HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre III

Chapitre 6

  Chapitre 6

[3,5] Τοῖς μὲν οὖν ἄλλοις ἅπασιν ἐδόκει περιμένειν τὴν ὥραν τοῦ πλοῦ καὶ ἔαρος ὑπολάμψαντος ἀνάγεσθαι· τότε γὰρ ἔτι χειμὼν εἱστήκει καὶ παντάπασιν ἀδύνατον ἐδόκει τὸν Ἰόνιον περαιοῦσθαι· Χαιρέας δὲ ἔσπευδεν, ἕτοιμος ὢν διὰ τὸν ἔρωτα ζεύξας σχεδίαν εἰς τὸ πέλαγος ἑαυτὸν ἀφεῖναι τοῖς ἀνέμοις φέρεσθαι. οὔκουν οὐδὲ οἱ πρέσβεις ἤθελον βραδύνειν ὑπ´ αἰδοῦς τῆς τε πρὸς ἐκεῖνον καὶ μάλιστα πρὸς Ἑρμοκράτην, ἀλλ´ ἡτοιμάζοντο πλεῖν. Συρακόσιοι δὲ δημοσίᾳ τὸν στόλον ἐξέπεμψαν, ἵνα καὶ τοῦτο εἰς ἀξίωμα προστεθῇ τῆς πρεσβείας. καθείλκυσαν οὖν ἐκείνην τὴν τριήρη τὴν στρατηγικήν, ἔχουσαν ἔτι τὰ σημεῖα τῆς νίκης. ἐπεὶ δὲ ἧκεν κυρία τῆς ἀναγωγῆς ἡμέρα, τὸ πλῆθος εἰς τὸν λιμένα συνέδραμεν, οὐκ ἄνδρες μόνον, ἀλλὰ καὶ γυναῖκες καὶ παῖδες, καὶ ἦσαν ὁμοῦ εὐχαί, δάκρυα, στεναγμοί, παραμυθία, φόβος, θάρσος, ἀπόγνωσις, ἐλπίς. Ἀρίστων δέ, Χαιρέου πατήρ, ἐσχάτῳ γήρᾳ καὶ νόσῳ φερόμενος, περιέφυ τῷ τραχήλῳ τοῦ παιδὸς καὶ ἀνακρεμάμενος αὐτοῦ τοῦ τραχήλου κλαίων ἔλεγε "τίνι με καταλείπεις, τέκνον, ἡμιθνῆτα πρεσβύτην; ὅτι μὲν γὰρ οὐκέτι σε ὄψομαι δῆλον. ἐπίμεινον δὲ κἂν ὀλίγας ἡμέρας, ὅπως ἐν ταῖς χερσὶ ταῖς σαῖς ἀποθάνω· θάψον δέ με καὶ ἄπιθι." δὲ μήτηρ τῶν γονάτων αὐτοῦ λαβομένη "ἐγὼ δέ σου δέομαι" φησίν, " τέκνον, μή με ἐνταῦθα καταλίπῃς ἔρημον, ἀλλ´ ἐμβαλοῦ τριήρει φορτίον κοῦφον· ἂν δὲ βαρεῖα καὶ περιττή, ῥίψατέ με εἰς τὴν θάλασσαν ἵνα σὺ πλέῃς." ταῦτα λέγουσα περιερρήξατο, καὶ τὸ στῆθος προτείνουσα καὶ τὰς θηλὰς "τέκνον" φησί, "τάδ´ αἴδεο καί μ´ ἐλέησον αὐτήν, εἴ ποτέ τοι λαθικηδέα μαζὸν ἐπέσχον." κατεκλάσθη Χαιρέας πρὸς τὰς τῶν γονέων ἱκεσίας καὶ ἔρριψεν ἑαυτὸν ἀπὸ τῆς νεὼς εἰς τὴν θάλασσαν, ἀποθανεῖν θέλων, ἵνα φύγῃ δυοῖν θάτερον, τὸ μὴ ζητεῖν Καλλιρόην τὸ λυπῆσαι τοὺς γονεῖς· ταχέως δὲ ἀπορρίψαντες οἱ ναῦται μόλις αὐτὸν ἀνεκούφισαν. ἐνταῦθα Ἑρμοκράτης ἀπεσκέδασε τὸ πλῆθος καὶ ἐκέλευσε τῷ κυβερνήτῃ λοιπὸν ἀνάγεσθαι. συνέβη δέ τι καὶ ἄλλο φιλίας ἔργον οὐκ ἀγεννές. Πολύχαρμος γάρ, ἑταῖρος τοῦ Χαιρέου, παραυτὰ μὲν οὐκ ὤφθη ἐν τῷ μέσῳ, ἀλλὰ καὶ πρὸς τοὺς γονεῖς ἔφη "φίλος μέν, φίλος Χαιρέας, οὐ μὴν ἄχρι τούτου γε ὥστε καὶ περὶ τῶν ἐσχάτων αὐτῷ συγκινδυνεύειν. διόπερ, ἕως ἀποπλεῖ, ὑπεκστήσομαι." ἡνίκα δὲ ἀπεσάλευσε τῆς γῆς τὸ πλοῖον, ἀπὸ τῆς πρύμνης αὐτοὺς ἀπησπάσατο, ἵνα μηκέτι αὐτὸν δύνωνται κατασχεῖν. Ἐξελθὼν δὲ τοῦ λιμένος Χαιρέας καὶ ἀποβλέψας εἰς τὸ πέλαγος "ἄγε με" φησίν, " θάλασσα, τὸν αὐτὸν δρόμον ὃν καὶ Καλλιρόην ἤγαγες. εὔχομαί σοι, Πόσειδον, κἀκείνην μεθ´ ἡμῶν μηδὲ ἐμὲ χωρὶς ἐκείνης ἐνταῦθα. εἰ μὴ γὰρ δύναμαι τὴν γυναῖκα τὴν ἐμὴν ἀπολαβεῖν, θέλω κἂν δουλεύειν μετ´ αὐτῆς." [3,5] Tout le monde était d'avis de différer le moment du départ et de prendre la mer dès que poindrait le printemps; car c'était alors l'hiver et il semblait absolument impossible de traverser la mer Ionienne. Mais Chéréas était pressé et, poussé par l'amour, il était prêt à construire un radeau pour s'abandonner, sur la mer, au souffle des vents. Aussi les ambassadeurs ne voulurent-ils pas non plus s'attarder, par égard pour lui et plus encore pour Hermocrate, et ils se préparèrent à partir. Les Syracusains décidèrent que la délégation se ferait aux frais de l'État, afin que cela ajoutât à l'éclat de l'ambassade. Ils mirent donc à flot la galère capitane, qui portait encore les insignes de la victoire. Lorsque fut venu le jour du départ, la foule accourut sur le port, non seulement les hommes, mais les femmes et les enfants, et c'était tout à la fois prières, larmes, soupirs, exhortations, crainte, audace, désespoir et espérances. Ariston, le père de Chéréas, qui était en son extrême vieillesse et abattu par la maladie, se jeta au cou de son fils et, accroché à lui, pleurait, disant : « A qui m'abandonnes-tu, ô mon enfant, moi, qui suis un vieillard à demi mort ? Je ne te verrai plus, cela est sûr. Attends encore quelques jours, pour que je meure entre tes bras; ensevelis-moi, puis va-t'en. » De son côté sa mère lui embrassait les genoux : « Je t'en supplie, mon enfant, disait-elle, ne m'abandonne pas ici toute seule; embarque-moi sur ta trière, je ne pèserai pas lourd; si je suis trop pesante et encombrante, jetez-moi dans cette mer où tu navigues. » Et, tout en parlant, elle découvrait sa poitrine et, tendant ses mamelles : « Mon enfant, disait-elle, respecte-les et aie pitié de moi, s'il est vrai que j'ai jamais tendu le sein pour calmer ton chagrin. » Chéréas fut vaincu par les supplications de ses parents et sauta du bateau dans la mer, voulant mourir pour échapper à l'un de ces deux maux : ou bien ne pas chercher Callirhoé, ou bien désoler ses parents. Mais vite les marins se jetèrent à l'eau et, avec bien du mal, le retirèrent de la mer. Cependant, Hermocrate dispersa la foule et donna au pilote l'ordre d'achever l'appareillage. Il se produisit alors un autre trait d'amitié qui n'est pas sans noblesse. Car Polycharme, le camarade de Chéréas, ne s'était pas montré, pendant ce temps, parmi tout le monde, mais avait dit à ses parents : « Chéréas m'est cher, oui, bien cher, mais pas au point de courir avec lui les derniers dangers. Aussi, tandis qu'il s'embarque, je resterai à l'écart. » Mais, lorsque le bateau s'éloigna de la terre, ce fut du haut de la poupe qu'il prit congé d'eux, afin qu'ils ne puissent plus l'empêcher de partir. En sortant du port, Chéréas, regardant la mer, s'écria : « Emporte-moi, ô mer, sur la même route où tu as emporté Callirhoé. Je te demande, Poséidon, ou bien qu'elle revienne ici avec nous ou que je ne revienne pas sans elle. Si je ne puis ramener ma femme je désire plutôt être esclave avec elle. »


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Dernière mise à jour : 23/05/2006