| [2,4] Ἡ μὲν οὖν ἀπῆλθεν εἰς τὴν οἴκησιν τὴν συνήθη· Διονύσιος δὲ
 ἐτέτρωτο μέν, τὸ δὲ τραῦμα περιστέλλειν ἐπειρᾶτο, οἷα δὴ πεπαιδευμένος 
 ἀνὴρ καὶ ἐξαιρέτως ἀρετῆς ἀντιποιούμενος. μὴ δὲ τοῖς οἰκέταις 
 θέλων εὐκαταφρόνητος δοκεῖν μήτε μειρακιώδης τοῖς φίλοις,
 διεκαρτέρει παρ´ ὅλην τὴν ἑσπέραν, οἰόμενος μὲν λανθάνειν, κατάδηλος 
 δὲ γινόμενος μᾶλλον ἐκ τῆς σιωπῆς. μοῖραν δέ τινα λαβὼν
 ἀπὸ τοῦ δείπνου "ταύτην" φησὶ "κομισάτω τις τῇ ξένῃ. μὴ εἴπῃ
 δὲ ‘παρὰ τοῦ κυρίου,’ ἀλλὰ ‘παρὰ Διονυσίου.’"
 Τὸν μὲν οὖν πότον προήγαγεν ἐπὶ πλεῖστον· ἠπίστατο γὰρ ὅτι οὐ 
 μέλλει καθεύδειν. ἀγρυπνεῖν οὖν ἐβούλετο μετὰ τῶν φίλων. ἐπεὶ
 δὲ προέκοπτε τὰ τῆς νυκτός, διαλύσας ὕπνου μὲν οὐκ ἐλάγχανεν, ὅλος
 δὲ ἦν ἐν τῷ τῆς Ἀφροδίτης ἱερῷ καὶ πάντων ἀνεμιμνήσκετο, τοῦ
 προσώπου, τῆς κόμης, πῶς ἐστράφη, πῶς ἐνέβλεψε, τῆς φωνῆς, τοῦ
 σχήματος, τῶν ῥημάτων· ἐξέκαε δὲ αὐτὸν καὶ τὰ δάκρυα. τότ´ ἦν
 ἰδεῖν ἀγῶνα λογισμοῦ καὶ πάθους. καίτοι γὰρ βαπτιζόμενος ὑπὸ τῆς
 ἐπιθυμίας γενναῖος ἀνὴρ ἐπειρᾶτο ἀνέχεσθαι. καθάπερ δὲ ἐκ κύματος
 ἀνέκυπτε λέγων πρὸς ἑαυτὸν "οὐκ αἰσχύνῃ, Διονύσιε, ἀνὴρ ὁ πρῶτος 
 τῆς Ἰωνίας ἕνεκεν ἀρετῆς τε καὶ δόξης, ὃν θαυμάζουσι σατράπαι
 καὶ βασιλεῖς καὶ πόλεις, παιδαρίου πράγματα πάσχων; ἅπαξ ἰδὼν
 ἐρᾷς, καὶ ταῦτα πενθῶν, πρὶν ἀφοσιώσασθαι τοὺς τῆς ἀθλίας
 δαίμονας. τούτου γε ἕνεκεν ἧκες εἰς ἀγρὸν ἵνα μελανείμων γάμους
 θύσῃς, καὶ γάμους δούλης, τάχα δὲ καὶ ἀλλοτρίας; οὐκ ἔχεις γὰρ
 αὐτῆς οὐδὲ τὴν καταγραφήν." ἐφιλονείκει δὲ ὁ Ἔρως βουλευομένῳ
 καλῶς καὶ ὕβριν ἐδόκει τὴν σωφροσύνην τὴν ἐκείνου· διὰ τοῦτο
 ἐπυρφόρει σφοδρότερον ψυχὴν ἐν ἔρωτι φιλοσοφοῦσαν. μηκέτ´ οὖν
 φέρων μόνος αὑτῷ διαλέγεσθαι, Λεωνᾶν μετεπέμψατο· κληθεὶς δὲ
 ἐκεῖνος συνῆκε μὲν τὴν αἰτίαν, προσεποιεῖτο δὲ ἀγνοεῖν καὶ ὥσπερ
 τεταραγμένος "τί" φησὶν "ἀγρυπνεῖς, ὦ δέσποτα; μή τι πάλιν
 σε λύπη κατείληφε τῆς τεθνηκυίας γυναικός;" "γυναικὸς μὲν"
 εἶπεν ὁ Διονύσιος, "ἀλλ´ οὐ τῆς τεθνηκυίας. οὐδὲν δὲ ἀπόρρητόν
 ἐστί μοι πρὸς σὲ δι´ εὔνοιάν τε καὶ πίστιν. ἀπόλωλά σοι, ὦ Λεωνᾶ.
 σύ μοι τῶν κακῶν αἴτιος. πῦρ ἐκόμισας εἰς τὴν οἰκίαν, μᾶλλον δὲ
 εἰς τὴν ἐμὴν ψυχήν. ταράσσει δέ με καὶ τὸ ἄδηλον τὸ περὶ τῆς
 γυναικός. μῦθόν μοι διηγῇ, ἔμπορον πτηνόν, ὃν οὐκ οἶδας οὐδ´
 ὁπόθεν ἦλθεν οὐδ´ ὅπου πάλιν ἀπῆλθεν. ἔχων δὲ τίς τοιοῦτον
 κάλλος ἐν ἐρημίᾳ πιπράσκει καὶ ταλάντου τὴν τῶν βασιλέως χρημάτων 
 ἀξίαν; δαίμων δὲ τίς σε ἐξηπάτησεν; ἐπίστησον οὖν καὶ
 ἀναμνήσθητι τῶν γενομένων. τίνας εἶδες; τίνι ἐλάλησας; εἰπέ μοι
 τὸ ἀληθές. οὐ πλοῖον ἐθεάσω." "οὐκ εἶδον, δέσποτα, ἀλλὰ ἤκουσα."
 "τοῦτο ἐκεῖνο· μία Νυμφῶν ἢ Νηρηΐδων ἐκ θαλάσσης ἀνελήλυθε.
 καταλαμβάνουσι δὲ καὶ δαίμονας καιροί τινες εἱμαρμένης ἀνάγκην
 φέροντες ὁμιλίας μετ´ ἀνθρώπων· ταῦτα ἡμῖν ἱστοροῦσι ποιηταί τε
 καὶ συγγραφεῖς." ἡδέως δ´ ἀνέπειθεν αὑτὸν ὁ Διονύσιος ἀποσεμνύνειν
 τὴν γυναῖκα ὡς σεβασμιωτέρας ἢ κατὰ ἄνθρωπον ὁμιλίας. Λεωνᾶς
 δὲ χαρίσασθαι τῷ δεσπότῃ βουλόμενος εἶπε "τίς μέν ἐστι, δέσποτα,
 μὴ πολυπραγμονῶμεν· ἄξω δὲ αὐτήν, εἰ θέλεις, πρὸς σέ, καὶ μὴ ἔχε
 λύπην ὡς ἀποτυγχάνων ἐν ἔρωτος ἐξουσίᾳ." "οὐκ ἂν ποιήσαιμι"
 φησὶν ὁ Διονύσιος "πρὶν μαθεῖν τίς ἡ γυνὴ καὶ πόθεν. ἕωθεν οὖν
 πυθώμεθα παρ´ αὐτῆς τὴν ἀλήθειαν. μεταπέμψομαι δ´ αὐτὴν οὐκ
 ἐνθάδε, μὴ καί τινος βιαιοτέρου λάβωμεν ὑποψίαν, ἀλλ´ ὅπου πρῶτον 
 αὐτὴν ἐθεασάμην, ἐπὶ τῆς Ἀφροδίτης γενέσθωσαν ἡμῖν οἱ λόγοι."
 | [2,4] Donc, elle se retira dans son logement habituel, 
cependant que Dionysios était blessé dans son coeur, mais 
cherchait à dissimuler sa blessure. En homme bien appris, 
et qui visait tout particulièrement à cultiver la vertu, ne 
voulant pas, aux yeux de ses serviteurs, passer pour méprisable 
ni pour puéril à ceux de ses amis, il fit effort sur 
lui-même pendant toute la soirée, pensant que personne 
ne s'en apercevrait, alors qu'en réalité il se trahissait 
par son silence. Prélevant une partie du repas : 
« Que l'on porte cela à l'étrangère, dit-il, ne dites pas 
que c'est de la part du maître, mais de celle de Dionysios. »
Après quoi il fit durer longtemps la beuverie; car il 
savait qu'il ne dormirait pas et il voulait veiller en compagnie 
de ses amis. Après avoir passé ainsi la plus
grande partie de la nuit, il se retira, mais sans pouvoir 
trouver le sommeil; il était tout entier dans le temple 
d'Aphrodite et tout lui revenait en mémoire : son visage 
sa chevelure, la façon dont elle s'était retournée, comment 
elle l'avait regardé, sa voix, ses vêtements, ses 
paroles; et il se sentait brûlé même par les larmes qu'elle 
avait versées. On pouvait voir en lutte la raison et la 
passion. Et, bien qu'il fût englouti par le flot du désir, 
cet homme plein de noblesse essayait de résister et, 
comme émergeant de la vague, se disait à lui-même :
"Tu ne rougis pas, Dionysios, toi le premier citoyen 
d'Ionie, par la vertu et la réputation, toi qu'admirent 
satrapes, rois et cités, d'éprouver des sentiments de 
gamin ? Tu ne l'as vue qu'une fois et tu es amoureux, et 
cela alors que tu es encore en deuil, avant même d'avoir 
apaisé l'ombre de ta pauvre femme! C'est donc pour cela 
que tu es venu à la campagne, pour accomplir les sacrifices 
du mariage alors que tu es en noir, et épouser une 
esclave, et peut-être même une esclave qui n'est pas à toi ? 
Car tu ne possèdes même pas l'acte de vente qui la concerne. »
Mais l'Amour s'irritait de cet homme qui raisonnait 
si bien et il considérait comme de l'insolence la sagesse 
qu'il montrait. Aussi embrasait-il davantage cette âme 
qui, dans l'amour, cherchait encore à discuter. Incapable 
bientôt de se parler seul à lui-même, Dionysios envoya 
chercher Léonas; l'autre, quand on l'appela, en devina la 
raison, mais il fit semblant de l'ignorer et, affectant d'être 
inquiet : « Pourquoi, dit-il, ne dors-tu pas, maître ? Ne 
serait-ce pas de nouveau que tu es repris par le chagrin 
pour ta femme qui est morte ? — Pour une femme, oui, 
dit Dionysios, mais pas pour celle qui est morte. Je 
n'ai rien de secret pour toi, à cause de ton affection et de 
ta fidélité. Tu as causé ma perte, Léonas. C'est toi qui es 
la cause de mes maux. Tu as apporté le feu à la maison, 
ou plutôt, dans mon âme. Et ce qui me trouble, c'est le 
mystère qui entoure cette femme. Tu m'as raconté une 
histoire incroyable de marchand qui s'est envolé, que 
tu ne connais pas, dont tu ne sais ni d'où il venait ni ou 
il est parti ensuite. Qui donc, possédant une pareille 
beauté, la vend, loin de tout, et seulement pour un talent, 
alors qu'elle vaut toutes les richesses d'un roi ? C'est
quelque divinité qui t'a trompé. Réfléchis donc et rappelle-toi
ce qui s'est passé. Qui as-tu vu ? A qui as-tu parlé?
Dis-moi la vérité. Le bâteau, tu ne l'as pas vu ? 
— Non maître, je ne l'ai pas vu, mais j'en ai entendu parler
— Alors, c'est bien ça : l'une des Nymphes, ou des 
Néréides, est sortie de la mer. Même les dieux sont 
parfois contraints, à certains moments de la Destinée,
de venir dans la compagnie des humains; c'est ce que 
racontent les poètes et les historiens. »
Dionysios aimait se persuader d'ennoblir la jeune 
femme et de se donner des raisons de la juger bien 
supérieure à la compagnie des humains. Mais Léonas, 
voulant complaire à son maître, lui dit : « Quelle elle 
est, maître, ne t'en embarrasse pas; je te l'amènerai, si 
tu le désires, et ne te tourmente pas. Tu refuses, alors 
que tu peux satisfaire ton désir ?
— Cela me serait impossible, dit Dionysios, avant 
de savoir qui est cette femme et d'où elle vient. Demain 
matin, nous saurons d'elle la vérité. Je la ferai venir, 
non pas ici, afin qu'elle n'aille pas redouter quelque 
violence, mais à l'endroit où je l'ai vue pour la première 
fois, afin que notre entretien soit sous la protection 
d'Aphrodite. »
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