nous ait menti et que l'infortunée
ne soit morte. Mais si elle a été vraiment vendue,
qui sait où ? Car l'Asie est grande! » Tandis qu'ils erraient
ainsi, ils se trouvèrent devant le sanctuaire d'Aphrodite
et ils décidèrent de se prosterner devant la déesse.
Chéréas, tombant à ses genoux, lui dit : « C'est toi,
Maîtresse, qui, la première, m'as montré Callirhoé,
lors de ta fête. Toi, maintenant, rends-moi celle dont tu
m'as fait présent. » Et, tandis qu'il priait, il leva la tête et
vit, auprès de la déesse, une image en or de Callirhoé,
un ex-voto de Dionysios.
Alors se dérobèrent ses genoux et son coeur
et il tomba à terre, évanoui. La desservante du temple,
qui l'avait vu, apporta de l'eau et, après l'avoir ranimé :
« Courage, enfant, lui dit-elle, tu n'es pas le premier que
la déesse a ainsi frappé; elle fait des apparitions et se
montre sans déguisement. Mais c'est toujours le signe
d'un grand bien. Tu vois cette image d'or ? Celle qu'elle
représente était une esclave, et Aphrodite l'a rendue
notre maîtresse à nous tous. — Qui est-ce donc ? dit
Chéréas. — La maîtresse de toute cette propriété,
mon enfant, la femme de Dionysios, le premier personnage
de l'Ionie. » Polycharme, qui avait entendu, ne
voulut pas, en homme prudent qu'il était, permettre
à Chéréas d'ajouter quoi que ce fût; il le prit sous le bras
et l'emmena, afin d'éviter que l'on ne sût qui ils étaient,
avant d'avoir mûrement réfléchi à tout et pris ensemble
leurs dispositions. Donc Chéréas, en présence de la
desservante, ne dit rien, mais prit sur lui de se taire,
sinon que, malgré lui, les larmes jaillirent de ses yeux.
Mais, lorsqu'il se fut éloigné, il se jeta à terre et : « O
mer bienveillante, dit-il, pourquoi m'as-tu sauvé ?
Est-ce pour qu'après une heureuse traversée, je voie
Callirhoé femme d'un autre homme ? Jamais je n'aurais
pensé que cela pût arriver, même si Chéréas était mort!
Que vais-je faire, malheureux ? J'espérais t'enlever à
un maître et j'avais bon espoir de persuader, au prix d'une
rançon, l'homme qui t'avait achetée. Mais maintenant
je te retrouve riche, et peut-être reine. Comme j'aurais été
plus heureux, si je t'avais trouvée mendiante! Faut-il
que j'aille trouver Dionysios pour lui dire : « Rends-moi
ma femme ? » Est-ce là ce que l'on dit à un mari ? Mais,
même si je te rencontre, je ne pourrai t'aborder, ni
même, plus incroyable encore, te saluer en compatriote!
Je risque peut-être même d'être considéré comme adultère
avec ma propre femme et d'être mis à mort. »
Tandis qu'il se plaignait ainsi, Polycharme cherchait à
le consoler.
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