[2,6] Καὶ ἡ μὲν ἀπῄει πεπεισμένη μηδὲν ἄκουσα δύνασθαι παθεῖν, ὁ δὲ
Διονύσιος λυπούμενος ἧκεν εἰς οἶκον τὸν ἴδιον καὶ μόνον καλέσας
Λεωνᾶν "κατὰ πάντα" φησὶν "ἐγὼ δυστυχής εἰμι καὶ μισούμενος
ὑπὸ τοῦ Ἔρωτος. τὴν μὲν γαμετὴν ἔθαψα, φεύγει δὲ ἡ νεώνητος,
ἣν ἤλπιζον ἐξ Ἀφροδίτης εἶναί μοι τὸ δῶρον, καὶ ἀνέπλαττον
ἐμαυτῷ βίον μακάριον ὑπὲρ Μενέλεων τὸν τῆς Λακεδαιμονίας
γυναικός· οὐδὲ γὰρ τὴν Ἑλένην εὔμορφον οὕτως ὑπολαμβάνω γεγονέναι.
πρόσεστι δὲ αὐτῇ καὶ ἡ τῶν λόγων πειθώ. βεβίωταί μοι.
τῆς αὐτῆς ἡμέρας ἀπαλλαγήσεται Καλλιρόη μὲν ἐντεῦθεν, ἐγὼ δὲ
τοῦ ζῆν." πρὸς τοῦτο ἀνέκραγεν ὁ Λεωνᾶς "μὴ σύ γε, ὦ δέσποτα,
μὴ καταράσῃ σεαυτῷ· κύριος γὰρ εἶ καὶ τὴν ἐξουσίαν ἔχεις αὐτῆς,
ὥστε καὶ ἑκοῦσα καὶ ἄκουσα ποιήσει τὸ σοὶ δοκοῦν· ταλάντου γὰρ
αὐτὴν ἐπριάμην." "ἐπρίω σύ, τρισάθλιε, τὴν εὐγενῆ; οὐκ ἀκούεις
Ἑρμοκράτην τὸν στρατηγὸν τῆς ὅλης Σικελίας ἐγκεχαραγμένον
μεγάλως, ὃν βασιλεὺς ὁ Περσῶν θαυμάζει καὶ φιλεῖ, πέμπει δὲ
αὐτῷ κατ´ ἔτος δωρεάς, ὅτι Ἀθηναίους κατεναυμάχησε τοὺς Περσῶν
πολεμίους; ἐγὼ τυραννήσω σώματος ἐλευθέρου, καὶ Διονύσιος ὁ ἐπὶ
σωφροσύνῃ περιβόητος ἄκουσαν ὑβριῶ, ἣν οὐκ ἂν ὕβρισεν οὐδὲ
Θήρων ὁ λῃστής;"
Ταῦτα μὲν οὖν εἶπε πρὸς τὸν Λεωνᾶν, οὐ μὴν οὐδ´ ἀπεγίνωσκε
πείσειν, φύσει γὰρ εὔελπίς ἐστιν ὁ Ἔρως, ἐθάρρει δὲ τῇ θεραπείᾳ
κατεργάσασθαι τὴν ἐπιθυμίαν. καλέσας οὖν τὴν Πλαγγόνα "δέδωκάς
μοι" φησὶν "ἤδη πεῖραν ἱκανὴν τῆς ἐπιμελείας. ἐγχειρίζω δή
σοι τὸ μέγιστον καὶ τιμιώτατόν μου τῶν κτημάτων, τὴν ξένην.
βούλομαι δὲ αὐτὴν μηδενὸς σπανίζειν, ἀλλὰ καὶ προϊέναι μέχρι
τρυφῆς. κυρίαν ὑπολάμβανε, θεράπευε καὶ κόσμει καὶ ποίει φίλην
ἡμῖν· ἐπαίνει με παρ´ αὐτῇ πολλάκις καὶ οἷον ἐπίστασαι διηγοῦ.
βλέπε μὴ δεσπότην εἴπῃς." συνῆκεν ἡ Πλαγγὼν τῆς ἐντολῆς, φύσει
γὰρ ἦν ἐντρεχής· ἀφανῆ δὲ λαβοῦσα πρὸς τὸ πρᾶγμα τὴν διάνοιαν,
ἠπείγετο πρὸς τοῦτο. παραγενομένη τοίνυν πρὸς τὴν Καλλιρόην, ὅτι
μὲν κεκέλευσται θεραπεύειν αὐτὴν οὐκ ἐμήνυσεν, ἰδίαν δὲ εὔνοιαν
ἐπεδείκνυτο· καὶ τὸ ἀξιόπιστον ὡς σύμβουλος ἤθελεν ἔχειν.
| [2,6] Callirhoé se retira, persuadée qu'il ne saurait
rien lui arriver contre sa volonté, tandis que Dionysios
retournait tristement dans sa chambre; là, il fit venir
Léonas et l'entretint tout seul : « En tout, dit-il, je suis
malheureux et haï du dieu Amour. J'ai mis en terre celle
que j'avais épousée, la nouvelle esclave me fuit, elle dont
j'espérais qu'elle me serait un présent d'Aphrodite, et
déjà je m'étais figuré pour moi une vie bienheureuse, plus
encore que celle de Ménélas, le mari de la Lacédémonienne;
car j'imagine bien que même Hélène n'était pas
aussi belle que cette femme. Et, de plus, elle possède aussi
le don de persuader de ce qu'elle dit. Ma vie est maintenant
finie. Le même jour, Callirhoé quittera ces lieux et
moi l'existence.
A ce discours, Léonas poussa les hauts cris : « Hé là,
maître, ne prononce pas d'imprécations contre toi-même!
Tu es le maître, tu peux disposer d'elle de telle
sorte qu'elle devra faire, bon gré mal gré, ce que tu
décideras; je l'ai achetée un talent!
— Vraiment, tu as acheté, toi, malheureux, cette fille
noble ? Tu ne comprends pas qu'il s'agit d'Hermocrate
le stratège le plus célèbre dans la Sicile tout entière,
l'homme qu'admire le roi de Perse, et qu'il aime, et à
qui il envoie chaque année des présents, parce qu'il a
vaincu la flotte des Athéniens, ses ennemis ? Moi, je
me conduirais en maître d'un être libre, moi, Dionysios,
si renommé pour ma sagesse, je violerais cette femme
contre son gré, une femme qu'a respectée même Théron
le pirate ? »
Tels furent les propos qu'il tint à Léonas, mais en
réalité il ne désespérait pas de la persuader (car le désir
est naturellement plein d'espoir), et il se flattait, à force
d'égards, de parvenir à ses fins. Il fit donc venir Plangon
et lui dit : « Tu m'as déjà donné bien des preuves de ton
zèle. Je te confie-aujourd'hui le plus grand, le plus précieux
de mes biens, cette étrangère. Je veux qu'elle ne
manque de rien, et même qu'elle soit dans le luxe.
Considère-la comme ta maîtresse, soigne-la, orne-la,
fais en sorte qu'elle soit bien disposée envers nous; fais-lui
souvent mon éloge, parle-lui de moi tel que tu me
connais, et garde-toi de m'appeler le maître. »
Plangon comprit la mission dont elle était chargée,
car elle était naturellement adroite; et, aussitôt, appliquant
tout son esprit à la chose, elle se mit en devoir de la
mener à bien. Elle alla trouver Callirhoé, ne lui révéla
point qu'elle avait reçu l'ordre de se mettre à son service,
mais lui témoigna une gentillesse toute particulière; elle
voulait avoir l'air d'être une conseillère désintéressée.
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