[4] Πρόσεχε οὖν σεαυτῷ, τουτέστι· μήτε τοῖς σοῖς, μήτε τοῖς περὶ σέ,
ἀλλὰ σαυτῷ μόνῳ πρόσεχε. Ἄλλο γάρ ἐσμεν ἡμεῖς αὐτοί, καὶ ἄλλο τὰ
ἡμέτερα, καὶ ἄλλο τὰ περὶ ἡμᾶς. Ἡμεῖς μὲν οὖν ἐσμεν ἡ ψυχὴ καὶ ὁ νοῦς,
καθ´ ὃν κατ´ εἰκόνα τοῦ κτίσαντος γεγενήμεθα· ἡμέτερον δὲ τὸ σῶμα, καὶ αἱ
(p. 27) διὰ τούτου αἰσθήσεις· περὶ ἡμᾶς δὲ χρήματα, τέχναι, καὶ ἡ λοιπὴ τοῦ βίου
κατασκευή. Τί οὖν φησιν ὁ λόγος; Μὴ τῇ σαρκὶ πρόσεχε, μηδὲ τὸ ταύτης
ἀγαθὸν ἐκ παντὸς τρόπου δίωκε, ὑγείαν καὶ κάλλος καὶ ἡδονῶν ἀπολαύσεις
καὶ μακροβίωσιν· μηδὲ χρήματα καὶ δόξαν καὶ δυναστείαν θαύμαζε· μηδ´ ὅσα
σου τῆς προσκαίρου ζωῆς τὴν ὑπηρεσίαν πληροῖ, ταῦτα μεγάλα νομίσας,
τῇ περὶ ταῦτα σπουδῇ τῆς προηγουμένης σαυτοῦ ζωῆς καταμέλει· ἀλλὰ
πρόσεχε σεαυτῷ, τουτέστι· τῇ ψυχῇ σου. Ταύτην κατακόσμει, καὶ ταύτης
ἐπιμελοῦ, ὥστε πάντα μὲν τὸν ἐκ πονηρίας ἐπιγινόμενον αὐτῇ ῥύπον ἀποικονομεῖσθαι διὰ τῆς προσοχῆς, πᾶν δὲ τὸ ἀπὸ κακίας αἶσχος ἀποκαθαίρεσθαι, παντὶ δὲ τῷ ἐξ ἀρετῆς κάλλει κατακοσμεῖν αὐτὴν καὶ φαιδρύνειν.
Ἐξέτασον σεαυτὸν τίς εἶ, γνῶθι σεαυτοῦ τὴν φύσιν· ὅτι θνητὸν μέν σου τὸ
σῶμα, ἀθάνατος δὲ ἡ ψυχή, καὶ ὅτι διπλῆ τίς ἐστιν ἡμῶν ἡ ζωή· ἡ μὲν
οἰκεία τῇ σαρκί, ταχὺ παρερχομένη, ἡ δὲ συγγενὴς τῇ ψυχῇ, μὴ δεχομένη
περιγραφήν. Πρόσεχε οὖν σεαυτῷ, μήτε τοῖς θνητοῖς ὡς ἀιδίοις ἐναπομείνῃς,
μήτε τῶν ἀιδίων ὡς παρερχομένων καταφρονήσῃς. Ὑπερόρα
σαρκός, παρέρχεται γάρ· ἐπιμελοῦ ψυχῆς, πράγματος ἀθανάτου. Ἐπίστηθι
μετὰ πάσης ἀκριβείας σαυτῷ, ἵνα εἰδῇς ἑκατέρῳ διανέμειν τὸ πρόσφορον,
(p. 28) σαρκὶ μὲν διατροφὰς καὶ σκεπάσματα, ψυχῇ δὲ δόγματα εὐσεβείας, ἀγωγὴν
ἀστείαν, ἀρετῆς ἄσκησιν, παθῶν ἐπανόρθωσιν· μὴ ὑπερπιαίνειν τὸ σῶμα,
μηδὲ περὶ τὸν ὄχλον τῶν σαρκῶν ἐσπουδακέναι. Ἐπειδὴ γὰρ Ἐπιθυμεῖ ἡ
σὰρξ κατὰ τοῦ πνεύματος, τὸ δὲ πνεῦμα κατὰ τῆς σαρκός, ταῦτα δὲ ἀλλήλοις ἀντίκεινται, ὅρα μή ποτε, προσθέμενος τῇ σαρκί, πολλὴν παράσχῃ τὴν
δυναστείαν τῷ χείρονι. Ὥσπερ γὰρ ἐν ταῖς ῥοπαῖς τῶν ζυγῶν, ἐὰν μίαν
καταβαρύνῃς πλάστιγγα, κουφοτέραν πάντως τὴν ἀντικειμένην ποιήσεις·
οὕτω καὶ ἐπὶ σώματος καὶ ψυχῆς, ὁ τοῦ ἑτέρου πλεονασμὸς ἀναγκαίαν
ποιεῖται τὴν ἐλάττωσιν τοῦ ἑτέρου. Σώματος μὲν γὰρ εὐπαθοῦντος καὶ
πολυσαρκίᾳ βαρυνομένου, ἀνάγκη ἀδρανῆ καὶ ἄτονον εἶναι πρὸς τὰς οἰκείας
ἐνεργείας τὸν νοῦν· ψυχῆς δὲ εὐεκτούσης καὶ διὰ τῆς τῶν ἀγαθῶν μελέτης
πρὸς τὸ οἰκεῖον μέγεθος ὑψουμένης, ἑπόμενόν ἐστι τὴν τοῦ σώματος ἕξιν
καταμαραίνεσθαι.
Τὸ αὐτὸ δὲ τοῦτο παράγγελμα καὶ ἀσθενοῦσι χρήσιμον καὶ ἐρρωμένοις
ἁρμοδιώτατον. Ἐν μέν γε ταῖς ἀσθενείαις οἱ ἰατροὶ τοῖς κάμνουσι παρεγγυῶσι προσέχειν αὐτοὺς ἑαυτοῖς, καὶ μηδενὸς τῶν εἰς θεραπείαν ἡκόντων καταμελεῖν. Ὁμοίως καὶ ὁ ἰατρὸς τῶν ψυχῶν ἡμῶν λόγος τὴν ὑπὸ τῆς ἁμαρτίας
κεκακωμένην ψυχὴν διὰ τοῦ μικροῦ τούτου βοηθήματος ἐξιᾶται. Πρόσεχε
οὖν σεαυτῷ, ἵνα κατὰ ἀναλογίαν τοῦ πλημμελήματος καὶ τὴν ἐκ τῆς θεραπείας
βοήθειαν καταδέχῃ. Μέγα καὶ χαλεπὸν τὸ ἁμάρτημα· πολλῆς σοι χρεία
τῆς ἐξομολογήσεως, δακρύων πικρῶν, συντόνου τῆς ἀγρυπνίας, ἀδιαλείπτου
νηστείας. Κοῦφον καὶ φορητὸν τὸ παράπτωμα· ἐξισαζέσθω καὶ ἡ μετάνοια.
Μόνον πρόσεχε σεαυτῷ, ἵνα γνωρίζῃς ψυχῆς εὐρωστίαν καὶ νόσον. Πολλοὶ
γὰρ ὑπὸ τῆς ἄγαν ἀπροσεξίας μεγάλα καὶ ἀνίατα νοσοῦντες, οὐδὲ αὐτὸ
(p. 29) τοῦτο ἴσασιν ὅτι νοσοῦσιν. Μέγα δὲ τὸ ἐκ τοῦ παραγγέλματος ὄφελος καὶ
τοῖς ἐρρωμένοις περὶ τὰς πράξεις· ὥστε τὸ αὐτὸ καὶ νοσοῦντας ἰᾶται, καὶ
ὑγιαίνοντας τελειοῖ.
| [4] Prenez garde à vous, c'est-à-dire, prenez garde à vous seul, et non à ce qui est à
vous ; car nous sommes bien distingués de ce qui est à nous ou autour de nous.
L'âme et l'intelligence, voilà ce qui est nous, et c'est par-là que nous avons été faits à
l'image du Créateur. Le corps et les sens corporels sont à nous. Autour de nous sont
les richesses, les arts, toutes les commodités de la vie. Quel est donc le sens de
l'Écriture ne prenez point garde à la chair, ne recherchez point avec empressement ce
qui lui est agréable, la santé, la beauté, la jouissance des plaisirs, une longue vie. Ne
soyez pas ébloui par les richesses, par la gloire, par la puissance ; n'ayez pas une
assez grande idée de tout ce qui contribue au bonheur d’une vie passagère, pour y
donner tous vos soins et négliger ce qui concerne votre vie principale. Prenez garde à
vous, c'est-à-dire, prenez garde à votre vie. Parez-la, prenez soin d'elle, ayez
attention à la nettoyer de toutes les souillures et de toutes les taches du vice, à
l'embellir et à la décorer de tous les ornements de la vertu. Examinez ce que vous
êtes, connaissez votre nature, sachez que votre corps est mortel et votre âme
immortelle ; que nous avons une double vie, l'une propre à la chair, qui dure peu,
l’autre conforme à l’âme, qui ne connaît point de limites. Prenez donc garde à vous:
ne vous attachez pas aux choses mortelles, comme si elles étaient éternelles; ne
méprisez pas les éternelles, comme si elles étaient passagères. Dédaignez la chair qui
passe, ayez soin de l’âme qui est immortelle. Observez envers vous-même les règles
d’une exacte justice, pour dispenser à l’âme et au corps ce qui leur convient. Donnez
à l'un des aliments et des habits; réservez pour l'autre des maximes de piété, une
éducation honnête, la pratique de la vertu, le calme des passions violentes.
N'engraissez pas trop le corps et ne vous occupez pas avec inquiétude de nourritures
charnelles. Comme la chair et l'esprit ont des désirs contraires et qu'ils sont opposés
l'un à l'autre (Gal. 5. 17), ne vous attachez pas à la chair, et n'augmentez pas la force
de l'être inférieur. Dans les balances, si l'on charge un des bassins, on rend
nécessairement l'autre plus léger. Il en est de même de l’âme et du corps, la
puissance de l’un diminue nécessairement la puissance de l'autre. Si le corps a trop
d'embonpoint et vit dans une trop grande aisance, par une conséquence nécessaire,
l'esprit est faible et languissant dans ses opérations : au contraire, si l’âme est en bon
état, et si elle s’élève à sa grandeur naturelle par la contemplation des choses
célestes, il s'ensuit que le corps perd de son embonpoint et de sa force. Le précepte
dont nous parlons est aussi utile aux malades que parfaitement propre à ceux qui se
portent bien. Les médecins recommandent a leurs malades de prendre garde à eux-mêmes,
et de ne rien négliger de ce qui peut les conduire à la santé. Le médecin de
nos âmes, par un court précepte comme par un remède fort simple, guérit notre âme
que le péché a rendue infirme. Prenez donc garde à vous-même, et faites en sorte de
proportionner le remède à la qualité du mal. Si vous avez commis un péché grave: il
faut avoir recours à la confession, verser des larmes amères, veiller et jeûner sans
cesse. Votre offense est légère: la pénitence doit être proportionnée à l'offense.
Appliquez-vous seulement à connaître la santé et la maladie de votre âme. Plusieurs,
faute d’attention, ne savent pas même s’ils sont malades, quoiqu'ils le soient
dangereusement. Le précepte de prendre garde à soi est utile à ceux qui sont en
santé comme à ceux qui n'y sont pas : il guérit les uns et perfectionne les autres.
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