| [2,9] Γενομένη δὲ καθ´ ἑαυτὴν ἑκατέρα τῶν γυναικῶν ἰδίους ἐλάμβανε
 λογισμούς· ἡ μὲν Πλαγγὼν ὅτι "καιρὸς ἐπιτήδειος πέφηνεν εἰς τὸ
 κατεργάσασθαι τὸν ἔρωτα τῷ δεσπότῃ· συνήγορον ἔχεις τὸ κατὰ
 γαστρός· εὕρηται πειθοῦς ἐνέχυρον· νικήσει σωφροσύνην γυναικὸς
 μητρὸς φιλοστοργία." καὶ ἡ μὲν πιθανῶς τὴν πρᾶξιν συνετίθει.
 Καλλιρόη δὲ τὸ τέκνον ἐβουλεύετο φθεῖραι, λέγουσα πρὸς ἑαυτὴν
 "ἀλλ´ ἐγὼ τέκω δεσπότῃ τὸν Ἑρμοκράτους ἔκγονον καὶ προενέγκω
 παιδίον, οὗ μηδεὶς οἶδε πατέρα. τάχα δὲ ἐρεῖ τις τῶν φθονούντων
 ‘ἐν τῷ λῃστηρίῳ Καλλιρόη συνέλαβεν.’ ἀρκεῖ μόνην ἐμὲ δυστυχεῖν. 
 οὐ συμφέρει σοι, παιδίον, εἰς βίον ἄθλιον παρελθεῖν, ὃν
 ἔδει καὶ γεννώμενον φυγεῖν. ἄπιθι ἐλεύθερος, ἀπαθὴς κακῶν.
 μηδὲν ἀκούσῃς τῶν περὶ τῆς μητρὸς διηγημάτων." πάλιν δὲ μετενόει
 καί πως ἔλεος αὐτὴν τοῦ κατὰ γαστρὸς εἰσῄει. "βουλεύῃ τεκνοκτονῆσαι; 
 Ἰάσων ἀσελγαίνει, καὶ Μηδείας λαμβάνεις λογισμούς;
 ἀλλὰ καὶ τῆς Σκυθίδος ἀγριωτέρα δόξεις· ἐκείνη μὲν γὰρ ἐχθρὸν
 εἶχε τὸν ἄνδρα, σὺ δὲ τὸ Χαιρέου τέκνον θέλεις ἀποκτεῖναι καὶ
 μηδὲ ὑπόμνημα τοῦ περιβοήτου γάμου καταλιπεῖν. τί δ´ ἂν υἱὸς ᾖ;
 τί δ´ ἂν ὅμοιος τῷ πατρί; τί δ´ ἂν εὐτυχέστερος ἐμοῦ; μήτηρ
 ἀποκτείνῃ τὸν ἐκ τάφου σωθέντα καὶ λῃστῶν; πόσων ἀκούομεν
 θεῶν παῖδας καὶ βασιλέων ἐν δουλείᾳ γεννηθέντας ὕστερον ἀπολαβόντας 
 τὸ τῶν πατέρων ἀξίωμα, τὸν Ζῆθον καὶ τὸν Ἀμφίονα καὶ
 Κῦρον; πλεύσῃ μοι καὶ σύ, τέκνον, εἰς Σικελίαν· ζητήσεις πατέρα
 καὶ πάππον, καὶ τὰ τῆς μητρὸς αὐτοῖς διηγήσῃ. ἀναχθήσεται στόλος
 ἐκεῖθεν ἐμοὶ βοηθῶν. σύ, τέκνον, ἀλλήλοις ἀποδώσεις τοὺς γονεῖς."
 ταῦτα λογιζομένῃ δι´ ὅλης νυκτὸς ὕπνος ἐπῆλθε πρὸς ὀλίγον.
 ἐπέστη δὲ αὐτῇ εἰκὼν Χαιρέου πάντα αὐτῷ ὁμοία,
 μέγεθός τε καὶ ὄμματα κάλ´ ἐϊκυῖα,
 καὶ φωνήν, καὶ τοῖα περὶ χροῒ εἵματα ἕστο.
 ἑστὼς δὲ "παρατίθεμαί σοι" φησίν, "ὦ γύναι, τὸν υἱόν." ἔτι
 δὲ βουλομένου λέγειν ἀνέθορεν ἡ Καλλιρόη, θέλουσα αὐτῷ 
 περιπλακῆναι. σύμβουλον οὖν τὸν ἄνδρα νομίσασα θρέψαι τὸ
 παιδίον ἔκρινε.
 | [2,9] Chacune des deux femmes, demeurée seule, se 
livrait à ses propres réflexions : Plangon se disait qu'il 
y avait là une circonstance favorable pour réaliser le 
désir de son maître, en utilisant comme argument cette 
grossesse : « Voilà trouvée l'assurance qu'elle se laissera 
persuader; la vertu de la femme sera vaincue par l'amour 
de la mère. » Et elle se préparait à monter la chose de 
façon persuasive. Callirhoé, cependant, formait le projet 
de supprimer son enfant, se disant : « Faut-il donc que je 
mette au monde pour un maître le descendant d'Hermocrate 
et que j'aie un enfant dont personne ne connaîtra 
le père ? Peut-être même un jaloux dira-t-il que Callirhoé 
l'a conçu chez les pirates! Il suffit que je sois seule 
malheureuse! Il ne te sert à rien, mon petit, de venir 
pour une vie d'infortunes, que tu devrais fuir si tu étais 
déjà né. Va-t'en libre, sans connaître le malheur; ne sache 
rien des aventures de ta mère! » Mais, faisant un retour 
sur elle-même elle changeait d'avis et se sentait prise 
de pitié pour ce qu'elle portait en elle « Tu songes à tuer 
ton enfant, ô la plus criminelle de toutes les femmes, 
et tu te fais l'âme d'une Médée ? Mais tu passeras pour 
plus féroce que cette femme scythe, car, elle, elle haïssait 
son mari, et toi, c'est l'enfant de Chéréas que tu 
veux tuer, sans même laisser aucun souvenir de notre
mariage tant célébré! Et quoi, si c'était un fils ? S'il 
ressemblait à son père ? S'il était plus heureux que moi ?
C'est sa mère qui mettrait à mort celui qui a été sauvé du 
tombeau et de la main des brigands ? De combien d'enfants 
de dieux et de rois n'avons-nous pas entendu parler, 
qui, nés dans la servitude, ont repris, plus tard, le 
rang de leur père ? Ainsi Zéthos, Amphion et Cyrus?
Tu reviendras donc toi aussi, mon petit, en Sicile; tu 
iras chercher ton père et ton grand-père, et tu leur 
raconteras les aventures de ta mère. De là-bas, on 
enverra une expédition à mon secours. Ce sera toi, mon 
enfant, qui rendras tes parents l'un à l'autre. » Elle 
réfléchit de la sorte pendant toute la nuit, puis le 
sommeil s'empara d'elle, pour quelques instants. Elle 
vit alors apparaître l'image de Chéréas,
"à lui pareille et par la taille et ses beaux yeux et par la 
voix; pareils aussi les vêtements qui revêtaient son corps".
Et, se dressant auprès d'elle, l'image lui dit : « Je te 
confie, ô femme, notre fils. » L'apparition voulait encore 
parler, mais Callirhoé s'élança, désirant l'enlacer. Persuadée 
qu'elle avait reçu un conseil de son mari, elle 
décida d'élever l'enfant.
 |