[9] Οὔτε οὖν γυναιξὶν, οὔτε ἀνδράσιν ἐπιτέτραπται τὸ
φιλοπενθὲς καὶ πολύδακρυ, ἀλλ´ ὅσον ἐπιστυγνάσαι
τοῖς λυπηροῖς καὶ μικρόν τι δάκρυον ἀποστάξαι, καὶ
τοῦτο ἡσυχῆ, μὴ ἀναβρυχώμενον μηδὲ ὀλολύζοντα,
μηδὲ καταῤῥηγνύντα χιτῶνα, ἢ κόνιν καταχεόμενον,
μηδ´ ἄλλο τι τοιοῦτον ἀσχημονοῦντα τῶν ἐπιτηδευομένων
παρὰ τῶν ἀπαιδεύτως ἐχόντων πρὸς τὰ οὐράνια.
Δεῖ γὰρ τὸν κεκαθαρμένον τῷ θείῳ διδασκαλίῳ, οἷον
ὀχυρῷ τινι τειχίῳ τῷ ὀρθῷ λόγῳ πεφράχθαι, καὶ ἀνδρείως
καὶ καρτερῶς τὰς τῶν τοιούτων παθῶν προσβολὰς
ἀπαμύνασθαι· καὶ μὴ καθάπερ εἴς τι χωρίον
(p. 232) ὑποκαθήμενον, τῷ ταπεινῷ καὶ ὑπείκοντι τῆς
ψυχῆς, τὸν τῶν παθῶν ὄχλον ἐπιῤῥέοντα δέχεσθαι.
Ἀνάνδρου γὰρ ψυχῆς, καὶ οὐδένα τόνον ἐκ τῆς ἐπὶ
Θεὸν ἐλπίδος ἐχούσης, τὸ σφοδρῶς καταῤῥήγνυσθαι
καὶ ὑποπίπτειν τοῖς λυπηροῖς. Ὥσπερ γὰρ οἱ σκώληκες
τοῖς ἁπαλωτέροις τῶν ξύλων ἐντίκτονται μάλιστα,
οὕτως αἱ λῦπαι τοῖς μαλακωτέροις ἤθεσι τῶν
ἀνθρώπων ἐμφύονται. Μὴ γὰρ ἀδαμάντινος ἦν ὁ Ἰὼβ
τὴν καρδίαν; μὴ γὰρ ἐκ λίθου ἦν αὐτῷ πεποιημένα τὰ σπλάγχνα;
Ἔπεσον αὐτῷ δέκα παῖδες ἐν
βραχείᾳ καιροῦ ῥοπῇ, μιᾷ πληγῇ συντριβέντες ἐν
τῷ οἴκῳ τῆς θυμηδίας, ἐν τῷ καιρῷ τῆς ἀπολαύσεως,
ἐπικατασείσαντος αὐτοῖς τοῦ διαβόλου τὸ οἴκημα. Εἶδε
τράπεζαν αἵματι μεμιγμένην· εἶδε παῖδας διαφόρως
μὲν κατὰ τὸν χρόνον ἀποτεχθέντας, κοινῇ δὲ
ὑπελθόντας τοῦ βίου τὸ τέλος. Οὐκ ᾤμωξεν, οὐ κατετίλατο κόμην,
οὐκ ἀφῆκέ τινα φωνὴν ἀγενῆ, ἀλλὰ τὴν
ἀοίδιμον ἐκείνην καὶ παρὰ πᾶσιν ἀνυμνουμένην εὐχαριστίαν
ἀπεφθέγξατο· Ὁ Κύριος ἔδωκεν, ὁ
Κύριος ἀφείλετο· ὡς τῷ Κυρίῳ ἔδοξεν, οὕτω καὶ
ἐγένετο· εἴη τὸ ὄνομα Κυρίου εὐλογημένον. Μὴ
ἀσυμπαθὴς ὁ ἄνθρωπος; Καὶ πῶς; ὅς γε περὶ ἑαυτοῦ
λέγει· Ἐγὼ ἔκλαυσα ἐπὶ παντὶ θλιβομένῳ.
Ἀλλ´ ἆρα μὴ ἐψεύδετο ταῦτα λέγων; Καὶ μὴν μαρτυρεῖ αὐτῷ
ἡ ἀλήθεια, ὅτι πρὸς ταῖς λοιπαῖς ἀρεταῖς
καὶ ἀληθινὸς ἦν· Ἄνθρωπος γὰρ, φησὶν, ἄμεμπτος,
δίκαιος, θεοσεβὴς, ἀληθινός. Σὺ δὲ ᾠδαῖς τισι
πρὸς τὸ κατηφὲς πεποιημέναις παραθρηνεῖς, καὶ μέλεσι
γοεροῖς ἐκτήκειν σεαυτοῦ τὴν ψυχὴν ἐπιτηδεύεις·
καὶ ὥσπερ τῶν τραγῳδῶν ἴδιόν ἐστι τὸ ἀνάπλασμα
καὶ ἡ σκευὴ μεθ´ ἧς τὰ θέατρα καταλαμβάνουσιν·
οὕτως οἴει προσήκειν καὶ τῷ πενθοῦντι πρέπον εἶναι
σχῆμα, μέλαν ἱμάτιον, καὶ αὐχμηρὰν κόμην, καὶ
σκότος ἐν οἰκίᾳ, καὶ ῥύπον, καὶ κόνιν, καὶ μέλος
στυγνὸν, ἀεὶ νεαρὸν τῆς λύπης τὸ τραῦμα τῇ ψυχῇ
διασῶζον. Κατάλιπε ταῦτα ποιεῖν τοῖς μὴ ἔχουσιν ἐλπίδα.
Σὺ δὲ ἐδιδάχθης περὶ τῶν ἐν Χριστῷ
κοιμηθέντων, ὅτι Σπείρεται ἐν φθορᾷ, ἐγείρεται ἐν
ἀφθαρσίᾳ· σπείρεται ἐν ἀσθενείᾳ, ἐγείρεται ἐν
δυνάμει· σπείρεται σῶμα ψυχικὸν, ἐγείρεται
(p. 233) σῶμα πνευματικόν. Τί οὖν κλαίεις τὸν ἐξελθόντα
μεταμφιάσασθαι; Μήτε σεαυτὸν θρήνει ὡς
βοηθοῦ τινος πρὸς τὸν βίον στερούμενος· Ἀγαθὸν
γὰρ, φησὶν, ἐλπίζειν ἐπὶ Κύριον, ἢ ἐλπίζειν ἐπ´
ἄνθρωπον. Μήτε ἐκεῖνον ὀδύρου, ὡς δεινὰ πεπονθότα.
Μικρὸν γὰρ ὕστερον. ἡ ἐξ οὐρανῶν σάλπιγξ αὐτὸν
διυπνίσει, καὶ ὄψει αὐτὸν παριστάμενον τῷ βήματι τοῦ Χριστοῦ.
| [9] ll n'est donc permis ni aux femmes, ni aux hommes, de se livrer aux lamentations
et aux pleurs : on ne leur défend pas néanmoins de s'affliger dans leurs peines, ni
même de verser quelques larmes, pourvu qu’ils le fassent doucement, sans éclats et
sans cris, sans déchirer leurs vêtements, sans se rouler dans la poussière, sans se
jeter dans toutes les extravagances que se permettent ceux qui ignorent les choses
célestes. Quiconque est épuré par les instructions divines doit se fortifier par la droite
raison comme par un mur solide, repousser avec courage les attaques de ces douleurs
immodérées et trop humaines, craindre qu'elles ne viennent assaillir l’âme faible et
abattue comme sur un penchant où elles la précipiteraient sans peine. C’est une
marque de faiblesse et de peu de confiance en Dieu de se laisser vaincre par les maux
et de succomber à l'adversité. La tristesse s'empare des âmes molles comme les vers
naissent surtout dans les bois tendres. Job avait-il un coeur de diamant, ses entrailles
étaient-elles de pierre? il perdit en un instant dix enfants, qui furent écrasés d'un seul
coup dans une maison oit ils célébraient un festin, et que le démon fit écrouler sur
eux. Ce père infortuné vit la table teinte du sang de ses enfants malheureux; il vit ces
enfants nés à différentes époques subir à la fois le même sort. Il ne se lamenta point,
il ne s’arracha point les cheveux, il ne proféra aucune parole qui marquât de la
faiblesse et de la lâcheté; mais il fit entendre ces actions de grâces si célèbres et si
connues: Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l’a ôté, il est arrivé ce qui a plu
au Seigneur; que le nom du Seigneur soit béni (Job. 1. 21). Job était-il insensible?
non, sans doute; il disait de lui-même: J'ai pleuré sur tous ceux qui étaient dans
l'affliction (Job. 3o. 23). Mentait-il en se rendant ce témoignage ? mais la vérité
même atteste que parmi les autres vertus il possédait l'amour de la vérité. C'était, dit
l'Ecriture, un homme irréprochable, juste, pieux, ami de la vérité (Job. 1. 1).
Pour vous, vous faites retentir l'air de chants lamentables et d'élégies qui attristent
davantage votre âme. Vous imitez les comédiens qui contrefont toute sorte de
personnages et qui accommodent leur extérieur au rôle qu'ils jouent quand ils
paraissent sur la scène. Vous voulez que la couleur de vos habits réponde à vos
sentiments ; vous paraissez vêtu de noir, avec des cheveux hérissés; votre maison est
ensevelie dans les ténèbres, mal-propre et remplie de cendre ; elle retentit de chants
lugubres propres à nourrir votre tristesse et à rouvrir votre plaie. Laissez toutes ces
folies à ceux qui n'ont point d’espérance. Vous savez ce qu'il faut croire des fidèles qui
sont endormis en Jésus-Christ; vous savez que le corps, comme une semence, est mis
en terre plein de corruption pour ressusciter incorruptible, tout difforme pour
ressusciter tout glorieux, privé de mouvement pour ressusciter plein de vigueur, tout
animal pour ressusciter tout spirituel (1 Cor. 15. 42). Pourquoi donc pleurez-vous
quelqu'un qui sort de la vie pour changer d'état? Ne vous affligez pas comme si vous
étiez privé d'un grand secours par sa perte: il vaut mieux, dit le Roi Prophète, se
confier dans le Seigneur que dans un simple homme (Ps. 117. 8). Ne vous lamentez
pas comme s'il eût souffert un grand mal: la trompette céleste le réveillera bientôt de
son sommeil (I Cor. I. 52), et vous le verrez devant le tribunal de Jésus-Christ.
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