[3] Μᾶλλον δὲ ἐπ´ αὐτὴν τοῦ λόγου τὴν ἀρχὴν ἀναδράμωμεν.
Πρόσεχε, φησί, σεαυτῷ. Τῶν ζῴων ἕκαστον παρὰ τοῦ τὰ πάντα
συστησαμένου θεοῦ οἴκοθεν ἔχει τὰς ἀφορμὰς πρὸς τὴν φυλακὴν τῆς οἰκείας
συστάσεως. Καὶ εὕροις ἄν, εἰ καταμάθοις ἐπιμελῶς, τῶν ἀλόγων τὰ πλεῖστα
ἀδίδακτον ἔχοντα τὴν πρὸς τὸ βλάπτον διαβολήν, καὶ φυσικῇ τινι πάλιν
ὁλκῇ πρὸς τὴν τῶν ὠφελούντων ἀπόλαυσιν ἐπειγόμενα. Διὸ καὶ ἡμῖν ὁ
παιδεύων ἡμᾶς θεὸς τὸ μέγα τοῦτο παράγγελμα δέδωκεν, ἵνα ὅπερ ἐκείνοις
ἐκ φύσεως, τοῦτο ἡμῖν ἐκ τῆς τοῦ λόγου βοηθείας προσγένηται, καὶ ὅπερ
κατορθοῦται τοῖς ἀλόγοις ἀνεπιστάτως, τοῦτο παρ´ ἡμῶν ἐπιτελῆται διὰ τῆς
προσοχῆς καὶ τῆς συνεχοῦς τῶν λογισμῶν ἐπιστάσεως· καὶ φύλακες ὦμεν
ἀκριβεῖς τῶν παρὰ θεοῦ δεδομένων ἡμῖν ἀφορμῶν, φεύγοντες μὲν τὴν
ἁμαρτίαν, ὥσπερ τὰ ἄλογα φεύγει τῶν βρωμάτων τὰ δηλητήρια, διώκοντες
δὲ τὴν δικαιοσύνην, ὥσπερ κἀκεῖνα τῆς πόας μεταδιώκει τὸ τρόφιμον.
Πρόσεχε οὖν σεαυτῷ, ἵνα δυνατὸς ᾖς διακρίνειν τὸ βλάπτον ἀπὸ τοῦ σῴζοντος.
Ἐπειδὴ δὲ διπλοῦν τὸ προσέχειν· τὸ μέν, σωματικοῖς ὀφθαλμοῖς ἐνατενίζειν
τοῖς ὁρατοῖς, τὸ δέ, τῇ νοερᾷ τῆς ψυχῆς δυνάμει ἐπιβάλλειν τῇ
θεωρίᾳ τῶν ἀσωμάτων· ἐὰν μὲν ἐπὶ τῆς τῶν ὀφθαλμῶν ἐνεργείας κεῖσθαι
εἴπωμεν τὸ παράγγελμα, εὐθὺς αὐτοῦ τὸ ἀδύνατον ἀπελέγξομεν. Πῶς γὰρ
ἄν τις ὅλον ἑαυτὸν τῷ ὀφθαλμῷ καταλάβοι; Οὔτε γὰρ αὐτὸς ἐφ´ ἑαυτὸν ὁ
(p. 26) ὀφθαλμὸς κέχρηται τῷ ὁρᾷν, οὐ κορυφῆς ἐφικνεῖται, οὐ νῶτα οἶδεν, οὐ
πρόσωπα, οὐ τὴν ἐν τῷ βάθει τῶν σπλάγχνων διάθεσιν. Ἀσεβὲς οὖν τὸ
λέγειν ἀδύνατα εἶναι τὰ τοῦ πνεύματος παραγγέλματα. Λείπεται τοίνυν ἐπὶ
τὰς κατὰ νοῦν ἐνεργείας τοῦ προστάγματος ἐξακούειν. Πρόσεχε σεαυτῷ,
τουτέστι· πανταχόθεν σεαυτὸν περισκόπει. Ἀκοίμητον ἔχε πρὸς τὴν
σεαυτοῦ φυλακὴν τὸ τῆς ψυχῆς ὄμμα. Ἐν μέσῳ παγίδων διαβαίνεις. Κεκρυμμένοι βρόχοι παρὰ τοῦ ἐχθροῦ πολλαχόθεν καταπεπήγασιν. Πάντα οὖν
περισκόπει, Ἵνα σῴζῃ ὥσπερ δορκὰς ἐκ βρόχων καὶ ὥσπερ ὄρνεον ἐκ
παγίδος. Ἡ μὲν γὰρ δορκὰς ἀνάλωτός ἐστι τοῖς βρόχοις δι´ ὀξύτητα τῆς
ὁράσεως, ὅθεν καὶ ἐπώνυμός ἐστι τῆς οἰκείας ὀξυδορκίας· τὸ δὲ ὄρνεον
κούφῳ τῷ πτερῷ ὑψηλότερον τῆς ἐπιβουλῆς τῶν ἀγρευόντων, ὅταν προσέχῃ,
γίνεται. Ὅρα οὖν μὴ χείρων φανῇς τῶν ἀλόγων πρὸς τὴν σεαυτοῦ φυλακήν·
μή ποτε, ταῖς παγίσιν ἁλοῦς, θήραμα γένῃ τοῦ διαβόλου, ἐζωγρημένος
ὑπ´ αὐτοῦ εἰς τὸ ἐκείνου θέλημα.
| [3] Mais plutôt reprenons les premières paroles du passage: Prenez garde à vous ; le
Dieu créateur de l'univers a donné à chaque animal tout ce qui est nécessaire à sa
conservation; et pour peu qu'on y réfléchisse, on verra que la plupart des bêtes, sans
avoir eu de maîtres, savent rejeter ce qui peut leur nuire, et que, par un penchant
naturel, elles se portent à ce qui leur est utile. Ainsi Dieu, qui prend soin de nous
instruire, nous donne un précepte important, afin que ce que les animaux ont par le
seul instinct et sans aucune réflexion qui précède, nous le fassions, nous, avec le
secours de la raison et d'après une attention réfléchie; afin que nous soyons fidèles à
pratiquer les préceptes que Dieu nous donne, fuyant le péché comme les bêtes fuient
les pâturages qui leur sont funestes, et recherchant la justice comme elles
recherchent les herbes qui leur sont propres. Prenez donc garde à vous, afin que vous
puissiez discerner ce qui vous est nuisible de ce qui vous est salutaire. Il est deux
sortes d’attentions : premièrement, on se sert de ses yeux pour bien examiner les
objets visibles ; secondement, on emploie les lumières de l’esprit pour contempler les
choses spirituelles. Si le précepte qui nous ordonne de prendre garde à nous, ne
devait s'entendre qu'à ces yeux du corps, nous en conclurions aussitôt que la pratique
en est impossible. Car comment un homme se verrait-il tout entier ? L’œil ne saurait
se voir lui-même, il n'atteint pas à la tête, il ne connaît ni le dos, ni le visage, ni les
entrailles. Or ce serait ainsi impiété de dire que les préceptes de l’Esprit-Saint sont
impossibles. Il reste donc que le précepte soit entendu de l’action de l'esprit. Prenez
garde à vous, c'est-à-dire, faites de sérieuses réflexions sur vous-même; que les yeux
de votre âme ne se reposent jamais, qu’ils veillent sans cesse à votre garde. Vous
marchez au milieu des pièges (Ec. 9. 20). Votre ennemi vous dresse de tous les côtés
des embûches cachées. Examinez donc autour de vous, afin que vous soyez sauvé
comme la chèvre ou comme l'oiseau qui échappent aux filets (Prov. 6. 5). La chèvre a
le regard si perçant, qu'elle ne peut être prise dans le filet que ses yeux aperçoivent
toujours; si l'oiseau est attentif, la légèreté de ses ailes trompe l'espoir du chasseur.
Ne le cédez pas à des animaux, en attention à vous garder vous-même. Craignez
d'être pris dans les filets du démon, de devenir sa proie, et d’être mené par lui à son
gré (2 Tim. 2. 26).
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