[2,10] Τῆς δ´ ὑστεραίας ἐλθούσῃ Πλαγγόνι τὴν αὑτῆς γνώμην ἐδήλωσεν.
ἡ δὲ τὸ ἄκαιρον τῆς βουλῆς οὐ παρέλιπεν, ἀλλ´ "ἀδύνατόν
ἐστί σοι" φησίν, "ὦ γύναι, τέκνον θρέψαι παρ´ ἡμῖν· ὁ γὰρ
δεσπότης ἡμῶν ἐρωτικῶς σου διακείμενος ἄκουσαν μὲν οὐ βιάσεται
δι´ αἰδῶ καὶ σωφροσύνην, θρέψαι δὲ παιδίον οὐκ ἐπιτρέψει διὰ ζηλοτυπίαν,
ὑβρίζεσθαι δοκῶν εἰ τὸν μὲν ἀπόντα περισπούδαστον ὑπολαμβάνεις,
ὑπερορᾷς δὲ παρόντος αὐτοῦ. κρεῖττον οὖν μοι δοκεῖ πρὸ
τοῦ γεννηθῆναι τὸ παιδίον ἢ γεννηθὲν ἀπολέσθαι· κερδανεῖς γὰρ
ὠδῖνας ματαίας καὶ κυοφορίαν ἄχρηστον. ἐγὼ δέ σε φιλοῦσα συμβουλεύω
τἀληθῆ." βαρέως ἤκουσεν ἡ Καλλιρόη καὶ προσπεσοῦσα τοῖς
γόνασιν αὐτῆς ἱκέτευεν ὅπως συνεξεύρῃ τινὰ τέχνην, δι´ ἧς τὸ παιδίον
θρέψει. πολλὰ τοίνυν ἀρνησαμένη, δύο καὶ τρεῖς ἡμέρας ὑπερθεμένη
τὴν ἀπόκρισιν, ἐπειδὴ μᾶλλον ἐξέκαυσεν αὐτὴν πρὸς τὰς δεήσεις
ἀξιοπιστοτέρα γενομένη, πρῶτον μὲν αὐτὴν ἐξώρκισε μηδενὶ κατειπεῖν
τὴν τέχνην, ἔπειτα συναγαγοῦσα τὰς ὀφρῦς καὶ τρίψασα τὰς χεῖρας
"τὰ μεγάλα" φησὶ "τῶν πραγμάτων, ὦ γύναι, μεγάλαις ἐπινοίαις
κατορθοῦται· κἀγὼ διὰ τὴν εὔνοιαν τὴν πρὸς σὲ προδίδωμι τὸν δεσπότην.
ἴσθι τοίνυν ὅτι δεήσει δυοῖν θάτερον, ἢ παντάπασιν ἀπολέσθαι
τὸ παιδίον ἢ γεννηθῆναι πλουσιώτατον Ἰώνων, κληρονόμον τῆς λαμπροτάτης
οἰκίας. καὶ σὲ τὴν μητέρα ποιήσει μακαρίαν. ἑλοῦ δέ,
πότερον θέλεις." "καὶ τίς οὕτως" εἶπεν "ἀνόητος, ἵνα τεκνοκτονίαν
ἀντ´ εὐδαιμονίας ἕληται; δοκεῖς δέ μοί τι ἀδύνατον καὶ ἄπιστον
λέγειν, ὥστε σαφέστερον αὐτὸ δήλωσον." ἤρετο γοῦν ἡ Πλαγγὼν
"πόσον δοκεῖς χρόνον ἔχειν τῆς συλλήψεως;" ἡ δὲ "δύο μῆνας"
εἶπεν. "ὁ χρόνος οὖν ἡμῖν βοηθεῖ· δύνασαι γὰρ δοκεῖν ἑπταμηνιαῖον
ἐκ Διονυσίου τετοκέναι." πρὸς τοῦτο ἀνέκραγεν ἡ Καλλιρόη "μᾶλλον
ἀπολέσθω." καὶ ἡ Πλαγγὼν κατειρωνεύσατο αὐτῆς "καλῶς,
ὦ γύναι, φρονεῖς βουλομένη μᾶλλον ἐκτρῶσαι. τοῦτο πράττωμεν·
ἀκινδυνότερον γὰρ ἢ ἐξαπατᾶν δεσπότην. πανταχόθεν ἀπόκοψόν σου
τὰ τῆς εὐγενείας ὑπομνήματα, μηδ´ ἐλπὶς ἔστω σοι πατρίδος. συνάρμοσαι
τῇ παρούσῃ τύχῃ καὶ ἀκριβῶς γενοῦ δούλη." ταῦτα τῆς Πλαγγόνος
παραινούσης οὐδὲν ὑπώπτευε Καλλιρόη, μεῖραξ εὐγενὴς καὶ
πανουργίας ἄπειρος δουλικῆς· ἀλλ´ ὅσῳ μᾶλλον ἐκείνη τὴν φθορὰν
ἔσπευδε, τοσούτῳ μᾶλλον αὐτὴ τὸ κατὰ γαστρὸς ἠλέει καὶ "δός μοι"
φησὶ "καιρὸν εἰς σκέψιν· περὶ τῶν μεγίστων γάρ ἐστιν ἡ αἵρεσις,
ἢ σωφροσύνης ἢ τέκνου." πάλιν τοῦτο ἐπῄνεσεν ἡ Πλαγγών, ὅτι
μὴ προπετῶς αἱρεῖται τὸ ἕτερον· "πιθανὴ γὰρ εἰς ἑκάτερον ἡ ῥοπή·
τὸ μὲν γὰρ ἔχει πίστιν γυναικός, τὸ δὲ μητρὸς φιλοστοργίαν. καιρὸς
δὲ οὐκ ἔστιν ὅμως μακρᾶς ἀναβολῆς, ἀλλὰ τῆς ὑστεραίας δεῖ πάντως
θατέρου ἔχεσθαι, πρὶν ἔκπυστόν σου τὴν γαστέρα γενέσθαι." συνέθεντο
ταῦτα καὶ ἀπηλλάγησαν ἀλλήλων.
| [2,10] Le lendemain, quand vint Plangon, elle lui déclara
son intention. L'autre fit mine de ne pas approuver une
décision peu opportune, mais : « Il t'est impossible,
dit-elle, jeune femme, d'élever ton enfant parmi nous;
le maître, qui est amoureux de toi, sans doute ne te
fera pas violence, par décence et sagesse, mais il ne te
permettra pas d'élever ton enfant, par jalousie; il se
jugera insulté si tu fais montre de tant d'estime à l'égard
de l'absent, alors que tu le méprises, lui qui est là. Il
me semble préférable de supprimer l'enfant avant qu'il
ne naisse plutôt qu'après sa naissance. Tu feras ainsi
l'économie de souffrances inutiles et d'une grossesse
vaine. C'est par affection pour toi que je te donne un
conseil conforme à la vérité. »
Callirhoé fut désolée de ces propos; elle tomba à ses
genoux et la supplia de trouver quelque stratagème qui
lui permettrait d'élever l'enfant. Mais l'autre lui opposa
plusieurs refus et, pendant deux ou trois jours, fit attendre
une réponse et, quand elle eut rendu ses supplications
plus ardentes et mérité ainsi d'autant plus sa confiance,
elle commença par lui faire jurer de ne révéler à personne
la façon dont elle s'y prendrait; après quoi, fronçant les
sourcils et se tordant les mains : « Les grandes entreprises,
dit-elle, jeune femme, exigent, pour réussir, de
grands desseins; et, à cause de l'affection que j'ai pour
toi, je vais trahir mon maître. Sache donc qu'il faudra
de deux choses l'une : ou bien que ton fils soit irrémédiablement
perdu ou bien que tu le fasses naître le plus
riche des Ioniens et l'héritier de la plus brillante maison.
Et tu feras en même temps de toi une heureuse mère.
Choisis donc ce que tu préfères. — Qui donc est assez
insensé, répondit Callirhoé, pour choisir de tuer son
enfant plutôt que le bonheur ? Je crois que tu me dis
là une chose impossible et incroyable; aussi, explique-toi
plus clairement. »
Plangon lui demanda alors : « Depuis combien de
temps crois-tu que tu es enceinte ? — Deux mois, répondit
l'autre. — Eh bien, le temps est pour nous; tu peux
faire croire que tu l'auras eu de Dionysios à sept mois.
Sur quoi Callirhoé s'écria : « Qu'il meure plutôt!
Alors Plangon lui dit hypocritement : « Tu as raison,
femme, de préférer le tuer. Faisons-le; c'est plus sûr
que de vouloir tromper le maître. Dépouille-toi de tous
les souvenirs de ta noblesse, et n'aie plus l'espoir de
retrouver ta patrie. Adapte-toi à ta condition présente et
deviens vraiment une esclave. »
Devant ces conseils que lui donnait Plangon, Callirhoé
n'eut aucun soupçon, car c'était une jeune femme
noble et ignorant les ruses des esclaves; mais plus l'autre
la pressait d'accomplir son oeuvre de mort, plus elle se
sentait pleine de pitié pour l'enfant qu'elle portait en
elle, et elle disait : « Donne-moi le temps de réfléchir
car l'enjeu de mon choix est grave, il s'agit de ma vertu
ou de mon enfant. » Sur quoi de nouveau Plangon
l'approuvait de ne pas arrêter sa décision à la légère :
« Les motifs sont puissants dans l'un et l'autre sens
d'un côté, c'est l'honneur d'une femme, de l'autre,
l'amour d'une mère. Pourtant, nous n'avons pas le temps
d'hésiter trop longtemps; demain, il faut s'arrêter absolument
à l'un ou l'autre parti, avant que ta grossesse ne
devienne visible. » Elles en convinrent et se quittèrent.
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