[2,7] Συνέβη δέ τι τοιόνδε. Διονύσιος ἐνδιέτριβε τοῖς χωρίοις, προφάσει
μὲν ἄλλοτε ἄλλῃ, τὸ δὲ δὴ ἀληθὲς οὔτε ἀπαλλαγῆναι τῆς
Καλλιρόης δυνάμενος οὔτε ἐπάγεσθαι θέλων αὐτήν· ἔμελλε γὰρ περιβόητος
ὀφθεῖσα ἔσεσθαι, καὶ τὸ κάλλος ὅλην τὴν Ἰωνίαν δουλαγωγήσειν
ἀναβήσεσθαί τε τὴν φήμην καὶ μέχρι τοῦ μεγάλου βασιλέως.
ἐν δὲ τῇ μονῇ πολυπραγμονῶν ἀκριβέστερον τὰ περὶ τὴν κτῆσιν,
ἐμέμψατό που καὶ τὰ περὶ τὸν οἰκονόμον Φωκᾶν· τὸ δὲ τῆς μέμψεως
οὐ περαιτέρω προῆλθεν, ἀλλὰ μέχρι ῥημάτων. εὗρε δὴ καιρὸν ἡ
Πλαγγών, καὶ περίφοβος εἰσέδραμε πρὸς τὴν Καλλιρόην, σπαράσσουσα
τὴν κόμην ἑαυτῆς· λαβομένη δὲ τῶν γονάτων αὐτῆς "δέομαί
σου" φησί, "κυρία, σῶσον ἡμᾶς· τῷ γὰρ ἀνδρί μου χαλεπαίνει
Διονύσιος· φύσει δέ ἐστι βαρύθυμος, ὥσπερ καὶ φιλάνθρωπος.
οὐδεὶς ἂν ῥύσαιτο ἡμᾶς ἢ μόνη σύ· παρέξει γάρ σοι Διονύσιος ἡδέως
αἰτουμένῃ χάριν πρώτην." ὤκνει μὲν οὖν ἡ Καλλιρόη βαδίσαι πρὸς
αὐτόν, λιπαρούσης δὲ καὶ δεομένης ἀντειπεῖν οὐκ ἠδυνήθη, προηνεχυριασμένη
ταῖς εὐεργεσίαις ὑπ´ αὐτῆς. ἵν´ οὖν μὴ ἀχάριστος δοκῇ,
"κἀγὼ μὲν" φησὶν "εἰμὶ δούλη καὶ οὐδεμίαν ἔχω παρρησίαν, εἰ δὲ
ὑπολαμβάνεις δυνήσεσθαί τι κἀμέ, συνικετεύειν ἑτοίμη· γένοιτο δὲ
ἡμᾶς εὐτυχεῖν." ἐπεὶ δὲ ἦλθον, ἐκέλευσεν ἡ Πλαγγὼν τὸν ἐπὶ
ταῖς θύραις εἰσαγγεῖλαι πρὸς τὸν δεσπότην ὅτι Καλλιρόη πάρεστιν.
ἐτύγχανε δὲ Διονύσιος ἐρριμμένος ὑπὸ λύπης, ἐτετήκει δὲ αὐτῷ καὶ
τὸ σῶμα. ἀκούσας οὖν ὅτι Καλλιρόη πάρεστιν, ἄφωνος ἐγένετο, καί
τις ἀχλὺς αὐτοῦ κατεχύθη πρὸς τὸ ἀνέλπιστον, μόλις δὲ ἀνενεγκὼν
"ἡκέτω" φησί. στᾶσα δὲ ἡ Καλλιρόη πλησίον καὶ κάτω κύψασα
πρῶτον μὲν ἐρυθήματος ἐνεπλήσθη, μόλις δὲ ὅμως ἐφθέγξατο "ἐγὼ
Πλαγγόνι ταύτῃ χάριν ἐπίσταμαι· φιλεῖ γάρ με ὡς θυγατέρα. δέομαι
δή σου, κύριε, μὴ ὀργίζου τῷ ἀνδρὶ αὐτῆς, ἀλλὰ χάρισαι τὴν σωτηρίαν."
ἔτι δὲ βουλομένη λέγειν οὐκ ἐδυνήθη. συνεὶς οὖν ὁ Διονύσιος
τὸ στρατήγημα τῆς Πλαγγόνος "ὀργίζομαι μὲν" εἶπε, "καὶ
οὐδεὶς ἂν ἀνθρώπων ἐρρύσατο μὴ ἀπολέσθαι Φωκᾶν καὶ τὴν
Πλαγγόνα τοιαῦτα πεπραχότας· χαρίζομαι δὲ αὐτοὺς ἡδέως σοί, καὶ
γινώσκετε ὑμεῖς ὅτι διὰ Καλλιρόην ἐσώθητε." προσέπεσεν αὐτοῦ
τοῖς γόνασιν ἡ Πλαγγών, καὶ Διονύσιος ἔφη "τοῖς Καλλιρόης
προσπίπτετε γόνασιν, αὕτη γὰρ ὑμᾶς ἔσωσεν." ἐπεὶ δὲ ἡ Πλαγγὼν
ἐθεάσατο τὴν Καλλιρόην χαίρουσαν καὶ σφόδρα ἡδομένην ἐπὶ τῇ
δωρεᾷ "σὺ οὖν" εἶπε "χάριν ὁμολόγησον ὑπὲρ ἡμῶν Διονυσίῳ"
καὶ ἅμα ὤθησεν αὐτήν. ἡ δὲ τρόπον τινὰ καταπεσοῦσα περιέπεσε
τῇ δεξιᾷ τοῦ Διονυσίου, κἀκεῖνος, ὡς δῆθεν ἀπαξιῶν τὴν χεῖρα
δοῦναι, προσαγαγόμενος αὐτὴν κατεφίλησεν, εἶτα εὐθὺς ἀφῆκε, μὴ
καί τις ὑποψία γένηται τῆς τέχνης.
| [2,7] Et voici ce qui arriva. Dionysios s'attardait à la
propriété, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre,
mais, en réalité, parce qu'il ne pouvait s'éloigner de
Callirhoé et qu'il ne voulait pas l'emmener. Car, si on
la voyait, il savait que tout le monde en parlerait, que
sa beauté mettrait à ses pieds l'Ionie entière, et que le
bruit en parviendrait jusqu'au Grand Roi. Et comme,
au cours de ce séjour, il s'occupait avec plus d'exactitude
des affaires de la propriété, il eut à adresser des
reproches à son intendant Phocas; mais ces reproches
n'allèrent pas bien loin et ne dépassèrent pas les paroles.
Plangon saisit l'occasion; elle accourut, tout apeurée vers
Callirhoé, en s'arrachant les cheveux; puis, lui prenant les
genoux : "Je t'en prie maîtresse, lui dit-elle, sauve-nous !
Dionysios est en colère contre mon mari et il est
d'un naturel aussi violent que bon. Personne ne saurait
nous tirer de là, que toi; Dionysios t'accordera volontiers
cette première grâce que tu lui demanderas. »
Callirhoé hésitait à aller trouver Dionysios, mais elle
ne pouvait refuser à cette femme qui la suppliait et la
priait et à qui elle était redevable de toutes les gentillesses
que l'autre lui avait faites. Donc, pour ne pas avoir
l'air d'une ingrate : « Moi aussi, lui dit-elle, je suis une
esclave, et je n'ai pas le droit de parler, mais, si tu penses
que j'ai quelque pouvoir, je suis prête à joindre tes
supplications aux miennes; et puissions-nous réussir! »
Lorsqu'elles furent arrivées, Plangon dit au gardien
de la porte d'annoncer à son maître que Callirhoé
était là. Il se trouva que Dionysios était accablé par le
chagrin et son corps même en était affaibli. En apprenant
que Callirhoé était là, il demeura sans voix et se
sentit plongé dans un brouillard à cette nouvelle inespérée;
mais, se reprenant, avec effort : « Qu'elle vienne »,
dit-il. Lorsque Callirhoé fut debout près de lui, elle
baissa les yeux et commença par rougir violemment,
enfin, avec effort, elle articula : « Je suis reconnaissante
à Plangon que voici, car elle m'aime comme une
fille. Je te demande, maître, de ne pas être en colère contre
son mari. » Elle voulait dire encore quelque chose, mais elle
ne le put. Dionysios comprit alors le stratagème de Plangon :
« Je suis certes bien en colère, dit-il, et nul être
humain n'aurait pu m'empêcher de tuer Phocas et Plangon
qui ont commis d'aussi lourdes fautes, mais je
leur fais grâce à cause de toi; et sachez, vous autres, que
vous devez votre salut à Callirhoé. » Plangon tomba alors
aux genoux de Dionysios, qui dit : « C'est aux genoux
de Callirhoé que tu dois tomber, car c'est elle qui vous
a sauvés. » Lorsque Plangon vit que Callirhoé était
heureuse et se réjouissait fort de cette grâce qui lui était
faite, elle lui dit : « A toi de remercier Dionysios en
notre nom », et, en même temps, elle la poussait en
avant. Et Callirhoé, en tombant aux pieds de Dionysios
cherchait à prendre la main de celui-ci, mais lui, comme
s'il ne se contentait pas de lui donner la main, l'attira
vers lui et lui donna un baiser, puis, tout aussitôt, il
la laissa aller, afin qu'elle n'eût aucun soupçon de la ruse.
|