HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur l'eucharistie

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] Ἀλλὰ μὴν πρός γε τὸ δακρῦσαι τὸν Κύριον ἐπὶ Λαζάρῳ καὶ ἐπὶ τῇ πόλει ἐκεῖνο εἰπεῖν ἔχομεν, ὅτι καὶ ἔφαγε, καὶ ἔπιεν, οὐκ αὐτὸς τούτων δεόμενος, ἀλλά σοι μέτρα καὶ ὅρους τῶν ἀναγκαίων τῆς ψυχῆς παθημάτων καταλιμπάνων. Οὕτω γοῦν καὶ ἐδάκρυσε, τῶν ὀδυρτικῶν καὶ φιλοθρήνων τὸ ἄγαν περιπαθὲς καὶ ταπεινὸν ἐπανορθούμενος. Εἰ γάρ τι ἄλλο, καὶ τὸ δακρύειν τῆς ἐκ τοῦ λόγου συμμετρίας προσδεῖται· ἐπὶ τίσι γίνεσθαι, καὶ ἐπὶ πόσον, καὶ πότε, καὶ ὅπως προσῆκεν. Ὅτι γὰρ οὐκ ἐμπαθὲς ἦν τὸ δάκρυον τοῦ Κυρίου, ἀλλὰ διδασκαλικὸν, ἐκεῖθεν δῆλον· Λάζαρος φίλος ἡμῶν κεκοίμηται, ἀλλὰ πορεύομαι ἵνα ἐξυπνίσω αὐτόν. Τίς ἡμῶν κοιμώμενον ὀδύρεται φίλον, ὃν μικρὸν ὕστερον προσδοκᾷ διυπνίζειν; Λάζαρε, δεῦρο ἔξω. Καὶ νεκρὸς ἐζωοποιεῖτο· καὶ δεδεμένος περιεπάτει. Θαῦμα ἐν θαύματι· κειρίαις δεδέσθαι τοὺς πόδας, καὶ μὴ κωλύεσθαι πρὸς τὴν κίνησιν. Μεῖζον γὰρ ἦν τὸ ἐνισχύον τοῦ ἐμποδίζοντος. Πῶς οὖν τοιαῦτα ἐνεργεῖν μέλλων δακρύων ἄξιον τὸ συμβὰν ἔκρινεν; δῆλον, ὅτι, πανταχόθεν τὸ ἀσθενὲς ἡμῶν ὑπερείδων, μέτροις τισὶ καὶ ὅροις τὰ ἀναγκαῖα περιέλαβε πάθη; τὸ μὲν ἀσυμπαθὲς ὡς θηριῶδες ἐκκλίνων, τὸ δὲ φιλόλυπον καὶ πολύθρηνον ὡς ἀγενὲς παραιτούμενος. Διόπερ, ἐπιδακρύσας τῷ φίλῳ, αὐτός τε τὴν κοινωνίαν τῆς ἀνθρωπείας φύσεως ἐπεδείξατο, καὶ ἡμᾶς τῶν ἐφ´ ἑκάτερα ὑπερβολῶν ἠλευθέρωσε· μήτε καταμαλακίζεσθαι πρὸς τὰ πάθη, μήτε ἀναισθήτως ἔχειν τῶν λυπηρῶν ἐπιτρέπων. Ὡς οὖν κατεδέξατο τὴν πεῖναν Κύριος, τῆς στερεᾶς τροφῆς διαπνευσθείσης αὐτῷ, καὶ τὴν δίψαν προσήκατο, τῆς ὑγρότητος ἀναλωθείσης τῆς ἐν τῷ σώματι· καὶ ἐκοπίασε, τῶν μυῶν καὶ τῶν νεύρων ἐκ τῆς ὁδοιπορίας ὑπερταθέντων· οὐ τῆς θεότητος τῷ καμάτῳ δαμαζομένης, ἀλλὰ τοῦ σώματος τὰ ἐκ φύσεως ἐπακολουθοῦντα συμπτώματα δεχομένου οὕτω καὶ τὸ δάκρυον προσήκατο, τὸ φυσικὸν (p. 229) τῇ σαρκὶ ἐπιγίνεσθαι σύμπτωμα συγχωρῶν. Ὅπερ συμβαίνει, ὅταν τὰ κοῖλα τοῦ ἐγκεφάλου, τῶν ἐκ τῆς λύπης ἀναθυμιάσεων πληρωθέντα, οἷον δι´ ὀχετῶν τινων τῶν κατὰ τοὺς ὀφθαλμοὺς πόρων τοῦ ὑγροῦ τὸ βάρος ἀποσκευάζηται. Ὅθεν ἦχοί τινες, καὶ ἴλιγγοι, καὶ σκοτώσεις ἐπὶ ταῖς ἀδοκήτοις τῶν λυπηρῶν ἀκοαῖς ἐγγίνονται, περιδονουμένης τῆς κεφαλῆς ὑπὸ τῶν ἀτμῶν, οὓς ἐπὶ τὸ βάθος τοῦ θερμοῦ συστολὴ ἀναπέμπει. Εἶτα, οἶμαι, ὥσπερ τὸ νέφος εἰς ψεκάδα, οὕτως τὸ πάχος τῶν ἀτμῶν εἰς δάκρυον διαλύεται. Ἔνθεν καὶ ἡδονή τίς ἐστι τοῖς λυπουμένοις περὶ τὸν θρῆνον, λανθανόντως διὰ τοῦ κλαίειν κενουμένου αὐτοῖς τοῦ βαρύνοντος. Συνίστησι δὲ τοῦ λόγου τὸ ἀληθὲς πεῖρα τῶν γινομένων. Πολλοὺς γὰρ ἔγνωμεν ἐν συμφοραῖς ἀνηκέστοις ἀποστάξαι τὸ δάκρυον βιαίως ἐγκαρτερήσαντας· εἶτα τοὺς μὲν εἰς ἀνήκεστα ἐμπεσόντας πάθη, ἀποπληξίας παραλύσεις, τοὺς δὲ, καὶ παντελῶς ἀποψύξαντας, ὥσπερ ἐρείσματος ἀσθενοῦς, τῆς δυνάμεως αὐτῶν τῷ βάρει τῆς λύπης ὑποκλασθείσης. γὰρ ἐπὶ τῆς φλογὸς ὁρᾷν ὑπάρχει, ὑπὸ τοῦ οἰκείου αὐτὴν καπνοῦ καταπνίγεσθαι, μὴ ὑπεξιόντος, ἀλλὰ περὶ αὐτὴν εἱλουμένου, τοῦτό φασι καὶ ἐπὶ τῆς οἰκονομούσης τὸ ζῶον δυνάμεως γίνεσθαι· ἀπομαραίνεσθαι γὰρ ὑπὸ τῶν ὀδυνηρῶν, καὶ κατασβέννυσθαι, μηδεμιᾶς γινομένης ἐπὶ τὸ ἔξω διαπνοῆς. Μὴ τοίνυν εἰς συνηγορίαν τοῦ οἰκείου πάθους τὸ τοῦ Κυρίου προβαλλέσθωσαν δάκρυον οἱ φιλόλυποι. Ὡς γὰρ βρῶσις, ἣν Κύριος ἔφαγεν, οὐκ ἔστιν ἡδυπαθείας ἡμῖν ἀφορμὴ, τὸ ἐναντίον μὲν οὖν, ἐγκρατείας καὶ αὐταρκείας ὅρος ἀνωτάτω· οὕτω καὶ τὸ δάκρυον οὐκ ἔστι νομοθεσία πρὸς τὸ θρηνεῖν, ἀλλὰ μέτρον εὐσχημονέστατον ἐκτεθὲν, καὶ κανὼν ἀκριβὴς, καθ´ ὃν προσῆκε σεμνῶς καὶ εὐσχημόνως τοῖς τῆς φύσεως ὅροις ἐμμένοντας διαφέρειν τὰ λυπηρά. [8] Quant à ce que l'on objecte que le Seigneur a pleuré sur Lazare et sur Jérusalem, nous pouvons dire qu'il a mangé et qu'il a bu sans qu'il en eût besoin, mais qu'il l’a fait pour nous apprendre à régler nos affections naturelles. Ainsi il a pleuré pour montrer aux personnes qui se permettent des excès dans le deuil et les gémissements, comment elles doivent les modérer et ne pas se laisser abattre par la douleur. Car c'est surtout dans les larmes qu'on doit garder des mesures; il faut peser toutes les circonstances, examiner les raisons pourquoi l'on pleure, le temps, le lieu, la manière. Or que le Seigneur ait pleuré, non pour manifester un sentiment, mais pour nous donner une leçon, en voici la preuve. Notre ami Lazare dort, dit-il, mais je vais le réveiller (Jean. 11. 11). Qui de nous pleure un ami qui dort et qu'il sait devoir bientôt se réveiller ? Lazare, sortez de votre tombeau (Jean. 11. 43), et le mort ressuscita sur le champ, il marcha quoique lié. C’est un double prodige, de ressusciter, et que les bandes qui liaient ses pieds ne l'empêchassent pas de se mouvoir. Une force supérieure faisait disparaître tout obstacle. Comment donc Jésus-Christ, qui devoir opérer ce miracle, l'aurait-il jugé digne de ses larmes? n'est-il pas clair que voulant fortifier de toutes parts notre faiblesse, il a renfermé dans de justes bornes les affections naturelles? Il n affecta point une insensibilité qui ne convient qu'à des bêtes féroces; il rejeta ces excès dans les larmes et les gémissements, qui sont indignes d'un être raisonnable. Il montra qu’il était homme en pleurant la mort d'un ami; et il nous enseigna à étirer les extrêmes, à ne pas nous laisser abattre dans les maux sans nous piquer d'être insensibles. Comme donc le Seigneur a bien voulu souffrir la faim ou la soif, lorsque les aliments solides étaient digérés, ou lorsque l’humidité du corps était épuisée ; comme il a voulu sentir la lassitude, lorsque la longueur du chemin avait tendu les muscles et les nerfs outre mesure, non que la divinité l'eût vaincue par la fatigue, mais le corps éprouvant ce qui était une suite de sa nature : ainsi il a permis à ses larmes de couler. On pleure lorsque les concavités du cerveau étant remplies de vapeurs que la tristesse a condensées, ces vapeurs se déchargent par les yeux comme par des espèces de canaux. De-là ces tintements, ces vertiges, ces éblouissements, lorsqu'on est frappé par quelque nouvelle désagréable qu'on n'attendait pas. La tête tourne par la force des vapeurs qu’élève en haut la chaleur qui se resserre. Ensuite ces vapeurs épaissies se distillent en larmes, comme l’air condensé se résout en pluie. De-là ceux qui sont dans la tristesse ont quelque plaisir à pleurer, parce que les pleurs déchargent la tête qui est appesantie. L'expérience confirme ce que nous disons. On a vu des personnes accablées des plus affreuses disgrâces, tomber dans des affections apoplectiques et paralytiques, parce qu'elles s'étaient opiniâtrées à retenir leurs larmes. On en a vu d'autres expirer et succomber sous leur chagrin, parce que leurs forces étaient dépourvues de ce faible appui. La flamme s'étouffe dans sa propre fumée, lorsque cette fumée n'ayant point d’issue pour sortir roule sur elle-même : ainsi l'on prétend qu'une douleur trop violente affaiblit et éteint les facultés vitales, lorsque cette douleur ne saurait s'exhaler au dehors. Ceux donc qui s abandonnent à la tristesse et aux larmes ne doivent pas s'autoriser de l'exemple du Seigneur. Les nourritures qu'il a prises ne sont pas une raison pour rechercher des mets délicats, mais plutôt une règle suprême de tempérance et de frugalité. De même les larmes qu'il a répandues ne nous imposent pas l’obligation de pleurer, mais sont la plus belle et la plus exacte mesure suivant laquelle nous devons supporter les maux avec dignité et décence, en nous tenant dans les bornes de la nature.


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Dernière mise à jour : 6/04/2009