[2] Δυσθήρατός ἐστιν ὁ τῆς ἀληθείας λόγος, ῥᾳδίως δυνάμενος ἐκφυγεῖν
τοὺς μὴ προσέχοντας, οὕτω τοῦ πνεύματος οἰκονομήσαντος συνεσταλμένον
αὐτὸν εἶναι καὶ βραχύν, ὥστε πλεῖστα ἐν ὀλίγοις δηλοῦν, καὶ διὰ συντομίαν
εὔκολον εἶναι τῇ μνήμῃ παρακατέχεσθαι. Καὶ γὰρ φύσει ἀρετὴ λόγου μήτε
(p. 24) ἀσαφείᾳ κρύπτειν τὰ σημαινόμενα, μήτε περιττὸν εἶναι καὶ μάταιον εἰκῇ
τοῖς πράγμασι περιρρέοντα. Ὁποῖος οὖν δή ἐστι καὶ ὁ ἀρτίως ἡμῖν ἐκ τῶν
Μωυσέως βίβλων ἀνεγνωσμένος, οὗ μέμνησθε πάντως οἵ γε φιλόπονοι, πλὴν
εἰ μή που διὰ βραχύτητα παρέδραμεν ὑμῶν τὰς ἀκοάς. Ἔχει δὲ ἡ λέξις οὕτως.
Πρόσεχε σεαυτῷ, μή ποτε γένηται ῥῆμα κρυπτὸν ἐν τῇ καρδίᾳ σου ἀνόμημα.
Εὔκολοί ἐσμεν πρὸς τὰς κατὰ διάνοιαν ἁμαρτίας οἱ ἄνθρωποι. Διόπερ ὁ πλάσας
καταμόνας τὰς καρδίας ἡμῶν, εἰδὼς ὅτι τὸ πλεῖστον τῆς ἁμαρτίας ἐν τῇ ὁρμῇ
πληροῦται τῇ κατὰ πρόθεσιν, τὴν ἐν τῷ ἡγεμονικῷ καθαρότητα πρώτην
ἡμῖν διετάξατο. Ὧι γὰρ μάλιστα προχείρως ἐξαμαρτάνομεν, τοῦτο πλείονος
φυλακῆς καὶ ἐπιμελείας ἠξίωσεν. Ὥσπερ γὰρ τῶν σωμάτων τὰ ἀσθενέστερα
οἱ προμηθέστεροι τῶν ἰατρῶν ταῖς προφυλακτικαῖς ὑποθήκαις πόρρωθεν
ἀσφαλίζονται, οὕτως ὁ κοινὸς κηδεμὼν καὶ ἀληθινὸς τῶν ψυχῶν ἰατρός, ὃ
μάλιστα ἡμῶν εἶδε πρὸς ἁμαρτίαν ὀλισθηρότερον, τοῦτο ἰσχυροτέραις
προκατελάβετο φυλακαῖς. Αἱ μὲν γὰρ διὰ τοῦ σώματος πράξεις καὶ χρόνου
δέονται καὶ εὐκαιρίας καὶ καμάτων καὶ συνεργῶν καὶ τῆς λοιπῆς χορηγίας.
Αἱ δὲ τῆς διανοίας κινήσεις ἀχρόνως ἐνεργοῦνται, ἀκόπως ἐπιτελοῦνται,
ἀπραγματεύτως συνίστανται, πάντα καιρὸν ἐπιτήδειον ἔχουσιν. Καὶ πού τις
τῶν σοβαρῶν καὶ κατωφρυωμένων ἐπὶ σεμνότητι, πλάσμα σωφροσύνης
ἔξωθεν περικείμενος, ἐν μέσοις καθεζόμενος πολλάκις τοῖς ἐπ´ ἀρετῇ αὐτὸν
μακαρίζουσιν, ἀπέδραμε τῇ διανοίᾳ πρὸς τὸν τῆς ἁμαρτίας τόπον ἐν τῷ
ἀφανεῖ τῆς καρδίας κινήματι. Εἶδε τῇ φαντασίᾳ τὰ σπουδαζόμενα, ἀνετυπώσατό
τινα ὁμιλίαν οὐκ εὐπρεπῆ, καὶ ὅλως ἐν τῷ κρυφαίῳ τῆς καρδίας
ἐργαστηρίῳ ἐναργῆ τὴν ἡδονὴν ἑαυτῷ ζωγραφήσας, ἀμάρτυρον ἔσω τὴν
ἁμαρτίαν εἰργάσατο, ἄγνωστον πᾶσιν, ἕως ἂν ἔλθῃ ὁ ἀποκαλύπτων τὰ
κρυπτὰ τοῦ σκότους καὶ φανερῶν τὰς βουλὰς τῶν καρδιῶν. Φύλαξαι οὖν μή
(p. 25) ποτε γένηται ῥῆμα κρυπτὸν ἐν τῇ καρδίᾳ σου ἀνόμημα. Ὁ γὰρ ἐμβλέψας
γυναικὶ πρὸς τὸ ἐπιθυμῆσαι ἤδη ἐμοίχευσεν ἐν τῇ καρδίᾳ αὐτοῦ. Διότι αἱ
μὲν τοῦ σώματος πράξεις ὑπὸ πολλῶν διακόπτονται· ὁ δὲ κατὰ πρόθεσιν
ἁμαρτάνων τῷ τάχει τῶν νοημάτων συναπαρτιζομένην ἔχει τὴν ἁμαρτίαν.
Ὅπου οὖν ὀξὺ τὸ παράπτωμα, ταχεῖα δέδοται ἡμῖν ἡ φυλακή. Διαμαρτύρεται
γάρ· μή ποτε γένηται ῥῆμα κρυπτὸν ἐν τῇ καρδίᾳ σου ἀνόμημα.
| [2] La vérité n'est pas facile à saisir, et elle peut échapper sans peine à des auditeurs
peu attentifs, parce que l’Esprit-Saint a donné aux paroles de l'Écriture de la brièveté
et de la précision, pour qu'elles renferment beaucoup de choses en peu de mots, et
que par-là on les retienne plus aisément. Le grand mérite d'un discours, est de n'être
ni tellement succinct que la brièveté le rende obscur, ni tellement diffus qu’il s'égare
en idées vagues et inutiles. Tel est le passage qu'on vient de vous lire, qui est tiré du
livre de Moïse. Pour peu que vous ayez été attentifs à la lecture, vous pouvez vous le
rappeler, à moins qu'il ne vous ait échappé, parce qu'il est conçu en peu de paroles.
Voici le passage : Prenez garde à vous, et ne recelez point dans votre cœur une
mauvaise pensée (Dt. 15. 9). Nous sommes fragiles et nous péchons facilement par
pensées; c'est pour cela que Dieu, qui a formé nos cœurs, sachant que les
mouvements de notre volonté nous font tomber dans plusieurs désordres, nous
recommande de conserver dans une grande pureté la partie raisonnable de l'âme,
celle qui gouverne : il veut que nous donnions la plus grande attention et le plus
grand soin à la partie qui nous fait pécher le plus promptement. Les médecins habiles
qui connaissent le tempérament des corps faibles, prescrivent des remèdes de
précaution propres à les fortifier : ainsi le Père commun des hommes, le Médecin
véritable des âmes, nous donne des moyens pour fortifier en nous la partie qui est la
plus faible et la plus portée au mal. Les actions qui dépendent du corps, demandent
du temps, du travail, du secours, des occasions commodes, et toutes les ressources
convenables ; mais les mouvements de la pensée s'accomplissent en un moment,
sans peine, sans embarras, sans attendre l'occasion qui est toujours prête. Souvent
un homme, dont tout l'extérieur est grave et sévère, qui montre au-dehors toutes les
apparences de la sagesse, souvent, dis-je, au milieu même de l'assemblée qui admire
et respecte sa vertu, il se porte, par la pensée, dans le fond le plus secret de son âme,
où il trouve matière à un péché grave : son imagination lui représente l'objet d'un
amour illicite, il se figure un commerce peu honnête; enfin, travaillant en quelque
sorte et peignant au-dedans de lui-même un plaisir sensible, il commet un péché dont
il n'a nul témoin, qui reste inconnu à tout le monde, jusqu'à ce que vienne celui qui
montrera au grand jour ce qui est caché dans les ténèbres, et qui dévoilera les
pensées les plus secrètes (1 Cor. 4. 3). Prenez donc garde de recéler dans votre cœur
une mauvaise pensée. Celui qui regarde une femme avec un mauvais désir, a déjà
commis l'adultère dans son cœur (Mt. 5. 28). Je le répète, les actions qui dépendent
du corps trouvent beaucoup d'obstacles ; au lieu que celui qui pèche par la volonté,
consomme le péché aussi promptement que la pensée se conçoit. Comme donc la
chute est prompte, on vous a donné un prompt remède. On vous recommande de ne
point receler dans votre cœur une pensée mauvaise.
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