HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur l'eucharistie

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Τίς γάρ ἐστιν ἀρετὴ, φησὶ, νυκτὸς καὶ ἡμέρας ἐν διαχύσει ψυχῆς φαιδρὸν καὶ γεγανωμένον διάγειν; Πῶς δὲ καὶ δυνατὸν κατορθωθῆναι τοῦτο, μυρίων περιισταμένων ἡμᾶς ἀβουλήτων κακῶν, ἀναγκαίαν τῇ ψυχῇ τὴν κατήφειαν ἐμποιούντων, ἐξ ὧν χαίρειν καὶ διευθυμεῖσθαι πλέον ἀδύνατον, τὸν ἀποτηγανιζόμενον μὴ ἀλγεῖν, καὶ τὸν κατακεντούμενον μὴ ὀδυνᾶσθαι; πού τις καὶ τῶν περιεστώτων ἡμᾶς ἐνταῦθα, τὴν ἀσθένειαν ταύτην τῶν λογισμῶν (p. 220) ἀῤῥωστῶν, προφασίζεται προφάσεις ἐν ἁμαρτίαις, ὃς διὰ τὸ περὶ τὴν τήρησιν τῶν ἐντολῶν ὀκνηρὸν τῷ νομοθέτῃ περιτρέπειν τὰς μέμψεις ἐπιχειρεῖ, ὡς ἀδύνατα διορίζοντι. Καί φησι· Πῶς δυνατόν μοι πάντοτε χαίρειν, τῶν αἰτιῶν τῆς χαρᾶς οὐκ ἐπ´ ἐμοὶ κειμένων; Ἔξωθεν γάρ ἐστι τὰ ποιητικὰ τοῦ χαίρειν, καὶ οὐκ ἐν ἡμῖν ἀποκείμενα· φίλου παρουσία, γονέων χρονία συντυχία, χρημάτων εὑρέσεις, τιμαὶ παρὰ τῶν ἀνθρώπων, πρὸς ὑγείαν ἐκ χαλεπῆς ἀῤῥωστίας ἀποκατάστασις, λοιπὴ τοῦ βίου εὐημερία· οἶκος εὐθηνῶν διὰ πάντων, τράπεζα πλήθουσα, κοινωνοὶ τῆς εὐφροσύνης οἱ ἐπιτήδειοι, ἀκούσματα καὶ θεάματα ἡδονὴν φέροντα, ὑγεία τῶν οἰκειοτάτων, καὶ λοιπὴ αὐτοῖς τοῦ βίου εὔροια. Λυπηρὰ γὰρ οὐ τὰ ἡμῖν προσπίπτοντα μόνον τῶν ἀλγεινῶν, ἀλλὰ καὶ τὰ φίλους καὶ συγγενεῖς ἀνιῶντα. Ὥστε ἐκ πάντων τούτων ἀνάγκη ἀθροίζεσθαι τὸ περιχαρὲς καὶ εὔθυμον τῆς ψυχῆς. Καὶ πρὸς τούτοις, ὅταν ὁρᾷν ὑπάρχῃ ἐχθρῶν καταπτώσεις, ἐπιβούλων πληγὰς, εὐεργετῶν ἀμοιβὰς, καὶ ἁπαξαπλῶς ἐὰν μήτε παρόν τι τῶν δυσκόλων, μήτε προσδοκώμενον ὅλως τὴν ζωὴν ἡμῶν ἐπιταράσσῃ· τότε δυνατὸν ἐγγίνεσθαι τῇ ψυχῇ τὴν χαράν. Πῶς οὖν πρόσταγμα ἡμῖν δέδοται τὸ μὴ ἐκ προαιρέσεως κατορθούμενον, ἀλλ´ ἐπακολούθημα ἑτέρων προηγουμένων ὑπάρχον; Πῶς δὲ καὶ ἀδιαλείπτως προσεύξομαι, τῶν τοῦ σώματος χρειῶν ἀναγκαίως τὴν ἔννοιαν τῆς ψυχῆς περιστρεφουσῶν πρὸς ἑαυτὰς, ἀδυνάτου ὄντος κατὰ ταυτὸν πρὸς δύο μερίμνας τὴν διάνοιαν κατατέμνεσθαι; Ἀλλὰ καὶ ἐν παντί μοι εὐχαριστεῖν διατέτακται. Εὐχαριστήσω στρεβλούμενος, αἰκιζόμενος, ἐπὶ τροχοῦ κατατεινόμενος, τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐκκοπτόμενος; Εὐχαριστήσω τυπτόμενος τὴν ἄτιμον πληγὴν παρὰ τοῦ μισοῦντος; πηγνύμενος ὑπὸ τοῦ κρύους, λιμῷ καταγχόμενος, ἐπὶ τοῦ ξύλου δεδεμένος, ἀτεκνωθεὶς ἀθρόως, καὶ τῆς γυναικὸς αὐτῆς ἐστερημένος; ἐκ ναυαγίων ἐξαίφνης ἐκπεσὼν εὐπορίας; πειραταῖς κατὰ θάλασσαν, λῃσταῖς κατ´ ἤπειρον περιτυχών; τραύματα ἔχων, συκοφαντούμενος, ἀλητεύων, τὸ δεσμωτήριον οἰκῶν; Ταῦτα καὶ ἔτι πλείω τούτων, κατηγοροῦντες τοῦ νομοθέτου, συνείρουσιν, ἀπολογίαν τῶν ἁμαρτημάτων ἑαυτοῖς εὐτρεπίζειν ἡγούμενοι τὴν ἐπὶ τοῖς διατεταγμένοις ἡμῖν, ὡς ἀδυνάτοις, διαβολήν. [2] Quelle est cette vertu, disent-ils, de livrer son âme jour et nuit à la joie et au contentement ? est-il possible d'ailleurs d'y parvenir au milieu de cette foule de maux imprévus dont nous sommes sans cesse assaillis, qui attristent nécessairement l’âme, et qui font qu’il est plus impossible d'être joyeux et satisfait, que de ne pas sentir de douleur lorsqu'on est plongé dans une chaudière bouillante, ou qu'on est percé de la pointe d'une épée. Parmi ceux qui nous écoutent maintenant, il est peut-être quelqu'un qui raisonne de la sorte, et qui, pour excuser sa lâcheté à observer les préceptes, reproche au législateur qu'il ordonne des choses impossibles. Puis-je, dit-il, goûter une joie perpétuelle, lorsque les sujets de me réjouir ne dépendent pas de moi ? Ce qui cause de la joie est hors de nous et ne dépend pas de nous : la présence d'un ami, un long commerce avec ceux de qui nous tenons le jour, des richesses qu'on acquiert, des honneurs qu'on reçoit, le passage d'une maladie dangereuse à la santé, une maison qui regorge de biens, une table chargée de mets délicats, des amis qui partagent notre satisfaction, des paroles et des spectacles agréables, la santé des personnes qui nous touchent le plus près, en un mot, toutes les prospérités et tous les bonheurs de la vie. Non seulement les choses fâcheuses qui nous arrivent à nous-mêmes nous chagrinent, nous sentons encore les disgrâces de nos amis et de nos proches. Ainsi la joie et le contentement de l’âme résultent du concours de tous ces objets. Outre cela, si nous voyons la chute de nos ennemis, des accidents arrivés à ceux qui nous ont fait du mal, les succès de ceux qui nous ont obligés, enfin si nous n'éprouvons ni ne craignons aucun des maux qui troublent notre vie, c'est alors que notre âme pourra être dans la joie. Comment donc nous donne-t-on un précepte qui ne dépend pas de nous, mais de causes étrangères ? Comment, aussi prierai-je sans cesse, lorsque les nécessités corporelles causent à l’âme une infinité de distractions, et l'occupent tellement qu'il lui est impossible, vu les bornes de sa nature, de se livrer à d'autres soins ? Il m'est encore ordonné de rendre grâces à Dieu en toutes choses. Lui rendrai-je donc grâces étant mis à la torture, déchiré de coups de fouet, étendu sur la roue, attaché au chevalet, les yeux arrachés, diffamé par un ennemi, mourant de froid et de faim, privé tout-à-coup de mes enfants ou de ma femme, ruiné subitement par un naufrage, tombé entre les mains des voleurs ou des pirates, couvert de blessures, noirci de calomnies, menant une vie errante ou languissant dans une prison ? Voilà, sans parler de beaucoup d'autres, les reproches qu'on fait au législateur; voilà comment on croit excuser ses fautes, en décriant les préceptes comme impossibles.


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Dernière mise à jour : 6/04/2009