[9] Πάλιν δυσγενής τις εἶ καὶ ἄδοξος, πτωχὸς ἐκ πτωχῶν, ἀνέστιος,
ἄπολις, ἀσθενής, τῶν ἐφ´ ἡμέραν ἐνδεής, τρέμων τὰς δυναστείας, πάντας
(p. 33) ὑποπτήσσων διὰ ταπεινότητα βίου; Πτωχὸς γάρ, φησίν, οὐχ ὑφίσταται
ἀπειλήν. Μὴ τοίνυν ἀπογνῷς σεαυτοῦ, μηδ´, ὅτι οὐδὲν ζηλωτὸν ἐν τῷ παρόντι σοι πρόσεστι, πᾶσαν ἀγαθὴν ἀπορρίψῃς ἐλπίδα· ἀλλ´ ἀνάγαγε σεαυτοῦ
τὴν ψυχὴν πρός τε τὰ ἤδη ὑπηργμένα σοι παρὰ θεοῦ ἀγαθά, καὶ πρὸς τὰ δι´
ἐπαγγελίας εἰς ὕστερον ἀποκείμενα. Πρῶτον μὲν οὖν, ἄνθρωπος εἶ, μόνον
τῶν ζῴων θεόπλαστον. Ἆρ´ οὐκ ἐξαρκεῖ τοῦτο σωφρόνως λογιζομένῳ πρὸς
εὐθυμίαν τὴν ἀνωτάτω, τὸ ὑπ´ αὐτῶν τῶν χειρῶν τοῦ θεοῦ τοῦ τὰ πάντα
συστησαμένου διαπλασθῆναι; ἔπειθ´ ὅτι κατ´ εἰκόνα γεγενημένος τοῦ κτίσαντος, δύνασαι πρὸς τὴν τῶν ἀγγέλων ὁμοτιμίαν δι´ ἀγαθῆς πολιτείας ἀναδραμεῖν;
Ψυχὴν ἔλαβες νοεράν, δι´ ἧς θεὸν περινοεῖς, τῶν ὄντων τὴν φύσιν
λογισμῷ καθορᾷς, σοφίας δρέπῃ καρπὸν τὸν ἥδιστον. Πάντα μέν σοι τὰ
χερσαῖα ζῷα, ἥμερά τε καὶ ἄγρια, πάντα δὲ τὰ ἐν ὕδασι διαιτώμενα, καὶ
ὅσα τὸν ἀέρα διαπέταται τοῦτον, δοῦλά ἐστι καὶ ὑποχείρια. Οὐ σὺ μέντοι
τέχνας ἐξεῦρες, καὶ πόλεις συνεστήσω, καὶ ὅσα ἀναγκαῖα καὶ ὅσα πρὸς
τρυφὴν ἐπενόησας; Οὐ βάσιμά σοι τὰ πελάγη διὰ τὸν λόγον; Οὐ γῆ τε καὶ
θάλαττα ὑπηρετεῖ τῷ βίῳ τῷ σῷ; Οὐκ ἀὴρ καὶ οὐρανὸς καὶ ἀστέρων χορεῖαι
σοὶ τὴν ἑαυτῶν ἐπιδείκνυνται τάξιν; Τί οὖν μικροψυχεῖς, ὅτι ἵππος σοι οὐκ
ἔστιν ἀργυροχάλινος; Ἀλλ´ ἥλιον ἔχεις ὀξυτάτῳ δρόμῳ διὰ πάσης ἡμέρας
δᾳδουχοῦντά σοι τὴν λαμπάδα. Οὐκ ἔχεις ἀργύρου καὶ χρυσοῦ λαμπηδόνας,
ἀλλὰ σελήνην ἔχεις μυρίῳ σε τῷ παρ´ ἑαυτῆς φωτὶ περιλάμπουσαν. Οὐκ
ἐπιβέβηκας ἁρμάτων χρυσοκολλήτων, ἀλλὰ πόδας ἔχεις οἰκεῖον ὄχημα καὶ
(p. 34) συμφυὲς σεαυτῷ. Τί οὖν μακαρίζεις τοὺς τὸ ἁδρὸν βαλάντιον κεκτημένους,
καὶ ἀλλοτρίων ποδῶν εἰς τὴν μετάβασιν δεομένους; Οὐ καθεύδεις ἐπὶ κλίνης
ἐλεφαντίνης, ἀλλ´ ἔχεις τὴν γῆν πολλῶν ἐλεφάντων τιμιωτέραν, καὶ γλυκεῖαν
ἐπ´ αὐτῆς τὴν ἀνάπαυσιν, ταχὺν τὸν ὕπνον καὶ μερίμνης ἀπηλλαγμένον.
Οὐ κατάκεισαι ὑπὸ χρυσοῦν ὄροφον, ἀλλ´ οὐρανὸν ἔχεις τοῖς ἀρρήτοις τῶν
ἀστέρων κάλλεσι περιστίλβοντα. Ταῦτα μὲν δὴ τὰ ἀνθρώπινα· τὰ δὲ ἔτι,
μείζω. Διὰ σὲ θεὸς ἐν ἀνθρώποις, πνεύματος ἁγίου διανομή, θανάτου κατάλυσις, ἀναστάσεως ἐλπίς, θεῖα προστάγματα τελειοῦντά σου τὴν ζωήν,
πορεία πρὸς θεὸν διὰ τῶν ἐντολῶν, βασιλεία τῶν οὐρανῶν εὐτρεπής, στέφανοι
δικαιοσύνης ἕτοιμοι τοὺς ὑπὲρ τῆς ἀρετῆς πόνους μὴ ἀποδράντι.
| [9] Vous êtes d'une naissance obscure, pauvre et né de parents pauvres,
sans force, sans ville, sans maison, manquant du plus étroit
nécessaire, tremblant devant la puissance, exposé par votre indigence à mille insultes :
l’indigent, dit le sage, ne peut résister aux menaces (Prov. 13. 8) ; ne vous
découragez point pour cela ; et parce que tout vous manque dans le moment, ne
perdez point toute espérance. Rappelez en votre mémoire les biens que vous avez
déjà reçus du Seigneur, ceux qu'il vous promet et qu'il vous réserve pour la suite.
Vous êtes homme, le seul des êtres vivants qui ait été formé de la main de Dieu
même, de la main du Créateur de l'univers. Ce privilège, si vous pensez sagement, ne
suffit-il pas pour vous remplir de joie et de confiance ? Faits à l'image de celui qui vous
a créé, vous pouvez, par vos vertus, vous élever jusqu'à la dignité des anges. Vous
avez été doué d'une âme intelligente, par laquelle vous pouvez connaître Dieu,
raisonner sur la nature des êtres, cueillir les fruits agréables de la science.
Tous les animaux terrestres, sauvages et domestiques, tous ceux qui vivent sous les eaux ou
qui volent dans l'air, vous sont soumis et assujettis. N'est-ce pas vous qui avez
inventé les arts, fondé des villes, imaginé tout ce qui peut servir à la commodité et
aux plaisirs de la vie ? ne pouvez-vous point, grâce à votre raison, traverser les
plaines liquides ? la terre et la mer ne fournissent-elles pas à votre subsistance ? Le
ciel et les chœurs des astres n'étalent-ils pas à vos regards leurs beautés et leur ordre
admirable ? Pourquoi donc vous affliger, parce que vous n'avez pas un cheval avec un
frein d'or ? vous avez le soleil qui, pendant tout le jour, fournit sa course rapide, et
porte devant vous le flambeau. L'or et l'argent ne brillent pas dans votre maison mais
vous avez la lune qui, pendant la nuit, vous prodigue la lumière. Vous n'êtes pas
traîné dans des chars tout éclatants d'or ? mais vous avez des pieds fermes, voiture
naturelle qui est née avec vous. Pourquoi donc porter envie à ceux chez qui l’argent
regorge, et qui ont besoin de pieds étrangers pour se transporter d'un lieu à un autre ?
Vous ne reposez pas sur un lit d'ivoire ? mais vous avez la terre plus précieuse que
l’ivoire, sur laquelle vous pouvez vous étendre, et, libre d'inquiétude, y goûter à
l'instant les douceurs d'un sommeil agréable. Vous n'êtes pas à couvert sous des
lambris dorés? mais vous avez le ciel tout brillant d'une infinité d'étoiles qui le décorent.
Tels sont vos avantages humains ; en voici d'un ordre supérieur : un Dieu
fait homme pour vous, l’effusion des grâces de l'Esprit-Saint, la destruction de
l'empire de la mort, l'espérance de la résurrection, les préceptes divins qui
perfectionnent votre vie, la faculté d'aller à Dieu par l'observance des
commandements, le royaume des cieux et les couronnes de justice réservés à
quiconque ne fuit pas les peines attachées à la pratique de la vertu. Si vous êtes
attentif sur vous-même, vous trouverez en vous ces avantages, et de plus grands
encore. Vous jouirez avec reconnaissez ce de ce que vous avez, sans vous attrister de
ce que vous n’avez pas.
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