[8] Πρόσεχε σεαυτῷ.
Τοῦτό σοι τὸ ῥῆμα, καὶ λαμπρῶς εὐημεροῦντί ποτε, καὶ παντὸς τοῦ βίου κατὰ
ῥοῦν φερομένου, χρησίμως παραστήσεται, ὥσπερ τις ἀγαθὸς σύμβουλος
ὑπόμνησιν φέρων τῶν ἀνθρωπίνων. Καὶ μέντοι καὶ ὑπὸ περιστάσεων πιεζομένῳ,
ἐν καιρῷ ἂν γένοιτο τῇ καρδίᾳ κατεπᾳδόμενον, ὡς μήτε τύφῳ πρὸς
ἀλαζονείαν ὑπέρογκον ἐπαρθῆναι, μήτε ἀπογνώσει πρὸς ἀγεννῆ δυσθυμίαν
καταπεσεῖν. Πλούτῳ κομᾷς; καὶ ἐπὶ προγόνοις μέγα φρονεῖς; καὶ ἐπαγάλλῃ
πατρίδι καὶ κάλλει σώματος καὶ ταῖς παρὰ πάντων τιμαῖς; Πρόσεχε σεαυτῷ,
ὅτι θνητὸς εἶ, ὅτι γῆ εἶ, καὶ εἰς γῆν ἀπελεύσῃ. Περίβλεψαι τοὺς πρὸ σοῦ ἐν
ταῖς ὁμοίαις περιφανείαις ἐξετασθέντας. Ποῦ οἱ τὰς πολιτικὰς δυναστείας
περιβεβλημένοι; ποῦ οἱ δυσμαχώτατοι ῥήτορες; ποῦ οἱ τὰς πανηγύρεις
διατιθέντες, οἱ λαμπροὶ ἱπποτρόφοι, οἱ στρατηγοί, οἱ σατράπαι, οἱ τύραννοι;
Οὐ πάντα κόνις; οὐ πάντα μῦθος; Οὐκ ἐν ὀλίγοις ὀστέοις τὰ μνημόσυνα τῆς
ζωῆς αὐτῶν; Ἔγκυψον τοῖς τάφοις, εἰ δυνήσῃ διακρῖναι, τίς ὁ οἰκέτης
καὶ τίς ὁ δεσπότης, τίς ὁ πτωχὸς καὶ τίς ὁ πλούσιος. Διάκρινον, εἴ τίς σοι
δύναμις, τὸν δέσμιον ἀπὸ τοῦ βασιλέως, τὸν ἰσχυρὸν ἀπὸ τοῦ ἀσθενοῦς, τὸν
εὐπρεπῆ ἀπὸ τοῦ δυσειδοῦς. Μεμνημένος οὖν τῆς φύσεως οὐκ ἐπαρθήσῃ ποτέ.
Μεμνήσῃ δὲ σαυτοῦ, ἐὰν προσέχῃς σεαυτῷ.
| [8] Prenez donc garde à vous. Si vous jouissez d'une prospérité brillante, et que tout
vous réussisse selon vos désirs, cette parole sera près de vous comme un utile et
excellent conseiller, pour vous faire souvenir de l'inconstance des choses humaines. Si
vous vous trouvez accablé de malheurs, c'est un remède aussi efficace contre
l'abattement et le désespoir, que contre l’orgueil et l'arrogance. L'étendue des
richesses, l'éclat du nom, la splendeur de la patrie, la beauté du corps, les honneurs
accordés de toutes parts, vous inspirent-ils de la présomption et de la fierté, prenez
garde à vous ; songez que vous êtes poussière, et que vous vous en retournerez en
poussière. Considérez ceux qui, avant vous, ont été comblés des mêmes avantages.
Que sont devenus ces hommes si puissants dans leurs villes, ces orateurs dont
l'éloquence était invincible, et qui fixaient l'attention des grandes assemblées ? que
sont devenus ces citoyens qui entretenaient des coursiers superbes, ces généraux, ces
satrapes, ces rois et ces princes ? tout cela n’est qu'une vile poussière, tout cela n'est
qu'une fable : de toute cette vie éclatante, il ne reste que quelques ossements. Entrez
dans les sépulcres, et distinguez, si vous pouvez, l’esclave d'avec le maître, le pauvre
d'avec le riche, celui qui languissait dans une prison d’avec celui qui était assis sur un
trône, le faible d’avec le fort, le laid d'avec le beau. Souvenez-vous de votre nature, et
vous ne vous laisserez jamais enorgueillir : or vous vous souviendrez de vous-même
si vous prenez garde à vous.
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