HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Chariton d'Aphrodise, Chéréas et Callirhoé, livre II

Chapitre 5

  Chapitre 5

[2,5] Ταῦτα ἔδοξε, καὶ τῇ ὑστεραίᾳ μὲν Διονύσιος παραλαβὼν φίλους τε καὶ ἀπελευθέρους καὶ τῶν οἰκετῶν τοὺς πιστοτάτους, ἵνα ἔχῃ καὶ μάρτυρας, ἧκεν εἰς τὸ τέμενος, οὐκ ἀμελῶς σχηματίσας ἑαυτόν, ἀλλὰ κοσμήσας ἠρέμα τὸ σῶμα, ὡς ἂν ἐρωμένῃ μέλλων ὁμιλεῖν. ἦν δὲ καὶ φύσει καλός τε καὶ μέγας καὶ μάλιστα πάντων σεμνὸς ὀφθῆναι. Λεωνᾶς δὲ παραλαβὼν τὴν Πλαγγόνα καὶ μετ´ αὐτῆς τὰς συνήθεις τῇ Καλλιρόῃ θεραπαινίδας ἧκε πρὸς αὐτὴν καὶ λέγει "Διονύσιος ἀνὴρ δικαιότατός ἐστι καὶ νομιμώτατος. ἧκε τοίνυν εἰς τὸ ἱερόν, γύναι, καὶ πρὸς αὐτὸν εἰπὲ τὴν ἀλήθειαν, τίς οὖσα τυγχάνεις· οὐ γὰρ ἀτυχήσεις οὐδεμιᾶς δικαίας βοηθείας. ἀλλὰ μόνον ἁπλῶς αὐτῷ διαλέγου, καὶ μηδὲν ὑποκρύψῃς τῶν ἀληθῶν· τοῦτο γὰρ αὐτοῦ ἐπικαλέσεται μᾶλλον τὴν εἰς σὲ φιλανθρωπίαν." ἄκουσα μὲν οὖν ἐβάδιζεν Καλλιρόη, θαρροῦσα δὲ ὅμως διὰ τὸ ἐν ἱερῷ γενήσεσθαι τὴν ὁμιλίαν αὐτοῖς. ἐπεὶ δὲ ἧκεν, ἔτι μᾶλλον αὐτὴν ἐθαύμασαν ἅπαντες. καταπλαγεὶς οὖν Διονύσιος ἄφωνος ἦν. οὔσης δὲ ἐπὶ πλεῖστον σιωπῆς ὀψέ ποτε καὶ μόλις ἐφθέγξατο "τὰ μὲν ἐμὰ δῆλά σοι, γύναι, πάντα. Διονύσιός εἰμι, Μιλησίων πρῶτος, σχεδὸν δὲ καὶ τῆς ὅλης Ἰωνίας, ἐπ´ εὐσεβείᾳ καὶ φιλανθρωπίᾳ διαβόητος. δίκαιόν ἐστι καὶ σὲ περὶ ἑαυτῆς εἰπεῖν ἡμῖν τὴν ἀλήθειαν· οἱ μὲν γὰρ πωλήσαντές σε Συβαρῖτιν ἔφασαν κατὰ ζηλοτυπίαν ἐκεῖθεν πραθεῖσαν ὑπὸ δεσποίνης." ἠρυθρίασεν Καλλιρόη καὶ κάτω κύψασα ἠρέμα εἶπεν "ἐγὼ νῦν πρῶτον πέπραμαι· Σύβαριν δὲ οὐκ εἶδον." "ἔλεγόν σοι" φησὶ Διονύσιος ἀποβλέψας πρὸς τὸν Λεωνᾶν "ὅτι οὐκ ἔστι δούλη· μαντεύομαι δὲ ὅτι καὶ εὐγενής." "εἶπόν μοι, γύναι, πάντα, καὶ πρῶτόν γε τοὔνομα τὸ σόν." "Καλλιρόη" φησίν (ἤρεσε Διονυσίῳ καὶ τὸ ὄνομα), τὰ δὲ λοιπὰ ἐσιώπα. πυνθανομένου δὲ λιπαρῶς "δέομαί σου" φησίν, " δέσποτα, συγχώρησόν μοι τὴν ἐμαυτῆς τύχην σιωπᾶν. ὄνειρος ἦν τὰ πρῶτα καὶ μῦθος, εἰμὶ δὲ νῦν γέγονα, δούλη καὶ ξένη." ταῦτα λέγουσα ἐπειρᾶτο μὲν λανθάνειν, ἐλείβετο δὲ αὐτῆς τὰ δάκρυα κατὰ τῶν παρειῶν. προήχθη δὲ καὶ Διονύσιος κλαίειν καὶ πάντες οἱ περιεστηκότες· ἔδοξε δ´ ἄν τις καὶ τὴν Ἀφροδίτην αὐτὴν σκυθρωποτέραν γεγονέναι. Διονύσιος δὲ ἐνέκειτο ἔτι μᾶλλον πολυπραγμονῶν καὶ "ταύτην" ἔφη "αἰτοῦμαι παρά σου χάριν πρώτην. διήγησαί μοι, Καλλιρόη, τὰ σεαυτῆς. οὐ πρὸς ἀλλότριον ἐρεῖς· ἔστι γάρ τις καὶ τρόπου συγγένεια. μηδὲν φοβηθῇς, μηδ´ εἰ πέπρακταί σοί τι δεινόν." ἠγανάκτησεν Καλλιρόη πρὸς τοῦτο καὶ "μή με ὕβριζε" εἶπεν, "οὐδὲν γὰρ σύνοιδα ἐμαυτῇ φαῦλον. ἀλλ´ ἐπεὶ σεμνότερα τἀμὰ τῆς τύχης ἐστὶ τῆς παρούσης, οὐ θέλω δοκεῖν ἀλαζὼν οὐδὲ λέγειν διηγήματα ἄπιστα τοῖς ἀγνοοῦσιν· οὐ γὰρ μαρτυρεῖ τὰ πρῶτα τοῖς νῦν." ἐθαύμασεν Διονύσιος τὸ φρόνημα τῆς γυναικὸς καὶ "συνίημι" φησὶν "ἤδη, κἂν μὴ λέγῃς· εἰπὲ δὲ ὅμως· οὐδὲν γὰρ περὶ σεαυτῆς ἐρεῖς τηλικοῦτον, ἡλίκον ὁρῶμεν. πᾶν ἐστί σου σμικρότερον λαμπρὸν διήγημα." μόλις οὖν ἐκείνη τὰ καθ´ ἑαυτὴν ἤρξατο λέγειν "Ἑρμοκράτους εἰμὶ θυγάτηρ, τοῦ Συρακοσίων στρατηγοῦ. γενομένην δέ με ἄφωνον ἐξ αἰφνιδίου πτώματος ἔθαψαν οἱ γονεῖς πολυτελῶς. ἤνοιξαν τυμβωρύχοι τὸν τάφον· εὗρον κἀμὲ πάλιν ἐμπνέουσαν· ἤνεγκαν ἐνθάδε καὶ Λεωνᾷ με τούτῳ παρέδωκε Θήρων ἐπ´ ἐρημίας." πάντα εἰποῦσα μόνον Χαιρέαν ἐσίγησεν. "ἀλλὰ δέομαί σου, Διονύσιε (Ἕλλην γὰρ εἶ καὶ πόλεως φιλανθρώπου καὶ παιδείας μετείληφας), μὴ γένῃ τοῖς τυμβωρύχοις ὅμοιος μηδὲ ἀποστερήσῃς με πατρίδος καὶ συγγενῶν. μικρόν ἐστί σοι πλουτοῦντι σῶμα ἓν καὶ τὴν τιμὴν οὐκ ἀπολέσεις, ἐὰν ἀποδῷς με τῷ πατρί· Ἑρμοκράτης οὐκ ἔστιν ἀχάριστος. τὸν Ἀλκίνοον ἀγάμεθα δὴ καὶ πάντες φιλοῦμεν ὅτι εἰς τὴν πατρίδα ἀνέπεμψε τὸν ἱκέτην· ἱκετεύω σὲ κἀγώ. σῶσον αἰχμάλωτον ὀρφανήν. εἰ δὲ μὴ δύναμαι ζῆν ὡς εὐγενής, αἱροῦμαι θάνατον ἐλεύθερον." τούτων ἀκούων δὲ ἔκλαιε προφάσει μὲν Καλλιρόην, τὸ δὲ ἀληθὲς ἑαυτόν· ᾐσθάνετο γὰρ ἀποτυγχάνων τῆς ἐπιθυμίας. "θάρρει δὲ" ἔφη, "Καλλιρόη, καὶ ψυχὴν ἔχε ἀγαθήν· οὐ γὰρ ἀτυχήσεις ὧν ἀξιοῖς· μάρτυν καλῶ τήνδε τὴν Ἀφροδίτην. ἐν δὲ τῷ μεταξὺ θεραπείαν ἕξεις παρ´ ἡμῖν δεσποίνης μᾶλλον δούλης." [2,5] On en décida ainsi et le lendemain, Dionysios, prenant avec lui des amis, des affranchis et les plus fidèles parmi ses serviteurs, afin d'avoir des témoins, se rendit au sanctuaire, non sans s'être soigneusement paré, et avoir fait tout à loisir sa toilette, comme il convenait pour avoir une entrevue avec celle qu'il aimait. D'ailleurs, il était naturellement beau, grand, et surtout d'une noble apparence. Léonas, de son côté, prenant avec lui Plangon et, avec elle, les servantes habituelles de Callirhoé, va trouver la jeune femme et lui dit : « Dionysios est le plus juste des hommes et le plus respectueux des lois. Va donc au sanctuaire, femme, et dis-lui la vérité, qui tu es en réalité; tu ne manqueras pas ainsi d'en obtenir tout secours mérité. Mais parle-lui en toute simplicité, et ne lui cache rien de la vérité; c'est cela plus que tout qui te conciliera sa bienveillance. » Callirhoé y alla à contrecoeur, mais pourtant elle prenait courage parce que leur entretien devait avoir lieu dans le temple. Lorsqu'elle fut arrivée, tous l'admiraient encore davantage. Dionysios, frappé de stupeur demeurait sans voix. Enfin, après un long silence, il réussit, à grand-peine, à lui dire : « Tout ce qui me concerne, femme, tu le sais. Je suis Dionysios, le premier citoyen de Milet, et peut-être de toute l'Ionie, et l'on célèbre ma piété et mon humanité. Il est juste que, toi aussi, tu me dises la vérité sur toi-même; ceux qui t'ont vendue ont prétendu que tu étais originaire de Sybaris et que tu avais été vendue là-bas par ta maîtresse qui était jalouse de toi. » Callirhoé rougit et, baissant la tête, dit à voix basse : « C'est maintenant la première fois que je suis vendue, et je n'ai jamais vu Sybaris. — Je te disais bien, dit Dionysios, en regardant Léonas, qu'elle n'était pas une esclave; je devine aussi qu'elle est de naissance noble. Dis-moi tout, femme, et d'abord, ton nom. — "Callirhoé", répondit-elle (et ce nom plut à Dionysios), mais, sur le reste, elle se tut. Et comme il continuait ses questions : « Je te le demande, lui dit-elle, maître, permets-moi de garder le silence sur mon sort. Ce fut un songe, autrefois, une histoire, mais maintenant, je suis ce que je suis devenue, une esclave et une étrangère. » Et, en disant ces mots, elle cherchait à se dissimuler, mais les larmes lui coulaient le long des joues. Alors Dionysios ne put s'empêcher de pleurer et tous ceux qui étaient là avec lui en firent autant; on aurait même pu croire qu'Aphrodite elle-même avait pris une expression de tristesse. Dionysios, pourtant, continuait à la presser davantage de questions, et : « La première faveur que je te demande, c'est de me raconter, Callirhoé, ce qui t'est arrivé. Tu ne parleras pas à un étranger, car il y a entre nous comme une parenté de condition. N'aie pas peur, même si tu as accompli quelque action terrible. » A quoi Callirhoé s'indigna et : « Ne m'insulte pas, dit-elle, je ne me sens coupable de rien de vil. Mais, comme ma condition est de beaucoup supérieure à celle où je suis à présent, je ne veux pas avoir l'air de me vanter ni non plus vous raconter ces choses que ne peuvent croire ceux qui les ignorent. Car le passé ne saurait porter témoignage pour le présent. » Dionysios admira le sentiment de cette femme et lui dit : « Je comprends déjà, même si tu ne parles pas; pourtant, parle, car tu ne saurais rien dire sur toi-même qui soit comparable à ce que nous voyons. N'importe quel récit magnifique reste en-dessous de toi. Finalement, avec bien du mal, elle commença à parler d'elle : « Je suis la fille d'Hermocrate, le stratège des syracusains. Comme j'avais perdu la voix et le sentiment à la suite d'une chute soudaine, mes parents me firent des funérailles magnifiques. Des profanateurs de tombes ouvrirent mon tombeau; ils me découvrirent alors que j'avais repris conscience; ils m'emmenèrent jusqu'ici et Théron me remit à Léonas que voici, dans ce lieu solitaire. » Elle leur raconta tout, mais ne dit rien du seul Chéréas. «Mais je te demande, Dionysios (car tu es Grec, tu appartiens à une cité civilisée et tu as reçu de l'instruction), ne sois pas semblable à ces profanateurs de tombeaux, ne me prive pas de ma patrie et de mes parents. C'est peu de chose, pour toi qui es riche, que de renoncer à une esclave; pourtant, tu ne perdras pas ce prix, si tu me rends à mon père. Hermocrate n'est pas un ingrat. Nous estimons Alcinoos et, tous, nous l'aimons parce qu'il a reconduit le suppliant dans sa patrie. Et moi, à mon tour, je te supplie. Sauve une prisonnière privée de ses parents. Si je ne puis vivre comme une femme de naissance noble, je préfère une mort libre. » A ces mots, Dionysios pleura, en apparence sur Callirhoé, mais en réalité sur lui-même; car il comprenait qu'il n'obtiendrait pas ce qu'il désirait. « Aie confiance, Callirhoé, lui dit-il, aie bon courage; on ne te refusera pas ce que tu demandes; j'en prends à témoin Aphrodite que voici. En attendant, tu seras traitée parmi nous comme une maîtresse et non comme une esclave. »


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Dernière mise à jour : 28/04/2006