[2,8] Αἱ μὲν οὖν γυναῖκες ἀπῄεσαν, τὸ δὲ φίλημα Διονυσίῳ καθάπερ
ἰὸς εἰς τὰ σπλάγχνα κατεδύετο καὶ οὔτε ὁρᾷν ἔτι οὔτε ἀκούειν
ἐδύνατο, πανταχόθεν δὲ ἦν ἐκπεπολιορκημένος, οὐδεμίαν εὑρίσκων
θεραπείαν τοῦ ἔρωτος· οὔτε διὰ δώρων, ἑώρα γὰρ τῆς γυναικὸς τὸ
μεγαλόφρον· οὔτε δι´ ἀπειλῆς ἢ βίας, πεπεισμένος ὅτι θάνατον
αἱρήσεται θᾶττον ἢ βιασθήσεται. μίαν οὖν βοήθειαν ὑπελάμβανε
τὴν Πλαγγόνα καὶ μεταπεμψάμενος αὐτὴν "τὰ μὲν πρῶτά σοι"
φησὶν "ἐστρατήγηται, καὶ χάριν ἔχω τοῦ φιλήματος· ἐκεῖνο δέ με
ἢ σέσωκεν ἢ ἀπολώλεκε. σκόπει οὖν πῶς γυνὴ γυναικὸς περιγένῃ,
σύμμαχον ἔχουσα κἀμέ. γίνωσκε δὲ ἐλευθερίαν σοι προκειμένην τὸ
ἆθλον καὶ ὃ πέπεισμαί σοι πολὺ ἥδιον εἶναι τῆς ἐλευθερίας, τὸ ζῆν
Διονύσιον." κελευσθεῖσα δὲ ἡ Πλαγγὼν πᾶσαν πεῖραν καὶ τέχνην
προσέφερεν· ἀλλ´ ἡ Καλλιρόη πανταχόθεν ἀήττητος ἦν καὶ ἔμενε
Χαιρέᾳ μόνῳ πιστή. κατεστρατηγήθη δ´ ὑπὸ τῆς Τύχης, πρὸς ἣν
μόνην οὐδὲν ἰσχύει λογισμὸς ἀνθρώπου· φιλόνεικος γὰρ ἡ δαίμων,
καὶ οὐδὲν ἀνέλπιστον παρ´ αὐτῇ. καὶ τότ´ οὖν πρᾶγμα παράδοξον,
μᾶλλον δὲ ἄπιστον κατώρθωκεν· ἄξιον δὲ ἀκοῦσαι τὸν τρόπον.
Ἐπεβούλευσεν ἡ Τύχη τῇ σωφροσύνῃ τῆς γυναικός· ἐρωτικὴν γὰρ
ποιησόμενοι τὴν πρώτην σύνοδον τοῦ γάμου Χαιρέας καὶ Καλλιρόη,
παραπλησίαν ἔσχον ὁρμὴν πρὸς τὴν ἀπόλαυσιν ἀλλήλων, ἰσόρροπος
δὲ ἐπιθυμία τὴν συνουσίαν ἐποίησεν οὐκ ἀργήν. ὀλίγον οὖν πρὸ
τοῦ πτώματος ἡ γυνὴ συνέλαβεν. ἀλλὰ διὰ τοὺς κινδύνους καὶ τὴν
ταλαιπωρίαν τὴν ὕστερον οὐ ταχέως συνῆκεν ἐγκύμων γενομένη·
τρίτου δὲ μηνὸς ἀρχομένου, προέκοπτεν ἡ γαστήρ· ἐν δὲ τῷ λουτρῷ
συνῆκεν ἡ Πλαγγών, ὡς ἂν ἤδη πεῖραν ἔχουσα τῶν γυναικείων.
εὐθὺς μὲν οὖν ἐσίγησε διὰ τὸ πλῆθος τῶν θεραπαινίδων· περὶ δὲ
τὴν ἑσπέραν σχολῆς γενομένης, παρακαθίσασα ἐπὶ τῆς κλίνης
"ἴσθι" φησίν, "ὦ τέκνον, ὅτι ἐγκύμων ὑπάρχεις." ἀνέκλαυσεν ἡ
Καλλιρόη καὶ ὀλολύζουσα καὶ τίλλουσα τὴν κεφαλὴν "ἔτι καὶ
τοῦτό μου" φησὶ "ταῖς συμφοραῖς, ὦ Τύχη, προστέθεικας, ἵνα καὶ
τέκω δοῦλον." τύπτουσα δὲ τὴν γαστέρα εἶπεν "ἄθλιον πρὸ τοῦ
γεννηθῆναι γέγονας ἐν τάφῳ, καὶ χερσὶ λῃστῶν παρεδόθης. εἰς
ποῖον παρέρχῃ βίον; ἐπὶ ποίαις ἐλπίσι μέλλω σε κυοφορεῖν,
ὀρφανὲ καὶ ἄπολι καὶ δοῦλε; πρὸ τῆς γενέσεως πειράθητι θανάτου."
κατέσχε δὲ αὐτῆς τὰς χεῖρας ἡ Πλαγγών, ἐπαγγειλαμένη
τῆς ὑστεραίας εὐκολωτέραν αὐτῇ ἔκτρωσιν παρασκευάσειν.
| [2,8] Les femmes, alors, se retirèrent, mais ce baiser,
comme flèche empoisonnée, s'enfonça dans le coeur de
Dionysios, et il ne pouvait plus ni entendre ni voir et il
était comme assiégé de toutes parts, incapable désormais
de trouver remède à son amour : ne voulant ni
recourir aux présents, car il voyait la fierté de la jeune
femme, ni aux menaces ou à la violence, sachant bien
qu'elle préférerait la mort à la contrainte. Son seul
recours, il le comprit, était Plangon; aussi la fit-il
appeler : « Tu as mené, lui dit-il, le premier combat, et
je te remercie de ce baiser; mais ce baiser a été ou mon
salut ou ma ruine. Tâche donc, toi, une femme, de venir
à bout de cette femme, en songeant que je suis, moi aussi,
ton allié. Et sache que la liberté est le prix qui t'attend,
et — ce qui, j'en suis persuadé, te sera plus précieux
encore que la liberté — la vie même de Dionysios. »
Alors, Plangon, ainsi mise en demeure, fit appel à
toute son expérience et à tout son art, mais Callirhoé
était de toute part inaccessible et restait fidèle au seul
Chéréas. Pourtant, elle fut vaincue par une ruse de la
Fortune, contre qui seulement demeurent sans pouvoir
les calculs humains; car c'est une divinité qui aime à
vaincre et il n'y a rien dont on ne peut s'attendre de sa
part. Or, précisément, elle réussit à machiner en cette
occasion un événement extraordinaire, que dis-je,
incroyable, et il vaut la peine d'apprendre comment.
La Fortune, donc, forma de mauvais desseins contre
la vertu de cette femme. Chéréas et Callirhoé, en effet,
dont le mariage s'était trouvé, dès le début, marqué par
l'amour, avaient mis une pareille ardeur à jouir l'un de
l'autre et l'égalité de leur désir avait fait que leur union
n'était pas restée stérile. Donc, peu avant sa chute, la
jeune femme avait conçu. Pourtant, à cause du danger
qu'elle avait couru et des malheurs qui avaient suivi, elle
ne se rendit pas compte tout de suite qu'elle était enceinte,
mais, avec le commencement du troisième mois, son
ventre commença à grossir et, un jour quelle se baignait,
Plangon s'en aperçut, car elle avait déjà l'expérience des
choses féminines. D'abord, elle ne dit rien, à cause de la
présence de nombreuses servantes; mais, le soir, quand
elles furent tranquilles, elle s'assit sur le bord du lit de
la jeune femme et lui dit : « Sache, mon enfant, que tu
es enceinte. » Sur quoi Callirhoé poussa de grands cris,
gémit et s'arracha les cheveux. « Voici un malheur de
plus, Fortune, dit-elle, que tu ajoutes aux autres, que je
mette au monde un enfant esclave! » Et, se frappant
le ventre, elle reprit : « Infortuné, avant même de naître!
Tu as déjà été mis au tombeau et livré aux mains des
pirates. Vers quelle existence vas-tu aller ? Dans quel
espoir vais-je te mettre au monde, orphelin, sans patrie,
esclave ? Puisses-tu, avant même de naître, connaître
la mort! » Plangon lui prit les mains et lui promit que,
le lendemain, elle lui procurerait un moyen plus doux
pour se débarrasser de son enfant.
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